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EAN : 9791021033733
528 pages
Tallandier (12/03/2020)
4.44/5   8 notes
Résumé :
Le 1er novembre 1700 s’éteint le roi Charles II d’Espagne. À la surprise générale, il désigne comme héritier le jeune Philippe, petit-fils de Louis XIV. Cette décision va entraîner un conflit à l’échelle mondiale et redessiner, pour deux siècles, l’équilibre des pouvoirs en Europe.

La guerre de Succession d’Espagne (1701-1714) voit la France subir une série de désastres sans précédent, avant de réaliser un ultime sursaut qui permet à Louis XIV d’arrac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je vais commencer ma critique par ce qui semble important à retenir de l'étude de Clément Oury, « La Guerre de Succession d'Espagne », s'en suivra un court résumé.

Ce qu'il est donc important de relever de ce magistral ouvrage, c'est, en premier lieu, l'affaiblissement du royaume de France. Louis XIV a perdu de son prestige, il n'est plus ce soleil qui illuminait le monde. On retiendra également la restructuration de l'Europe qui passe définitivement dans l'ère de la modernité avec la Grande-Bretagne comme leader. L'État affirme sa puissance au travers d'une armée nombreuse, disciplinée et encadrée. Des coalitions doivent se faire entre puissances, ce qui implique une politique de compromis. La religion a laissé place à la puissance de l'État qui use de tous ses stratagèmes pour s'imposer sur la scène européenne. L'État monarchique n'est plus le moteur principal des conflits, puisque les souverains s'emparent de l'enthousiasme populaire et l'on entre, tout doucement, dans l'ère des masses. le siège et le ravitaillement illustrent le pas décisif que prennent ces armées, incarnation d'une Nation qui entre en guerre.

Comment débute ce conflit qui marque, et c'est le sous-titre de l'étude, « La fin tragique du Grand Siècle » ? le Grand Siècle étant celui de Louis XIV.
Lorsque Charles II décède en novembre 1700 sans descendance, et afin de protéger son empire, demande, par voie testimoniale, la protection de son voisin et rival, Louis XIV (« un modèle administratif et militaire pour les élites ibériques »). Pour l'Europe entière, et plus pour les Habsbourg (la Bohème étant le noyau de la puissance économique et financière de l'Empire mais aussi une mosaïque complexe de territoires) qui revendiquaient la couronne d'Espagne, cette annonce est un cataclysme. L'idée de voir l'union des royaumes de France et d'Espagne est une entrave au principe d'équilibre des puissances qui prédominait en Europe depuis la paix de Westphalie (1648).
S'ensuit un embrasement de l'Europe. Les alliances se font entre, d'un côté les Alliés (la Grande Alliance, à savoir, l'Angleterre, l'Autriche et la Hollande) et de l'autre la France, la Bavière et l'Espagne. Les guerres, à la fin du règne de Louis XIV, sont des guerres de coalition, il faut donc ménager les susceptibilités des autres nations.
Trois stratèges allèrent se distinguer dans ce conflit, Heinsus (Provinces Unies) Marlborough, ancêtre de Winston Churchill (Angleterre) et le prince Eugène (Maison d'Autriche). Pour la France, Villars et Vendôme sont ceux qui allèrent se distinguer. Ces deux généraux montrent que la monarchie, bien qu'absolue, n'est pas toute puissante. Louis XIV, et la marquise De Maintenon ne l'oublions pas, tout en conservant un droit de regard inaliénable sur la guerre, ne peut intervenir dans la prise de décision stratégique. Et laisse donc à ses généraux une large liberté de manoeuvre sur le terrain militaire.
Dès lors, la taille des armées se fait toujours plus grande. On parle alors de « massification ». Survient le problème du ravitaillement et c'est la grande nouveauté de ce conflit. Un système complexe se met progressivement en place afin de satisfaire ces armées toujours plus nombreuses. Avant ça, le pillage était souvent la règle.
La guerre de Succession d'Espagne, comme celles menées tout au long du règne de Louis XIV, est limitée, tant dans le temps que dans l'espace. Les batailles sont rares, les sièges (108 nous précise l'auteur) sont souvent la règle et les batailles (24) l'exception. Une guerre de « position » pourrait alors définir ces guerres.
De même, la Nation est sollicitée. C'est d ‘ailleurs elle qui se bat, bien que celle-ci ne soit pas encore nommée ainsi. Louis XIV en vient à appeler à la mobilisation du royaume. Comme nous le fait savoir l'auteur, le sentiment d'attachement à la couronne, imprégnés de la théorie du « corps mystique », c'est-à-dire une assimilation du roi et de son royaume et encore fortement présente durant le siècle de Louis XIV. L'idée de Nation n'est pas encore présente mais elle est en formation.
Concernant l'Espagne., le temps de son apogée, l'époque révolue de Charles Quint, est loin. Car depuis, l'Espagne ne cesse de s'affaiblir. Les Français sont même « surpris de l'ampleur » de son déclin lorsqu'ils y débarquent (p.292). Si les Grands d'Espagne appelèrent les Bourbons pour prendre en charge la continuité de la monarchie, c'est qu'ils en admiraient l'efficacité et la rigueur tout en « rejetant le modèle louis-quatorzien ». Pour les marchands français, c'est le commerce avec l'Espagne et ses colonies qu'ils lorgnent. Surtout les armateurs malouins pour les « mers du Sud ».
Le jeune roi Philippe V, 17 ans à peine, arrive à l'Alcazar en Espagne le 14 avril 1701.
Ce n'est que quelques mois plus tard que la guerre éclate. En 1702 donc, la guerre s'étend un peu partout à l'Ouest de l'Europe.

Quelques dates, qui ne sont que des faits d'armes aux conséquences éminemment politiques sont à relever.
En 1704, les Alliés ravagent la Bavière afin que l'allié des Bourbons cesse de les soutenir. L'auteur nous précise que cette affaire est la plus cruelle de la guerre de Succession d'Espagne. Cette même année, la victoire de Blenheim est un premier choc pour le Roi-Soleil qui se pensait imbattable.
L'année 1706 est vue comme l ‘ « année des merveilles » pour les Alliés. Or pas de paix sans l'Espagne qui doit revenir aux Habsbourg. Les batailles de Ramillies (chute d'une grande partie de la Flandre) et de Turin (toute l'Italie du Nord) cette même année enterrent la réputation d'invincibilité de l'armée française.
C'est toujours en 1706 que Madrid est occupée pour la première fois par les Alliés. le jeune roi doit se réfugier à Burgos au début de l'été avant de retourner triomphalement dans la capitale castillane le 4 octobre. Des pourparlers de paix ont lieu durant l'hiver sous demande des Français. Or les Alliés souhaitent l'affaiblissement total du royaume de France.
Trois ans plus tard, le 9 septembre 1709, Philippe V quitte à nouveau Madrid pour Valladolid avant qu'un retournement de situation s'opère grâce à une intervention des troupes françaises. L'archiduc Charles entre pour la deuxième fois dans Madrid.
Jusqu'en 1710 la règle veut que la paix ne soit pas signée sans que la couronne d'Espagne ne revienne aux Habsbourg. Or, la victoire des tories anglais allait renverser ce principe.
En 1713, un retournement de situation, prévisible, intervient dans ce long conflit. La Grande-Bretagne signe une paix séparée avec les Bourbons. La paix d'Utrecht brise les rêves d'hégémonie de Louis XIV sur l'Europe et ce, jusqu'à Napoléon.
Les traités d'Utrecht en 1713 (il y en a deux) offrent aux Anglais une domination nette et sans partage des mers et du commerce.
Plus tard, en mars 1714, le traité de Rastatt est signé entre le royaume de France et la monarchie des Habsbourg. La guerre de Succession d'Espagne est officiellement terminée.
Pas pour tous, car un « épilogue douloureux » se joue en Catalogne. le 11 septembre 1714, le maréchal de France Berwick ordonne l'assaut sur Barcelone après 14 mois d'un siège infernal (les supporteurs catalans émettent des cris indépendantistes à chaque match du Barca à la 17ème minute et 14 secondes pour en commémorer l'événement, désormais « fête nationale »).
Comment se solde la guerre de Succession d'Espagne ? Londres devient la « reine des villes » comme auparavant Rome du temps de l'Empire et le restera pour les deux siècles à venir. L'Europe est également structurée « pour les siècle à venir ». Les Habsbourg bénéficient d'une assisse territoriale considérables. La Prusse émerge au détriment de la Hollande qui se sent lésée d'autant plus que l'Angleterre s'impose sans conteste sur mer. Cette guerre voit aussi le couronnement du duc de Savoie sur ce qui deviendra, plus tard, l'Italie. Enfin, la France n'est plus le rayonnement de l'Europe et l'Espagne obtient une triste victoire car celle-ci est « démembrée et humiliée ».








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Vidéo de Clément Oury
Cartes blanche aux éditions Perrin Avec David FIASSON, Anthony GUYON, Jean LOPEZ, Clément OURY, Benoît YVERT La guerre est un éternel sujet d'actualité dont l'histoire militaire permet de saisir les enjeux géopolitiques et stratégiques. Au fil des conflits, de l'Antiquité à nos jours, l'art de la guerre s'est métamorphosé : Valérie Toureille, Clément Oury, Jean Lopez et Michel Goya vous décryptent ces métamorphoses
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