Les Coquelicots

Dès les tout premiers mots, je savais que j'allais souffrir. Je sentais que les mots allaient être durs, crus, sans détour ni fioritures, blessants, choquants ; mots qui décriraient des actes, des pensées, des rêves bien plus sinistres encore.

Le ton, si soudain, si abrupt, nous prend en quelque sorte au dépourvu. On ne s'attend pas à autant de coups si rapidement portés, si rapprochés, si difficiles à appréhender ; en tant qu'humain, et tout particulièrement en tant que femme.

La lourdeur de l'atmosphère est suffocante, les cris intérieurs sont assourdissants de détresse. Les descriptions, autant celles dévolues aux décors et aux circonstances, que celles destinées aux individus, sont saisissantes. Il faut pouvoir s'en relever.

Les profondeurs du livre semblent empreintes d'un conflit intérieur terrible, entre l'envie d'aimer et de chérir son pays, ses origines, la richesse de sa culture, et la haine irrépressible face à tous ces moins que rien qui ont réduit en poussière une partie de la grandeur et de la dignité de leur pays.

Racisme, islamisme, colonialisme, nationalisme, tout s'entremêle ; chacun veut survivre du mieux qu'il le peut. Certains engoncés dans une idéologie chimérique, d'autres cachés sous des étoffes spirituellement factices, d'autres encore, perdus, espérant passer entre les gouttes du châtiment insensé de l'humain.

Enfin, et pas des moindres, le fil rouge écarlate et flamboyant qu'est le sexe. Tabou ultime des contrées de Nedjma et de son héroïne. On peut difficilement passer à côté de la transgression et de la subversion de ces pages. C'est cru, c'est naturel, c'est authentique, dur, violent, choquant ; mais c'est réel. Cela paraît fou, exagéré, insensé parfois, grotesque, voire impossible, mais c'est réel.

Ces vérités, douloureuses, trop nombreuses, sont des vérités qu'il faut sans cesse retranscrire, retransmettre, dénoncer, encore et encore… dans l'espoir que peut-être, l'être humain se découvre un coeur et une âme dépourvus de la moindre putréfaction.

Cet ouvrage est très ardu à lire pour moi en tant que femme. Je ne peux même pas envisager supporter tout ce que notre protagoniste a enduré. C'est tout simplement inimaginable. Les extrémités auxquelles elle s'est rendue, les regards qu'elle a supportés, les nuits sans sommeil, le dégoût, la folie des hommes… Inconcevable et pourtant si vrai. Dramatiquement vrai.

Nedjma signe un nouveau livre terriblement beau et émouvant.

Les coquelicots de Nedjma, présentation
Alger / Tunis, elle est la fille d'un maître d'école et d'une employée de la Poste. Son père la croit morte en Syrie. Elle a été insultée, raillée et a décidé de porter le voile et ensuite le niqab, pour se protéger. Mais ceux qui la côtoient pensent qu'elle a été endoctrinée, comme bon nombre de ses compatriotes.

Afin de quitter Alger, elle décide de se marier.

Avis Les coquelicots de Nedjma
Un quatrième roman lu dans le cadre du Prix du Roman Fnac pour la rentrée littéraire. C'est un roman que je n'aurai pas forcément acheter car les ambiances orientales ne m'intéressent pas particulièrement même si le sujet peut être intéressant. Une jeune femme relate sa vie en Algérie, en Tunisie, au Maroc, ses passages en France et en Patagonie et comment elle a fait pour s'en sortir seule face à une société arabe qui se démantèle de plus en plus sous le joug de ceux qui interprètent le Coran pour servir leur cause islamiste.

Elle vient d'une famille algérienne, elle est fille unique. Elle décide de porter le voile et ensuite le niqab car elle est tout le temps raillée, insultée. Cette prise de position ne plait pas à ses parents. Elle hait sa mère car elle lui ressemble. Après ses études, elle décide de partir, elle se marie, mais ce mariage ne dure pas, elle est abandonnée. Pour survivre, s'en sortir, elle décide de vendre son corps via les réseaux sociaux. Derrière un écran, c'est beaucoup plus facile d'être différents personnages face à tous ces hommes. Au fil d'échanges, de rencontres, elle passera à la vitesse supérieure, en étant plus ou moins protégée. Pour toujours plus d'argent qu'elle mettra de côté, pour toujours plus d'éléments de luxe. Avec son voile, son niqab, elle est protégée, personne ne peut la reconnaître lorsqu'elle s'engage dans des trafics, pour trouver des recrues pour la cause islamiste.

Derrière tous ces mots et cette vie, c'est une critique acerbe de tous ces pays qui n'ont plus aucune grandeur, aucune fierté. Ils tentent de survivre mais ne font rien pour s'en sortir car ils ne le peuvent pas ou ne se prennent pas en charge. Ils tentent de rejoindre l'Europe en dépensant des fortunes. Ils ne trouvent leur salut qu'en étant endoctrinés. Mais quel endoctrinement ! Donner sa vie pour une cause contre ceux jugés comme les mécréants. Mais ce que le livre nous apprend, c'est que tous ces hommes, toutes ces femmes ont accès à toutes les drogues, peuvent assouvir tous leurs instincts, notamment sexuels. Une sexualité débridée que l'on doit cacher. Les homosexuels, quant à eux, n'ont pas droit de cité car leur sexualité est jugée contraire à la religion, aux normes. Tous ces actes sont connus, on les encourage même s'ils sont contraires à cette religion de cette cause islamiste.

Elle veut être libre, vivre sa vie comme elle l'entend, tout en prenant toutes les précautions possibles afin de ne pas être arrêtée. Peu de plaisir pour elle dans ces relations. Elle ne veut rien éprouver pour ne pas sombrer. Elle relate la souffrance de toutes ces femmes, leurs pensées.

J'ai bien aimé la fin qui est, tout de même, une source d'espoir. Ce qui est intéressant est cette étude de cette société, mais je ne me sens pas forcément concernée et ce livre ne me permet pas d'envisager d'autres lectures avec des ambiances orientales, arabes. Ecrit anonymement car tout ce qui est raconté va à l'encontre de cette religion. Par conséquent, il est important de ne pas être connu et reconnu. Un livre pour toutes les libertés et pour que les femmes, ceux qui sont opprimés ne soient plus sous le joug de ce racisme, de cet islamisme, de ce terrorisme.
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Ces coquelicots sont trashs et subversifs. le récit de cette jeune arabe qui se converti à l'islam par provoc puis devient pute n'a rien de classique. le rythme est plutôt prenant. Et cela pourrait faire de ce récit une petite bombe littéraire, mais ça ne prend pas.
Le côté pseudo intello et pompeux qui prend place dans le récit via le vocabulaire et les tournures de phrases se confrontent mal au langage cru et acerbe. Deux mondes se confrontent, s'affrontent, un peu à l'image de cette jeune femme qui au fond est paumé mais l'empathie pour le personnage est inexistant. Il y a comme un mur entre elle et lecteur.

Ça n'engage que moi : Je l'ai abandonné parce que je n'arrivais pas à lire cette écriture très tranchante, dont les mots violents m'ont désorientée. Je ne peux et je ne veux vous influencer car c'est un livre que je reprendrai sûrement un jour. Pour le moment je ne peux pas...

J'ai été touché par cette vie de femme, qui au commencement, parait sans espoir.
L'environnement est pesant, les algériens sont corrompus à un point qui donne la nausée.
Malgré un mariage raté où elle se fait quitter sans crier gard par son mari, cette femme trouve un moyen de changer de vie, d'expérimenter, d'aller au-dela et contre les tabous de son pays, et son combat est prodigieux
A tel point que ce roman m'a rendu curieux d'en savoir plus sur l'écrivaine quelle est sa part autobiographique?