Lorsque Napoléon Bonaparte naquit, a Ajaccio, le 15 août 1769, la Corse était française depuis quelques mois à peine. Elle avait eu, au dix-huitième siècle, une existence tourmentée; Gènes seule était parvenue à fonder dans cette île un établissement durable. Mais, vers 1729, les Corses, d'un caractère indépendant et fier, entreprirent de recouvrer par les armes leur liberté perdue. Quelques aventures heureuses leur permirent de se rendre maîtres de l'île presque entière et de détruire la domination génoise. Toute l'Europe admirait les vertus de ces courageux patriotes; malheureusement, dans leur ardeur à défendre leurs récentes conquêtes, ils appelèrent l'étranger.
Il est certain cependant que le nom de Bonaparte a été porté au moyen âge par de nombreuses familles italiennes : la branche napoléonienne descend de la maison des Cadolinger, fidèle alliée de l'empire germanique du onzième au quatorzième siècle, rattachée alors à la cause populaire, aux communes, à l'affranchissement, « au bon parti » : et c'est de là que lui vint le surnom de « buonaparte ». Après sa conversion aux idées d'indépendance, elle perdit son crédit et sa grandeur : quelques-uns de ses membres prirent du service au compte de la Banque de Saint-Georges et passèrent en Corse pour les affaires de cette riche compagnie génoise.