Avec l'album "
Là-bas" de
Rebecca Young,
Matt Ottley nous avait déja habitué à de l'aventure onirique et un brin philosophique pour pré-ados.
Moins enchanteresses cette fois, ses illustrations nous plongeront un peu dans un univers de
Science-Fiction, dans une sorte d'univers indistinct et désolé, abandonné par la nature et les eaux.
L'illustrateur
Ryan Ottley greffera à ce paysage semi-stérile un peu de technologie. Et du sol, il en poussera aussi un peu d'ailleurs.
Est-ce une vision pessimiste du futur?
Le jeune lectorat fera sans doute plus simple, l'oeil verra surtout dans l'invraisemblable et l'irréalisable de la magie.
Et pourtant, il faudra se résoudre, l'étonnement passé, on ne pourra que céder à l'évidence, il n'y a pas grand chose pour occuper la petite fille de l'image. Ca serait tout de même peu réjouissant pour les jeunes lecteurs si ils étaient à sa place.
Comment notre petite héroïne pourra t-elle passer le temps et s'amuser?
Elle nous parlera de machines à liberté, elle en a vu planer, nager et aimerait bien en posséder une.
Avec cette idée, nous penserons savoir de quoi il est vite question avec cette idée.
Mais en lisant, le concept nous semblera en réalité beaucoup plus large.
Les fameuses machines à liberté seront un peu rares et rappelleront à l'image les vestiges d'une faune et d'une flore disparus. Une machine n'est pas à construire, elle sera à façonner, poussant de la terre du départ.
Ces fameuses machines à liberté seront à la suite, visiblement, différentes pour certains personnages.
Une double-page d'objets volants non-identifiables et farfelus nous rappelleront d'ailleurs un tableau du peintre Salvator
Dali, avec des machines aux pattes aussi grandes que des échasses.
C'est d'un surréaliste affirmé.
Les machines nous épateront, ressemblant presque à des jouets, dénotant avec le paysage occupé par un énorme campement de caravanes.
Nous trouverons les créations plus amusantes que stressantes.
Les gens seront capables... d'imagination.
En suivant l'aventure, nous cernerons donc une métaphore plus réconfortante que supposée, qui nous renverra à une " mécanique" plus relative et finalement très intime.
Il n'y aura qu'à constater.
Sa graine poussant, notre petite fille donnera forme à une machine selon sa fantaisie, une volante et bien colorée, plus jolie que les caravanes toutes d'un blanc usé et souillé.
Plus la jeune enfant se déconnectera du paysage, plus nous ressentirons un état d'évasion.
L'histoire est bien pensée, elle prendra ses distances avec la mécanique d'une machine, pour ne laisser qu'une activité, qui nous procurerait en définitive ce brin de liberté, ou même, d'une façon moins concrète, nous pousserait vers une capacité à rêver, créer, à réinventer.
Nous avons donc, sur ce principe, tous chacun notre incroyable machine à liberté.
Quelle est votre machine à liberté, chers jeunes lecteurs?
Un livre, écrire, peindre, dessiner, un jouet, inventer?
" Sa machine à liberté l'emmenait loin, très loin, dans des endroits magiques et sauvages, animés de mille vies...".
L'idée de cette capacité à sortir de soi, propre à chacun, malgré les jours moins favorables, sera en fermant le livre, réconfortant et stimulant.
Nous le pensons.
Un album qui demande de s'immerger un peu et de se laisser inspirer.