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Aline Azoulay-Pacvon (Traducteur)
EAN : 9782266318853
267 pages
Pocket (24/03/2022)
3.82/5   17 notes
Résumé :
Comme si j'étais née de toi.

Résumé:
zuri, une adolescente noire adoptée par une femme blanche qui l'élève seule, se scarifie.
Face à la douleur de sa fille hantée par les mystères de son passé, Helen, la mère, l'adresse à une psychologue Ana. Entre Ana et la jeune fille vont se nouer des liens complexes à mesure que progresse la thérapie car toutes les deux sont des rescapées d'un passé traumatisant. pour toutes les deux, la guérison ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Nous voilà à Johannesburg, où Ana, psychologue clinicienne vit seule. Lors d'une permanence assurée dans un collège privé, elle rencontre Helen, la mère adoptive de Zuri,13 ans, qui se scarifie et pour laquelle elle est très inquiète. La rencontre avec l'adolescente déclenche un malaise chez Ana qu'elle n'aura de cesse de masquer, d'abord par la boisson dont elle est dépendante depuis que son compagnon l'a quittée puis en s'impliquant au-delà de ce que lui autorise la déontologie de son métier pour aider Zuri pour finir par regarder la vérité traumatisante en face.
Zuri et Ana ont en commun un passé dramatique et une façon semblable d'y faire face : l'autodestruction par l'alcoolisme pour Ana, par la scarification pour Zuri. le chemin vers la guérison des deux personnages confère au roman une tension qui va croissante jusqu'à la découverte de la vérité par le/la lecteur/trice.
Ce qui est particulièrement intéressant, c'est l'arrière-plan social en Afrique du Sud; le racisme est encore très prégnant malgré l'abolition de l'apartheid en 1991 et l'arrivée au pouvoir de Nelson Mandela en 1994; les esprits sont loin d'évoluer aussi vite que les faits. Les Noirs et les Blancs vivent côte-à-côte mais pas ensemble. L'auteure a souligné ce point avec des personnages de couleur différente : Ana est blanche ainsi qu'Helen, Zuri, sa fille adoptive est noire ainsi que la nounou d'Ana qui a remplacé sa mère démissionnaire, la voisine d'Ana avec laquelle elle lie amitié est noire, le SDF qu'Ana aide à se nourrir est noir. Zuri est le personnage le plus emblématique de la tension raciale qui règne au sein de la société sud-africaine : elle est noire mais élevée par une mère blanche, dans un milieu blanc auquel elle se sent étrangère même s'il est plus confortable que n'aurait été son milieu d'origine. Elle a sans cesse le sentiment d'être exclue par les deux communautés.
Un roman plus profond qu'il n'y paraît, qu'on a du mal à lâcher une fois commencé.
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Susan Newham-Blake est une auteure sud-africaine, dont Pocket nous offre, en édition de poche, le premier titre traduit en français. On ne pas parler d'Afrique du Sud sans évoquer les problématiques inhérentes à la société et à l'histoire du pays. Si l'apartheid est censé appartenir au passé, Nelson Mandela y a sacrifié quelque trente années de sa vie, la ségrégation raciale ne s'efface pas si facilement, les dominants acceptent rarement de se voir déposséder de leurs privilèges. Susan Newham-Blake choisit de son côté de relier des fils entre les deux communautés, à travers l'histoire de vie de deux individus et leur statut de femmes victimes de négligences ou maltraitance, plutôt que d'en retracer toutes leurs différences.

Tout part en effet d'entretiens entre une psychologue, Ana, blanche, la quarantaine, célibataire autant que solitaire et Zuri, collégienne et scolarisée dans une école privée, noire, qui va sur ses quatorze ans. Si Zuri a un statut un peu particulier puisque fille adoptive d'une mère célibataire, et blanche de surcroît, elle vit dans un environnement totalement blanc, privilégié. Ana est la solution ultime pour Helen cette mère à bouts de solutions vis à vis d'une fille qui se coupe et dont elle n'arrive pas à comprendre les causes de son mal. Cette toute jeune fille est pour Ana un détonateur, le révélateur même de sa propre souffrance, qu'elle tente bien de dissimuler sous ses ablutions incessantes d'alcool. Et plus elle tire les fils de l'écheveau de cette jeune adolescente prise en conflit entre son identité sud-africaine et la blanchité qui compose son entourage afin de découvrir la source même de sa souffrance, plus ce sont ses propres sédiments de souffrance qui remontent à la surface. On découvre bien vite que ce n'est pas une simple question de couleur, de racisme, qui a poussé Zuri dans le cabinet de la psychologue, même si la problématique raciale est présente d'un bout à l'autre du livre.

Transfert de la psychologue sur la jeune Zuri, je ne prendrai pas le risque d'évoquer des concepts psychologiques qui ne sont pas de ma compétence, en tout cas la souffrance de Zuri trouve un écho dans la personnalité d'Ana, qui est déjà pas mal en vrac lorsqu'elle débute cette psychothérapie avec sa patiente. Et c'est bien ces échos, ces résonances du mal-être de l'une au mal-être de l'autre, et qui pourtant s'inscrivent en opposition, qui me semblait adroitement articulées. Et bien plus que de différences racistes, si un lien tenu se crée effectivement entre elles, c'est par ces non-dits qui jalonnent leur existence, et qui finissent par prendre le dessus. Contre toute attente, c'est un roman dont on peut saluer la concision, les longueurs inutiles ne font pas partie des défauts qu'on peut lui reprocher, il suffit parfois de n'en pas écrire trop, et c'est une qualité qui se fait rare. Point de chapitres interminables sur toutes les branches de la famille de l'une et de l'autre, de digressions sur les problématiques sociétales, qui pourtant, au vu du contexte, étaient légion.

Malgré les différences qui séparent Ana et Zuri, l'auteure a érigé une autre sorte de point commun qui relie des personnalités différentes, se servant même de ces différences pour embrouiller le jeu du dominant/dominé, redistribuer les cartes depuis l'histoire d'Ana, qui a grandi entre deux parents blancs, une femme noire exploitée jusqu'à la moelle, jusqu'à celle de Zuri, qui a grandi dans un milieu privilégié, qui ne se sent ni tout à fait noire et encore moins blanche. Leurs drames personnels les relient, faisant d'elles deux jeunes femmes abusées ou négligées, davantage d'ailleurs que la sud-africaine noire et la sud-africaine blanche. du boucan assourdissant de la capitale du pays, ou tous sont réunis dans une même cacophonie chaotique, et la violence d'un pays fortement ségrégationniste, ces deux voix se laissent entendre l'une à travers l'autre et cette union salvatrice laisse un espoir, faible mais réel, quant à une coexistence possible entre plusieurs sensibilités davantage que plusieurs peuples, les uns descendants des colons, les autres autochtones.

J'ai choisi ce titre parmi la sélection proposée par lecteurs.com, et je suis ravie d'avoir fait un bon choix : j'ai un coup de coeur pour cette histoire, ces destinées féminines qui se rencontrent fortuitement et influent l'une sur l'autre dans un sens constructif, bien au-dessus des contingences raciales, j'ai un coup de coeur pour cette couverture sobre et épurée, si révélatrice. Ce roman allie plusieurs thèmes, non seulement qui me tiennent à coeur, le féminisme, le racisme, la maltraitance, la négligence, la maternité, qui sont traités ensemble avec brio, évitant qu'un thème, aussi essentiel soit-il, je pense au ségrégationnisme sud-africain, prenne le pas sur tous les autres sujets.


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Susan Newham- Blake. Comme si j'étais née de toi.

Un roman noir (ce n'est pas ironique, nous sommes dans un pays qui connaît , non seulement le racisme mais l'apartheid) sur l'adoption. Nous sommes en Afrique du Sud, et même dans la capitale Johannesburg. La narratrice, Ana est psychologue. Elle est célibataire. Elle a vécu un certain temps avec Cole mais ils se sont séparés. Elle gagne bien sa vie. Elle assure un service psychologique communautaire, en plus de sa clientèle privée. Elle assure une permanence hebdomadaire, et reçoit les élèves d'une école privée, Sainte-Thérèse.
Zuri, (Belle en Swahili), jeune fille de treize ans est une enfant noire, adoptée par Hélène, une femme blanche, divorcée. Helen a toujours désiré avoir un enfant. Malgré les tentatives de tomber enceinte avec son époux, ce dernier l'a quittée et elle est devenue dépressive, et a pu adopter Zuri. Adoption assez simple, une femme blanche , seule, voulant bien d'un enfant noir. Cette adoption date de treize ans. Helen aime sa fille. Mais cette dernière se scarifie et cela la conduit à une consultation psychologique.
Ana est déstabilisée par cette jeune fille. Au gré de leurs rencontres, les deux héroïnes présentent de nombreux points communs. Ana est devenue alcoolique. Elle nous apprend qu'elle a même fait une tentative de suicide médicamenteuse à quinze ans. Elle est très intéressée par le cas de cette enfant. Elle s'identifie à cette adolescente. Zuri, fugue. Elle a découvert, dans une boîte, des coupures de presse, datant de treize ans, relatant un accident de la circulation et la disparition d'un bébé. Elle fait un amalgame : sa mère ne l'a pas adoptée mais volée, la mère étant décédée lors de la collision...
Où est la vérité ? Ana va tenter de débrouiller les fils emmêlés de cette disparition, vol, rapt ou enlèvement de ce bébé fille. Qu'est ce qui a provoqué l'alcoolisme de Ana ? Quel évènement a bien pu entaché son enfance pour la précipiter dans une carrière humanitaire, au service d'autrui. Ses parents semblent l'avoir quasi ignorée au cours de son enfance, l'un travaillant beaucoup et l'autre vivant bourgeoisement, sans aucun souci matériel… il y a des domestiques, noirs, pour s'occuper de toute l'intendance...en particulier Grace, mère de Maru.
Ana va-t-elle pouvoir faire la paix avec sa mère ? Trouvera-t-elle le courage et la volonté de devenir abstinente ? Quel sera le destin, le devenir de Zuri si ses déclarations concernant son origine sont vérifiées ?
Ce roman analyse avec justesse les traumatismes connus au cours de l'enfance et de l'adolescence. Helen, en mal d'enfant a cru trouver le bonheur avec Zuri. Peut-être a-t-elle fait preuve de négligence au cours de l'éducation de son enfant. Elle s'est beaucoup sacrifiée pour lui apporter tout le bien-être nécessaire. Cette femme blanche et qui travaille, bénéficie d'un bon niveau social. Elle a espéré vivre en parfaite harmonie avec Zuri, en lui offrant toujours le meilleur. Elle l'a même confiée à une école peu ouverte aux enfants noirs. Cependant, pour moi, la couleur, de la peau ne doit pas être un facteur discriminatoire, mais dans ce récit nous sommes dans un pays encore en proie au racisme. Combien de destins brisés, de familles éclatées, meurtries à tout jamais dans cette Afrique du Sud, mortellement blessée par la division due à la couleur, la religion, avant l'ère Mandela ?
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Ana est psychologue à Johannesburg. Ana est blanche et elle mène une vie de célibataire sans enfants qu'elle qualifie elle-même de privilégiée et facile. Ses clients sont souvent des enfants ou des adolescents.
Elle vient à rencontrer Zuri, une jeune fille noire de treize ans, adoptée par une mère blanche, et qui se scarifie. Ana est intriguée par cette adolescente renfermée qui garde farouchement ses secrets. Zuri est manifestement sur la défensive et semble en vouloir à sa mère adoptive. Dans le même temps, Ana revit des épisodes de sa propre jeunesse qu'elle croyait enfouis et son alcoolisme latent va s'accentuer, n'arrangeant pas la situation. Zuri va apprendre à faire confiance à Ana et va se confier à elle pour obtenir de l'aide. Ana quant à elle va décider de se sortir de sa torpeur et va affronter le drame personnel qui l'a brisé.
Beaucoup de thèmes forts sont abordés dans ce roman : l'adolescence, les racines, la famille, le racisme, la culpabilité. L'autrice nous offre une fiction à la fois dense et puissante sur le parcours de deux êtres en quête de leur identité. Ce sont deux portraits de femmes malmenées par la vie, rongées par un drame personnel fort et déterminées à avancer envers et contre tout.
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Johannesburg
2 histoires, 2 parcours, 1 point commun : une douleur profonde.
- Zuri, 13 ans, jeune fille noire adoptée par une femme blanche
- Ana, la trentaine, psychologue, a grandi avec Grace, une domestique aimante et son fils Maru, pendant que sa mère, absente tant physiquement que sentimentalement, privilégiait sa petite soeur Jody.

L'empreinte de l'apartheid est palpable dans chacune de leur histoire, dans leur passé comme leur devenir.
Elles souffrent. Et elles se font souffrir.
Comment vont-elles gérer cette douleur ? La recherche de vérité pour l'une comme pour l'autre les mènera t'elle à la rédemption ?

Une lecture sous forme d'intrigue dont le dénouement ne peut pas laisser indifférent.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Faut-il donner foi aux préjugés sur les enfants adoptés ? Sont-ils voués à la souffrance, irrémédiablement brisés ? Zuri a-t-elle été abîmée par cet abandon, cette blessure originelle ? Ce passé peut-il justifier son attitude , Une telle condamnation serait aussi tragique qu'injuste, et ce serait faire abstraction de toutes les adoptions heureuses dont j'ai été témoin.... Non, on ne peut pas tout mettre sur le dos de l'adoption. D'un autre côté, les parents adoptifs ne sont pas tous parfaits; de même que les parents biologiques. Certains sont violents ou négligents.
page 81
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Le visage de Zuri m’apparaît. Il n’est pas rare que je pense à un patient au réveil. Je revis un moment particulier d’une séance, le récit d’une histoire traumatisante, par exemple, et je réalise que j’ai manqué quelque chose. Un détail qui prend soudain tout son sens. Une phrase qui m’avait paru anodine au premier abord. Une clef que mon subconscient me livre, tel un cadeau. Parfois, elle prend la forme d’un sentiment. D’une inquiétude. J’ai peur qu’un patient ne s’en sorte pas, qu’il fasse une bêtise, qu’il se tue dans un accident de voiture, fasse une overdose, ou pire, se suicide.

Mais c’est différent avec Zuri. Elle me déstabilise. Ce n’est pas son silence buté qui me pose problème – les adolescents ont le don de se fermer comme des huîtres. Non, le problème avec Zuri, c’est qu’elle a un secret.
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Des familles et des amis se retrouvent pour dîner. La solitude est une chose honteuse, ce sentiment de n'avoir personne à aimer, de n'être aimée de personne.
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La solitude est une chose honteuse - ce sentiment de n'avoir personne à aimer, de n'être aimée de personne.
page 176
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Je me coupe chaque fois que quelque chose me blesse. C'est comme si toutes ces souffrances se sur ajoutaient. Me faire saigner est le seul moyen de ne pas me sentir submergée.
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