Onze années se sont écoulées entre la première lecture de Zarathoustra et la seconde.
La première avait été faite dans une édition de poche d'occasion, au papier rêche et jauni, la seconde dans une plus belle, illustrée de quarante
oeuvres de la collection d'art brut à Lausanne.
La première lecture avait été jubilatoire: pour la première fois je lisais une oeuvre de
Nietzsche, son bazar unique m'avait fascinée, son ton doux amer, sa méprise du religieux semblait vraie et pertinente dans le contexte d'une fin 19eme mais aussi dans un début 21eme. J'avoue avoir ri et même pleuré de ce miroir mis face aux hommes et aux femmes. Et puis on lit chez
Nietzsche la fatalité des répétitions: l'humain n'apprendra donc rien, il batira sur les mêmes schémas, les mêmes bêtises... Tuer dieu ne suffirait-il pas !? Mais alors....
Depuis, j'ai mûri, vieilli, et Zarathoustra me semble à la relecture une oeuvre foutraque, folle, extrême, certainement utile mais l'auteur est obtu, amer, triste et cinique, bref tout ce qui ne me séduit plus aujourd'hui dans une façon de penser.
Zarathoustra reste une oeuvre fondamentale parce qu'elle a impacté la fin du 19eme et le 20eme, on ne sait trop jusqu'à quel point mais c' est un fait. Elle m'impacta aussi, et m'influença pour défaire certains liens et en renforcer d'autres. Je garde et regarde donc le bel objet livre, son iconographie mais le contenu a jauni.
Cinq étoiles toutefois pour le coup de pied dans la fourmilière de
Nietzsche, sa folie et son génie, même si ça me parle moins aujourd'hui.