Rien de nouveau sous le soleil.
Les biographies
De La Fontaine ne manquent pas. Celle d'Érik
Orsenna,
La Fontaine. Une école buissonnière, ne prétend pas être originale (pas de révélations fracassantes), ni engagée (aucun parti-pris de l'auteur, aucune thèse particulière défendue), ni fouillée (aucune recherche historique ou volonté d'exhaustivité). Il s'agit simplement ici d'une ballade en compagnie du poète de Château-Thierry tout au long de sa vie ; un parfum de légèreté et de liberté y règne en maître. On n'échappe pas aux épisodes essentiels : son soutien indéfectible à Fouquet, le succès immédiat des fables, les contes érotiques méconnus, une vie amoureuse mouvementée, le repentir sincère du bon chrétien. Tout au plus a-t-on droit à une invitation à lire les autres oeuvres
De La Fontaine qui sont totalement inconnues. En somme, une vulgarisation distinguée de l'oeuvre et de l'époque du Maître des eaux et forêts le plus célèbre de France, biographie bien ancrée dans ce début du 21ème siècle avec une sélection de fables ayant pour intention de redonner envie de se replonger dans cette « fontaine » de jouvence SAUF QUE …
Sauf que l'une des rares interventions personnelles de l'auteur se manifeste par ce paragraphe (cité in extenso, Chapitre 11 Deux vies, incipit p.45) :
« Comme l'aimait à le répéter feu le président Mao, dans l'un de ses accès de sagesse qui le font grandement regretté de nos jours, « il marcher sur ses deux jambes ». C'est la raison pour laquelle on peut considérer le bon sens de notre
La Fontaine comme l'avant-garde du maoïsme. Lui aussi considérait que deux valent mieux qu'un. Et que deux lieux de vie s'avèrent vite bien préférable à un seul. »
Là, on ne peut que rester déconfit tellement on a affaire à une affirmation lamentable, écoeurante, historiquement révisionniste et totalement inexcusable. Comment peut-on, étant académicien, faire l'apologie d'une des pires dictatures totalitaires du 20ème siècle ayant supprimé des hommes par dizaines de millions et à côté de qui Staline ou Hitler pourraient apparaître comme de piètres apprentis ? Comment peut-on encenser des maximes du Petit Livre rouge qui n'est qu'un ramassis d'inepties puériles (Voir
Histoire du petit livre rouge de
Pascale Nivelle) ? Comment peut-on voir en
La Fontaine, chantre de la liberté et de l'indépendance d'esprit, « une avant-garde du maoïsme » ? Comment peut-on, en élite autoproclamée, être encore maoïste en 2017 si ce n'est parce qu'on n'a jamais réellement vécu en Chine dans la deuxième moitié du 20ème siècle et que l'idéologie compte davantage que les hommes ?
Pour finir sur une note plus positive, je retiendrai les références qui, elles, sont remarquables :
Sur Fouquet :
Paul MORAND –
Fouquet ou le soleil offusqué – Ed. Gallimard, 1961.
Sur
La Fontaine :
Jean ORIEUX –
La Fontaine ou la vie est un conte – Ed. Flammarion, 1976.
Et
Marc FUMAROLI –
le Poète et le roi.
Jean de la Fontaine en son siècle – Ed. de Fallois, 1997.