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EAN : 9782867461248
313 pages
Liana Lévi (31/03/1995)
3/5   2 notes
Résumé :


« Nous sommes le 7 mai 1943. Moi, ingénieur agronome Calel Perechodnik, représentant typique de l’intelligentsia juive, j’entreprends de décrire le sort de ma famille pendant l’occupation allemande. Ce n’est pas une œuvre littéraire, je n’en ai ni l’ambition ni la capacité. Ce n’est pas non plus l’histoire des Juifs polonais. C’est l’histoire d’un Juif et de sa famille juive. »

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai lu cet ouvrage, il y a 6 ans, et je suis fort étonné de n'en trouver aucune critique sur Babelio. Car l'éditeur de la version française a bien raison s'il affirme qu'il s'agit d'un ouvrage très important, même s'il se trompe un peu sur la date de parution des autres traductions. Mais c'est sans importance, l'essentiel est que ce témoignage, absolument unique, mérite d'être traduit dans le plus de langues possibles.

Très simplement formulé, l'ouvrage de Calel Perechodnik pose une question, à laquelle, à mes yeux, il ne peut y avoir une seule et unique bonne réponse : En situation de guerre, face à un occupant tout puissant, menacé par l'extermination des siens, sans espoir de secours de l'extérieur, jusqu'où peut on aller dans une certaine collaboration, pour justement sauver ses siens - comme l'auteur sa petite fille - sans pour autant aller trop loin. En d'autres termes, peut-on devenir membre d'un conseil de juifs (Judenrat), installé par les nazis dans les ghettos et assumer des tâches, qu'il revenait, en fait, d'être assurées par l'occupant lui-même, qui, lui, préférait manifestement envoyer sa 'main d'oeuvre' au front ? Et, à plus forte raison, pouvait-on aller rejoindre les soit-disantes forces de l'ordre, totalement dominées par des brutes et rustres teutoniques ?

La réalité, telle qu'elle ressort des archives, journaux, témoignages, montre qu'il y a eu un peu de tout parmi cette 'police juive' des ghettos. Même si, peut-être, la majorité était du genre peu recommandable, des hommes qui s'enrichaient et abusaient d'une situation, somme toute, désespérée. Non pas que j'essaie de relativer leurs excès, mais ce serait un peu facile pour moi, qui n'a pas connu les horreurs d'un ghetto, de sortir mon doigt accusateur. En plus, parmi ces 'méchants' il y a du y avoir bon nombre qui n'avaient pas vraiment un choix. Et il y avait, heuresement, aussi les 'bons' policiers, qui, ne fût-ce qu'en prévenant les autres des prochains razzias, déportations vers les camps de la mort et autres projets de la 'peste brune' ont sauvé beaucoup de leurs coreligionnaires d'une fin atroce autrement inéluctable. Sans oublier leur aide en matière de logement et surtout de nourriture.

L'auteur suédois, Steve Sem-Sandberg, a ,dans son ouvrage merveilleusement bien documenté, 'Les dépossédés' , très bien restitué les conditions de vie dans le ghetto de Lodz en Pologne. Il nous montre le Conseil juif et les milices juives en action. Un livre que je recommande, malgré ses 600 pages, car il illustre de façon très éloquente les implications concrètes de la question fondamentale de Calel Perechodnik.

Ne voulant pas gêner la lecture de ce document-témoignage exceptionnellement honnête de Perechodnik pour des futurs lecteurs, je m'abstiens de résumer son oeuvre.

En revanche, j'aimerais brièvement comparer deux chefs de Conseil de juifs dans deux ghettos différents, notamment Adam Czerniakow à Varsovie et Chaim Mordechai Rumkowski à Lodz, pour bien présenter le dilemme aide vs collaboration.
Mon approche est basée sur 3 livres : le journal de Czerniakow, 'Carnets du ghetto de Varsovie (6/9/1939-23/7/1942), David Sierakowiak, 'Journal du ghetto de Lodz' et Lucjan Dobroszycki, 'Chronique du ghetto de Lodz' (1941-1944).

Si Czerniakow à été respecté de son vivant et est aujourd'hui toujours commemoré par tous pour son éminent service, il en va tout autrement de son homologue de Lodz. La controverse sur la prestation de Rumkowski est même de nos jours toujours d'actualité entre historiens. Ce qui prouve, à sa façon, la pertinence de la question vitale de Perechodnik.

Si Czerniakow, fatigué des contraintes toujours croissantes de l'administration nazie d'un côté et les demandes incessantes de son peuple de l'autre, c'est l'ordre de préparer le départ des enfants vers les camps d'extermination, ainsi que la menace des potentats nazis locaux de s'en prendre à son épouse, qui l'a décidé à avoir recours au suicide.

Sans vouloir dénigrer Rumkowski et restant particulièrement prudent, je dirais que contrairement au premier, il a été nettement plus obéissant aux ordres inhumains des nazis. Ce qui complique, toutefois, la comparaison entre les deux c'est la différence de style et de personnalité.
En une phrase comme en dix, Czerniakow était un seigneur (dans le bon sens du terme), tandis que Rumkowski était un homme déplaisant.

Je me realise parfaitement que mon explication est trop succinte et peut même être considérée comme superficielle, mais pour porter un jugement fondé, il faudrait comparer presque une à une leurs prises de position et leurs décisions, à la lumière et dans le sens que Perechodnik a soulevé : qu'est qui est, du point de vue moral, acceptable et ne l'est pas ou plus. Quand franchit-on. en son âme et conscience, cette ligne parfois peu visible ?

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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Quel sentiment de sécurité quand nous marchions le long des routes, la nuit tombée ! Avec quelle hospitalité, avec quelle générosité le paysan polonais recevait les réfugiés ! Nous étions tous frères, unis par l’amour de la patrie et la haine de l’ennemi commun.
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Les riches vivaient, s’habillaient, mangeaient et buvaient sans craindre d’être envoyés au camp, car on pouvait toujours acheter sa liberté en payant une rançon. Les pauvres, eux, gonflaient et mouraient de faim ou du typhus, sous les yeux de tous.
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Chaque balle apporte le salut et la liberté. Pour le bien de la Grande Allemagne, pour le bien du Vaterland ! Mais combien sont-ils encore, ces maudits Juifs ? Ils se sont multipliés comme de la vermine qu’il faut impérativement exterminer pour sauver la vieille culture européenne. À chaque balle on s’empare courageusement de l’or juif qui permettra un jour d’offrir une vie luxueuse à ses propres enfants.
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Les femmes oublient vite qu’elles faisaient appel, naguère, à des blanchisseuses professionnelles, elles oublient leurs mains si bien soignées. Elles s’inscrivent toutes à l’atelier-blanchisserie. La joie est immense : nous avons des ateliers, nous avons des chiffons, nous allons travailler, nous resterons sur place. Varsovie est complètement oubliée.
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Ma vie est une vie très ordinaire, je ne me distingue ni par une intelligence supérieure ni par une chance exceptionnelle qui m’eût permis de me débrouiller mieux que les autres. Non ! J’ai commis les mêmes bêtises, les mêmes erreurs que les autres Juifs. Tous les malheurs et toutes les tragédies qui les ont frappés m’ont frappé de la même manière.
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