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Il n'est pas plus tragique de survivre à la perte d'un être cher dans sa matière la plus inattendue. JCO nous confie dans ce récit, le départ soudain de son mari Ray après une pneumonie compliquée.

Elle raconte surtout avec une minutie d'orfèvre les moindres détails du deuil, de la souffrance, du vide. Elle passe les sentiments au peigne fin, son chagrin est gris et palpable face à moi petite lectrice.
Inévitablement arrive l'auto médication, ses réflexions sur cette camisole chimique, elle réfléchit au suicide, elle cite Sylvia Plath, donne la parole à Philipp Roth puis les souvenirs reviennent avec Ray. Les jours passent les uns après les autres. Ce n'est pour une fois -et bien appréciable- pas un de ces récits accident - deuil - renaissance. Il y a ici une réelle consistance palpable dans la peine et le vide.

J'ai pris le temps de lire ce récit dans cette période charnière. J'ai aimé trouver cet écho que l'être humain n'est pas infaillible, qu'il peut tomber, qu'on peut se dire « souffre, Ray /papa en valait la peine ». J'ai aimé me reconnaître dans ce récit où le chagrin est à sa place. Un peu partout. Dans un chat râleur, un arbre qui refleurit, des amis ou connaissances qui n'ont que faire du chagrin des autres, d'un médecin qui accuse, une tablette de médicaments,...

On peut souffrir parce que certaines personnes étaient si importantes et si belles que loin d'elles, le monde semble dépeuplé. L'espoir se joue bien plus tard quand on pourra se dire des mois plus tard comme Joyce, j'ai réussi à rester en vie.
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Après la mort inattendue de son mari depuis 47 ans et 25 jours, Joyce Carol Oates a terriblement souffert, mais elle a 'réussi à rester en vie', puis finalement à reprendre goût à la vie...

Son témoignage d'un deuil douloureux et intense, mais paradoxalement assez bref, m'a beaucoup intéressée et m'a par moments troublée. Alors même que JCO affirme se sentir désincarnée et dépersonnalisée, son livre ne l'est pas du tout, il relate certes des moments de désespoir, des rêveries de suicide ou des insomnies terribles, mais toujours avec émotion, chaleur et vie. La différence avec la froideur de L'année de la pensée magique de Joan Didon est d'ailleurs assez frappante.

Plus étonnant encore, il y a très vite de nombreux moments d'optimisme et de douceur : soirées avec des amis, mails de soutiens, échanges avec des étudiants, jardinage, retour du sommeil réparateur, nouvelles rencontres... Sans qu'on puisse douter de sa souffrance initiale ou de son amour pour Ray, JCO semble aller mieux très rapidement, signe probablement d'un instinct de vie et de bonheur très développé. Un rétablissement rapide assez incompréhensible pour moi qui ne fonctionne pas ainsi.

Je sors donc de ma lecture plutôt conquise et très intriguée, avec pas mal de choses à réfléchir et peut-être un jardin à planter. Pour finir, je me permets de conseiller aux éventuels futurs lecteurs de persévérer au-delà des 100 1ères pages un peu arides, la suite en vaut à mon sens la peine.

Challenge Pavés 19/xx
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Lire un livre sur le deuil et la dépression et se sentir bien en lisant un tel témoignage est une expérience étrange. Se reconnaître et revivre cet état d'âme est rassurant et déstabilisant.J'ai suivi Joyce dans la perte de ses repères, dans ses combats, ses questionnements, son ressenti, son humour aussi car nous pouvons être dépressifs sans perdre notre humour. Les moments de la journée où tout va bien, ceux où tout va mal, le nid refuge-grotte que représente le lit. Les médicaments qui soulagent et font dormir, comptés car il ne faut pas être en rupture de stock. Et puis il y a les autres face à notre état. Ceux qui nous évitent, ceux qui essayent de nous raisonner, ceux qui sont juste là, les amis. C'est un peu comme un film de notre vie où nous sommes juste spectateur, assis en face, un mouchoir à la main, des larmes dans les yeux et ce combat pour ne plus pleurer, pour ne plus souffrir et d'une manière ou d'une autre redevenir acteur de notre film, de notre vie. J'aime le style de l'Auteure dans ses romans, je le trouve encore plus bouleversant dans son témoignage. Joyce sait si bien parler des femmes et de leurs failles. Un témoignage à lire !
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Joyce Carol Oates nous relate son expérience de vie à partir du moment où son mari meurt (avec qui elle a vécu pendant 47 ans). Récit touchant d'une femme qui ne se voit pas vivre sans son mari. Et pourtant elle le devra. le suicide lui trotte dans la tête. Ce qui est curieux, c'est que ce n'est pas déprimant. Une femme érudite qui se réfère à tant d'autres écrivains, comme pour chercher une bouée de secours. Je l'ai lu parce que je pensais que c'était une biographie de sa vie entière. J'ai continué à le lire parce que c'est indéniablement BIEN écrit.
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« Si le récit autobiographique est le plus séduisant des genres littéraires, c'est aussi le plus dangereux. Car ces récits contiennent des vérités, ils ne peuvent contenir la Vérité, qui est l'immensité même du ciel, trop vaste pour être embrassée d'un seul coup d'oeil. »

Joyce Carol Oates est complètement abattue lorsqu'elle perd subitement son époux. Car comment survivre à quelqu'un qui a partagé plus de quarante-sept ans de votre vie. Elle nous raconte dans ce récit les premiers mois de son veuvage. Son comportement de zombi, son semblant de vie quotidienne et la reprise de sa vie professionnelle, le recours aux antidépresseurs, son envie d'en finir avec la vie. Les souvenirs de sa vie avec son époux, les questions sans réponse, les zones d'ombre. Mais comme elle le rappelle si bien, il est déjà tellement difficile de se connaître soi-même, alors de là à imaginer qui fut son époux même s'ils étaient proches. Ce récit s'achève lorsque l'idée du suicide la quitte, qu'elle choisit de rester en vie.

Il comporte beaucoup de redites, comme un flot identique d'idées qui se bousculent dans sa tête et reviennent invariablement. Il nous révèle surtout une femme humble, déboussolée, qui décrit avec une franchise implacable son quotidien, parfois avec humour et dérision. Joyce Carol Oates écrit vite et beaucoup, son témoignage aurait cependant peut-être mérité d'être un peu plus ‘ramassé'.


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J'avais lu que Mme Joyce Carol Oates (JCO) écrivait des livres très intéressants. N'ayant aucun souvenir d'avoir lu un de ses ouvrages, je me suis lancée. J'ai pris le premier qui m'est tombé sous la main. C'était sans doute une erreur. Cet ouvrage s'est avéré un témoignage sur son expérience de veuve.

En 2008 son mari (Raymond Smith), âgé de près de 78 ans, décède d'une pneumonie ou plutôt sans doute d'une maladie nosocomiale, en quelques jours. Pour JCO, madame Smith depuis 47 ans, c'est la fin d'un monde.
Elle appelle ce livre des mémoires. Elle parle des six premiers mois où elle est enfermée dans sa détresse. Elle décrit très bien ses moments où elle bascule dans le désespoir, le déni. C'est une très belle écriture.

Elle et son mari ne semblent pas ou que très peu s'être quittés pendant ces 47 ans. A lire cet ouvrage leur mariage était idyllique. Il ne semble ne s'être jamais disputés, jamais trompés. le couple parfait. Bon au fil de l'ouvrage, on apprend les faits suivants :

- Ils ne partageaient pas les points qui les inquiétaient pour ne pas inquiéter l'autre.
- Monsieur ne parlait quasiment jamais de son passé, de sa famille catholique, très catholique.
- Monsieur ne lisait pas les oeuvre de fiction de madame.
- Monsieur se moque d'elle quand une journaliste l'appelle pour lui dire qu'elle va avoir le prix Nobel de littérature.
- Monsieur achète la voiture avec le compte commun mais la met seulement à son nom.
- Madame ne se dispute pas avec lui car elle n'aime pas ne pas être aimée.

On apprend également que la soeur de monsieur Smith a été internée, a subi un exorcisme, une lobotomie ! (à 12 ans) car elle n'était pas assez docile et n'acceptait pas l'éducation extrêmement rigoureuse et religieuse du père de Monsieur Smith. JCO met cela en parallèle avec sa propre soeur qui est autiste…. Sans se poser de question, sans mettre en question ces traitements. L'absence de questions, elle met tout cela sur le compte de l'inexpérience, de la volonté de ne pas froisser… Alors qu'elle n'hésite pas à parler de la famille de Mr Smith et de cette soeur au destin tragique, elle n'aborde aucunement le choix (ou non) d'avoir des enfants. Certes cela fait partie de l'intimité du couple, qui n'est quasiment jamais abordée, mais parler de la soeur de son mari décédé alors qu'il n'est plus là… et qu'il n'en a quasiment jamais parlé avec elle, m'interpelle.

D'autant plus qu'elle enchaine sur le chapitre suivant de parler d'un couple d'amis à qui le couple rend visite et qui déclare que lorsque ce chien sera mort (un chien assez grand et très dynamique) qu'ils achèteront un chien qu'ils peuvent prendre avec eux dans un avion. Ils en prennent pour leur grade ses amis là. J'espère qu'ils ont appréciés.

JCO est malheureuse, déprimée, suicidaire, etc. Ce qui se comprend… Elle raconte que contrairement à Philipp Roth, qui est une connaissance du couple, que le chagrin ne lui permet pas d'écrire… Mais cela ne va pas durer pour elle. Elle écrit vraiment bien, aucun doute à ce sujet.

Rassurez-vous tout va aller mieux pour elle car le sixième mois elle donne un diner, elle y rencontre un charmant monsieur, qu'elle épousera en mars 2009 … Mais cela n'est pas dans le livre de mémoires, après tout cela arrive après les six premiers mois. Bon cela m'interpelle car il s'agit de mémoires... sans doute sélective...

Pendant toute cette lecture (432 pages en VO), j'ai oscillé entre empathie et incrédulité. Cela me semble tellement incroyable, un couple de 47 ans qui ne se quitte quasiment jamais, qui s'entend tellement bien… Aujourd'hui les gens se quittent, vivent seuls, se remarient etc. Cela me rappelle des souvenirs de ces merveilleux couples qui finalement ne donnent qu'une image et que lorsque l'on gratte, les fissures apparaissent.

Durant une bonne partie de cet ouvrage, j'ai eu ce sentiment de lire un livre très bien écrit, certes mais où la forme l'emporte sur le fond. Et découvrir qu'elle se remarie un an après... sans l'évoquer dans ce livre, édité bien après ce remariage... J'ai des doutes... sur le changement d'heure en été... comme dirait un de mes chanteurs préférés.
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Un matin comme les autres, Raymond Smith se retrouve aux urgences pour une pneumonie qui lui sera fatale en quelques jours, laissant son épouse littéralement assommée par la rapidité de l'événement.
Joyce Carol Oates, avec le talent d'écriture au scalpel qu'on lui connait, décrit avec une précision froide, quasi scientifique, ces jours de souffrance et de deuil, faits du poids immense et ubuesque du quotidien, d'insomnie, d'agoraphobie, de culpabilité, de perte définitive.
C'est une réflexion intelligente sur le ressenti durant les jours d'hospitalisation, au choc de l'annonce du décès, une chronique de la souffrance et de la solitude, jour après jour. Un livre très personnel, un cri d'amour désespéré face à la perte du compagnon d'une vie, et le journal, parfois absurde, de la vie qui continue, malgré tout.
J'ai été particulièrement touchée par la justesse de son introspection, et très admirative de son talent d'analyse.
Etre capable de thérapie par l'écriture, quand on sait la difficulté de concentration après tout choc affectif!
Un livre triste, bien sur, mais sensible, attachant, jamais pathos et qui parle au coeur de tous.
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Avant de lire J'ai réussi à rester en vie, j'avais déjà lu une vingtaine des ouvrages de fiction (romans et nouvelles ) de Mme Oates.
J'ai abordé celui-ci avec à la fois de la curiosité et de l'appréhension. Non pas une curiosité avide, malsaine, voire morbide, pour le malheur d'une femme écrivain célèbre. Curiosité de savoir comment elle en était arrivée à la phrase qui forme le titre (même s'il ne correspond pas à la version originale, il est très beau ).
Et appréhension devant la manière dont elle allait parler de ce douloureux sujet. Je n'imaginais certes pas Joyce Carol Oates se répandant dans un récit larmoyant. Cette appréhension relève d'une méfiance plus générale pour ce type de témoignage qui me mettent un peu mal à l'aise et me donne une impression de voyeurisme.

Rien de tout cela dans ce livre. L'auteure rapporte les faits qui ont conduit son époux à l'hôpital, où il est décédé d'une infection attrapée à cet endroit où on devait le soigner.
Usant en même temps de pudeur et de précision, elle raconte le choc, l'incompréhension, le désarroi, la colère, la souffrance, le chagrin, ... La perte.
Elle expose les nuits d'insomnie, toutes les premières fois "post-mortem", les impressions qu'il va franchir la porte du bureau. Tous ces chocs terriblement douloureux qui surviennent après la perte de cet être cher. Il était son compagnon de vie et son partenaire dans l'univers de la littérature.
Le titre de cet ouvrage prend sens après la dépression, après les sirènes tentatrices du suicide. Oui, réussir à rester en vie est une victoire après une lutte ô combien déchirante et rude et longue.

L'écriture de l'auteure reste fidèle à elle-même. Une plume nette et précise. Malgré le sujet grave, son ironie n'est jamais très loin, réussissant à faire sourire le lecteur, voire s' esclaffer. Aux États-Unis, il semble de bon ton d'envoyer à une personne en deuil des colis contenant de véritables paniers garnis. Compte tenu de sa notoriété, ils arrivent par livreur, issus pour la plupart d'épiceries fines. Et toujours du fait de son statut reconnu, elle décrit avec brio le défilé des livreurs se croisant sans cesse à sa porte et ironise sur les bienfaits des saucissons artisanaux et des confiseries de luxe sur un coeur déchiré par la perte et le deuil. Quel morceau d'anthologie!

J'ai lu ce magnifique et émouvant récit la gorge bien souvent nouée serré. J'ai ressenti beaucoup de compassion pour cette souffrance et cette femme dans l'épreuve.
Depuis ma première lecture, je suis subjuguée par le talent de Mme Oates romancière et nouvelliste. Après ce livre, je suis admirative devant la femme prénommée Joyce Carol. Cette femme, je l'ai ici découverte, dans les limites qu'elle - même a fixées.
J'ai lu depuis d'autres oeuvres fictionnelles. Que je vois avec un regard différent. Mais toujours epoustouflé par sa production, tant en quantité qu'en qualité.
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Perdre soudainement un conjoint après presque cinquante ans d'une relation harmonieuse et mutuellement satisfaisante est une épreuve titanesque. C'est ce que nous raconte l'autrice dans ce livre autobiographique que j'ai trouvé excellent. Car si elle expose sans réserve son immense chagrin et son désarroi devant ce coup du destin, Oates ne s'apitoie jamais sur son sort, ne pleurniche pas, n'essaie de nous entraîner dans un pathos larmoyant. Par contre elle nous livre, sans retenue, tous les affres qui l'ont assailli: pensées suicidaires, relation trouble aux médicaments prescrits, insomnie persistante, confusion de la pensée, une certaine dépression qui rôde sans arrêt, l'importance des amis qui la tiennent en vie même si elle a tendance à les fuir parfois etc.

Même si elle transmet bien ses émotions, l'autrice garde de temps à autre une certaine distanciation face à sa peine. D'abord en référant à “la veuve” lorsqu'elle évoque des comportements sociaux attendus de sa sart ou des comportements envers elle de gens qu'elle rencontre. Ensuite elle parle d'elle dans son rôle d'écrivain en tant que “JCO” qui lui a servi de refuge; sa persistance à honorer ses engagements l'a aidé à “passer au travers” en autant qu'une telle chose puisse exister. Tout cela induit un équilibre dans le texte qui se lit comme une plongée dans la psyché humaine portée par la plume incomparable de cette grande dame.

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Véritable récit de deuil qui vous trouble! J'ai réussi à rester en vie est un cri de douleur qui vient des profondeurs de l'être, du fond duquel, il est difficile de se relever, sinon de s'y perdre soi-même !! En effet, Joyce Carol Oates nous plonge dans cette atmosphère angoissante dans laquelle elle s'est retrouvée après la mort de son mari, elle décrit cette douleur qui vous met en phase d'urgence avec beaucoup sensibilité qu'on ne peut s'empêcher de sympathie à ce combat qui se livre à elle, le dépassement de soi qu'elle doit exercer quotidiennement...
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