Généralement, quand je n'aime pas un livre, je ne prends pas la peine d'en parler et je passe à autre chose. Parce que les goûts et les couleurs, parce que je ne suis peut-être pas toujours la cible qui était visée, etc.
Mais, honnêtement, je n'avais jamais autant été en rage à la fin d'une lecture. J'ai eu envie de pleurer. de vomir. Je me sentais tellement mal que je ne pouvais pas suivre ma règle habituelle, en cas de déception. Autant l'annoncer de suite , il y a un énorme point négatif dans ce roman qui a pris le pas sur tout le reste. Et ce défaut, à mes yeux, je ne peux pas passer outre. Peut-être que ça pourra éviter à des lecteurices d'être confronté·es à la même mauvaise expérience que moi. Si j'avais pu, je n'aurais jamais lu ce livre. Ça pourrait être le cas d'autres personnes qui sont sensibles aux mêmes choses que moi.
Le gros point noir ? le consentement. Inexistant. J'ai connu l'autrice avec sa série Rebecca Kean, où j'avais déjà été agacée par certains comportements des personnages dans le même genre. Mais là, il n'y a pas une seule "scène romantique" entre les deux love interest où la femme est consentante. Et je suis à 50 pages de la fin du tome 1.
Obtenir le consentement, ce n'est pas continuer malgré les refus et forcer jusqu'à ce que l'autre capitule. Embrasser quelqu'un qui n'a pas envie d'être embrassé et qui le refuse explicitement, ce n'est PAS sexy. S'infiltrer dans la chambre d'une femme, la caresser et l'embrasser pendant son sommeil, puis forcer un rapport alors que le personnage dit non, c'est un vi*l. Et même si physiquement elle finit par avoir du plaisir, ça restait un non tout du long ! Et que dire de la méthode de "séduction finale" employée (le duc force un rapport, encore, avec Morgana, pour la faire tomber enceinte et qu'elle soit obligée de se marier avec lui). Et puis, tant qu'on y est, vas-y qu'on va dire à la femme que si elle se soumet, c'est sa faute (pour la scène de sexe - aka le vi*l donc - Morgana menace de hurler pour alerter sa famille, puis en est empêchée parce que "sa réputation serait ruinée si on la voyait dans cette posture", bah ouais, parce que la déshabiller de force et abuser d'elle c'était pas encore assez Malcolm).
En passant, le fait que ça soit dans un cadre historique ne justifie ou n'excuse en rien ces actions. Et ça n'en rend pas les abus excitants non plus pour la cause. Bref, je n'ai rien trouvé de romantique dans les interactions entre les personnages. le duc abuse de son ascendant, abuse de la femme. Il va même jusqu'à menacer de l'embrasser en public, si elle refuse de s'isoler avec lui, à un moment. Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres... Dans quel monde ça émoustille ?
Tout au long de l'histoire, on fait face à un homme qui force à tous points de vue, qui ne respecte aucunement ni les désirs, ni les envies de la personne qu'il est censé "aimer"... le personnage du duc n'a ni respect, ni écoute et ne s'arrête à aucune limite posée. Tout ce qu'il veut, c'est posséder la femme (la fameuse femme objet), à n'importe quel prix. Et ça se veut dans la même veine que
Jane Austen ?
Bref, je suis horrifiée que ça soit encore banalisé à ce point, pour un roman réédité tout récemment. À aucun moment ces comportements déviants ne sont montrés comme tels (nouvel exemple, un personnage manque de peu de se faire vi*oler également et... deux lignes après c'est pris sur le ton de la comédie). Vraiment, c'est la première fois que je me sens nauséeuse à la lecture d'un roman.
Étant donné que 90% de l'intrigue repose sur la romance et qu'aucune interaction romantique saine n'est à compter dedans (à mes yeux), ça serait difficile pour moi d'aborder un autre point de critique dans cet avis. Si ce n'est que j'ai trouvé le ton ampoulé à l'excès, de manière peu réaliste, voire grotesque par moment. le côté historique est complètement raté : les personnages se permettent tellement de familiarités, de propos modernes et d'idées made in XXIe siècle, en plus de ne jamais respecter aucune bienséance, qu'on n'y croit à aucun moment. Que Morgana s'intéresse aux sciences, que sa soeur veuille être romancière, pourquoi pas. Mais ne respecter aucune forme d'étiquette, se taper des barres avec le domestique, parler de ses règles en public et dire n'importe quoi, à n'importe qui, ça n'existe pas à cette époque ! On sent l'envie de rendre l'héroïne rebelle et d'aborder une touche de modernité aux pensées des personnages. Mais c'est tellement gros et irréel que c'est juste impossible d'y croire. Autant faire une romance à notre époque avec la noblesse, ça aurait plus de sens. Loin d'un
Jane Austen encore une fois (je le signale car c'est un argument de vente au dos de la couverture quand même).
En bref, j'ai passé un très mauvais moment. Si la question du consentement vous préoccupe, je vous déconseille le livre. Enormément déçue de ne pas avoir aimé, comme je l'imaginais en achetant le roman. Si j'avais encore des doutes, je sais maintenant que les livres de l'autrice ne sont clairement plus pour moi. J'abandonne ses deux séries ici (Rebecca Kean et Les soeurs Chambrey), au vu de la vision de la romance qu'elles nous donnent dans les deux cas. J'espère juste que les ados qui les lisent sauront voir que la romance, dans la vraie vie, ce n'est pas de cette manière-là ! Mais prenez tout l'inverse et ça sera parfait.