Le Lamento de Winnie Mandela

"On lit la vie des autres, ça nous fait réfléchir, mais on ne songe jamais que nous, les lecteurs, pourrions écrire notre autobiographie et méditer sur nous-mêmes. Que nous pourrions être le sujet d'un livre, que nous pourrions nous observer et nous voir autrement car nous ferions alors l'objet d'une réflexion. Réfléchir en profondeur à un sujet suppose qu'on lui accorde plus d'importance." (p. 91)


Pour cette 1.000 ème chronique, une envolée vers l'Afrique du Sud...Quatre
femmes se racontent, leurs vies amoureuses souvent chaotiques, avec des maris qui "brillent par leur absence", partis au loin, soit pour gagner sa vie, faire des études à l'étranger, pour des raisons de résistance , d'engagement politique contre l'apartheid... Ces femmes seules, dans l'attente du mari, doivent continuer à se battre et à préserver leur loyauté envers l'absent...Les Femmes restent les piliers de la communauté... sont les éternelles Pénélopes...sacrifiées !

"Quand donc cette attente prendra -t-elle fin ? Et quand elle prendra fin, leurs hommes seront-ils morts ou vivants ? S'ils sont en vie, seront-ce les mêmes qui les ont quittées voici un nombre incalculables d'années ? le temps aura-t-il altéré leurs corps de telle sorte que, tout en semblant familiers, il faudra les redécouvrir, réapprendre à les connaître ? Tout simplement, qui seront ces hommes, ces personnes nouvelles forgées par une longue absence ? "(p. 16)

Ces quatre femmes se réunissent régulièrement autour d'un thé pour se
confier, discuter de leur existence, de leurs difficultés... L'une d'entre elles
propose un drôle de jeu... faire pénétrer une autre femme dans leurs joutes
oratoires, une icône féminine, qu'elles vénèrent, admirent sans réserve...
une autre femme , une Mère Courage qui aura supporté tant d'absence contrainte de l'homme de sa vie, prisonnier politique; cette cinquième interlocutrice sera Winnie Mandela...

Un subterfuge de narration qui réunit les discussions, réflexions de la sphère privée comme de la sphère publique...Même si il est question de l'Afrique du Sud, de l'Apartheid, des violences entre les blancs et les noirs, de la condition particulière des femmes africaines... de nombreux questionnements, analyses des rapports entre les femmes et les hommes sont universels...
Un roman choral, polyphonique... qui mélange littérature, engagements politiques, sociaux et questions philosophiques...

Une belle densité et profondeur... dans ce choeur féminin !...

Une très belle découverte que cet auteur d'Afrique du Sud...faite par hasard, en fouinant en librairie,avant- hier...A travers 4 femmes africaines... il est question de la condition des femmes en Afrique du Sud, de l'histoire du pays, de ses convulsions historiques, politiques...

Après cette lecture captivante, je suis très intéressée de trouver un ancien texte de cet écrivain, "Mon oncle", publié il y a près de 20 ans, par les éditions complexe, que je vais tenter de dénicher !

Dès la lecture du résumé de l'éditeur, j'étais sous le charme de cet auteur qui a choisi de réunir Pénélope et Winnie Mandela dans un seul roman.

Njabulo Ndebele ouvre ce roman sur la figure de Pénélope, qu'il définit comme le « symbole absolu de l'épouse loyale envers et contre tout », et fait un parallèle avec ces femmes africaines qui subissent impuissantes l'absence de leur mari, pour diverses raisons. Il choisit de donner la parole à quatre femmes emblématiques, venant de régions différentes, et, par le biais de ces portraits, aborde la délicate situation de l'attente des femmes. 

Dans ce roman écrit dans un langage soutenu, à la construction peu banale, il parvient à ne pas juger, à ne pas trancher, chaque femme s'y exprimant librement. Et, par cette surprenante construction littéraire - un judicieux mélange de fiction, de discours officiels, avec des touches d'humour -, mêlant personnages de fiction et personnage de réalité, l'auteur nous interroge sur les contours, souvent flous, entre réalité et fiction. Qu'est-ce qui est de l'ordre de la réalité ? Est-ce si facile à définir ? 

Ce récit polyphonique n'a pas vocation de réhabiliter coûte que coûte Winnie Mandela, dont la vie a été tragique. Elle est en effet présentée à la fois comme victime et comme coupable. Des questions restent sans réponse, mais il donne des clefs de l'impossible reconstruction du couple à la sortie de prison de Nelson Mandela. Il présente surtout avec discernement les réalités d'une société sud-africaine contradictoire et peut être lu, réellement, comme une leçon de tolérance à l'égard des femmes. 

J'ai vraiment beaucoup apprécié ce roman, aussi bien au niveau de l'écriture que des questions soulevées qui, notamment concernant les relations entre hommes et femmes, sont universelles.

En Afrique du Sud, quatre femmes forment un cercle de discussion ; leur point commun : elles ont toutes été abandonnées par leur mari. Après une rapide découverte de leurs histoires respectives elles décident de s'adresser à Winnie Mandela pour lui proposer de se joindre à elles.
On traite là un sujet d'actualité passionnant : la condition des femmes, notamment sous le régime de l'Apartheid, mais je me suis lassé et ne suis pas parvenu à entrer dans le style de l'écrivain. J'ai abandonné ma lecture à la moitié du récit (ce qui est exceptionnel), je n'ai pas montré autant de persévérance que ces héroïnes…