Étienne comparaît devant la cour d'assises de l'Hérault. Physiquement, il est là, mais son esprit s'évade. Il ne réagit pas à l'acte d'accusation, répond à peine aux questions, il laisse son avocat gérer les débats. Lui revit la passion destructrice qui l'a mené dans le box des accusés. Rien ne le prédestinait à devenir un criminel. A quarante-deux ans, il avait même repris des études de droit pour devenir avocat. Quand il a obtenu son diplôme, un ami l'a engagé. C'est ainsi qu'il a rencontré Esther. Fou amoureux, il s'est perdu dans une relation dévastatrice. D'espoirs en désillusions, puis en espérance, il est devenu un autre, ne vivant que pour des miettes d'amour, prêt à tout pour les obtenir. Torturé par la jalousie, il s'est comporté comme ceux qu'il a représentés dans les tribunaux.
Pendant son procès, il est passif. Il n'explique rien, n‘avoue rien, écoute à peine les témoins et la reconstitution des faits. Seul son avocat se bat pour son acquittement. Étienne, lui, ne s'exprime pas devant ses accusateurs, mais il retrace tous les évènements dans son esprit. Ses confidences ont un caractère dérangeant, car je me suis surprise à le comprendre, à éprouver de l'empathie pour lui. J'attendais le verdict avec une envie mêlée d'accusation et d'absolution. Mon sens de la justice a été malmené. Ce n‘est qu'à distance de ma lecture qu'il a repris le dessus.
Ce roman montre la force de l'emprise psychologique et amoureuse et de quelle manière elle transforme celui qui en est prisonnier. Nous découvrons tardivement les faits reprochés à Étienne, aussi, notre imagination s'emballe et entrevoit différentes possibilités. Une grande partie du livre est consacrée aux circonstances, développant notre intime conviction. Nous sommes l'accusé, son conseil, l'avocat général, le président et un juré ; peu de place est accordée au préjudice de la victime. J'ai beaucoup aimé cette immersion dans l'univers de la justice.
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