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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai fini hier soir de Rithy Panh - L'élimination -, un livre poignant sur le génocide cambodgien perpétré par les Khmers rouges entre 1975 et 1979.

"À 18 ans, je découvre Nuit et Brouillard d'Alain Resnais. Je suis surpris. C'est pareil. C'est ailleurs. C'est avant nous. Mais c'est nous..."

Ce qui s'est imposé comme une évidence dans cet ouvrage où l'auteur alterne l'horreur qu'il a côtoyé enfant au Cambodge et ses rencontres avec Duch, le bourreau responsable du camp S21, qu'il interviewe en tant que cinéaste trente ans après le génocide, un peu comme l'a fait en son temps Claude Lanzmann, auquel il fait référence, c'est l'universalité du Mal ... banal ou absolu...

Que l'on ouvre des camps de concentration ou d'extermination en Allemagne, en URSS, en Chine, en Corée du Nord, au Cambodge, en Afrique... que les bourreaux soient blancs, noirs, jaunes ou... les prétextes à déshumaniser, emprisonner, torturer, éliminer sont les mêmes.
Les méthodes sont les mêmes.
Et lorsque les bourreaux ont été vaincus et qu'ils doivent répondre de leurs actes, les "réponses" qu'ils donnent sont les mêmes...

Duch aurait pu substituer Eichmann et vice-versa...

Un livre qui fait écho à ceux de Charlotte Delbo, de Victor Klemperer, de Charlotte Beradt, de Soljenitsyne, de Varlam Chalamov, de Dostoïevski de Liao Yiwu, de Blaine Harden, de Claude Lanzmann, d'Hannah Harendt, de Primo Levi etc etc et/mais aussi de George Orwell... qui avait tout compris...

Un livre qui mérite lecture dans ce monde où le Mal est de retour et où l'homme cède de plus en plus le pas aux passions tristes...

PS : j'avais, l'été dernier, fait une courte présentation d'une lecture qui m'avait apporté du réconfort lors d'un passage ambulatoire dans une clinique aux fins d'examens médicaux... et profité de cet exercice pour dire aux quelques babéliens qui me suivaient que c'était là une exception à un état général qui ne m'autorise plus désormais à être dispendieux en énergie... mauvais état de santé oblige.
Il en est de même en ce début d'année.
J'ai voulu témoigner de mon intérêt toujours prégnant pour la lecture et pour tous ceux qui, comme moi, ont l'amour des livres.

J'en profite donc pour souhaiter aux lecteurs de bonne volonté une très bonne année 2024. Qu'elle soit généreuse avec vous, qu'elle vous donne...
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Rithy Panh est né au Cambodge et s'est réfugié en France en 79, une fois libéré des Khmer s rouges qui ont anéanti le pays durant 4 ans à partir du 17 Avril 75.

Rithy Panh a réalisé des films sur cette période sombrissime de son pays. Avec Christophe Bataille, il a couché des mots sur le sort terrible qui a frappé son pays, sa jeunesse, sa famille, ses amis, ses compatriotes.

Ce documentaire est une succession de paragraphe: L'auteur nous raconte alternativement sa vie au Cambodge, pardon Kampuchea démocartique, et ses interviews de " Duch" , responsable du S21, camp de prisonnier où toutes les exactions étaient possibles.
L'auteur ajoute parfois des réflexions personnelles, son combat pour livrer au monde le plus juste ressenti de ce qu'il a pu vivre.

Bien entendu, on est sur un texte très fort, qui traduit très bien la déshumanisation voulue par les Khmers rouges. Chaque page voit son lot d'horreur défiler, on se demande comment Rithy Panh s'en est sorti.
Il y a aussi , et c'est normal pour un cinéaste, un sens de l'image exacerbée.
Ce texte est une ode à son peuple, à son calvaire . c'est aussi un cri envers l'injustice , laissant libre des trous du cul innommables qui au nom de la doctrine ont tué des milliers de personnes.
Un texte nécessaire pour comprendre la folie que Pol Pot et ses sbires ont imposée au peuple cambodgien.
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Le 17 avril 1975 est une date marquée au fer rouge dans la vie de Rithy Panh : celle où sa vie a irrémédiablement basculé. Les Khmers rouges prennent Phnom Penh, la capitale du Cambodge, la vidant de tous ses habitants. de 1975 à 1979, 1,7 millions de personnes trouveront la mort dans des conditions terribles de famine, de tortures et d'exécutions. Dans L'Élimination, l'auteur et cinéaste poursuit sa série d'entretiens et va à la rencontre de Kaing Guek Eav, dit Duch, le responsable du centre S21, où ont été détenues, torturées et exécutées au moins 12380 personnes selon ce qu'il rapporte. Il veut qu'il parle. Il cherche l'humanité. Ce document, qui a reçu plusieurs prix littéraires, s'avère très instructif tant sur les plans politique qu'idéologique, et il m'a aidé à comprendre le vrai sens du mot survivant, car comment se remet-on d'une telle expérience ? « Dans mon cas, c'est un chagrin sans fin; images ineffaçables, gestes impossibles désormais, silences qui me poursuivent. » (p. 13) Rithy Panh y apporte une réponse : on ne s'en remet pas. Mais on peut la communiquer.
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Le régime de Pol Pot a fait 1,7 millions de morts. Rithy Panh n'était alors qu'un enfant. Trente ans plus tard, le cinéaste rencontre Duch, le responsable du centre de torture et d'exécution S21.

L'élimination est une analyse profonde, lucide et d'une grande distance sur notre humanité. Même le titre est sobre. La force de Rithy Panh est de trouver et mettre du sens là où il n'y en a pas. Pour lui, comprendre les moindres rouages est aussi important que l'éducation et le savoir l'étaient pour son père. « Pour conjurer la répétition ».

Une réflexion m'a particulièrement bouleversée :
« Bien sûr, on peut détourner le regard. Perdre son objet. le laisser s'écarter, flotter, disparaître – un simple mouvement des yeux suffit. Bien sûr, on peut ne pas regarder un pays ; ne pas savoir où il se trouve ; soupirer à l'évocation répétitive d'un nom malheureux. On peut même décider que ce qui a eu lieu est incompréhensible et inhumain. Alors, on détourne le regard. C'est une liberté universelle. »

Détourner le regard, n'est-ce pas le réflexe que nous avons tous ? le second étant de se satisfaire de notre incompréhension.

L'immense qualité de ce document est de transcender le témoignage pour offrir un questionnement permanent et profond sur l'élimination d'1,7 millions de cambodgiens ainsi que sur ce qui fait notre humanité. N'est pas assassin ou bourreau qui veut selon Rithy Panh. Je partage entièrement son avis. Sur ce fondement, nous avons les clés en mains pour prévenir la répétition.

Bravo également à Christophe Bataille pour ne pas avoir triché, ajouter de l'artifice, des tournures qui auraient fait de L'élimination un objet plus littéraire mais factice. Les mots sont épurés, simples, au service du messager, du sens, et donc accessibles à tous. Remuants, souvent intenables, d'une grande exigence. J'ai tourné la dernière page la bile au fond de la gorge, ébranlée et changée. Je n'envisage la lecture que sous cet angle.

Un grand document.
Lien : http://www.audouchoc.com/art..
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Un témoignage remarquable et bouleversant, dense et poignant.
Le vocabulaire est précis, les phrases courtes et incisives. Comme au cinéma les plans s'enchaînent avec rapidité. le récit est construit comme un va-et-vient dans le temps entre le narrateur adulte, avec son approche de cinéaste-écrivain qui donne à voir et à lire l'indicible, et son enfance survécue aux khmères rouges.
Trente ans après la fin du régime de Pol Pot, l'auteur s'exprime au nom de son peuple et de la multitude anéantie, et interviewe un bourreau tortionnaire. Par un renversement des rôles, les interviews ont remplacé les interrogatoires...
Un formidable "travail de recherche, de compréhension, d'explication, qui (...)lutte contre l'élimination". Grâce à son récit Rithy Panh souhaite que "la vérité soit établie et documentée" ; pour lui "oublier est impossible. Comprendre est difficile". Toutes les phrases du livre pourraient être citées, tant elles expriment avec force et précision le vécu de l'auteur et des siens.
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Le 17 avril 1975, la capitale du Cambodge, Phnom Penh, tombe entre les mains de communistes radicaux, les Khmers rouges, menés par Pol Pot. Ces derniers imposent à la population le Kampuchéa démocratique, un régime politique d'une violence effroyable.
Ce jour-là, l'existence de Rithy Panh, alors âgé de treize ans bascule dans l'horreur. Sa famille est contrainte d'abandonner son foyer, et d'évacuer au plus vite la ville. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants quittent ainsi Phnom Penh et entreprennent une longue marche vers la campagne. Démunis, ils luttent pour survivre à la famine et à la terreur et assistent, impuissants à leur propre déshumanisation ; les lunettes sont proscrites, les vêtements – sortes de pyjamas – ne peuvent être que bleus ou noirs, les coupes de cheveux sont identiques pour tous les individus, ils vivent dans des conditions hygiéniques désastreuses, doivent travailler durement alors que le manque de nourriture les affaiblit et les fragilise. de 1975 à 1979, 1,7 millions de cambodgiens meurent.
Par son témoignage, Rithy Panh lève le voile sur un régime totalitaire fait de persécutions, de tortures, de viols, d'exécutions. Ajoutons à cela, les prises de sang et autres expériences médicales... L'homme n'est plus rien. Il est assimilé à du bétail. Il devient un instrument qu'on peut manipuler à souhait. Plus de dignité. C'est l'élimination à tout prix. Un génocide que Rithy Panh rapproche évidemment des méthodes nazies.
Devenu cinéaste il n'a de cesse de parler de cette époque tragique, qu'il décortique pour mieux la comprendre et la faire comprendre surtout. Dans cet essai, il va au plus juste pour expliquer ce pan de l'histoire cambodgienne. Avec l'aide de Christophe Bataille, il va à l'essentiel : les choses sont posées clairement avec réalisme et âpreté. Les mots sont simples sans fioritures. Pas d'apitoiement, pas de jugement, mais une description précise et fidèle des faits.
Rithy Panh relate ainsi ses entretiens avec Duch – le responsable du S21, centre de tortures et d'exécutions – et en parallèle expose en détail et chronologiquement ses quatre années de survie. Duch nie évidemment tout ce qu'on lui reproche. Froid et très calme, il répond aux questions avec un détachement incroyable. A côté de l'Histoire avec un grand H, Rithy Panh évoque sa propre histoire, la disparition de sa famille, la mort qui rôde en permanence, la quête de nourriture...
Une réflexion sur l'humanité. Un témoignage bouleversant, mais nécessaire sur la folie des hommes.
Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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C'est un livre qui nous plonge dans l'horreur du régime des Khmers rouges, dictature communiste cambodgienne.


Si je savais que Rithy Panh était un rescapé du régime des Khmers rouges et qu'il avait désormais à coeur de partager l'histoire sombre de son pays à travers ses documentaires (S21, la machine de mort Khmer rouge), je ne mesurais pas ce qu'il avait véritablement vécu.

Dans ce livre, il se rappelle de ces quatre années (1975/1979). Il nous confie en parallèle les entretiens qu'il mène avec Duch, tortionnaire en chef à S21, centre de détention et d'éxécution de Phnom Penh, et s'interroge sur l'homme et ce dont il est capable.

En 1975 à l'arrivée au pouvoir des Khmers rouges, il a 13 ans, sa famille est « déportée » de Phnom Penh (comme tous les habitants de la capitale hors Khmers rouges), ils vont être déplacés de villages en villages, dépossédés de tout dont de leur nom, travailler comme des bêtes, être affamés, etc. En six mois il va perdre son père, sa mère, ses neveux.

Il va passer plusieurs fois très près de la mort et il va vivre des situations d'une violence inouïe, mais le destin fera qu'il va survivre à toutes ces horreurs. On peut dire que c'est un miraculé.

Plus de 30 après, alors qu'il transmet cette histoire à travers ses documentaires et les nombreux entretiens qu'il mène avec des rescapés mais également des tortionnaires, il se souvient de ces jours sans nom.

C'est un livre qui se lit le coeur très serré, l'estomac au bord des lèvres, car il nous montre le pire de l'humanité, en dressant le portrait d'un des protagonistes de ce génocide. Et parce qu'il montre que ce qui s'est passé au nom d'une doctrine pourrait se reproduire dans ce pays ou ailleurs. Parce que ça nous rappelle aussi un autre pan de l'histoire.

Ce devoir de mémoire auquel se livre Rithy Panh est juste indispensable et essentiel. Un témoignage bouleversant de force.
Lien : http://delphinesbooksandmore..
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Le 17 avril 1975, les Khmers rouges entrent dans Phnom Penh la capitale du Cambodge. Rithy Pahn est âgé de treize ans :du jour au lendemain, je deviens « un nouveau peuple », ou, expression plus affreuse encore, « un 17 avril ». Trente ans plus tard, il raconte, témoigne de ce qu'il a enduré sous le régime de Pot Pot.
Pour la réalisation de son film "S21, la machine de mort Khmère rouge », Rithy Phan a rencontré des survivants comme lui mais également des bourreaux, des tortionnaires dont Duch le responsable du centre S21. Un centre où étaient accomplis des tortures, des exécutions, des prises de sang massive (allant jusqu'à vider entièrement la personne de son sang), des viols. Lors de ces entretiens avec Duch, documents à l'appui, il lui pose des questions. L'homme nie ou se réfugie derrière la doctrine, se complait dans le mensonge. Pire, il lui arrive de sourire. Rithy Pahn n'abandonne pas et cherche de comprendre avec patience.

la suite sur
http://fibromaman.blogspot.fr/2012/08/rithy-panh-avec-christophe-bataille.html:


Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Rithy Panh est un cinéaste d'origine cambodgienne. 

En 1975, il avait 13 ans, quand les khmers rouges ont pris le pouvoir à Phnom Penh et que s'est installée la dictature de Pol Pot.

Le maître mot du nouveau régime : l'élimination.

Elimination des comportements individuels, élimination des anciennes élites, élimination des ressources, élimination des prénoms réduits à une seule syllabe, élimination des individus ...

Pendant les quatre années de ce régime, le petit Rithy va assister à la mort des membres de sa famille, de son père à ses petits neveux.

De camps de travail, des rizières aux hôpitaux où il triera les cadavres, il surmontera les blessures, les mauvais traitements, échappera aux tortures, mais pas aux souvenirs indélébiles.

Dans cet ouvrage, il se confronte à l'un de ses démons, "Duch, le maître des forges de l"enfer", responsable du centre S21, qu'il a mis en images, pour garder la mémoire, ne pas oublier et honorer les disparus.

Récit bouleversant, tout aussi fort que lés témoignages de la Shoah, d'une histoire tellement plus récente.

Récit d'un survivant, toujours assailli par des images, des sons, des cauchemars. 

Ouvrage indispensable pour connaître cette histoire récente de l'Asie du sud-est.

 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Rithy Panh fait le récit de son adolescence à Phnom Penh au temps du règne des Khmers rouges.Il a longuement interrogé et filmé Duch, responsable du "centre de torture s21".
Et si on apprend comment a fonctionné ce système de destruction massive on ne peut en rien comprendre que des génocides puissent ainsi exister.
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