AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 978B00AA9CQNA
Collection Dada (30/11/-1)
4/5   2 notes
Résumé :
- Collection Dada, S.l. (Paris) _s.d. (1921), 16,5x23cm, broché, broché. - Edition originale, un des 1000 ex numérotés, seul tirage avec 10 Chine et 50 pur fil. §Ouvrage illustré de dessins de Georges Ribemont-Dessaignes. §Dos et plats très légèrement et marginalement passés sans gravité comme généralement. §Rare et bel exemplaire.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Jésus-Christ rastaquouère.Voir plus
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
CHAPITRE I
Je ne parle pas de chat, je ne parle pas des oreilles, je ne parle pas de maïs, je ne parle pas du mouton, je ne parle pas des femmes, je ne parle pas des hommes. Je ne suis pas peintre, je ne suis pas littérateur, je ne suis pas musicien, je ne suis pas professionnel, je ne suis pas amateur.

Or, dans ce monde laissé pour compte, il n’y a plus que des spécialistes. Les spécialités séparent l’homme de tous les autres hommes.

Poètes lyriques, poètes dramatiques, vous adorez l’art pour échapper à la littérature, et vous n’êtes que littérateurs. Peintres traînards, les régions que vous explorez sont de vieilles anecdotes. Musiciens, vous êtes des ricochets sur l’eau…

Un homme de nos jours
Est une sorte de miroir.
Quand le rideau se lève,
La place de spectateur
Est parfaitement libre ;
Il n’a pas la foi
Et vous lui imposez des préjugés,
Comment espérer ?

Jalousie, amour, haine, ambition, le spectateur joue ces rôles ondoyants et solennels.

Dieu, qui domine l’action problématique, est aussi improbable que la providence ou la fatalité.

Félicité extraordinaire,
Nécessairement impossible,
Dans le feuillage clairsemé
Des papillons arc-en-ciel.

Les bons légumes, le fraiser, l’héliotrope, etc… Voilà les excès d’amour et le néant de Jésus-Christ-Rastaquouère.


PARTONS DANS LE
DÉSERT DU GOÛT


Le goût, quelque chose de bon, les bons vins, les discours, le succès, l’immense grotesque de l’enthousiasme pour sa nationalité, pour l’honneur — Je ne donne ma parole d’honneur que pour mentir — sont pour moi aussi de sensations de dégoût, accompagnées de nausées. Un cochon de lait m’est plus sympathique qu’un membre de l’Institut, et l’amertume me vient à l’estomac en contemplant dindons, paons et oies qui composent le dessus du panier-société. Fameux sentiment du devoir, bouilli par la bonne éducation ! Il y a des gens qui vivent dans sa perpétuelle indigestion et cela les fait puer de la gueule, car il ne peut être assimilé que par quelques cadavres domestiques, en bronze ou en marbre, de nos places publiques : Jésus-Christ — Stradivarius, Napoléon l’emmerdeur, Spinoza le somnifère, Nietzsche l’onaniste, Lautréamont le sodomiste. La politique achève de disséquer la légèreté — Montgolfière de vos soi disant intelligences, vos cervelles sont autant de grelots pour chameaux et crocodiles, le bruit de vos phrases est sur vous tel celui des cloches que les vaches portent au cou et qui tintent lorsque celles-ci descendent de la montagne de suggestions.

Sur femmes, sur-hommes, sous-femmes, sous-hommes, vos cheveux blanchiront et vos pensées resteront obscurité.

Les pensées du cœur, les pensées de l’âme, les pensées du cerveau, sont autant de réactions chimiques automatiques ; le courant qui les fait agir vient de vous-même, du soleil ou de la Grande Ourse ; la Grand Ourse récite, le soleil récite et nous récitons nos digestions et indigestions. Vos réflexions, chères lectrices, qu’elles soient anti-raison ou anti-vérité, sont autant de conventions sut un absolu qui n’est pas encore que convention.

Le ciel est couché sur notre dos et nous le portons pour devenir forts ! Erreur ! Carpentier n’est pas plus fort qu’un enfant de deux ans, l’espace et le temps ont la même durée, une femme grosse, maigre, vieille ou jeune, c’est la même chose. Vous cherchez dans un mouvement continu, des stationnements, des paliers imaginaires, quelle folie !


LE SOLEIL CACHE
L’HORIZON

Des grandes courses en Amérique, en Chine, en France, en Allemagne, on revient plus las encore du jeu des mouvements.

Il y a les lacs et les îles, ce qui est exactement la même chose.

Symphonie qui projette une couleur marron sur nos ventres :

« Si tu savais comme je t’aime, quel beau roman nous allons vivre ! » Et ils allument la lampe pour cacher leur nudité, leur nudité qui tremble sous la lumière de la lune. Ces individus là se comptent par centaines de millions et leur personnalité, dans une langue ou un costume différents, n’existe que pour faire la même chose.

Ne travaillez pas, n’aimez pas ne lisez pas, pensez à moi ; j’ai trouvé le rire nouveau qui donne le laisser-passer. Il n’y a rien à comprendre, vis pour ton plaisir, il rien, rien, rien que la valeur que la valeur que tu donneras toi-même à tout.

Un des mes amis, esprit mobile et exalté, me disait trouver des différences entre les œuvres littéraires, picturales ou musicales, je n’étais pas de son avis et nous eûmes une longue conversation sur ce sujet ; notre délire dure près d’une heure, jusqu’au moment ou nos cervelles transformées plus ou moins en bouillie, nous permirent de constater le néant de toutes théories physiques ou métaphysiques !

Au cours de la discussion un autre de mes amis était intervenu et sa lucidité s’était soudain obscurcie par le fait qu’il apercevait la lumière extérieure qu’il projetait sur lui-même : le mot lumière n’existe pas, mais la lumière existe, est-elle vibration ou humidité ? etc., etc…

« Il y a des hommes qui ont la tête en bas, comme les plantes, et qui regardent avec leurs pieds ! » telle fut la conclusion de notre conversation sur l’intelligence et nous eûmes l’impression d’échapper pour quelques minutes à la folie des hommes qui comprennent et expliquent……

DANS UN GRAND
SILENCE

Vous tremblez devant le Christ, vous êtes tous de très bons Jésuites.

TOUT EST POISON
EXCEPTÉ NOS HABITUDES

Il faut communier avec du chewing-gum, de cette façon Dieu vous fortifiera les mâchoires ; mâchez-le longtemps, sans arrière-pensée ; puisqu’il aime votre bouche, qu’il sache à quoi elle sert ! Vos langues tièdes ne sont pas à dédaigner, même pour un Dieu.

Songez aux ridicules illusions que vous cherchez à vous donner les uns aux autres ; les corsets que vous portez sont des pièges à souris. Vous êtes tous des morceaux de glace et vous voulez me faire croire que cette glace brûle et se consume comme le soleil. Votre cœur fond, tout petit corps froid et sale que vous nommez âme. La réalité jette vos rêves sur le fumier ? Il faut enjamber ce fumer et entrer de plain-pied dans ce que j’appelle l’infamie rastaquouère.

J’IMAGINE CECI :
Jésus-Christ jockey !

Oui, il devient la curiosité des foules, il prend la course, tout le monde parie pour lui, résultat pour les parieurs : rien.

TOUTES LES CROYANCES
SONT DES IDÉES CHAUVES

Le mal pour le mal, les lobes cérébraux de Jeanne d’Arc, ceux du maréchal de Rais, dur champ d’azur ou substance grise, Pucelle et puceaux, enfin les moines de la folie ; ne croyez-vous pas que l’on a envie de lâcher tout cela au coin d’une rue ? J’aime mieux la mystification de Jésus-Christ Rastaquouère.

Puis quoi,
Train train pour mourir,
C’est égal ;
Vagues de pensées
Sur un mot.

PHÉNOMÈNES
L’intelligence est officielle, institut, vous voulez des phénomènes : femmes à barbe de la peinture, ou petits cyclopes de la littérature. Tous les artistes sont bossus ; bosses boites à musique, réceptives des rythmes de la vie-castagnettes. Les phénomènes de Barnum sont les bolchevistes involontaires et internationaux du pittoresque monstrueux ; ils nous font songer à l’arrêt de l’évolution, à l’hypertrophie de la pensée, donnée avec plus d’agrément, par la morphine ou l’opium. Tous les individus phénomènes veulent être « opium » ou « morphine », d’autres, plus pratiques, vendent leur signature-charlatan, comme les poils du cul de Mahomet ou un morceau de la croix de Jésus, signés par la suggestion des snobs.

LA PHOTOGRAPHIE ET
LES RELIGIONS
GYMNASTIQUES

Ouf ! je vous embrasse chère lectrice, le long du cou, nous sommes au soleil, vous avez au doigt un saphir que vous ne demandez qu’à me donner, votre main droite me gratte le dos et mon docteur m’a dit que j’avais une santé magnifique…… toute la vie la voilà ; il y a bien Pasteur qui en vous guérissant de la rage, vous redonne la vie, mais reste à savoir laquelle des deux est préférable ? Pasteur était intelligent, je ne suis rien, les phénomènes ne me plaisent pas ; Madame je vous en prie, grattez-moi encore, grattez-moi toujours le dos.

QUESTIONS DES CONTACTS
INVISIBLES

Contacts infectants, contact désinfectants, la société existe en partie parles transmissions invisibles.

L’amour est un contact infectant par envoûtement, il veut tuer tout d’abord l’entourage de la personne aimée, puis, tout doucement, l’être chéri lui-même.

Messe noire
Luxure
Baiser le croupion
Démonisme
Etc., etc, etc…

Les phallus sont exotériques dans un lit et, le plus souvent, ésotériques dans la rue. Si nous ne dardons pas avec nos sœurs, notre mère, nos amis, avec de jolis animaux, c’est à couse de notre éducation qui trouve plus commode, et plus sain, une spécialité : l’amour avec une femme légitime pour l’occident, tandis que les orientaux nous donnent le spectacle d’une basse-cour dont le coq serait moins évolué.

AMOUR
D’INTELLECTUELS
Commenter  J’apprécie          00
Je dédie ce livre
à toutes les jeunes filles.
Francis PICABIA.



La pudeur se cache
derrière notre sexe.
F. P.








J’ai connu un roi atteint de
démence précoce dont la folie
consistait à se croire roi.
F. P.


INTRODUCTION


La littérature se renouvelle par les états du cerveau — états d’âme — plus que par la forme ou le sujet ; quelquefois par les grands sentiments qu’on a à sa portée.

L’étape Religion de l’humanité, touche à sa fin — l’étape Art également.

L’œuvre d’art n’a pas perdu sa raison d’exister, elle a perdu la valeur.

Il n’y a pas de Défense, pas de Jugement, pas de Raison.

Il n’y a pas de défense parce que tout est hypothèse, et quand je dis pas de jugement, je veux dire que la vision passée n’avait pas plus de raison, de jugement ou de défense, que n’en aura la vision à venir.

La vision nouvelle est un déménagement, un changement de domicile, on entre dans un autre logis.

Les explications qu’on a confortablement, sans se déranger, sont :

Robinet d’eau chaude,
Robinet d’eau froide,
Dans une salle de bains.

Il y a le bien-être des explications : comprendre est une sécurité, ne pas comprendre est un équilibre instable.

La quiétude vient du choix et le choix est une invention.

Vous avez l’habitude de ranger les idées, les sentiments, comme des objets dans un appartement.

Il n’y a pas de destruction, il n’y a pas de construction.

Inventions : jeux de l’esprit.

Jeux nouveaux, nouvelles règles.

L’esprit travaille et joue, jouer c’est vivre autant que travailler.

Quand se déshabituera-t-on de l’habitude de tout expliquer ?

Considérez la vie comme un dictionnaire.

Dire : ceci est bien, ceci est mal ! Le plus grand malheur des hommes est le droit qu’ils ont de choisir.

Supprimer le verbe être, faire le vide avec une machine pneumatique, pompe aspirante, qui renouvellerait les globules rouges du sang !

Le rastaquouère est possédé par l’envie de manger des diamants.

Il est propriétaire de quelques oripeaux disparates et de sentiments naïfs, il est simple et tendre ; il jongle avec tous les objets qui lui tombent sous la main ; il ne connaît pas la manière de s’en servir ; il ne veut que jongler — il n’a rien appris mais il invente.

Le rastaquouère n’est pas une sorte d’équilibriste.

In ne faut pas croire que l’absence de principes supprime le point d’appui de la vie.

L’explication est toujours fade est toujours fausse.

Il s’agit d’un point de vue, de la mise au point d’une lorgnette, mais l’essentiel est d’avoir une lorgnette.

Je m’étonne de ce besoin qu’ont les gens d’être initiés.

Je suppose charitablement que vous ayez l’envie de boire du feu, mais vous trouvez le jeu trop rude, brutal et plein d’embûches, vous cherchez à vous en évader : vous soufflez ! Or, vos paumons ne sont pas assez forts et c’est pour cela que vous renoncez au jeu, non par peur de ne point vaincre.

Le souci religieux n’est qu’une forme de coquille que vous avez été forcés de choisir.

Gabrielle BUFFET.
Commenter  J’apprécie          10
CHAPITRE V
LE SOMMET DE L’ILLIMITÉ
Extraordinaire, fantastique, étonnant, monstrueux, insensé, fou !… et personne n’en parle plus !

Il faut donc que tout finisse. A mon avis, tout est fini, s’il y a eu représentation, elle est terminée, mais vous cherchez le bonheur, enfin l’absence de douleur morale et physique, n’est-ce pas ? Eh bien, à quelques pas de là, vous avez la mare de l’infini, laquelle vous donne le démenti capillaire dans un sac de marrons ; achetez-le pour cinq sous et vous verrez le soleil se déplacer plus rapidement dans l’espace, vous vivrez des centaines d’années ; achetez pour dix sous de marrons et l’univers tourbillonnera à une vitesse vertigineuse, les mouvements de vos semblables seront tellement précipités que vous ne les verrez pas et le soleil vous apparaîtra comme un coureur à bicyclette faisant un tour de piste.

Mais je m’arrête pour que vous ne me traitez pas de dément, la démence individuelle est pourtant chose assez rare !…

Les penseurs veulent démontrer tout, moi, je vous dis qu’il n’y a rien.

Il faut s’en accommoder.

Vous vous sacrifiez toutes, chères amies, pour conserver une bonne réputation, c’est une comédie, votre idéal est faux. Acceptez donc n’importe quelle destinée, vous ne serez jamais que des imbéciles, transformées en intellectuelles !

Mais voilà,
Les portes se ferment ;
Vous n’aviez pas
La permission.

UNE INTOXICATION
EST TOUJOURS MORALE

L’intoxication des parents, seule, est immorale.

Allez-vous vous promener gardiens de l’éducation Beaux-Arts, des procédés capitalistes ; involontairement ou volontairement, vous voulez faire de la vie un cimetière pour nouveaux-nés, vous voulez des êtres asservis par vos mauvais exemples ; c’est uniquement désir de propriété.

Le père et la mère n’ont pas droit de mort sur les enfants, mais la Patrie, notre seconde mère, peut en immoler à son gré pour la plus grande gloire des hommes politiques.

LES HOMMES POLITIQUES
POUSSENT
SUR LE FUMIER HUMAIN

Non, j’aime mieux penser à Ribemont-Dessaignes qui écrivit ces lignes :

“Selon St-Jean Clysopompe ”
« Enfin qu’y a-t-il ? Il est impossible de mettre le nez dehors, sans respirer une pâte à crêpes qui se solidifie sur le visage et vous étouffe. Ce sont des hommes ces êtres mous comme des cràbes au changement de peau ? »
ou à Tristan Tzara poète TOTO-VACA
« i
Ka tangi té Kivi
Ki vi
Ka Tangi té moho
hi hi e
ha ha e


pi pi e
ta ta e
ta kou ta ka jou
ou bien encore « Les pendus liquides » — Les serpents ne portent plus de gants, mon cher Tzara !

Vous venez de partir pour la Roumanie, vous allez passer par la Suisse, l’Italie, Pontoise — tout est Pontoise, tout est Paris, tout est moi, tout est vous, tout est rien, même sans souffrir.

La voix du curé
S’étale comme une pelouse
De mauvaises herbes,
Bordée d’acides ;
Longtemps, longtemps.
Je connais les lendemains.
Commenter  J’apprécie          10
CHAPITRE III
L’ŒIL FROID
Après notre mort, on devrait nous mettre dans une boule, cette boule serait en bois de plusieurs couleurs. On la roulerait pour nous conduire au cimetière et les croque-morts chargés de ce soin, porteraient des gants transparents, afin de rappeler aux amants le souvenir de caresses.

Pour ceux qui désireraient enrichir leur ameublement du plaisir objectif de l’être cher, il existerait des boules en cristal, au travers desquelles on apercevrait la nudité définitive de son grand-père ou de son frère jumeau !

Sillage de l’intelligence, lampe steeplechase ; les humains ressemblent aux corbeaux à l’œil fixe, qui prennent leur essor au-dessus des cadavres — et tous les peaux-rouges sont chefs de gare !

EAU DE COLOGNE
VERTÉBRALE

Regardez, regardez la substance grise qui bout sur les athlètes ; laissez-moi me donner une friction d’eau de Cologne dans tous les sens, une friction d’eau de Cologne à la belle étoile.

Ce n’est pas la luxe féminin qui attire le mâle, mais l’imbécillité masculine éloigne la femme. Le sexe viril se figure toujours représenter un héros, ou un être séduisant pas la situation qu’il croit occuper. Les femmes préfèrent leurs semblables, comme elles ont raison !

La perspective est tellement belle, n’est-ce pas, chère Amie ? Un gros ventre, un petit animal qui gueule, l’égoïsme d’un cancer qui vous épuise ! Puis, lorsque malgré tout, vous vous êtes attachée à ce cancer, la bonne partie vous le prend, afin que vous ayez la jouissance de penser qu’après votre mort, votre très cher pays pourra tyranniser un peu plus ses voisins !…..

Au nom du grand avenir viril, fécond et novateur du monde, je condamne le crétinisme qui pousse les hommes à un sursaturage de leurs pareils, uniquement en vue de conserver leur capitalisme masculin. Mais je suis bien tranquille, le monde est trop stupide pour finir si tôt.

Représentez-vous maintenant l’univers complètement différent et au-dessus des nuages blancs, les balles du rosaire Eucharistie ?

Oblates, comment allez-vous ? Pour panser votre cœur, voici :

LA SAINTE-VIERGE
DANSE LE TANGO
AVEC LE GRAND JULOT

Cette chanson me plaît beaucoup, la Sainte Vierge est en effet, la véritable patronne des prostituées… La Sainte Vierge est en verre, la lumière qui la traverse ne laisse pas de trace ; Joseph est un petit soleil de midi.

Pendant que vous lirez ces lignes, sucez je vous prie, le jus d’une cerise.

NOUS VIVONS
DANS UN MOULE

La trouble de l’usage,
Le remords qui déchire l’amour-propre,
Quel prétention !
« C’est de moi »,
« Ce n’est pas de moi ».
Mais il faut se détourner !…

« Vous partez déjà ? Oui » — « Vous êtes bien aimable » — « Adieu » « Comment avez-vous pu arriver jusqu’ici ? » — « J’ai reçu votre lettre de Zadig » — « Vous ressemblez à votre photographie, cher Monsieur, » « Adieu »…
Commenter  J’apprécie          10
Il est exactement le même que chez les autres individus, ce qui le transforme, en apparence, c’est que les deux amoureux font le voyeur et arrivent aux pires suggestions.

La sur-femme représente l’Institut.

La sous-femme le dadaïsme.

Quant aux hommes, ils veulent tous devenir ministres. Beaucoup d’hommes portent à leur boutonnière le souvenir des aventures amoureuses de leur femme.

Les cloches des églises, le bruit des vagues, le calme plat de la mer, les clairs de lune, les couchers de soleil, l’orage, sont autant de schampoing pour le pénis aveugle ; notre phallus devrait avoir des yeux, grâce à eux nous pourrions croire un instant que nous avons vu l’amour de près.

L’amour platonique n’existe pas.

L’amour est un volet fermé, peint en gris noir !

L’amour est une occasion qui s’absente !

L’amour est un logis humide !

L’amour est un puits sur une cathédrale !

L’amour est un formidable incendie ! etc., etc.

L’amour est la désignation abrégée de l’image des fabricants d’enfants.

L’amour vous écrase……

L’amour peut être admiration ou pitié !

L’amour est souvent une commodité économique.

L’amour sous l’action de la cocaïne, s’hypertrophie, l’amour est donc purement réaction chimique et se manifeste au contact des courants invisibles, comme les réflexes d’une grenouille morte.

FRISSONS
DE LA TÊTE VIDE

Si vous regardez au dedans de vous, vous ne pouvez apercevoir qu’une bibliothèque qui vous étouffe, si vous insistez, vous produirez l’arrêt de vos facultés, insistez encore, ce sera la panique et le délire. La vie n’est pas votre représentation, mais une représentation ; c’est en dehors de soi que l’on trouve les moyens de se renouveler, de s’alimenter ; ma foi c’est la même chose que de manger un beafteck.

Du cœur de Jésus
Le sanctuaire esquif
M’apparaît
Sur une croix
D’oseille
Chantant le rag-time
Banal
Des monnaies du Pape.

LES CORDES
DE LA PUDEUR

Symbolistes minéraux, le cabochon rubis peut calmer la prudence, gardez donc vos chapeaux. Impressionnistes, il faut tirer sa montre. Cubistes des gouttières de N. D., fumez moins de pipes et plus de cigarettes.

Dadaïstes, animaux impurs, les hommes vous baptiseront, soyez sans inquiétude.

Les Futuristes sont italiens — à ce qu’il parait, un voyage de noces à Venise, c’est merveilleux !

Les maisons de Venise ne se tiennent pas droites
Beaucoup sont des torchons
Qui nous salissent les jambes
Il faut changer de chambre
Comme on change de ligne.
Les fenêtres des maisons
Sont autant d’anus,
Mais la poésie est partout
N’est-ce pas ?
Pour conserver le chagrin
De vos aboiements,
Plan horizontal suspendu,
Je ne vois rien.

Les vieilles maisons ne peuvent plus rien vous apprendre, elles ressemblent aux vieillards qui radotent sur la jeunesse.

COMIQUES
ET HUMORISTES

Le psychologue se nourrit exclusivement dans la conscience ; moi, je ne veux qu’une inconscience impossible à acclimater.

Les humoristes sont les fleurs artificielles du comique, ils cèdent aux spectateurs.

Les clowns sont des humoristes.

Les humoristes sont les pires idiots, ils ne peuvent amuser que celles d’entre-vous, chères lectrices, qui acceptent de porter des ceintures de chasteté.

LE COMIQUE
Les courses de “ toros ” me donnent envie de rire.

La guerre me donne envie de rire.

Les drames d’Hauptmann et d’Ibsen me donnent envie de rire.

Une exécution capitale me donne envie de rire.

Une réception à l’Académie me donne envie de rire.

Un roi me donne envie de rire.

Jésus-Christ-Rastaquouère me donne envie de rire !

Le coq comme Othello,
Ressemble à Macbeth,
Autour des Oliviers.

CONNU ET INCONNU
L’inconnu n’existe pas. La Providence est connue, elle n’est pas une énigme. Il n’y a qu’hérédité.

Le village dort,
Les pensées
Comme des bêtes,
Se cachent.

PALEURS
Les êtres désintéressés vivant aux dépens des autres, célébrant la bêtise du travail et la volupté des révolutions et cela sans rire, avec des roucoulements !

QUEL AGE AS-TU ?
Sous un linge, dans une chambre, aujourd’hui, tout-à-l’heure, je fais l’amour les mains ouvertes.

Les grosses pâquerettes,
Comme autant de soleils,
Descendant dans mon cerveau
Hérissé de ronces.

Le bonheur flaire les débris de notre ombre. La vie devrait être comme un bain pour étirer ses membres ; mais les tapis d’herbe verte, rougissent sous le feu des caresses, comme les jeunes filles qui montrent leurs polis. Les crapauds sautent dans votre bouche et de petites fumées jaunes, vous entrent dans les oreilles. Trempez vos mains dans l’argent et l’or parfumé des plantes balsamiques et, au bras l’une de l’autre, le cœur entre les jambes, venez me chercher à l’horizon.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Francis Picabia (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Francis Picabia
Francis PICABIA – Au prisme de son écriture (France Culture, 1978 L’émission « Relecture », par Hubert Juin, diffusée le 24 février 1978 sur France Culture. Invités : Olivier Revault D'allonnes, Jean Jacques Brochier, Gabrielle Buffet Picabia, Marc Le Bot et Bernard Delvaille.
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

Passer son galop 1

Quel est la 1er brosse utilisé pour le pansage ?

Le curt pied
Le bouchon
L'étrille
Le peigne

11 questions
215 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}