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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Il y a deux générations d'écrivains japonais qui me fascinent, deux vagues à l'écume dorée. Les enfants de la guerre, et leurs enfants du boom économique, ces écrivains qui ont maintenant dans la cinquantaine et qui forment un corps d'auteurs très talentueux et des plus divers. Parmi ceux-là, l'étoile de Ogawa Yoko est l'une des plus brillantes, et elle est un des rares écrivains japonais à pouvoir se faire une place à l'étranger en dehors de l'ombre tutélaire d'Haruki Murakami. Place amplement méritée et qui nous donne l'heur de bénéficier de foultitudes de ses romans avec une très bonne traduction de Actes Sud qu'il convient de saluer (non cette phrase n'est pas sponsorisée par Actes Sud)

Toutefois, venons-en au roman en lui-même. La petite pièce hexagonale. Rien que le titre respire à plein nez l'univers de Ogawa, avec ce sens du détail, cet intérêt pour les petites choses neutres. Comme presque toujours, on se retrouve plongé dans l'existence banale d'une jeune femme. le cadre est une ville de banlieue comme le Japon sait en produire en nombre, terne et impersonnelle au possible. Ogawa va y décliner ses thèmes de prédilection : la jeune femme sensible qui mène une vie insipide, va se trouver attirée par une chose à priori insignifiante qui va prendre en elle une importance démesurée et obsessionnelle, donnant un nouveau sens à sa vie. Je m'excuse si je reste aussi abstrait, mais je veux vous préserver l'intrigue, quoique le mot intrigue ne me satisfasse guère pour décrire l'évolution du court récit.

Le récit à la façon d'un train fantôme de fête foraine, ce n'est pas chez Ogawa qu'on le trouvera. Ogawa sait mieux que nulle autre instiller une tension narrative à partir des petites choses et faits que vit le personnage, qui vont entraîner une lente et irrémédiable évolution en son être. Celui-ci va se retrouver peu à peu emprisonné par une étrange obsession, puis y puiser une sorte d'équilibre instable en lui-même, mais dont on sait qu'il est voué à se rompre. En effet, ces équilibres restent bâtis sur des détails, de l'insignifiant ou du précaire, voués à disparaitre. C'est très subtil et émouvant. Peut-être que j'extrapole mais il me semble que Ogawa veut nous dire quelque chose à travers ces récits de femmes en quête d'une chose pour combler le vide de leur existence. Ces femmes, ce pourrait être n'importe quelle japonaise, ce sont toutes ces célibataires certes indépendantes mais seules dans une société sans liens humains, que l'on croise dans les combinis à 10 heures du soir, à moitié assoupies dans les trains de banlieue.. . de là à dire que Ogawa veut donner une voix à ces femmes, retranscrire leur lutte pour un existence sensée, il y a un pas que l'on peut franchir … ou pas ! Je préfère vous laissez faire une opinion sur ma petite digression !

Le seul aspect un peu plus singulier de ce livre, qui n'est pas mon préféré de l'auteur, c'est que l'on sent plus de tendresse de l'auteur vis-à-vis du personnage, je ne saurais pas trop vous expliquer in concreto où elle se trouve mais c'est mon ressenti. Peut-être le livre sera-t-il un peu trop bref pour certains, j'aurais bien aimé que l'auteur creuse un peu plus les scènes de couple du personnage, que j'ai trouvé les plus fortes du livre.
En tous cas, je vous souhaite une bonne lecture !
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Elle a tout d'un enfant cette jeune femme qui semble si bien..."rangée". Comme un enfant, elle pose beaucoup de questions, à des inconnus, toujours curieuse, toujours en devenir. Elle ne maîtrise pas encore sa vie, c'est une peu comme si elle jouait à la "grande personne" : un fiancé dont elle arrêtera le "jeu" avant d'entrer "pour de vrai" dans la vie, cette application à se vernir les ongles pour tout à coup se rendre compte que ce n'est qu'une mixture pas d'une couleur si élégante qu'elle ne la voyait, ces forêts à l'orée de son immeuble, si froides et si étrangement éclairées qui subrepticement la mène devant le lieu qu'elle essayait de trouver et puis la petite "pièce à raconter". Sa description évoque ces grandes et profondes armoires où les petits enfants aiment se réfugier pour y réfléchir ? pour y rêver ? pour essayer de comprendre ce qui leur est arrivé dans la journée ? Bien serrés à l'abri des regards des autres et pourtant un jour, à l'âge adulte, ils la démonteront pour la vendre à d'autres...
J'ai beaucoup aimé cette histoire en demi-teinte qui interpelle. La "petite pièce à raconter" évoque plus un confessionnal qu'un cabinet d'analyste : il y a un parfum de cérémonial, il y a cette sensation d'isolation dans cet espace restreint de bois ciré, ce banc usé, la petite lumière et puis cette façon d'arriver en silence pour attendre son tour et repartir en toute discrétion, ce lieu où le secret est de mise tant pour l'écouté que l'écouteur .
Très joli moment de lecture.
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Chère Yôko Ogawa, je suis désolée, je voulais absolument vous lire et pour vous découvrir j'ai pris votre roman le plus court et pas celui que les collègues et ma mère me recommandait. Erreur de débutante! J'ai aimé l'ambiance intimiste de votre roman et la légère étrangeté qui s'en échappe mais je dois bien avouer que à peine terminer, je l'oublie déjà doucement... Je vais donc faire ce qu'il faut toujours faire : écouter sa maman et me plonger dans "La formule préférée du professeur".
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La Feuille Volante n° 1204
La petite pièce hexagonaleYoko OgawaActes Sud.
Traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle.

Le mal au dos est le mal du siècle et en tant que secrétaire, la narratrice en souffre. C'est donc tout naturellement que son médecin lui conseille la piscine, lieu où elle rencontre par hasard Midori, une inconnue aussi banale que silencieuse qu'elle croise quelques jours plus tard accompagnée d'une vieille dame. Elle les suit jusqu'à une loge de concierge d'immeuble où elles semblent attendre leur tour. le plus étonnant est que la plus âgée entre dans une haute armoire qui donne accès à un espace hexagonal, « la pièce à raconter ». Cela m'évoque à la fois le rituel de passage d'un monde à un autre autant que ces grandes armoires qui étaient souvent le refuge des enfants mais on peut tout aussi bien y voir la silhouette d'un confessionnal. C'est le début d'un récit assez surréaliste où cette femme, à travers un monologue et dans cet espace restreint, confie au silence, ses préoccupations les plus intimes et son appétence pour la vie solitaire.

J'ai lu ce court roman comme une fable philosophique mais je suis assez peu entré dans le récit personnel de cette femme, de son histoire chaotique et finalement désastreuse avec Michio, son amant et de son mal au dos chronique qui est peut-être la marque de sa culpabilité au regard de son couple. Finalement la haine qu'elle porte à cet homme pourtant prévenant, patient et bien entendu amoureux d'elle, est incompréhensible mais sa démarche intimiste de parole dans « la pièce à raconter » n'apporte aucune explication. de même pour la réflexion, d'ailleurs assez rapidement menée, sur le destin et le hasard qui est une interrogation traditionnelle autant qu'une énigme récurrente sur le sens de la vie et qui restera sans doute définitivement sans réponse. En revanche, je me suis intéressé au phénomène de la parole dont je ne suis plus très sûr qu'elle soit aussi libératrice qu'on veut bien le prétendre. Qu'elle soit, comme c'est le cas ici, exprimée sous forme de monologue traduit, à mon sens, davantage un phénomène de société où l'individu est de plus en plus seul, ou qu'elle prenne la forme un peu plus ambiguë de l'écriture qui est une autre manière de parler tout seul. Je note que, dans une société où le partage de la parole est de plus en plus grand, le soliloque me paraît bizarrement très répandu et les gens se sentent de plus en plus solitaires, même au sein de la famille et du couple. J'en veux pour preuve la pratique de plus en plus grande de l'écriture notamment grâce notamment aux réseaux sociaux. Chacun s'y exprime souvent à titre personnel sans qu'il y ait vraiment d'échanges constructifs et cela débouche souvent sur la polémique. Auparavant on confiait le rôle d'écoutants aux curés de paroisses à travers la confession mais la réponse qui était donnée, inspirée par la parole de Dieu, supposait la foi religieuse et l'observation des sacrements, autant que la nécessité de se libérer de ses fautes en les avouant, pratique qui de nos jours est bien émoussée. Maintenant que les églises sont vides et qu'on se méfie des ecclésiastiques, d'ailleurs de plus en plus rares et qui faillissent à leur mission, ce rôle est dévolu aux psychiatres qui s'acquittent de cette tâche avec des résultats parfois inégaux. de plus en plus les individus éprouvent le besoin de combler par la parole solitaire le vide de leur existence.

Je ne sais comment s'en tirera cette narratrice après le départ de cette « pièce à raconter » qui est itinérante, ce qui traduit bien son rôle qui se veut universel. Je ne sais pas comment interpréter la haine qu'elle porte à son ancien amant ni les relations éphémères qu'elle a eues avec le céramiste mais elle avoue elle-même qu'elle a agi ainsi «  pour s'enfoncer de plus en plus dans (la) boue de sa conscience ». La résilience qui fait aussi partie de la vie et de la thérapie a en elle-même des ressources insoupçonnées qui viendront sans doute à son secours à moins que sa propre mauvaise foi et l'auto-persuasion ne l'aident aussi pour la convaincre de la haine qu'elle porte à Michio est exclusivement de sa faute à lui.

Au départ, ce récit m'a séduit par son originalité mais rapidement, nonobstant le style agréable à lire, j'ai vite décroché, à cause sans doute des questions soulevées et qui restaient en suspens ou de la fin du récit un peu trop facilement précipitée.



© Hervé GAUTIER – Janvier 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Une petite histoire japonaise sans grands événements ou développements majeurs. La petite pièce hexagonale est une petite chambre mobile dans laquelle on peut s'isoler et se raconter ses soucis et ses problèmes sans assistance d'un thérapeute ou quelqu'un d'autre. En effet, on entre dans cette pièce hexagonale, on raconte des histoires et personne ne les écoute pas. le personnage principal est une femme occupée qui souffre d'un mal de dos. Elle a trouvé l'endroit où se trouve cette pièce hexagonale par accident. Les deux exploitants de la pièce, une mère et son fils, l'invitent à y entrer pour essayer. Elle trouve l'expérience d'isolement thérapeutique et vraiment libératrice. Elle se raconte des petites histoires personnelles, des secrètes, des événements simples d'autrefois qui pour une raison quelconque la dérangent encore.

Après cette première occasion, elle revient plusieurs fois pour subir cette thérapie simple et alternative. Elle s'efforce aussi de mieux connaître les deux exploitants, qui d'ailleurs sont des gens très sympathiques. Elle voudrait mieux comprendre qui sont-ils, d'où viennent-ils, pourquoi font-ils ce boulot, comment font-ils fonctionner la pièce ? Elle apprend que ils transportent leur pièce mobile de ville à ville. Ils restent quelques semaines et après ils continuent leur voyage. Elle n'apprend pas beaucoup plus sur la mère et son fils, qui, évidemment, à la fin de l'histoire, sont partis. le personnage principal doit se débrouiller comme d'autrefois.

Le livre offre une lecture simple et agréable qui, de temps en temps, me rappelle un peu l'oeuvre de Haruki Murakami.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Un joli roman très court tout en simplicité et douceur. Un récit à l'ambiance mystérieuse qui fait appel à l'imaginaire.

La narratrice est une jeune femme simple, effacée, pas particulièrement heureuse dans sa vie quotidienne ; elle sort d'une rupture amoureuse, qu'elle a elle-même provoquée sans aucune raison spécifique, et elle souffre de violentes douleurs au dos. Comme remèdes des séances d'étirements barbares et un peu de natation en piscine. C'est là qu'elle rencontre entre autres Mirodi, une femme à l'apparence quelconque, mais qui la fascine et qu'elle va suivre longuement à l'autre bout de la ville jusque dans un bâtiment désaffecté.

Dans l'ancienne loge du gardien, une salle d'attente équipée de quelques sièges, poussiéreux, d'une vieille table et surtout d'une surprenante armoire, une toute petite pièce hexagonale ou "pièce à raconter", dans laquelle les visiteurs peuvent entrer un par un, le temps qui leur est nécessaire pour faire le point sur eux-mêmes, sur leur vie, leurs états d'âme, leurs angoisses, et ainsi se libérer.

J'ai bien aimé cette métaphore poétique sur l'introspection et la psychanalyse. Ce roman court et bien écrit, à l'atmosphère énigmatique, m'a procuré un agréable moment de lecture, mais je dois avouer que je n'y ai pas adhéré totalement. Il est vrai que j'ai toujours un peu de mal avec le fantastique et l'imaginaire.














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L'univers d'Ogawa est ici complètement résumée A partir de la vie simple d'une femme vie petite et étriquée sans histoire, Ogawa va nous entraîner dans son intimité. Avec des mots tout simples, des situations très banales, dans un temps limité et un lieu perdu dans une grande ville et une petite forêt elle réussit grâce à sa narration qui évoque une histoire narrée à pleine voix a nous enfermer dans son monde
Un monde intime et mystérieux.
Il y a toujours chez Ogawa un coté rêverie avec une réserve , un retrait sur les choses vues et observées qui donne un charme poétique , un coté réaliste et parfois brutal qui ramène le lecteur à son sujet : c'est bien d'un être humain avec ses petits problèmes de santé et de coeur (ou l'inverse) que l'on parle , un petit coté onirique on est à la lisière de la réalité d'une endormie qui se regarde vivre.
Il y a une sorte de fatalité dans l'univers d'Ogawa et ses personnages vivent sans se rebeller et si il y a rébellion c'est léger comme un papillon qui parfois se désagrège.
Il y a un petit quelque chose de son livre « la lecture des otages » dans la façon d'interpeller la vie c'est à dire d'en parler
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La narratrice raconte ici un épisode marquant de sa vie. Sans savoir pourquoi, alors qu'elle se changeait dans les vestiaires d'une piscine qu'elle fréquentait en raison d'un insoutenable et inexplicable mal de dos, elle fut irrésistiblement intriguée par une femme à l'apparence pourtant banale. Et c'est en suivant cette attirance instinctive que la jeune femme sera amenée à découvrir la petite pièce hexagonale, la petite pièce à raconter...
Un court récit qui propose une immersion dans une atmosphère un peu étrange, intimiste et mystérieuse, propice à l'introspection. Avec l'idée d'une parole libre qui libère, qui permet de revenir en arrière et analyser son vécu et ses états d'âme grâce à la médiation, ici, d'une toute petite pièce mise à disposition de tout être qui en ressent plus ou moins consciemment le besoin.
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Premier livre que je découvre de Yôko Ogawa, j'ai trouvé ce court récit mystérieux, un peu dérangeant, il m'a mis mal à l'aise. L'héroïne qui suit une femme mystérieuse, sans raisons d'une piscine à un immeuble à moitié vide…
Qui découvre une petite pièce hexagonale, sorte de matrice qui pousse à l'introspection, gardé par deux personnes.
Sa douleur au dos, sa rupture sans raison apparente, sa culpabilité sur cette rupture qui la rend haineuse.
La pièce hexagonale, est ce un confessionnal, un moment de retour sur soi même, est ce une métaphore d'une séance de psychanalyse?, on peut dans cette pièce se taire, parler, le temps disparait à l'intérieur. Elle peut soigner ou libérer, mais peut également présenter des dangers pour les personnes qui s'y réfugierait trop longtemps.
Mystérieusement cette pièce est déplacé d'une ville à l'autre sans indice sur sa prochaine étape.
Aucun indice, pas vraiment de morale à ce récit, pas vraiment d'histoire, je reste un peu sur ma faim.
La découverte de Yôko Ogawa ne se fait peut être pas par ce roman, il me faudra continuer à découvrir cet auteur par un autre biais surement.
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L'un de ces livres dont on ne sait quoi en penser une fois la dernière page tournée. Une certaine impression d'avoir raté quelque chose, peut être des pages que l'on aurait oubliées de lire. La petite pièce hexagonale est réputé pour être une métaphore de la psychanalyse. Si j'ai bien vu le rapport, j'ai trouvé la métaphore un peu légère.
Lire la suite : http://www.bizzetmiel.com/2012/12/yoko-ogawa-la-petite-piece-hexagonale.html
Lien : http://www.bizzetmiel.com/20..
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