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4,07

sur 1618 notes
Cette critique peut heurter la sensibilité de certains lecteurs.

Pouèt…

Ainsi parlait mon cul quand il s'adressait à mon sous-moi, bullant sa déconvenue dans les larmes de mes yeux d'ahurie que je me paye depuis que je me Nietzschise la tronche à coup d'aphorismes poilants, aux écrits d'une incompréhension addictive, comme-ci ne rien piger me donnait toute légitimité pour me chouter à la vulgarité…

Avant propos, le mec descend seul-tout, à pince avec sa paresse de branlos hermitissieux, pour faire la parabole à tous les trouducs qui font pouèt comme moi cultivant leur sous-moi d'une manière bien torchée …. Ya plus de papier bordel de merde….

La première partie j'ai rien compris, les autres non plus d'ailleurs, quel chiotte, à part que le mec pue l'aigri à vue de montagne, qu'il rejoint souvent pour s'élever, et se taper la branlette intellectuelle avec lui-même, transcendant ses conneries d'une manière poétique et musicale, dansant un pied pointé sur la corde d'un violon, un autre dans le vide abyssale de mon archet, dressé pour s'élever et jouer avec la souplesse de mon poignée, bien trop engourdi pour saisir les accords harmonieux d'une vérité bien cachée, sous mon bide bedonnant souriant de tout son grassouillet, accumulé honteusement dans le dégout… mais ça vous maintient dans l'indifférence…

Pauvre victime d'une névrose corrompue par une enfance mal guérie, m'invitant à surconsommer ma connerie dans ce monde d'enculés qui me pisse son indifférence en ignorant mon mépris, pauvre ver de terre que j'étais, que je reste, que je resterai… écrasé par un système voué à l'échec depuis belle sucette, les cheveux détachées qui dans un mouvement levretique s'adonnant à la plus divine des illusions, qu'un jour peut-être, on ouvrira les yeux sur l'énorme pouèt nucléaire qui immergera d'un illuminé, consommant trop de champignons hallucinomique…

Le nihilisme est contagieux, il propagande les questionneux, se cache des ambitieux, ignore les nécessiteux, un verre de terre qui rampe sa vermine vers les optimistes et gangrène les vertueux à l'eau bénite croupie depuis la genebaise d'une foi révolue athéeistant d'un sur-moi équivalent à l'univers…

Je m'enivre d'aphorisme, oubliant ma sobriété hédoniste, laissez-moi
percher une parabole sur le toit de mon immeuble pour capter mon sur-moi, et enfin saisir toute l'essence de ce bouquin ô combien branlant, me réveillant de ma somnolence pathétique… mais je ne vais me couper les veines aux sons d'un désespoir romanesque dicté par un mort et enterré par la maladie foliesque…

Non bien sur que non, laissez moi rire de moi et des autres, je vais continuer à imiter Candide comme-ci Voltaire avait raison, « parce que tout va bien dans le meilleur des monde », à quoi bon intellectualiser une pensée au dessus de la moyenne chaotique qui peuple notre « chaire » bien tendre engraissée à l'amour propre emmitouflé dans un confort de trouduc intersidéral et jusqu'à l'infini de sa mère la pute… (je vise la mère à personne, sauf si la mère est consentante et pas trop vieille)

Alors un aphorisme c'est quoi :

C'est quand tu dis à ta femme :

« Dégage maintenant, t'es plus une salope, t'es une maman… »

Sous entendu que les seins lui tombent sur les chevilles, que sa peau flétrie sa sagesse, que la voisine va bientôt avoir 18 ans, que le foot finalement c'est pas dégueux, qu'un divorce c'est vite fait, qu'un gosse c'est casse couille, et que la routine c'est mémère…

A plus les copains…



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Je savais, en entamant la lecture de ce livre, que je n'en sortirais pas indemne, mais je n'imaginais pas une seconde avoir raison à ce point. Il s'agit là certainement de la plus grosse claque littéraire ET philosophique que je n'ai jamais pris, comme un énorme coup de vent qui m'aurait fouetté la joue, celle-ci risque de rester rouge un bon bout de temps.
C'est simple, il s'agit là pour moi de l'un des plus grand chef d'oeuvre de l'histoire de l'humanité, un tel lyrisme, une telle force d'évocation, couplé à de telles idées et concepts philosophiques, les premiers facilitant incroyablement l'assimilation des seconds, c'est proprement hallucinant et plus je lisais, plus je me demandais si je ne rêvais pas face à ces mots qui me secouaient comme sur une mer trop agitée.

Je savais que j'allai lire de la grande philosophie, mais je ne pensais pas découvrir une telle poésie, je pense avoir embrassé une partie de l'état d'esprit de ce livre en souhaitant, entre autres, l'éternel retour de la lecture de celui-ci ! J'avais d'ors et déjà classé ce livre dans la liste de ceux qu'il me faudra relire avant même d'en commencer la lecture, cette idée n'est que davantage présente dans mon esprit après avoir achevé cette première découverte.

C'est une première critique que j'en fais, mais cet ouvrage est tellement dense, tellement puissant, que je pense qu'il m'est impossible de correctement réussir celle-ci du premier coup.
Jetez-vous sur ce chef d'oeuvre dès que possible, et même si la philosophie de nous intéresse pas, même si vous vous pensez incapable de jongler entre les différents sens que Nietzsche donne à son discours, lisez donc ce livre, ne serait-ce que pour son incroyable force évocatrice et sa poésie.


Juste phénoménal.
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Nietzsche présente lui-même ce livre comme un 5e évangile , il veut en faire l'équivalent des poèmes de
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"Ainsi parlait Zarathoustra" est une oeuvre magistrale, quoique nous inspire la pensée nietzschéenne. Car Friedrich Nietzsche fait partie des rares philosophes capables de transmettre aux autres une pensée par une virtuosité littéraire hors du commun. Ce don lui a permis de devenir un philosophe populaire, abordable et universel. le problème de la transmission d'une pensée individuelle est d'ailleurs présent dans cette oeuvre puisque Nietzsche évoque, par l'entremise de son prophète Zarathoustra, sa difficulté de créer de nouvelles valeurs, issues non pas de la masse des hommes mais de sa propre individualité. Car si l'on s'isole trop de la masse, on s'exclue et on ne se fait plus entendre. Nietzsche, profitant de la mort de Dieu, trouve la bonne distance pour exposer son idée du surhomme. Ce créateur doit profiter du chaos présent (fin du XIXe siècle) pour trouver son incarnation, avant que le dépérissement du dernier homme, faible, petit et aimant le confort, ne devienne irréversible. Cette pensée exubérante, tonitruante et iconoclaste prend la forme d'un long poème biblique. Nietzsche s'adresse à nous tel un prophète, s'inspirant probablement des nombreux textes religieux, Bible ou Evangiles, qui ont nécessairement accompagné sa formation intellectuelle. Les sentences et les assertions y foisonnent, en contradiction avec le rejet, pourtant très net, de Nietzsche de tout dogme imposé aux hommes par n'importe quelle religion. Mais cette forme impérative donne à sa pensée toute sa crédibilité. Pour Nietzsche il y a urgence, le surhomme doit advenir pour détruire sans scrupule les anciennes valeurs manichéennes qui n'ont aucun fondement rationnel, car celles dites mauvaises se révèlent bonnes et inversement. Par exemple l'amour du prochain, un acte purement égoïste et méprisable qui sert à recevoir l'estime des autres ; ou bien les fabulations de la justice qui pense punir une exception dans un criminel, alors qu'il n'est que l'arbre qui cache la forêt, dissimulant les pires passions mortelles d'une société tout entière. Ainsi parla Zarathoustra !
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Chaque lecture de Nietzsche est une aventure !
Zarathoustra, le prophète, a existé plusieurs siècles avant Jésus, en Perse.
Pourquoi Nietzsche a t-il utilisé ce nom ? Mystère....
Je dois préciser que pour résumer et critiquer un livre de Friedrich, il faut un QI de 180, d'où mes 4 étoiles seulement, car je n'ai pas tout compris.
Je me contenterai donc d'une simple interprétation de ce que j'ai reçu, entendu, perçu
.
Ainsi, Zarathoustra parla aux hommes, mais ils ne comprirent pas.
Dégoûté, il alla se réfugier dans la Nature, dans une caverne dans la montagne, parmi les animaux bienveillants.
Et il danse, danse, danse,
c'est sa façon d'aimer..
d'aimer la vie pour oublier le dégoût que lui inspirent les hommes avides et orgueilleux, et les prêtres et les
chrétiens, qui ont "posé" le Bien et le Mal comme jugements.
On comprend que Nietzsche / Zarathoustra, en 1885, veut utiliser l'humanité comme un pont pour aller "par delà le bien et le mal" ( ce sera précisé un an plus tard ), afin de réaliser le surhomme, par le pont qu'est l'humain, ou avec la barque de Zarathoustra, au delà de la mer, vers l'île bienheureuse, afin de réaliser le surhomme.
Je ne comprends pas bien ce qu'est le surhomme.
Même Hitler s'y est trompé, grave...
Sans doute un homme qui ne juge pas.
Mais qui jugera, puisque de source bien informée, Zarathoustra apprend que Dieu est mort.
Il est mort de trop de compassion envers les hommes :
ils l'ont déçu et épuisé.
Ainsi, Zarathoustra rencontre l'ancien pape, devenu hors service. Celui-ci aussi est déçu des hommes.
Il se crée alors une petite cour de dégoûtés de l'humanité autour de Zarathoustra : des disciples.

Also sprach Zarathoustra à tous ces déprimés qu'il appela ses hommes supérieurs.
Mais, par derrière, un déprimé malin descendit le prophète, et ils reprirent tous leurs bonnes vieilles habitudes de prier.
Colère de Zara !
Déçu : même eux ne comprennent pas....
... C'est alors que vint un signe....
.
Que dire de ce que j'ai ressenti à cette lecture ?
Donnée comme une oeuvre philosophique majeure, je trouve qu'elle touche aussi à la religion, la sociologie, la psychologie.
D'un point de vue philo, je pense comme l'auteur aux belles bacchantes que l'humanité se tire une balle dans le pied depuis la nuit des temps.
Sur le plan religieux, oui les "religieux" ont abusé et tiré la couverture à eux, à l' inverse de ce que prône Jésus, qui n'est pas descendu par minou, ni par Nietzsche, je crois.
Mais contrairement à lui, je ne suis pas athée ( c'est une autre histoire ). Mais j'ai apprécié LE SIGNE.
Socialement, Nietzsche méprise ce qu'il appelle la populace, sans tenir compte des difficultés sociales des gens : c'est un jugement, contraire à ce qu'il prône contre l'Eglise.
Psychologiquement, je reconnais les démons et anges qui assaillent Zarathoustra comme.. les patients assaillis de Freud !
.
Nietzsche est un feu d'artifice qui pète dans tous les sens, avec un cerveau en ébullition, plein d'idées, et dommage qu'il ne prenne pas mieux le temps de tout organiser pour atteindre des fins de paragraphes finis, un récit plus achevé. Je crois que la présentation anarchique des idées est le drame de beaucoup de philosophes.

Il y a encore plein de choses à dire sur ce bouquin....
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" Ainsi parlait Zarathoustra " est une oeuvre philosophique d 'une grande importance .Elle a bouleversé la pensée de l 'Occident .Nietzsche a voulu faire table rase des
anciennes valeurs et créer des nouvelles.En citant Zarathoustre, il fait un clin d'oeil à l 'histoire religieuse car Zarathoustra était un grand réformateur de l 'ancienne
réligion perse ( ou iraniènne ) .Pour créer des nouvelles valeurs, il doit renverser ou dépasser les valeurs traditionnelles fondées sur l 'antinomie du bien et du mal : c'est à dire le manichéisme .Pour Nietzsch " Dieu " est mort et il faut se libérer de toute entrave et il annonce à l'homme libéré : " Soit toi-même " ! IL est contre tout dogme .
Ainsi parlait Zarathoustra est considérer comme le chant prophétique , annonciateur de nouvelles valeurs sur les décombres du christianisme et de l' idéalisme ,valeurs qu 'il explicitera ensuite dans" Par-delà le bien et le mal " ( 1886 ) puis dans la" Généalogie de la morale " ( 1887 ) : contre la morale du ressentiment, de la mauvaise conscience et du péché, il appelle à l 'avènement du "surhomme", expression qui sera malheureusement détournée de son sens par des régimes totalitaires contre lesquels Nietzsch avait pourtant par avance prononcé la plus énergique condamnation .
Ce livre est un chef-d 'oeuvre .Une oeuvre forte,dense, puissante et surtout poétique . A lire et à méditer .
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L'idée de Zarathoustra remonte chez Nietzsche aux premières années de son séjour à Bâle. On en retrouve des indices dans les notes datant de 1871 et 1872. Mais, pour la conception fondamentale de l'oeuvre, Nietzsche lui-même indique l'époque d'une villégiature dans l'Engadine en août 1881, où lui vint, pendant une marche à travers la forêt, au bord du lac de Silvaplana, comme « un premier éclair de la pensée de Zarathoustra », l'idée de l'éternel retour. Il en prit note le même jour en
ajoutant la remarque : « Au commencement du mois d'août 1881 à Sils Maria, 6000 pieds au-dessus du niveau de la mer et bien plus haut encore au-dessus de toutes les choses humaines » (Note conservée). Depuis ce moment, cette idée se développa en lui : ses carnets de notes et ses manuscrits des années 1881 et 1882 en portent de nombreuses traces et le gai Savoir qu'il rédigeait alors contient « cent indices de l'approche de quelque chose d'incomparable ». le volume mentionnait même déjà (dans l'aphorisme 341) la pensée de l'éternel retour, et, à la
fin de sa quatrième partie (dans l'aphorisme 342, qui, dans la
première édition, terminait l'ouvrage), « faisait luire, comme le dit Nietzsche lui-même, la beauté des premières paroles de Zarathoustra ».
La première partie fut écrite dans « la baie riante et silencieuse » de Rapallo près de Gênes, où Nietzsche passa les mois de janvier et février 1883. « le matin je suis monté par la superbe route de Zoagli en me dirigeant vers le sud, le long d'une forêt de pins ; je voyais se dérouler devant moi la mer qui s'étendait jusqu'à l'horizon ; l'après-midi je fis le tour de toute la baie depuis Santa Margherita jusque derrière Porto-fino.

C'est sur ces deux chemins que m'est venue l'idée de toute la première partie de Zarathoustra, avant tout Zarathoustra luimême, considère comme type ; mieux encore, il est venu sur
moi » (jeu de mot sur er fiel mir ein et er überfiel mich). Nietzsche a plusieurs fois certifié n'avoir jamais mis plus de dix jours
à chacune des trois premières parties de Zarathoustra : il entend
par là les jours où les idées, longuement mûries, s'assemblaient
en un tout, où, durant les fortes marches de la journée, dans
l'état d'une inspiration incomparable et dans une violente tension de l'esprit, l'oeuvre se cristallisait dans son ensemble, pour
être ensuite rédigée le soir sous cette forme de premier jet.
Avant ces dix jours, il y a chaque fois un temps de préparation,
plus ou moins long, immédiatement après, la mise au point du
manuscrit définitif ; ce dernier travail s'accomplissait aussi avec
une véhémence et s'accompagnait d'une « expansion du sentiment » presque insupportable. Cette « oeuvre de dix jours »
tombe pour la première partie sur la fin du mois de janvier
1883 : au commencement de février la première conception est
entièrement rédigée, et au milieu du mois le manuscrit est prêt
à être donné à l'impression. La conclusion de la première partie
(De la vertu qui donne) « fut terminée exactement pendant
l'heure sainte où Richard Wagner mourut à Venise » (13 fé-
vrier).
Au cours d'un « printemps mélancolique » à Rome, dans
une loggia qui domine la Piazza Barbarini, « d'où l'on aperçoit
tout Rome et d'où l'on entend mugir au-dessous de soi la Fontanas », le Chant de la Nuit de la deuxième partie fut composé
au mois de mai. La seconde partie elle-même fut écrite, de nouveau en dix jours, à Sils Maria, entre le 17 juin et le 6 juillet
1883 : la première rédaction fut terminée avant le 6 juillet et le
manuscrit définitif avant le milieu du même mois.
« L'hiver suivant, sous le ciel alcyonien de Nice, qui, pour
la première fois, rayonna alors dans ma vie, j'ai trouvé le troisième Zarathoustra. Cette partie décisive qui porte le titre :
« Des vieilles et des nouvelles Tables, fut composée pendant une
montée des plus pénibles de la gare au merveilleux village
maure Eza, bâti au milieu des rochers – ». Cette fois encore
« l'oeuvre de dix jours » fut terminée fin janvier, la mise au net
au milieu du mois de février.
La quatrième partie fut commencée à Menton, en novembre 1884, et achevée, après une longue interruption, de fin janvier à mi-février 1885 : le 12 février le manuscrit fut envoyé à
l'impression. Cette partie s'appelle d'ailleurs injustement « quatrième et dernière partie » : « son titre véritable (écrit Nietzsche
à Georges Brandès), par rapport à ce qui précède à ce qui suit,
devrait être : La tentation de Zarathoustra, un intermède ».
Nietzsche a en effet laissé des ébauches de nouvelles parties
d'après lesquelles l'oeuvre entière ne devait se clore que par la
mort de Zarathoustra. Ces plans et d'autres fragments seront
publiés dans les oeuvres posthumes. La première partie parut en
mai 1883 chez E. Schmeitzner, à Chemnitz, sous le titre : Ainsi
parlait Zarathoustra. Un livre pour tous et pour personne
(1883). La seconde et la troisième partie parurent en septembre
1883 et en avril 1884 sous le même titre, chez le même éditeur.
Elles portent sur la couverture, pour les distinguer, les chiffres 2
et 3.
La première édition complète de ces trois parties parut à la
fin de 1886 chez E.W. Fritsch, à Leipzig (qui avait repris quelques mois avant le dépôt des oeuvres de Nietzsche), sous le titre : Ainsi parlait Zarathoustra. Un livre pour tous et pour personne. En trois parties (sans date).
Nietzsche fit imprimer à ses frais la quatrième partie chez
C.G. Naumann, à Leipzig, en avril 1885, à quarante exemplaires.
Il considérait cette quatrième partie (le manuscrit portait :
« pour mes amis seulement et non pour le public ») comme
quelque chose de tout à fait personnel et recommandait aux
quelques rares dédicataires une discrétion absolue. Quoiqu'il
songeât souvent à livrer aussi cette partie au public, il ne crut
pas devoir le faire sans remanier préalablement quelques passages. Un tirage à part, imprimé en automne 1890, lorsque eut
éclaté la maladie de Nietzsche, fut publié, en mars 1892, chez
C.G. Naumann, après que tout espoir de guérison eut disparu et
par conséquent toute possibilité pour l'auteur de décider luimême de la publication. En juillet 1892, parut chez C.G. Naumann la deuxième édition de Zarathoustra, la première qui
contînt les quatre parties. La troisième édition fut publiée chez
le même éditeur en août 1893.
La présente traduction a été faite sur le sixième volume des
Oeuvres complètes de Fr. Nietzsche, publié en août 1894 chez
C.G. Naumann, à Leipzig, par les soins du « Nietzsche-Archiv ».

Je suis tombé par hasard sur le Zarathoustra de Neitzche. Un livre étrange, mais souvent poignant, dans lequel j'entends à chaque ligne les accents viscéraux d'une âme s'enfonçant dans les abîmes. Savoir l'esprit le plus riche et le plus profond qu'on ait jamais rencontré disparu dans la folie et dans son inaccessible univers de chimères. Une telle expérience n'en finit pas de résonner en vous comme un glas funèbre d'une insondable tristesse.

C'est Un livre pour tous et pour personne
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La poésie toujours présente dans l'oeuvre de Nietzsche nous entraîne ici vers la métaphore, au détriment de la vérité historique et au profit de la vérité voilée des Mystères de Dionysos. Ainsi, Zarathoustra (ou Zoroastre) n'a plus grand-chose en commun avec l'inventeur supposé du dualisme. Il se retourne symboliquement contre cette idéologie et devient un chantre du monisme, proclamant l'union entre corps et esprit. Blasphème ! Nietzsche insulte le prophète !

A la fois solennel et exubérant dans le ton, ce livre caricature le style des écrits religieux. On peut le rapprocher de la parodie, genre auquel Nietzsche rend son sens originel. Car en bon philologue grec, il se souvient que le mot parodie vient de para (le long de) et de Ôdè (chant). Zarathousta chante donc le long de l'humanité, en prenant une distance ironique. Il la côtoie dans toute sa diversité, au fil de ses voyages entre montagne et mer. Flux et reflux, ascension et déclin, Zarathoustra se plaît à penser dans le mouvement : un esprit sain dans un corps sain.

Il fait donc bonne pitance, changeant la Cène en bacchanales, où sont ridiculisés les « hommes supérieurs », appellation ironique de ceux qui rejettent les valeurs passées, mais sans volonté de les remplacer. Chez ces hommes, la parodie devient une idole, un ramassis d'âne-ri (I-A !). Aussi revient-il à Zarathousta de rire de leur rire, pour rétablir le sérieux de ses propres jeux, nom de Dieu !

Zarathousta s'amuse à vivre parmi les animaux et, tel un docteur Moreau platonique, à combiner leurs qualités en vue d'élargir les horizons de l'humanité. Il s'inspire ainsi de l'aigle altier, du rusé serpent… ou du divin bovin :

« Si nous ne nous convertissons et ne devenons semblables aux vaches, nous n'entrerons pas au royaume des cieux. Il y a une chose que nous devrions apprendre d'elles : à ruminer. »

La pensée de Nietzsche affirme la volonté de vivre en fonction de valeurs idiosyncratiques. Agir de façon à souhaiter que chacun des moments de nos vie revienne éternellement (ici c'est l'impératif catégorique de Kant qui est détourné). La ménagerie de ce recueil sert autant à éclairer cette voie qu'à moquer ceux qui lui font obstruction, du poison de l'araignée égalitaire à la vanité des poètes paons-paons cuculs. Autrement dit, tous ceux qui ont fait stagner la pensée humaine dans l'équilibre (ponctué ?) du bien et du mal. À la fois évolutionniste et romantique, la notion du Surhomme est marquée par les idées de son siècle. Elle n'en vise pas moins à les dépasser, et enjoint donc ses adeptes à la dépasser elle-même : « je vous ordonne de me perdre et de vous trouver ».

À l'instar des Chants de Maldoror de Lautréamont, publiés à la même époque outre-Rhin, Ainsi parlait Zarathoustra est donc une féroce charge animalisée contre l'ordre établi. le lion rugit, les tombeaux des mélancoliques explosent sous l'effet d'une bombe libérant des « milliers de visages d'enfants, d'anges, de hiboux, de fous et de papillons », et le monde ancien « périt » dans un éclat de rire.
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Une lecture qui dérange... du moins ce fut le cas pour moi ; et c'est ce qui fait l'intérêt de le lire, et l'intérêt de cette critique, sûrement difficile puisque... je n'ai peut-être pas tout compris...
Cela faisait longtemps que je l'avais dans bibliothèque, et j'hésitais à l'ouvrir, en raison de ses interprétations posthumes plus ou moins sulfureuses.
Pour commencer, je dirais qu'il est -comme souvent- bien dommage que les éditeurs oublient d'afficher le sous-titre : "un livre pour tous et pour personne".
En effet, dans la forme, "Ainsi parlait Zarathoustra", se démarque radicalement d'un ouvrage de philosophie, du modèle kantien par exemple. Il se présente sous la forme d'un long poème, presque romantique -puisque "je" semble nous livrer, que dis-je, nous balancer à la figure, nous vomir ses états d'âme et sa révolte contre l'inaction et les valeurs établies. Quant à l'expression poétique, je partage le sentiment d'illustres lecteurs avant moi -Heidegger, Gide- : certains passages sont magnifiques, dans leur élévation de l'Homme et de la Volonté -me faisant penser, sur un même mode "messianique" aux poèmes d'Homère ou à Citadelle de Saint Ex- d'autres sont carrément insipides... la référence biblique est de ce point de vue réussie.
"Un livre pour tous et pour personne" en effet : personne d'autre que l'auteur, me semble-t-il , ne peut se reconnaître complètement dans ce "je", et pourtant le livre s'adresse à tous...
Non sans humour, Nietzsche nous somme en quelque sorte d'ouvrir les yeux et de suivre ses aphorismes et préceptes, qu'il met dans la bouche de Zarathoustra -que je crois finalement beaucoup plus proche du christianisme que l'auteur- , de nous laisser évangéliser par lui, de le suivre sur la voie des surhommes...
Le choix de cette approche philosophique enlevée, romancée, qui touche au coeur et au corps, à la psyché plutôt qu'à une raison aristotélicienne ou kantienne, est remarquable par son audace mais -rétrospectivement- remarquablement dangereuse aussi, le lion de Nietzsche pouvant aisément dévorer l'esprit des imbéciles se contentant de survoler le livre et croyant avoir tout compris parce qu'il leur renvoie en positif leurs propres névroses...
"Celui qui écrit en aphorismes et avec du sang, celui-là ne veut pas être lu, mais appris par coeur", est-il écrit dans le livre même.
Au final, car cet ouvrage reste bien malgré sa forme originale, un ouvrage de philosophie, est ce que Nietzsche m'a fait adhérer à ses thèses ? NON, la violence, la radicalité, la flagellation autodestructrice, jusque dans la forme, ne peut tenter l'hédoniste humaniste mâtiné de mystique que je suis, admirateur d'Aristote, Montaigne, Comte-Sponville,et du bouddhisme -dans lequel il puise rationalisme, impermanence, mais remplace le diptyque vacuité -compassion par une espèce d'exaltation de la souffrance humaine dans une ascèse personnelle et la volonté de dépassement de soi...
En revanche la radicalité comme questionnement de toute morale et recherche d'un "supplément d'âme" est intéressante... ouvrant la voie d'une forme de nihilisme, il détruit des concepts anciens, pour proposer le sien -qui me parait fragile- mais, ce faisant, a ouvert la voie à d'autres pensées plus construites, telles que l'existentialisme, le déconstructivisme et le multiculturalisme -en cousinant avec Lévi-Strauss et Freud-, jusqu'à la pensée sociologique de Bourdieu. Il ouvre une voie nouvelle de relativisation et désacralisation des dichotomies de la philosophie classique sur le bien et le mal et, ce faisant, rend mieux compte de la complexité de l'homme et du monde dans lequel il évolue.
Cependant, ces poursuites, après Nietzsche, ne me semblent pas parvenir à proposer un système qui parle à l'être, comme l'a dit Heidegger ; autrement dit -cette fois par moi-, ces approches améliorent encore la compréhension de l'homme par lui-même, mais ne l'aident pas à vivre... ce en quoi je préfère donc le retour aux anciens, tel Marcel Conche.
Bref, un lecture contournable, qui élève par ses questionnements, mais dérange, par l'abîme qu'elle ouvre sous les pieds de l'humain, ne lançant pour poursuivre qu'une passerelle bien fragile et branlante...


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Nietzsche est mort, il est devenu idole d'une génération YouTube et twitter qui assassine sa pensée. Désormais on le dissèque, on le fait nationaliste, défenseur des valeurs traditionnelles de l'Occident, presque libéral même dans la fachosphére, un philosophe spécial self made man, un petit guide de conduite pour entrepreneur de soi même. On commercialise sa pensée pour la génération pseudo rebelle anti progressiste, on le vend à des gamers accro à Fortnite. Mais pourquoi s'étonner quand on peut voir un de ces influenceurs capable de vous parler de Baudrillard tout en parlant de sjw à côté.

Nietzsche idole de l'anti immigration, presque sacré catholique: On a eu le droit à Nietzsche et le catholicisme, dans cette vidéo, Mr Rochedy vend une idéologie de la soumission. Il veut nous coller à l'Eglise pour faire survivre l'Occident, il nous en fait une idole des valeurs traditionnelles, paye ta philosophie libératrice... Il réutilise même un langage universalisant sans profondeur conceptuel et qui n'a qu'un lien souvent fantasmé avec la réalité. Assez ironique pour le coups, d'utiliser un philosophe qui se plaint que les valeurs ne se conforme plus à la vie et à la réalité.

Désormais, on résume la volonté de puissance en 10 minutes, on fait un guide sur le surhomme en 8, voilà ce qu'est devenu Nietzsche. Et je peux paradoxalement vous dire que j'ai moins souffert en lisant ce livre qu'en écoutant ces choses. Nietzsche est une philosophie du sommet, cet ouvrage est certainement le plus littéraire de Nietzsche. Zarathoustra est un passeur plus qu'un prophète, il fait le constat de la mort de dieu et il montre deux voies:

La première voie, ce sont les idoles de substitution, les nouvelles idéologies, tous ces totems qui asservissent l'homme et le conduisent à un nihilisme et dont le résultat fut certainement la funeste seconde guerre mondiale et sa logique d'anéantissement. Pauvre Nietzsche qui a rêvé de la guerre qui conduirait au surhomme, elle qui a créé tout le contraire... Mais il y a également la critique de cet ère du faux semblant, du progrès et de la science, de toutes ces valeurs qui ont pris le pas sur la réalité, de la société de consommation, société d'idole qui transforme la réalité.

La seconde voie, celle de Zarathoustra, celle qu'il nous conte avec poésie et aphorisme, l'homme ne doit pas être une fin mais un pont vers le Surhomme. Il ne doit plus vivre selon les traditions, il doit créer ses propres traditions. Il n'a pas à être le fruit d'une civilisation héritée des ancêtres, il doit créer sa civilisation pour ses enfants. A notre époque, l'homme est vide, plat et il n'a plus de profondeur, il ne s'ancre nul part, il est hors-sol et il est triste. Se réapproprier le monde sensible, fonder sa civilisation, voilà qui le rendra l'homme supérieur, le rendra artiste ou aristocrate, Surhomme même.

Le monde, s'il cesse d'être un tombeau, peut redevenir le lieu où les Hommes vivent, pas le lieu où ils meurent et où ils se décomposent. L'Homme ne doit plus vivre pour l'autre monde, il doit revenir à la Terre. Il doit la comprendre, la connaître, l'épouser, en savourer ses charmes et ses douceurs, refonder même une mythologie qui redonnera du sens. Il doit vivre sur Terre, pour la Terre et par la Terre. L'homme doit se connaître, comprendre ses pulsions. Il doit les épouser, les laisser libres et ne pas réprimer ses instincts créateurs et destructeurs. Se libérer de ce qui qui contraint la libre expression de son élan vital L'Homme est un animal, il mange, il fête, il danse, il trompe et... il tue, il assassine, il peut également obéir à des instincts criminels.

Nietzsche est aussi un philosophe qui possède des limites, faire une société en respectant ce genre de code, objectif complexe, sa volonté eugéniste, son éloge de la guerre et de l'armée, institution métaphysique et machine de mort, la volonté de puissance, réflexion du monde par la métaphysique, ses avis restent le produit d'une époque (les femmes ont pas le beau rôle, les ouvriers sont très méprisés)... Philosophe qui a été disséqué et critiqué par des vrais philosophes, Deleuze, Camus, Heidegger et... au pire de Benoist. Mais ce qu'on lui fait subir en le popularisant sur le net, on a tué Nietzsche. Ca, c'est ma seule certitude... On a tué Nietzsche.
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