« En ce jour du 14 novembre 1965, dans cette ville de Lisbonne, un homme est sorti de chez lui et n'y est jamais revenu. »
Ainsi débute le roman intimiste de
Fernando Namora, médecin, poète, romancier, malheureusement peu connu en France.
Fleuve triste nous immerge dans l'ambiance historique de cette époque, opprimée par la dictature de Salazar, marquée par une émigration massive et le cortège d'atrocités de la guerre coloniale d'Angola. Pour traduire le plus fidèlement possible l'atmosphère de cette période, Namora a inclus des extraits d'articles et de reportages de la presse portugaise.
Il est question donc d'un contexte politique et historique. Je pense notamment au flot de portugais clandestins faisant appel à des passeurs pour gagner la France, dans des conditions parfois extrêmes.
« Après avoir donné douze mille escudos au passeur pour l'amener ici, on lui a encore demandé sept mille cinq cent pour le taxi […. ]. Tout le monde vole, tout le monde dépouille ces malheureux. La France est un leurre pour beaucoup de gens. »
L'histoire n'en finit pas de se répéter…
Le personnage principal André Bernardes, écrivain, observateur désabusé et témoin de son époque, nous fait part de ses réflexions, de ces pensées sur la mort, le couple, l'amour et la création littéraire.
Un roman dense et éclairant pour qui désire mieux connaître ce petit coin d'Europe.