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4,3

sur 2049 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a le corps malmené, douloureux.
Il y a l'attente, la crainte, l'obligation d'y retourner parce que pas le choix.
Il y a le bruit, la dureté, les mesquineries. Les petites lâchetés.
Il y a les crevettes, les bulots, les carcasses.
Il y a les larmes d'épuisement, la fatigue, le dégoût, les odeurs.
Il y a un homme, qui aime une femme.
Il y a Pok Pok, les sourires partagés et les coups de main.
Il y a un chèque de 50 euros pour s'offrir un samedi.
Il y a Brel, Barbara et Trenet. Apollinaire, Perec, et puis Marx.
Il y a un putain de livre, une entrée en littérature.
Il y a un bel écrivain "Rêvant d'Ithaque Nonobstant la merde"
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« A la ligne » nous dévoile le quotidien d'un intérimaire – l'auteur Joseph Ponthus – dans son travail à l'usine, en Bretagne. Une fois dans une conserverie de poisson, une autre fois dans l'agroalimentaire dans les fameux abattoirs de porcs ou de boeufs, il travaille depuis des mois à sa ligne de production faute de trouver un emploi dans son secteur, éducateur spécialisé. Boulot alimentaire me direz-vous, où on fait ses heures et on s'en va. Si ce n'était que cela…

Horaires de nuit le plus souvent, le travail à l'usine est un combat de chaque instant. Pénible, éreintant, usant. Organisme perturbé, complètement dérouté. Manger ? Dormir ? Café ou verre de rouge ? Tout est inversé. le corps est malmené, abîmé, fatigué... de tirer, de couper, de pousser, d'en chier quoi. Et à la douleur physique s'ajoute l'épuisement moral lorsque, à bout de fatigue, le simple fait de repenser à sa journée de travail vous fait éclater en larmes. C'est dur, l'usine, comme tous ces boulots à la con. A la con non pas pour les déprécier mais à la con car on fait trimer des gens dans des conditions incroyables pour pas grand-chose en salaire, à des horaires délirants et pour un regard méprisant de ceux qui n'y bossent pas. Et la galère des intérimaires, nouveaux esclaves modernes pour certains. « Mais tout ça en fait on ne peut pas le raconter » lui dit un jour une de ses tantes.

Et pourtant, Joseph Ponthus y réussit avec brio. Car ce qui le sauve lui, c'est la littérature. Celle qu'il a découverte au cours de ses études, celle qu'il aime et dont il invoque ses auteurs fétiches – Apollinaire, Dumas, Cendrars, Aragon - au bout de sa ligne pour faire passer les heures plus vite, celle qu'il pratique enfin en nous offrant ce magnifique texte en vers libres sans aucune ponctuation. Et là, entre deux lignes dédiées aux misères de l'usine se dévoile sa vie, celle du dehors : l'amour – immense - pour sa femme, l'affection de son chien Pok Pok, la sincère camaraderie qui le lie à ses compagnons de labeur, la Bretagne si belle.

Respect Monsieur Ponthus pour ce texte à la fois populaire et littéraire, solidaire et poétique. Un texte, qui au final et de manière surprenante vu tout ce qu'on y lit, rend hommage aux personnes – patrons y compris – qui font vivre l'Usine.

(Et pour terminer par une touche personnelle, merci pour ce texte qui rend un peu hommage à ce qu'a été le travail de mon mari pendant 16 ans. Non pas à l'usine mais un travail de nuit à se lever pendant 16 ans à des heures affolantes où le corps et la tête, à la fin, n'en pouvaient plus. « Mais tout ça, il faut le vivre pour le comprendre» m'a-t' il souvent dit aussi...)
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pour moi qui a été intérimaire , ce livre a reflété ce que ce statue ai . pour moi qui connais l'usine , ce livre reflète encore plus la réalité . ce livre est génial . facile a lire , très facile a imaginer le quotidien du personnage et de plus depuis ma lecture de ce livre , quand j'arrive le matin a l'usine que moi j'appelle " la boutique " j'aperçois dans mes pensés le personnage qui est cette cet ouvrier que beaucoup d'entre nous sont ou connaisse de prés . surtout n'oublier pas mes amis bonne lecture .
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En hommage à Joseph Ponthus mort le 24 février dernier à cause d'un putain de cancer (42 ans, j'ai pas de mots pour traduire l'injustice d'un tel truc) j'ai ressorti ce livre de dingue qu'on m'avait offert. Il est passé par toutes les mains dans la famille. Parce que, comme tous les bons livres, il faut le faire beaucoup tourner.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas Joseph Ponthus, c'est ce type brillant, un peu poète, qui a écrit un livre devenu culte sur le travail et ses conditions abrutissantes. le travail que beaucoup ne connaîtront pas (par chance ou par choix) mais qu'une majorité subira jusqu'au bout. le boulot pour lequel on se lève à 5h, qui vous brise les os et broie les âmes au fil du temps.

Joseph Ponthus a écrit sur son expérience dans une conserverie bretonne, un témoignage choquant, qui taille dans le vif, sans ponctuation, parfois acide, parfois poétique, blindé de références aux auteurs qui l'ont façonné, toujours douloureusement humain. À ses côtés, on s'escrime dans l'univers industriel, on côtoie les collègues, on apprend l'usine, le métier dit "alimentaire", celui qui illustre sans conteste toutes les dérives du monde du travail et du secteur agro-alimentaire en particulier.

À la ligne, c'est la fatigue, l'intérim, les gestes qui tuent, les changements d'horaires qui dévorent votre liberté, les contraintes de vie, les nuits sur la ligne de montage, le co-voiturage pour ne pas perdre son boulot, la colère, les petites maladies qui vous pourissent l'existence. Mais c'est aussi la littérature, la magie des vers, les paysages bretons et les grands auteurs vers lesquels on se tourne quand il ne reste plus que ça pour ne pas perdre la tête.

À la ligne, c'est un grand bouquin par un grand homme. Une vraie réflexion sur le monde du travail et les existences abîmées que l'on s'impose. Son intérêt va au-delà du simple témoignage.
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J'avais quelques réticences avant de commencer ce roman. Pas de ponctuation, des phrases qui n'en sont pas toutes et des lignes qui se limitent parfois à un mot. Trop de style tue parfois le style….Et bien non ! Pas cette fois, ce roman est une vraie réussite et pour un premier essai, un coup de maitre.

L'auteur qui a emménagé en Bretagne suite à son mariage ne trouve pas de travail dans son secteur d'activité (social). Alors il va s'inscrire en intérim et partir à l'usine. Plus précisément l'agroalimentaire entre conserveries et abattoir. Voilà ce qu'il nous raconte : sa vie à l'usine comme un long slam sur la chaîne de production, la fatigue, l'attente de la pause et de la quille, les longues heures dans le froid, la fraternité ou l'énervement entre collègues, le réveil au petit matin, etc…

C'est tout à la fois un témoignage passionnant sur les conditions de vie à l'usine et un beau texte, une parfaite adéquation entre le fond et la forme.
J'ai beaucoup aimé et il est clair que je ne regarderai plus jamais de la même manière les bulots et les crevettes dans les rayons !
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Je remercie Joseph Ponthus pour avoir écrit ce témoignage.
Il est d'une grande justesse.Il essaie de mettre de la poésie dans une situation qui est à des année lumières de cela.
Quand j'ai terminé la lecture de livre une question met venu "Dans chaque choses que j'ai(alimentaire ou non) dans quelle condition cela été fait, quelles femmes, quelles hommes, comment étaient leurs conditions de travail?
Ce livre interroge sur les conditions inchangé des personnes qui travaillent à l'usine, des intérimaires.
A l'heure ou le chômage de masse va faire les titres des unes, quelles sont les conditions que le peux encore accepter et surtout à quel prix?
Dans ce livre, il y a une question que se pose l'auteur quel prix pour un week end?
Il y a aussi des jolies portraits de personnes que l'ouvrier va croiser.
Il nous montres que l'usine n'est pas réservé aux personnes qui n'ont pas travaillé à l'école.Quel sentiments les familles qui ont fait des sacrifices pour payer des études à leurs enfants on quand elles voient aller travailler à l 'usine.
Il y a une jolie comparaison entre les usines de Lorraine et Bretonne.
L'aspect psychologique est largement évoqué et le manque d'humanité dans certaines situations.
Un magnifique hommage au personnes du mondes entier qui travaillent dans ces conditions et qui font carrière.
Le finale est magistrale.

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J'ai lu ce livre d'une traite et j'en suis sortie sous le choc.
C'est un témoignage bouleversant sur la vie à l'usine, de la part d'un ouvrier un peu atypique cependant puisqu'ayant fait des études littéraires.
Mon père, mes oncles, mon grand-père n'avaient évidemment pas les mêmes mots que lui pour décrire leur usine, et puis c'était il y a des années puisque les usines ont fermé en Lorraine, mais le texte de Joseph Ponthus ne m'en a pas moins touché au coeur.
J'ai également adoré son écriture en vers libres, sans ponctuation, mais tellement évocatrice. Certains vers m'ont fait pensé à des haïkus, je me suis laissée emporter par d'autres, les références littéraires ou musicales m'ont beaucoup parlé.
Ces feuillets d'usine sont autant de petites pépites indispensables à lire, et je remercie l'auteur d'avoir partagé ces moments avec nous, surtout quand on sait dans quelles conditions ils ont été écrits, c'est pourquoi j'ai envie de terminer ma critique par une citation:
"J'ai écrit et volé deux heures à mon quotidien et à mon ménage
Des heures à l'usine
Des textes et des heures
Comme autant de baisers volés
Comme autant de bonheur"
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J'ai rencontré Joseph Ponthus à la présentation des cinq auteurs sélectionnés pour le prix du premier roman 2019 des bibliothèques de la ville de Paris.
Lorsqu'il a parlé de son livre, de la raison pour laquelle il écrivait j'ai retrouvé, tout à fait, la voix entendu à la lecture du bouquin. C'est avec la même simplicité, la même émotion mais aussi la même détermination que J. Ponthus présente son oeuvre. On ne tourne pas autour du pot, on y va franco de port et de bon coeur, un chat c'est un chat.
Il y a une infinie tendresse lorsqu'il aborde sa relation avec son épouse et combien elle était un refuge dans la pénibilité de son travail, de même pour ces petits mongolitos qui lui ont permis de belles vacances ou ce chien Pok Pok qu'il sort après son travail, éreinté, vidé qu'il est et qui, dans le livre, nous apporte quelques lignes d'une rare beauté, d'une poésie touchante.
La forme d'écriture, sans ponctuation, apporte une connotation poétique au livre sans pour autant que l'on puisse arguer qu'il s'agisse d'un long poème. Ces feuillets d'usine, comme le précise le sous-titre, sont d'une réalité méconnue, notamment par moi, du travail et de sa pénibilité ainsi que de la précarité de l'emploi, tout autant, ici, en intérim. Trouver un intérêt par le biais de la littérature, des chansons, de la poésie comme d'une bouée de secours dans un monde déshumanisé, où la cadence importe plus que l'ouvrier, nous oblige à nous poser la question de comment ce travail est accepté par ceux qui n'ont pas ces moyens de décompression ou d'accepter un travail tel que ceux décrits.
L'auteur, après parution du livre, a vu sa mission stoppée net par la direction de l'usine. Ce qu'il considère comme une chance puisque cela lui aura permis d'accomplir son nouveau métier d'écrivain en se consacrant à ses lecteurs à travers la France des libraires.
Un livre formidable et déstabilisant.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Quelle intelligence subtile dans ce livre de poésie original!.Jamais lu une telle description du travail à l'usine.L'humour est omniprésent dans le langage,ce qui nous permet de nous identifier au narrateur sans sombrer dans les bas fonds.On perçoit la puissance de la révolte derrière,sans cesse contenue et sublimée par la poésie.Je me demandais au fil de la lecture si ce héros n'avait pas quelque chose de masochiste à rester dans cette souffrance.Il finit par expliquer qu'il a trouvé paradoxalement un apaisement dans ces rituels usiniers, dans cette expérience éprouvante qui le conduit à l'écriture.Sa disparition cette année ajoute une émotion supplémentaire à la fin de cette lecture.
Ce livre est une vraie rencontre pour moi.
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Ce roman n'a pas une seule virgule, pas un seul point, ce que j'ai découvert en lisant les différentes critiques sur Babelio, car il se trouve que je l'ai écouté en livre audio et que cette particularité m'a échappée.
Ce qui ne m'a pas échappé en revanche, c'est le talent de Joseph Ponthus qui nous rend compte du travail à la chaîne avec ces feuillets d'usine.
Il a travaillé d'abord dans les conserveries de poissons puis à l'abattoir, en Bretagne.
Pour supporter tout ça, il écrit. de manière mécanique, machinale, encore sous le joug de la cadence infernale de la ligne et de l'absurdité de l'industrie. Quand la forme rejoint le fond.
J'ai été très touchée par ce récit, très humain qui nous décrit superbement la fatigue et la grande pénibilité occasionnées par le travail à la chaîne.
L'usine broie l'homme, le met plus bas que terre, mais il faut bien bosser, alors on y retourne et on ne se plaint pas. Pourtant, il a fait des études, a travaillé dur pour ne pas avoir un job de merde. Il a beaucoup lu aussi, et le texte est perlé de références littéraires et de chansons.
Il nous parle des autres humains, de ses collègues, camarades de misère et des "casques rouges", les patrons et commerciaux qui sont si loin de la réalité.
Certaines scènes à l'abattoir m'ont dégoûtée et sont à peine supportables.
Une belle leçon de vie, car Joseph Ponthus accepte son sort et ne regrette pas de vivre en Bretagne, près de la mer, avec sa compagne, même si ça signifie travailler à l'usine.
C'est un texte très réaliste et âpre mais dans lequel on retrouve beaucoup d'humanité, de solidarité et une forme de lumière. L'auteur n'est pas malheureux et goûte à des plaisirs simples en dehors de l'usine. J'aime beaucoup sa philosophie de vie.
J'ai aussi ri par moment car l'auteur tourne pas mal de choses en dérision et met le doigt sur l'absurdité et l'hypocrisie du monde de la production industrielle.
Un roman intelligent et humble, qui a bien mérité le Grand Prix RTL 2019 qu'il a reçu, de sa première lettre jusqu'au point final.
Gros coup de coeur !

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