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sur 945 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ne connais presque rien de la carrière de Monroe, il y avait quelque chose qui me dérangeait dans la figure de la femme objet hollywoodienne. Mais Lola Lafon ayant cité ce livre comme un chef d'oeuvre, et m'étant récemment laissée éblouir par un autre livre de JCO, je me suis lancée.

J'ai rarement été aussi captivée par un livre de cette longueur. L'écriture est techniquement brillante et la complexité de cette Monroe - ou Norma Jean - est déroutante. Je crois que le livre va me hanter.

Au delà de la véracité des faits, ce qui est passionnant c'est de voir une écriture de l'histoire "commune" qui réécrit. La façon de décrire le travail d'acteur·ice et comment certaines techniques et approches peuvent fragiliser.

J'ai quelques bémols sur la fin, un peu rapide à mon goût.

Un bon complément à ce roman serait la Vallée des Poupées de Jacqueline Susann.
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Moi qui ne suis pas d'un tempérament groupie et qui jusqu'à ce roman, ne savais de Marilyn Monroe que l'essentiel (à savoir que c'était une starlette devenue star, qu'elle avait éventuellement couché avec JFK et qu'elle ne s'était peut-être pas suicidée…), j'ai été totalement envoûtée par ce roman. Pendant les 10 jours où il m'a accompagnée (976 pages tout de même), j'ai vécu avec Norma Jeane Baker. Il m'est même arrivé de m'endormir en pensant à elle.

Au tout début du livre, il est précisé : « Blonde est une oeuvre de fiction. Si la plupart des personnages de ce livre présentent quelques ressemblances avec les proches et les contemporains de Marilyn, leur description et les évènements rapportés sont entièrement le fruit de l'imagination de l'auteur. Il faut donc lire Blonde comme un roman et non comme une biographie de Marilyn Monroe. ».

Et c'est bien ainsi que je l'ai pris, comme un roman, brodé autour et à partir de faits réels et avérés, et extrêmement bien servi par la plume talentueuse de Joyce Carol Oates que j'admire de plus en plus.

D'ailleurs, cette dernière ne nomme que très rarement les personnages secondaires de son roman. du moins, à partir du moment où ils présentent une importance dans la vie de Norma Jeane, ils sont désignés par leur qualité première : Norma Jeane est la plupart du temps « l'Actrice blonde », et traversent sa vie « le Dramaturge », « l'Ex-Sportif » ou encore « le Président »… Tout cela contribue à une ambiance un peu vaporeuse, comme dans un rêve de cinéma.

Norma Jeane, telle qu'elle nous est présentée ici, est terriblement attachante, à la fois fragile et déterminée, cantonnée à des rôles de poupée blonde mais nourrissant des ambitions de théâtre et écrivant des poèmes.

Marilyn Monroe n'est pas seulement le nom de scène de Norma Jeane Baker, c'est aussi et surtout le personnage créé par le Studio et dont raffole le public. « Marilyn Monroe était un robot créé par le Studio. Fichtrement dommage qu'on n'ait pas pu le breveter. »

Et ce personnage, ajouté à une évidente fragilité psychologique dès le début de sa vie, finira par la tuer.

« Je connaitrais mon existence et la valeur de cette existence par les yeux des autres »

« L'actrice Blonde » ne joue pas ses rôles, elle les incarne. « Car jouer, c'est résoudre une succession d'énigmes dont aucune ne peut élucider les autres. Car l'acteur est une succession de moi maintenus ensemble par la promesse que sur scène toute perte peut être réparée. » Et une fois ancrés en elle, ces différents personnages prennent le pas sur sa véritable personnalité.

Norma Jeane souffrira toute sa vie de ne pas être reconnue pour ce qu'elle était vraiment mais que seule « la bombe sexuelle Marilyn » soit connue. « Souvent l'étrange sens de l'humour de Norma Jeane étonnait les hommes, ils ne s'y attendaient pas de la part de « Marilyn » , une adorable idiote ayant l'intelligence d'une enfant de onze ans moyennement précoce. C'était en effet un sens de l'humour ressemblant au leur. Caustique et dissonant, comme de mordre dans un chou à la crème et d'y découvrir du verre pilé. »

On se sent forcément en empathie avec cette femme malheureuse, qui n'a jamais trouvé sa place ni dans le domaine professionnel à cause de son image de blonde écervelée -qui lui a valu ses premiers succès mais dont elle n'a jamais pu se défaire- ni dans le domaine amoureux car les hommes ne voient pas la vraie Norma Jeane. de plus, ayant grandi à l'orphelinat puis en famille d'accueil, elle n'a pas de famille proche ou d'amis la connaissant bien et auprès desquels elles pourrait chercher du soutien. Elle est définitivement seule et perdue malgré sa gloire et sa notoriété.

J'ai adoré découvrir cette femme charismatique accompagnée de la plume de Joyce Carol Oates et si vous n'avez pas peur des pavés, je vous recommande chaudement ce roman.

« Cette femme sur l'affiche n'est pas moi. Mais elle est ce que j'ai créé. Je mérite mon bonheur. »
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Avec Blonde c'est une plongée vertigineuse au coeur de l'énigme Marilyn Monroe qui nous est proposé dans ce qui est un roman et pas une biographie autorisée. Certes, ce n'est pas une biographie mais cette oeuvre nous donne - et peut être de manière encore plus palpable, présente, une incarnation de Norman Jane Baker. Ainsi on comprend mieux comment l'actrice s'est inventée. Enfant de la balle, née d'une mère monteuse à Hollywood, déséquilibrée, alcoolique, trop occupée pour s'occuper à plein temps de sa fille - la laissant en garde à sa grand-mère, forte tête, puis l'abandonnant dans un foyer. Sa mère l'imprègne très tôt de l'environnement hollywoodien en l'emmenant regarder de loin les villas des stars. de ce terrain psychologique et familial fragile, de cette enfance chaotique, Norma Jean en a gardé un besoin certain d'être aimé ("Si j'étais assez jolie, mon père viendrait me chercher"). Elle se forgera aussi un caractère fier qui l'aidera à sa transformation. de jeune femme timide mais bonne camarade, un peu "la girl next door", l'esprit farci de bondieuserie, on assiste par étapes successives à l'éclosion de la femme libre, fragile toujours. Car il y aura constamment une profonde dichotomie entre son image de Marylin, la vamp exubérante et aguicheuse et son moi profond, Norma Jean, en quête d'amour et de maternité. Ce paradoxe est à l'origine de l'image fort diverse que ceux qui l'ont côtoyé ont gardé d'elle : pour certains une grue à peine plus qu'une prostituée, pour d'autres un authentique génie d'actrice. Mais le poids de la célébrité était bien trop lourd pour cet être torturé et névrosé.

Ce livre de plus de 1100 pages est proprement fascinant, addictif pour tout dire. On est complètement absorbé dans cette évocation de l'âge d'or Hollywoodien . C'est aussi un livre éprouvant comme une longue agonie, celle de l'âme en peine de Norma Jean. A lire absolument.
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Dans ce livre l'auteur imagine la vie de Marylin Monroe de manière simple et prenante. le récit chronologique alterne les points de vue et les narrateurs. Il permet au lecteur de découvrir les deux personnalités de l'actrice : celle de Marylin lorsqu'elle paraît en public et celle de Norma Jeane la femme privée. L'actrice apparaît fragile, timide, naïve, dans une quête perpétuelle du père. C'est un grand roman fort et troublant qui rend hommage à une actrice méconnue et calomniée.
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"Blonde" de Joyce Carol Oates.
"Blonde" retrace la vie de Maryline Monroe de sa naissance à sa mort.
"Blonde" est une brillante biographie fictive, c'est à dire une tentative d'immersion dans la personnalité de l'actrice à travers les voix de celle-ci et de ceux qui l'ont côtoyée.
"Blonde" nous renvoie l'image touchante d'une petite fille puis d'une jeune femme fragile, talentueuse, exploitée par les hommes et l'industrie cinématographique hollywoodienne.
« Je n'étais ni une poule ni une pute. Mais il y avait le désir de me percevoir de cette façon. Parce qu'on ne pouvait pas me vendre autrement je crois. Et je comprenais que je devais être vendue. Car alors je serais désirée et je serais aimée. »
L'immense talent de Joyce Carol Oates est d'amener le lecteur à porter son regard au-delà des apparences, de prendre conscience que Maryline, « la blonde idiote n'était ni blonde ni idiote ! »
Voici un grand livre émouvant, riche qui éclaire la réalité par le biais de la fiction…
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Tout a été écrit sur Marilyn Monroe, des vérités mais aussi beaucoup de mensonges. En fictionnant le destin de ce sex-symbol et mythe du cinéma américain de l'après-guerre, Joyce Carol Oates ne la trahit pas mais la réinvente de façon magistrale en mêlant fait réels et imaginés tout en donnant la parole à l'actrice (en italiques) ainsi qu'à ceux qui l'ont connue, à la fois témoins et acteurs de l'histoire à la manière d'un choeur antique.
Mais plus qu'à la sublime actrice de « Niagara » ou de « Bus Stop », c'est surtout à Norma Jean Baker qu'elle s'attache, Marilyn Monroe étant une construction lucrative des studios hollywoodiens.
Ce récit-fleuve de près de 1000 pages dans l'édition originale commence en 1932 alors que la petite Norma Jean n'a que six ans. Elle vit avec une mère cruelle atteinte de schizophrénie paranoïde, une maladie qui la conduite à l'hôpital psychiatrique.
Une photo du père putatif de l'enfant trône dans la chambre de la génitrice. Cet homme rêvé, Norma-Marilyn l'attendra tout au long de sa courte vie qui commence dans la maltraitance pour se poursuivre dans un orphelinat puis dans une famille d'accueil dont l'élément mâle porte sur elle un regard concupiscent. Cet homme rêvé, elle pensera le trouver dans des unions ratées avec des compagnons plus âgés, sortes de pères de substitution qui ne sauront jamais protéger cette femme-enfant. Signe de ces rapports ambigus, elle les appellera tous « papa » et ne trouvera jamais d'épanouissement dans le sexe. Malgré une réputation de nymphomanie et de collectionneuse d'amants... Parce qu'elle souffre d'une endométriose qui supplicie son corps ? Elle fait l'amour comme on se noie.
Alors qu'elle entre à peine dans l'adolescence, ses formes épanouies aimantent la gent masculine. Pourtant, elle semble à peine se rendre compte de sa beauté magnétique qui lui permet d'entamer une carrière de playmate. Mais c'est le cinéma qui l'attire et c'est le septième art qui va faire d'elle la Marilyn blonde platine, le mythe Monroe, une « petite fille perdue en costume de pute » que les hommes, ogres insatiables, vont marchander et prendre plaisir à souiller. Comme pour se venger de sa perfection physique, de sa liberté et de son intelligence.
Alors qu'elle aspire à jouer des rôles sérieux (et elle en est tout à fait capable), Hollywood la misogyne ne propose à ce pendant féminin de son ami Marlon Brando que des emplois d'écervelées sexy.
Déçue par l'industrie cinématographique, rouleau compresseur annihilant les personnalités, elle convoite un avenir de comédienne de théâtre interprétant Tchekhov et, côté vie privée, rêve de donner naissance un enfant. Comme seul moyen de devenir une adulte ?
Née sous le signe du Gémeaux, atteinte d'une bipolarité qui alterne phases d'euphorie et de profonde dépression, lunatique, inconstante, terrifiée par la mort mais au comportement autodestructeur, parfois mystique, perfectionniste obsessionnelle habitée par ses rôles, mi-ange mi-démon, aspirant à devenir une femme cultivée alors que presque tous la voient comme une donzelle superficielle, exprimant un besoin d'amour irraisonné par peur de l'abandon vécue pendant son enfance, elle est un mystère pour son entourage, une magnifique incomprise.
En s'emparant du personnage de Marilyn, métaphore de la femme-objet, Joyce Carol Oates a composé un chef-d'oeuvre universel de finesse et de profondeur sur la condition du sexe dit faible opprimé par un patriarcat omnipotent. Une tragédie jusqu'au-boutiste, violente, dérangeante mais essentielle sur la destruction programmée d'un être humain dont la beauté le conduira à sa perte.

EXTRAITS
C'était la vie normale au jour le jour que je ne savais pas jouer.
Pourquoi faire souffrir quelqu'un d'autre ? Souffrir soi-même suffit.
Cette pauvre gourde de gamine à qui on avait fourré dans le crâne (…) que Jésus vous « guérissait » si vous aviez suffisamment la foi.
Je n'étais ni une poule ni une pute. Mais il y avait le désir de me percevoir de cette façon. Parce qu'on ne pouvait pas me vendre autrement je crois. Et je comprenais que je devais être vendue. Car alors je serais désirée et je serais aimée.
Regarde-toi ! Une vache. Mamelles et con au vent.
Et qu'est-ce que la comédie, sinon la vie vue côté rires, et pas côté larmes ?
J'ai besoin d'être actrice parce que être seulement moi ne suffit pas.
Il me prenait pour cette idiote de Desdemone. Mon secret, c'est que Marilyn est Iago.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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J'ai commencé à lire JCO (Joyce Carol Oates) avec "mon coeur mis à nu" mais j'avoue que "Blonde" m'a encore plus époustouflée,si c'est possible que d'autres livres de JCO.
Je suis une fan inconditionnelle de cette auteur, dont on a l'impression qu'un coup de vent pourrait l'emporter et qu'on imagine plongée dans son travail universitaire, mais qui à chaque nouvel écrit me scotche au mur par sa puissance, sa capacité à plonger dans ses personnages et à les incarner.
Ici, c'est l'actrice M. Monroe qui "sert" (même si ce mot n'est pas élégant) de support au roman, un support semblable à un miroir fragmenté, qui renverrait une image toujours différente selon l'angle par lequel il est regardé. J'ai rarement trouvé un portrait aussi respectueux et très réaliste paradoxalement parlant de l'actrice, blonde, qui surgit dans toute sa complexité à travers le verbe d'une dame d'un certain âge, toute fine, toute fragile, constituant ainsi l'opposé physique de M. Monroe.
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J'ai envie d'écrire un papier sur "Blonde"

Aie... deuxième ligne ...mot inconnu ...
"Blonde est une "vie" radicalement distillée sous forme de fiction et, en dépit de sa longueur, la synecdoque en est le principe."...
ça commence mal, obligé de recourir au dictionnaire...et la distinction est subtile avec la métonymie.
Prendre la partie pour le tout ou le tout pour la partie est une synecdoque déjà annoncée par le titre : Blonde
Prendre un terme pour un autre est une métonymie : "écrire un papier".
Et le terme à son importance pour ceux qui chercheraient la véracité d'une biographie dans ce livre...
Joyce Carol Oates avait pourtant tout dit dans le titre et expliqué dans les 2 premières lignes.
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Un très beau roman, une peu différent des autres livres de cette romancière. J'ai beaucoup aimé découvrir Norma Jean derrière l'image de Marilyn.
Lien : http://bidules16.canalblog.c..
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Je ne suis jamais déçue par les romans de Joyce Carol Oates.

Dans ce roman de plus de 1000 pages, l'auteure offre aux lecteurs une biographie largement romancée de la célèbre icône hollywoodienne Marylin Monroe, Norma Jane.

J'ai adoré retrouver l'atmosphère sombre et macabre de Joyce Carol Oates, sa plume sublime, son talent à décrire la psychologie des personnages.
Je ne connaissais pas beaucoup la vie de Marylin Monroe et je me suis réellement attachée à sa personne, j'ai adoré en apprendre plus sur le parcours de cette femme incroyable. L'auteure dévoile l'envers du décor : les violences subites, les tromperies, les erreurs de parcours, les problèmes familiaux, de santé,...

Un roman qui fait justice à Marylin sans la faire pour autant passer pour un ange. Une fresque monumentale au souffle romanesque impressionnant qui m'a brisé le coeur et marqué pour longtemps.
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