Je n'aime pas
Jo Nesbo auteur de romans policiers, j'aime beaucoup le
Jo Nesbo romancier pour la jeunesse. Passer de l'un à l'autre sans y laisser sa plume est un exploit – sans doute parce que ce troisième tome comporte deux niveaux de lectures.
Nous retrouvons ici les trois héros des deux tomes précédents, Lise et Bulle, que leurs excellents résultats isolent. Ils ont toujours peur sur le trajet de l'école, à cause de leurs deux voisins, deux ogres en puissance dans un récit qui n'est pas un conte – visiblement, le bien-être à l'école n'est pas un mot d'ordre en Norvège. Ils sont toujours amis avec le professeur Séraphin, dont les inventions pourraient bien révolutionner le monde – ou pas. Heureusement, ils peuvent compter sur la fermeté de leurs professeurs pour passer des heures presque paisibles, telle madame Strobe, dont le regard, la voix et la gestuelle sont redoutables pour ceux qui ne respecteraient pas les règles.
Comme dans tous les pays du monde (vive la mondialisation), les télé-crochets battent leur plein, et des millions de téléspectateurs sont hypnotisés par les prestations de certains chanteurs, au point de tout oublier – ou presque. Caricatural ? A peine. Seulement, quand cet hypnose collective se révèle bien réelle et a pour but de dégommer les hommes, il ne reste qu'un espoir : ceux avaient mieux à faire que s'abrutir devant la télévision. A condition que leur maman ne leur ait pas signé un mot d'excuses (Note : avec la mère de Bulle, cela ne risque pas).
Nos héros vont alors vivre des aventures toutes plus invraisemblables les unes que les autres, entamer une odyssée à travers tout le pays, utilisant des moyens de transports plus ingénieux les uns que les autres, et pas forcément les moins périlleux. Les opposants ? Tous, ou presque – heureusement, certains sont très paresseux. Les adjuvants ? Disons qu'ils ont tous de grandes différences avec des êtres dit « normaux ». Mais qu'est-ce que la normalité, je vous le demande ? Faire la même chose que tout le monde ? N'est-ce pas ennuyeux au possible ? Et un peu lâche parfois aussi ?
Pas de doute, dans son récit,
Jo Nesbo a emprunté aux heures les plus sombres de l'histoire européenne, jusque dans le nom du leader des caméléons. Quant aux supplices réservés aux opposants, s'ils peuvent faire sourire au départ, nous nous orientons rapidement vers un détournement des conventions internationales qui rappellent aussi de douloureux souvenirs. Je n'ai garde d'oublier le personnage de Béatrice, qui a elle toute seule rappelle à quel point on peut être aimée, puis focaliser toute la haine de ceux qui ne se sont pas engagés. Un excellent roman à lire, en accompagnant sa lecture.
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