Ils savaient, bien sûr, que l’anthropophagie n’était pas un fait nouveau. Depuis le début de l’apparition de l’homme sur terre, elle avait existé. De l’homo sapiens en passant par l’homo habilis jusqu’au Néandertalien et au Cro-Magnon, on avait retrouvé les reliefs de ces repas un peu partout sur la planète, en Yougoslavie, en Espagne, en Afrique. Quels que soient les motifs qui les poussent, les hommes, un peu partout, l’avaient pratiqué ouvertement, qu’elle soit « sacrée » ou de survie.
Les êtres humains n’avaient pas honte d’eux-mêmes, le nu intégral était célébré. La société ne connaissait pas encore ces formes d’oppression que vous nommez, si j’ai bien interprété l’influx de vos pensées, morale, religion, tradition, convention. Les êtres s’unissaient selon leurs affinités et ne procréaient que s’ils le désiraient. L’on n’enchaînait point encore deux êtres l’un à l’autre pour une existence au mépris de leur évolution respective et contre nature…
On peut très bien imaginer qu’après un temps plus ou moins long, une civilisation « biologique » disparaisse, c’est-à-dire que des êtres, appelons-les hommes pour la facilité et qui sont par essence mortels, ont créé des machines, des robots, des ordinateurs qui sont eux pratiquement indestructibles. Adam en est l’exemple le plus précis… Imagine toujours que nous disparaissions… Il est évident qu’il serait capable de nous survivre pendant un temps fort important…
Il faut partir du principe que « toute vérité n’est pas bonne à dire ». Chaque être comprend en fonction de sa réceptivité et de son évolution, et on ne détruit pas des coutumes, des traditions, des croyances du jour au lendemain. Il faudra sans doute plusieurs générations pour que les vôtres comprennent que ce qui a été fait devait l’être !
Le temps semblait s’être arrêté. Au fur et à mesure de leur avance, ils se rendaient compte que sur ce monde il n’existait ni jour ni nuit, seulement des clartés plus ou moins profondes ou lumineuses. Aucun des critères auxquels ils étaient accoutumés n’avait ici de valeur. Leurs ombres elles-mêmes semblaient inexistantes, comme absorbées.