Lu dans le cadre de l'opération Masse Critique
Pour éviter des déceptions, disons tout de suite que Chirac est un mot d'accroche pour ce qui est le récit de la carrière d'
Alain Nicolas, archéologue, anthropologue et conservateur de musée.
Alain Nicolas nous conte par le détail son parcours professionnel, celui d'un homme de passions. A quinze ans, c'est le sport, le bridge, puis très vite, il abandonne les études, entre dans la vie active, fait tous les métiers, fonde une famille. A vingt ans, toujours à cent à l'heure, il conjugue le métier très physique de tueur de boeuf et des études en archéologie et histoire de l'art. C'est mai 68, il se construit avec des idées politiques de gauche, auxquelles il restera fidèle toute sa vie.
Avec obstination, sans jamais se démettre de ses convictions, il se fraie un chemin dans la jungle administrative et culturelle, mais il renâcle à se soumettre aux hommes de pouvoir, ceux qui décident des budgets. Des jeux d'influence cruels, pour lui qui n'est pas un homme de compromis. Il fonde le Musée des arts africains, océaniens et amérindiens de Marseille. Pour y organiser d'ambitieuses expositions, infatigable, il parcoure le monde à la recherche de pièces d'exception, pour lesquelles il s'attache autant à l'intérêt esthétique qu'ethnographique. Une véritable chasse aux trésors qui lui permet de plonger avec délice dans les fantastiques réserves des musées et autres collections privées, et de rencontrer moult experts et politiciens.
Parmi ceux-ci, il nouera des relations privilégiées avec
Jacques Chirac, dont on connait le goût pour les Arts dits Premiers. Chirac apparait en filigrane tout au long des années, manifestant avec constance son intérêt, et un soutien plus ou moins heureux aux projets d'
Alain Nicolas.
J'ai lu avec intérêt ce livre, bien que loin des arcanes de la culture et de la politique. La plume est fluide, le mot juste, et j'ai suivi aisément la pensée de l'auteur, sa conception d'une muséologie nouvelle.
Un peu noyée par tous les noms propres, j'ai toutefois trouvé peu élégant les « vérités » balancées sur certains personnages ou musées. J'ai été étonnée par le manque de lucidité (ou est-ce un excès d'honnêteté ?) d'
Alain Nicolas dans ses difficultés relationnelles.
Une belle carrière, avec un léger parfum d'amertume.