VICES IV KUYASHII
De
GIPSY PALADINI
Éditeur : Auto Édition
381 pages
Dans ce quatrième épisode très centré sur le thème de la drogue et des problématiques qui s'y rattachent,
Gipsy PALADINI organise avec le machiavélisme qu'on lui connait l'implosion d'une BJV déjà bien fragilisée par les querelles intestines . L'unité de façade se craquelle en même temps que remontent en surface des secrets trop longtemps tus.
Tragique et bouleversant.
RÉSUMÉ :
" N'avez-vous pas envie de courses-poursuites, de coups de pied dans les burnes, de pétage de rotules et de balles dans la tête ? La barrière entre l'humain et la bête sauvage est mince ; certains prétendent qu'elle est dans la tête. Ce sont les lois et la moralité qui l'ont imposée. Imaginez si vous réalisiez qu'elle n'existe pas.
Une boîte de Tic-Tac. Un gamin qui tripe en plein cours. Des dessins d'ombres sans tête. Un individu surnommé Candyman. Des écailles de crocodile. Pas facile d'assembler les pièces du puzzle quand son équipe est en phase d'éclatement : Zolan ne se remet pas de la réaction de Marie, Bia part en vrille, le commandant est tourmenté par un garçon affreusement mutilé. Vin le sent : quelque chose ne tourne pas rond à la BJV. Les masques se fissurent. Les démons se réveillent. le temps semble venu à certaines vérités d'être révélées."
Elle est bien gentille, Gipsy, mais le moins que l'on puisse dire est qu'elle ne facilite pas la tâche des chroniqueuses et chroniqueurs. Allez donc commenter des épisodes qui s'imbriquent comme un Tetris et des éléments interdépendants au possible sans risquer de spoiler le volet précédent ! Merci pour le cadeau !
A moins que ce ne soit en partie le but recherché, du style "je me casse le c.. pendant des mois, voire des années, vous aussi pouvez bien le faire pendant quelques minutes !"
Ce serait assez son genre, d'ailleurs…😉.
Bref, on va essayer de faire simple.
Au sortir de BUTTERFLY, nous avions quitté une brigade bien amochée par les conflits, les rancoeurs, les jalousies et les luttes d'ego. Autant vous dire tout de suite que ça ne va pas s'arranger dans ce sulfureux KUYASHII où tout semble partir en sucette.
Sous couvert d'une enquête bâtie autour du milieu de la drogue, tous les membres du groupe vont continuer à dévoiler leur part d'ombre, alimentant le sentiment que l'équipe du Commandant TALA a été construite sur des fondations plus que douteuses qui s'étiolent Inexorablement.
Le chef en premier, soit dit en passant, qui semble de plus en plus rongé par une sordide affaire de vengeance familiale . MYRIAM ne vaut pas mieux pour des raisons tout aussi personnelles. VIN, le psy, va laisser apparaitre un visage inattendu alors que BIA poursuit un but incertain. SOPHIE s'enfonce dans sa paranoïa, AMIR emprunte des chemins équivoques.
L'ambiance est à couper au couteau et tout part à vau l'eau.
ZOLAN traine sa peine, écartelé entre des pulsions contradictoires et le double jeu de son cousin GORAN. D'autres personnages évoqués dans les précédents tomes interviennent aussi, je vous laisse les découvrir.
Plus on avance dans la série, et plus l'impression visuelle devient prépondérante. Désormais, tous les personnages ont un visage, du moins celui qu'inconsciemment le lecteur leur a attribué. L'enchainement rapide des chapitres, des scènes devrais-je dire, contribue à maintenir un rythme rapide parfaitement compatible avec un format télévisuel de 50 mn, de ceux qui vous laissent épuisé et contrits de frustration dans l'attente de la suite.
Une nouvelle fois, Gipsy priorise l'ambiance globale très noire plutôt que l'enquête pure et simple. Ce qui ne signifie pas que cette dernière soit bâclée, bien au contraire. Elle donne même lieu à de très belles réflexions sur et autour du milieu de la drogue, et met en exergue un énorme travail de recherche de la part de l'auteure qui maitrise le sujet de manière incontestable.
Son regard acerbe sur une société en déliquescence fait une nouvelle fois merveille tant son analyse froide et lucide sonne juste.
Mais encore une fois, ce sont ses personnages qui remportent la vedette. Fouillés, décortiqués, étudiés jusqu'au tréfonds de leur psyché trouble et nébuleuse, au gré de leurs actes, de leurs pensées intimes et de leurs motivations plus ou moins avouables.
Et dans ce domaine-là plus que dans tout autre, Gipsy excelle.
Car si son récit prend parfois des allures de tourbillon déstructuré, force est de reconnaitre qu'elle retombe toujours sur ses pattes au moment opportun, pile là où elle avait choisi de le faire.
Le cliffhanger final ouvre encore la porte à de belles perspectives.
Gipsy PALADINI poursuit donc son projet ambitieux sans fausse note et sans que l'on sache encore où elle a décidé de nous conduire in fine.
Le seul inconvénient par rapport à une série TV classique est que la suite n'est pas programmée chaque semaine, hélas….!