Elle terminait aujourd’hui sa formation à l’académie du FBI, allait recevoir son diplôme un peu avant midi et se trouvait parmi les cinq premiers de sa classe. À la différence de la plupart des stagiaires qu’elle avait appris à connaître durant les vingt dernières semaines, aucun membre de sa amille ne viendrait assister à la remise de son diplôme et célébrer avec elle sa réussite. Elle serait toute seule, comme elle l’avait été durant la majeure partie de sa vie, depuis l’âge de seize ans. Elle faisait des efforts pour se persuader que ça n’avait pas vraiment d’importance mais en fait, ça l’affectait. Ça ne la rendait pas triste mais provoquait plutôt en elle une sorte de sentiment d’angoisse auquel elle s’était habituée au fil du temps.
Jusqu’à maintenant, toutes ses victimes l’avaient supplié de leur laisser la vie sauve. Elles lui avaient offert de l’argent, du sexe et bien plus encore. Mais pas celle-ci. Elle lui avait hurlé que lorsqu’elle se libèrerait, elle lui trancherait la gorge. Elle lui couperait la queue. Elle lui briserait les jambes et le torturerait.
Bien sûr, ces hurlements de défi n’avaient duré qu’environ une heure. Après ça, c’était devenu de bons vieux hurlements – des cris qu’elle espérait sûrement voir traverser les bois et tomber dans l’oreille de quelqu’un qui pourrait l’aider. Ses hurlements étaient maintenant rauques et désespérés. Bientôt, elle ne serait plus capable de parler, et encore moins de crier.
« Tout a commencé par une femme qui m’a appelé pour que je surveille son mari. Elle le soupçonnait de la tromper et de dilapider lentement l’épargne-étude de leur fils. Je me suis alors mis à le suivre et j’ai découvert qu’il ne trompait pas sa femme mais qu’il avait des réunions tardives avec un groupe de personnes que je soupçonne faire partie d’un cartel de drogue travaillant depuis le Nouveau-Mexique. Ça n’avait pas de sens car le type était plus propre que neige. Pas de casier judiciaire, aucun antécédent, entraîneur adjoint de l’équipe de football de son fils, la totale quoi.
Cette femme était un peu différente de ceux qu’il avait enlevés auparavant. Celle-ci avait du répondant et ne se laissait pas faire. Elle s’était débattue avant même qu’il ne parvienne à la ramener à la cabane. Il avait dû la frapper à nouveau en utilisant le manche d’une hache dont il avait perdu la lame depuis longtemps. Et lorsqu’il l’avait jetée dans le trou creusé dans le sol – rien de plus qu’une tombe peu profonde, en fait – et qu’il l’avait recouverte d’épais panneaux de contreplaqué – ses hurlements avaient été pleins de défis plutôt que des supplications.
L’homme se précipita vers elle avec une étonnante rapidité. Il frappa la torche du pied au moment où Miranda se rua en direction de la tente. Elle sentit ses mains agripper fermement sa jambe et la tirer hors de la tente. Elle ouvrit la bouche pour hurler mais
Le monde réel s’obscurcit progressivement et devint plus sombre que la nuit qui l’entourait. Avant qu’elle ne soit totalement inconsciente, elle vit la petite lueur vacillante de sa lanterne s’affaiblir de plus en plus au fur et à mesure que l’homme l’emportait plus profondément dans les bois.