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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ces cinq nouvelles de Sylvia Plath mettent en scène des situations où l'un des personnages (une femme ou un enfant) ne sent pas à sa place, où il ne sent pas "confortable" avec les autres mais n'a pas la possibilité d'exprimer cette gêne ou bien s'il y parvient, il reste incompris. L'auteure se montre très adroite pour dépeindre ces atmosphères souvent empoisonnées et pour ménager le suspens. Une belle découverte.
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Sylvia Plath était poétesse, mais elle a également écrit un roman et quelques nouvelles. Cette édition est titrée "Dimanche chez les Minton", une nouvelle qui ne commence pas le livre, mais qui le termine.

Le cinquante-neuvième ours

Sadie et Norton passent leurs vacances dans le parc de la Grande Boucle. Pour animer leur parcours, ils ont décidé de compter les ours qu'ils croiseront durant leur séjour. Sadie donne son chiffre fétiche, le cinquante-neuf. Pour elle, tout est cinquante neuf. Norton lance au hasard, soixante et onze.
Norton a une migraine et se lasse de ce séjour, mais pour faire plaisir à sa femme, il est prêt à faire toutes les compromissions. Sadie est fragile, il ne faut pas la perturber.
Ils dressent le campement, se prépare pour leur dernière nuit, ils ont déjà compté cinquante-huit ours…

La boîte à souhaits

Agnès Higgins en veut à son mari de rêver toutes les nuits, elle en est même très jalouse. Tous les matins, il prend son petit-déjeuner avec le sourire et lui raconte des rêves passionnants. Il est concertiste, poète, il fait des voyages, rencontre des animaux sauvages…
Comment fait-il ? Agnès n'a pas la faculté de rêver et elle voudrait apprendre. D'après son mari, il suffirait qu'elle s'abandonne, qu'elle s'imagine une histoire avec des images… mais est-ce si simple ?
A force d'essayer, Agnès angoisse. le pays des rêves semble être inaccessible. Y aurait-il un autre chemin ?

Le jour où Mr Prescott est mort

Le vieux Mr Prescott est décédé. Par sympathie pour la famille et la jeune veuve, une mère emmène sa fille à la veillée et lui explique comment elle doit se comporter. Il faut compatir, montrer son chagrin, même si on ne ressent que de l'indifférence.
Il y a des manières à respecter, ce sont les règles !

Superman et la nouvelle tenue de Paula Brown

C'est le début de la guerre en Europe. Une petite fille aimerait bien que Superman son héros arrête tout cela. le monde est cruel, même ses copains de classe, Paula, Jimmy et Sheldon sont décevants !
Ainsi va le monde hors des livres et des films.
"Je restai allongée, seule, dans mon lit, avec le sentiment que l'ombre noire rampait sous le monde comme une marée. Rien ne tenait, rien n'y échappait. Les avions argentés et les capes bleues se dissipèrent et s'évanouirent, effacés comme les dessins maladroits d'un enfant à la craie de couleur sur le gigantesque tableau noir des ténèbres. C'est cette année-là que la guerre commença, et le vrai monde, et la différence."

Dimanche chez les Minton

Un couple de retraités marche sur la promenade qui borde l'océan. Ils ne sont pas mari et femme, mais frère et soeur, Henry et Elizabeth Minton.
Elizabeth est revenu dans la belle maison familiale. Elle sert Henry et dans chacun de ses gestes dévoués, elle revoit sa mère. Sa nature douce, bonne, rêveuse, est à l'opposé de celle de son frère qui est très individualiste et autoritaire.
Elizabeth aime voir les choses avec poésie et ses pensées sont fantasques. La répétition toute mécanique du quotidien s'égaie ainsi et se libère de ses lourdeurs.
En ce jour de balade, l'océan est agité. Elle dit à Henry que la tempête est proche. Il ironise, il est toujours prompt à la moquerie avec elle ! Ils s'accoudent à une rambarde au dessus d'un flux bouillonnant… un scénario s'immisce dans l'esprit d'Elizabeth…

Comme pour Virginia Woolf et Edgar Allan Poe, mes lectures récentes, je retrouve dans les histoires de Sylvia Plath ses névroses et la mort.
Elle raconte avec subtilité l'envers d'un décors de convenances où la société joue des rôles d'hypocrites, d'imposteurs, de fourbes… La femme est prisonnière d'une cellule domestique qui rend sa vie médiocre. Les évasions ne se font pas toujours par l'esprit ou par d'autres expédients salutaires, elles ont aussi un goût autodestructeur.
Dans l'ordre de ces nouvelles, on lit la démence, la quête du rêve, l'apprentissage de la bienséance, le désenchantement et l'abandon dans l'imagination. de toutes, c'est la dernière qui me plaît le plus. S'accorder dans le réel, une bulle d'imaginaire. Fantasque et sensible, elle ne blesse personne. Secrètes, les pensées se parent de toutes les fantaisies, voient la délicatesse des choses, des légèretés et des mondes mystérieux.
Malgré les caractères dépressifs et morbides des histoires, on lit les chimères et la poésie de Sylvia Plath avec beaucoup de plaisir.
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À lire ici et là des fragments de ses textes, sombres sur le fond et limpides sur la forme ; à voir rappeler par la même occasion sa personnalité fragile et créative et son destin tragique ; à croiser fréquemment son nom, cité par des lectrices, des lecteurs et même par Patti Smith, qui raconte dans M Train la visite qu'elle fit à sa tombe, j'avais identifié depuis longtemps Sylvia Plath comme une personnalité littéraire à découvrir impérativement. Ce recueil de nouvelles concrétise ce désir.
J'y ai trouvé certains des éléments que j'attendais : des intrigues ancrées dans le quotidien, une sensibilité et une finesse remarquable dans l'analyse psychologique des personnages, souvent banals et d'autant plus réalistes, et une grande place laissée à la mort, qui joue parfois le rôle du déclencheur de l'histoire ou, dans d'autres textes, donne la conclusion, de manière bien souvent inattendue.
Ce que je n'avais pas pensé trouver dans ces nouvelles, en revanche, fut l'utilisation de touches oniriques voire surréalistes ou décalées, contrastant avec les tableaux du quotidien servant de cadre à ce qui prend alors des allures de fables ; allures trompeuses, cependant.
Une autre surprise survenue lors de cette lecture concerne les décors, en même temps que le style de l'autrice ; et ce fut la source d'une petite déception. En effet, dans la description des paysages, les analogies employées par Sylvia Plath m'ont semblé bien souvent assez kitsch, à l'opposé du style poétique auquel je m'étais attendu.
Cela étant, ce léger désagrément a été largement effacé par la précision et la justesse des portraits psychologiques, prouesse d'autant plus remarquable du fait de la concision et de l'économie de mots qu'impose le genre de la nouvelle.
Ce talent, associé à celui de savoir surprendre par ses chutes, m'a finalement laissé de cette lecture une impression très positive... et l'envie de lire d'autres Sylvia Plath.
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Je découvre Sylvia Plath, plus connue pour ses poèmes. Et il y a beaucoup de poésie dans ces cinq nouvelles. Les relations hommes femmes en font le thème principal. Avec pour toutes en toile de fond la fatalité, la mort et un peu de fantastique. J'y ai trouvé également de l'humour, un peu de cynisme et de la cruauté...et quel style ! Ma préférée est « La boîte à souhaits » avec la jalousie de cette femme pour la capacité à rêver de son mari.
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T'as capté que je pourrais jamais être objectif avec Sylvia Plath ?

Toujours est-il que j'me suis bidonné dans ce recueil de nouvelles. J'aime son cynisme, le sadisme avec lequel elle décrit les relations entre individus, où chaque geste, parole, intention est analysé.e au microscope afin d'en sortir le pire des rouages annonçant les futures tempêtes.

Dans le cinquante-neuvième ours, c'est le besoin d'aventure aussi basique soit-elle, histoire de contrer le désespoir des habitudes qui s'installent dans les couples.

Dans Dimanche chez les Minton, la domination masculine humiliée entre un frère et une soeur, petite victoire croustillante et jouissive.

Dans le jour où Mr Prescott est mort, la désinvolture adolescente face à l'hypocrisie lors d'un enterrement. Sylvia Plath pour moi c'est l'art d'écrire le faux-semblant. 

Sa plume s'arrête sur la lourdeur des situations supposées bénignes mais qui finalement sont responsables des fossés qui se creusent en chacun de nous face à toute cette sociabilité exagérée. Elle met en lumière ce qui nous horripile le plus chez l'autre dans sa banalité la plus évidente.

Le tout raconté avec une sorte de snobisme blasé, un détachement provocateur mais toujours sans aucune violence physique.

Bref, je compte bien avoir tout lu de cette autrice afin de la comprendre (autant que je le pourrais) dans l'ensemble de son oeuvre.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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