Malgré les digressions, cet essai biographique reste agréable à lire : le ton de causerie, les nombreux épisodes pittoresques, les portraits vivants et surtout la joie du conteur lorsqu'il tient une bonne histoire.
L'auteur dit : «
La Fontaine est un lyrique. Les lyriques ne sont pas forcément pompeux ». A mes yeux, c'est le fil rouge.
Autre point positif : il saisit l'esprit d'une époque.
J'ai gardé de nombreux extraits :
La Fontaine se montre « malhabile dans le grand jeu social, s'affrontant aux puissants puis les flattant à contretemps, s'acoquinant avec des gens de charme, mais inutiles, se battant pour des charges qui lui dévoraient le temps mais ne lui rapportent rien, s'empêtrant dans d'humiliantes chicanes pour des queues de cerises, autant son jeune cousin [ et cher ami
Jean Racine] menait sa barque sans avoir l'air d'y toucher, parvenant à ses fins, [ ] menant toutes ses vies, l'artistique, l'amoureuse, la familiale, la proche de Port-Royal ». P 154
La Fontaine « ne sera dans sa vie que contradictions : campagnard mais très urbain, solitaire mais nourri d'amitiés, sauvage mais habitué des salons, [épris de] liberté ». P135
La Fontaine, « l'épris de fantaisie et de plaisirs », « fils absent et prodigue, déplorable mari, père indifférent, il fut d'abord un ami ». P169
La Fontaine à l'Académie : « il est vrai que certains débats souvent violents [ ] ne peuvent que le divertir. La quasi-guerre civile, opposant farouchement les partisans des Anciens et les militants des Modernes. Quelle époque fut siècle d'or : celle de
Cicéron, celle d'Horace ? Ou celle d'aujourd'hui, illuminée par notre Roi-Soleil ? Cette fausse question l'enchante ». P171
Lorsqu'il est reçu à l'Académie, l'abbé de la Chambre dit : « génie aisé, facile, plein de délicatesse et de naïveté [ ] sous un air négligé, renferme de grands trésors et de grands beautés » p 147
« L'oeuvre
De La Fontaine, comme celle de
Virgile est un chant.
La Fontaine est un lyrique. Les lyriques ne sont pas forcément pompeux. Il y a des lyriques amusés. » p175