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Yves Marie Allioux (Traducteur)
EAN : 9782877307864
196 pages
Editions Picquier (25/08/2005)
3.9/5   26 notes
Résumé :
Celui qu'on appelle le " Rimbaud " japonais eut plus que des affinités avec le poète voyant, dont il traduisit les Poésies et des lettres à Verlaine. La fulgurance de son talent - ses premiers poèmes furent publiés en revue à treize ans -, la liberté de sa vie vouée à l'art et à un amour impossible pour une jeune femme, sa disparition prématurée à trente ans, ont très tôt entouré Nakahara Chûya (1907-1937) d'une aura de légende. Aujourd'hui encore, il est l'un des p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Parfois il suffit de deux strophes choisies par un babeliote ici il s'agit de @dvall dans sa critique pour qu'un auteur s'impose à vous.
Et c'est ce qui vient de se produire avec Chûya Nakahara, le Rimbaud japonais. Je viens d'avoir un énorme coup de coeur.
Une vie brève et intense dédiée à son art.
Une poésie influencée par Rimbaud, le dadaïsme mais avec l'influence de la culture japonaise.
Un tout petit livre, une oeuvre trop courte et de belles émotions
Quatrain
Pour toi il est mieux de rentrer dans une chambre paisible
Laissant derrière toi les feux éclatants des nuits de la ville
Pour toi il est mieux de prendre le chemin du retour
Et d'écouter tranquillement les murmures de ton coeur.

Challenge POÉVIE : La POÉSIE c'est la VIE (2022-2023)
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J'ai découvert celui que certains appellent le « Rimbaud japonais » par hasard, lors d'une escapade à Bécherel la Cité du Livre. Nakahara Chûya fut sans conteste un grand spécialiste de l'enfant terrible de la poésie française du 19e siècle, car il en traduisit les poèmes et une partie de sa correspondance avec Verlaine. Même précocité intellectuelle (Chûya commence à composer des tanka dès l'âge de douze ans), même destin tragique (il est mort d'une méningite sept ans plus jeune que Rimbaud), et un regard sans concession sur le monde. le regard et le style rimbaldiens ont significativement modelé la poésie de Chûya, même s'il faut admettre qu'on ne lui retrouve pas l'acuité et la profondeur intellectuelles de Rimbaud.

Avant cette empreinte déterminante vinrent les influences dadaïstes, et elles sont flagrantes dans le premier recueil de poèmes (« Chansons d'une chèvre », 山羊の歌) par lequel débute l'ouvrage. Il en émane un refus des principes et des règles, une joyeuse liberté. Dans le second recueil cependant (« Chansons des jours d'antan », 在りし日のうた), le ton est beaucoup plus sombre car il est dédié à l'âme de son enfant mort Fumiya. La disparition de son fils à un très jeune âge provoqua chez Chûya une dépression, et le spectre de son fils survole nombre des poèmes de cette période. Suivent d'autres poèmes publiés de son vivant, ainsi que des poèmes inédits.

L'ouvrage est joliment édité, imprimé sur papier de qualité, rehaussé de photographies de l'auteur et de ses proches, et même de quelques dessins de sa main. La poésie de Chûya est assez simple, ce qui explique sans doute qu'elle plaît beaucoup à la jeunesse japonaise. Je vous livre ici les premiers vers de deux poèmes que j'ai bien appréciés, « Été » et « Les Os » :

« Presque crachant le sang cette mélodie cette langueur
Aujourd'hui encore le soleil brille sur les champs, il brille sur les blés
Presque dormante cette tristesse, et là au plus haut des cieux
Presque crachant le sang cette mélancolie, cette langueur »

« Holà holà, ce sont mes os,
Déchirant cette chair infecte
Et pleine d'angoisse du temps que je vivais,
Voilà délavée par la pluie,
Et brusquement sortie, la pointe de mes os. »
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Je ne pensais pas que la littérature française dont sa poésie avait pu influencer un pays aussi exotique que le Japon. Les écrivains, les poètes japonais reconnaissent la contribution de notre littérature. Elle a modernisé les lettres japonaises.
Nakahara Chûya est un poète japonais qui a vécu trente ans, au début du XXe siècle, et qui fut foudroyé par la mort de son fils premier né. Il est considéré comme le "Rimbaud" japonais dont il a traduit des poésies et des lettres. Je suis néophyte en esthétique poétique. Je n'ai pas encore lu la forme courte représentée par les haikus. Je sais que la perfection est universelle : "Dehors il fait noir noir mais noir / Et la nuit continue de s'étendre". Tout est là. C'est sensible, intime et où la modernité occidentale fréquente la tradition culturelle japonaise. Chûya est un être d'absolu comme beaucoup de poètes. C'est quelque chose d'intrinsèque.
Edité par les Editions Philippe Picquier en 2005, ce recueil propose un champ large de poèmes de Nakahara Chûya, une postface de qualité et une chronologie évènementielle. Je suis ravie que ma médiathèque ait fait l'acquisition de cet ouvrage. C'est une pépite.
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Chuya Nakahara est un "petit poucet rêveur" dont la poésie fut très fortement influencée par Rimbaud. L'édition de ses poèmes chez Picquier est très agréable à découvrir (traduction de Yves-Marie Allioux, accompagnée de documents, photos d'époque, biographie..)
Lien : http://ranatoad.blogspot.com/
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
"Sur le lac"

Quand la lune resplendira
Nous sortirons pour voguer sur les eaux.
Le clapotis des vagues nous atteindra sans doute,
Il y aura même un peu de vent, je crois.

Quand nous gagnerons le large il fera sombre sans doute,
Et le son de l'eau gouttant le long des rames
Nous l'entendrons, je crois, comme une chose très intime
- Au milieu des blancs laissés par tes paroles.

La lune tendra l'oreille sans doute,
Peut-être même descendra-t-elle un peu,
Et lorsque nous rapprocherons nos lèvres
Nous l'aurons, je crois, juste au-dessus de nos têtes.

Et toi toujours, tu parleras sans doute,
Mots légers ou boudeurs
Que j'écouterai, je crois, dans leurs moindres détails
- Sans que mes mains en cessent de ramer.

Quand la lune resplendira
Nous sortirons pour voguer sur les eaux.
Le clapotis des vagues nous atteindra sans doute,
Il y aura même un peu de vent, je crois.
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CRÉPUSCULE

Sur la surface rousse et sombre de l'étang,
En assemblées les feuilles de lotus se balancent.
Et comme les feuilles de lotus sont assez insensibles,
Insolentes elles ne chuchotent qu'entre elles.

Qu'elles chuchotent et mon cœur se balance,
Mes yeux se perdent dans la pénombre de l'horizon...
Noir sur noir, les montagnes se penchent sur moi
- Ce que l'on a perdu jamais ne reviendra.

Rien n'est plus triste que cette tristesse
L'odeur des racines monte doucement à mes narines,
Et la terre des champs, en même temps que les pierres,
me regarde.

Mais enfin pas question pour moi de m'atteler à la charrue !
Immobile et distrait je me tiens debout au milieu du crépuscule,
Et lorsque vaguement l'ombre de mon père vient me troubler,
je m'avance tout au plus d'un pas, ou deux
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"Rien n'est plus triste que cette tristesse
L'odeur des racines monte doucement à mes narines,
Et la terre des champs, en même temps que les pierres,
me regarde.

Mais enfin pas question pour moi de m'atteler à la charrue !
Immobile et distrait je me tiens debout au milieu du crépuscule,
Et lorsque vaguement l'ombre de mon père vient me troubler,
je m'avance tout au plus d'un pas, ou deux."
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EMBRASEMENT VESPÉRAL

Les collines, croisant leurs mains sur leurs poitrines,
Se sont retirées.
Le soleil couchant, couleur de la tendresse,
Est tout doré.

À travers la plaine les herbes,
Chantent leur chanson rustique
Et dans la montagne les arbres,
Vieillissent avec sobriété.

En cet instant aussi j'étais là
Telle écrasée par de petits enfants
La chair d'un coquillage.

En cet instant aussi l'intégrité,
Réunie à la grâce des renoncements !
Bras croisés je m'en allais à pied.
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QUATRAIN

Pour toi il est mieux de rentrer dans une chambre paisible
Laissant derrière toi les feux éclatants des nuits de la ville
Pour toi il est mieux de prendre le chemin du retour
Et d'écouter tranquillement les murmures de ton coeur.
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