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J'ai été emmenée dans une très belle fiction construite autour de Samuel Beckett et d'un assistant qu'il a engagé pour conserver ses archives, dont une partie doit être lyophilisée afin d'être préservée des dommages qu'elle a subi au cours d'un incendie.

Deux choses se dégagent de ce récit. D'abord, le fait que Beckett décide de glisser quelques archives fausses parmi les vraies, ce qui est inattendu, fort probablement fictif, même si l'on ne pourrait le prétendre avec certitude. Cette anecdote hypothétique permet de réfléchir à l'image que tout artiste projette de lui, souvent reprise et distordue par ceux qui la reçoivent. Tout type d'image est réapproprié, pour subir une modification quelconque. L'artiste ne s'appartient plus, il s'est perdu. Il faudrait qu'il abandonne tout contrôle sur ses créations, et qu'il ait un regard zen sur les choses.

Beckett et son assistant parcourent donc les magasins à la recherche d'objets, et ensuite, ils s'amusent à les abimer, les chiffonner, les patiner, afin de leur donner l'authenticité nécessaire.

Ensuite, il se produit un autre événement dans le récit, qui lui est vrai et ça on en est sûrs. C'est la représentation dans une prison de la pièce En attendant Godot. Ce passage est également très captivant car il parle de l'art dans l'univers carcéral, il parle de liberté, du vécu des prisonniers, de l'empathie de Beckett.

Ce livre était un bon moment de lecture, il a réveillé des endroits de ma pensée inhabituels. Bourré d'humanisme, avec une pensée claire et simple, il a mis des mots sur ce que j'aurais voulu exprimer moi-même. Par là je veux dire que j'apprécie la vision de l'auteur sur à peu près tout ce qu'il a exprimé. Je ne m'attendais pas à passer un si bon moment, et pour moi, cela fut une surprise totale. C'est un livre qui me donne envie de mieux connaître à la fois Samuel Beckett et Martin Page.
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Un petit livre très court mais très étrange.
L'auteur imagine un assistant de Samuel Beckett. Etudiant en anthropologie, il est chargé de l'aider à classer tous ses documents et pendant quelques mois partage pratiquement son quotidien.
Je ne sais pas trop quoi en penser sinon que ça se laisse lire.
On découvre un Bechett original, excentrique dans ses tenues, profond et fatécieux à la fois….
Il me semble avoir apprécié « Comment je suis devenu stupide », bien que ne m'en souvenant plus vraiment.
Je ne pense pas que celui-ci me laissera un souvenir beaucoup plus significatif. Mais au moins il m'aura donné envie de me replonger dans Beckett à l'occasion.
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Juin à octobre 1985.
"Samuel Beckett avait besoin d'un assistant pour trier ses archives" relate le narrateur, étudiant parisien préparant sa thèse d'anthropologie, dans son journal.
Tenté par cette incroyable expérience, enthousiaste, admiratif de ce "prix Nobel" dont il n'a pourtant lu que deux livres, ce solitaire nostalgique accepte.
L'apiculture selon Samuel Beckett, court roman fictif (basé sur des faits authentiques) dépeint un Beckett fantaisiste en chemise hawaïenne et casquette de marin, qui possède des ruches, sur son toit, dont les abeilles butinent des orchidées, mais un Beckett très littéraire aussi qui concocte une autre sorte de miel.
Entre deux chocolats chauds sublimes et deux tartines de miel également sublimes, le narrateur, travailleur énergique se voit proposer de fabriquer de fausses informations pour pallier le manque de documents à archiver.
De sex shop en Galeries Lafayette et gare Montparnasse, les joyeux drilles prennent du bon temps.Parallèlement, un metteur en scène veut faire jouer En attendant Godot, oeuvre culte de Beckett, par des détenus dans une prison suédoise. Ce sera l'occasion pour Martin Page (s'exprimant à travers le narrateur et faisant s'exprimer Beckett) de réfléchir sur ce qu'est l'oeuvre (ne réduit-on pasBeckett au seul Godot?), l'héritage littéraire,le statut d'artiste, la "figure de l'écrivain",la renommée, l'image imposée (l'oeuvre de Beckett par exemple, n'est-elle pas interprétée et sujette à des malentendus?, l' "idiote étiquette collée théâtre de l'absurde") . Il montre Beckett en intellectuel s'élevant contre l'image imposée, contre la réputation imposée aussi, pour l'abolition des classes sociales afin que le théâtre soit ouvert à tous (car les riches spectateurs dans cette prison-théâtre ne sont-ils pas les vrais détenus?).
Martin Page, romancier (qui a également publié aux éditions de l'Olivier: Peut-être une histoire d'amour) dans L'apiculture selon Samuel Beckett donne envie à son lecteur de découvrir Beckett, une tartine de miel à la main!
Frais, distrayant, original et bien écrit....à lire!
Et à commander bien sûr par la Médiathèque de Bandol, puisque je l'ai lu dans le cadre du comité de lecture.
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Ne pas se fier au titre, mensonger : L'apiculture selon Samuel Beckett n'est pas un manuel pour féru d'abeilles. Il s'agit plutôt d'une ballade, certes irréelle, mais ô combien enchanteresse en compagnie de l'un des auteurs les plus importants du siècle dernier.
Suite à un incendie à l'université de Reading (qui existe vraiment, j'ai vérifié !), en Angleterre, un professeur retrouve un texte d'un « homme se présentant comme l'assistant de Samuel Beckett » datant de l'année 1985. Et c'est ce texte, un journal intime, qui forme la trame de ce livre. Un jeune étudiant, reclus dans sa chambre de bonne parisienne, termine sa thèse. Un libraire le met en relation avec Samuel Beckett qui cherche quelqu'un pour classer ses papiers. Une drôle de relation se noue entre les deux hommes, relatée dans le journal intime que tient l'étudiant. En filigrane, un metteur en scène demande à Beckett, l'autorisation de monter une de ses pièces dans une prison…
Même « si le coeur de ce texte est véridique », l'auteur insiste dès le départ pour en souligner le côté fantaisiste. Samuel Beckett, dont nous connaissons tous le profil austère, à défaut d'avoir lu son oeuvre, apparaît ici comme un homme heureux de vivre, cuisinant allégrement, récoltant son miel et même affublé de vêtements richement colorés. A l'exact opposé de ce que nous aurions pu imaginer de son intimité.

Martin Page a gaiement butiné dans l'oeuvre de Beckett pour imaginer ce très court roman qui m'a enchantée. Son texte est un habile et subtil support pour interroger le lecteur sur la place de l'artiste dans la société, son rapport à la célébrité et sa philosophie artistique. Voici un aperçu de ce que dit Samuel Beckett au jeune étudiant : « ce qui compte, c'est la biographie de ceux qui lisent mes livres, plus que la mienne. Les universitaires feraient mieux d'enquêter sur leur propre vie s'ils veulent comprendre quelque chose à mon oeuvre ».
Parallèlement, Martin Page insuffle beaucoup d'humour et de légèreté au texte, ce qui donne un ensemble très original à mon goût. Un mélange de sérieux et de fantaisie. le seul reproche que je donnerai à ce livre, c'est sa brièveté : j'aurais aimé cheminer encore un peu avec Samuel Beckett, l'écouter disserter sur l'art tout en l'observant préparer un chocolat chaud.
Lien : http://blogs.lexpress.fr/les..
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Martin page
L'apiculture selon Samuel Beckett
Edition Points
• D'un journal sur Samuel Beckett répertorié par l'Université de Reading le lecteur pénètre dans la ruche littéraire intime de l'écrivain.
• Un étudiant fait une thèse sur l'oeuvre de Samuel Beckett. Nous ne saurons jamais la part du réel de ce récit. On devine que l'auteur de ce livre Martin Page est le double du narrateur. Ce dernier devient l'assistant de Samuel Beckett. Il n'aura de cesse de s'imprégner de ce temps de gloire. Vivant chez l'écrivain il deviendra admiratif, respectueux, voire étonnamment réaliste de l'importance des heures intenses passés au côté de ce dernier. Les ruches métaphores verbales deviennent la transmission littéraire. Elles affirment ferventes travailleuses, l'importante vitale pour Samuel Beckett de lier le quotidien et l'art du mot. le concret, l'abstrait, liés à l'envergure livresque.
• « Nous devons être à la hauteur des abeilles. Etre des alchimistes et faire notre miel. »
• Les ruches dans ce récit sont la symbiose du beau de l'importance du réel. Une majuscule écrite sur du concret par Samuel Beckett.
• « J'ai besoin des abeilles pour me rappeler que des choses merveilleuses sont possibles. »
• Ce livre se déguste comme du miel sur du pain. On vit chaque heure avec Samuel Beckett comme si nous-mêmes devions écrire cette thèse, mais sur l'Ere Des Petits Riens, sur les pas feutrés de Samuel Beckett avec l'ardeur d'un apiculteur qui nourrit la terre d'un puissant miel littéraire.
• « Toute chose est une fleur dont nous devons faire notre miel. »
Martin Page par ce récit devient le maître de la ruche.
• A lire tant il fait du bien à petites bouchées sur du pain moelleux.




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Moins de cent pages pour casser l'image de Samuel Beckett, poète et dramaturge du mouvement absurde, pour le voir aimer les abeilles, le miel, les vêtements colorés, le chocolat et s'amuser comme un collégien d'une mascarade envers ses achivistes-chercheurs.
Amusant, décalé mais anecdotique, à l'image de cette mise en scène théâtrale dont les acteurs-détenus de prison se font la malle à l'issue d'une représentation.
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L'écrivain et les abeilles
Le titre annonce déjà un surprenant programme dans lequel il est inutile (et vain) de distinguer le vrai du faux; car justement Martin Page joue ici entre la vraie vie du dramaturge de l'absurde, sa part plus hypothétique et les doses de fiction qu'il peut à loisir (car c'est lui l'auteur après tout) injecter à son histoire. A l'image d'un Samuel Becket envoyant dans ce court récit de fausses archives de son travail d'écrivain aux universités prestigieuses afin d'alimenter et de falsifier lui-même le mythe qu'il est devenu aux yeux des autres! Loin de l'image souvent austère et sérieuse qu'on lui connait, Martin Page offre un portrait plus atypique et donc plus attachant de cet auteur nobélisé (qui avait d'ailleurs refusé de se rendre à la cérémonie). Il porte ici des chemises à fleurs, porte les cheveux longs, boit du chocolat chaud, abhorre les banques, cuisine, manque de confiance en lui et possède des ruches... Car l'apiculteur c'est lui, c'est l'artiste, c'est celui qui crée: "Nous devons être à la hauteur des abeilles. Être des alchimistes et faire notre miel". L'alchimiste des mots transfigurant, immortalisant et parfois sublimant la réalité…
Dans un face à face avec un jeune doctorant l'aidant avec enthousiasme dans son archivage, Samuel Becket exprime ses réflexions sur la société, son oeuvre, le traitement médiatique, l'héritage qu'il laisse, son pessimisme, la finalité d'un texte et sa création par d'autres sur scène. Il y est question d'En attendant Godot, sa pièce la plus connue et sans doute toujours la plus jouée de son oeuvre et de la tentative de mise en scène dans une prison jouée par des prisonniers. Un projet qui rend Beckett perplexe...
Un texte qu'on lit rapidement, avec beaucoup de plaisir, et de facilité, mêlant habilement et comme un hommage joyeux, l'humour et le pessimisme beckettiens. Et on profite comme le narrateur de cette parenthèse heureuse et éclairante en compagnie du grand Samuel Beckett!

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Un petit roman loufoque où l'auteur décrit Samuel Beckett comme une sorte de hippie, vêtu de tenues bariolées venant des quatre coins du monde et élevant des abeilles sur le toit de son immeuble.
Une lecture assez rigolote qui donne envie de relire en attendant Godot!
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Martin Page nous entraîne avec sa finesse habituelle à la rencontre d'un Samuel Beckett malicieux et fantaisiste, dans un petit bijou d'intelligence et de subtilité. Samuel Beckett nous devient familier, proche et la figure de l'écrivain se redessine peu à peu. Un délice !
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Martin Page nous donne avec ce que certains appelleront une pochade la preuve qu'un livre se suffit à lui en quelques dizaines de pages, puisque, finalement, c'est le lecteur qui apportera l'univers nécessaire à la vie de l'oeuvre.

On aimerait que certains pondeurs de pages mettent autant de talent dans aussi peu de textes.
Lien : http://www.senscritique.com/..
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