AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,23

sur 42 notes
5
4 avis
4
6 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Je suis toujours fascinée de lire combien Alexandre Pouchkine avait un rapport de quasi fascination pour cette pratique ancestrale et chevaleresque, pour cette institution d'un autre âge mais encore bien vivace au XIXème siècle et qu'est le duel d'honneur. D'autant plus fascinant, quand on connaît les circonstances de la mort de Pouchkine, qu'on croirait dur comme fer qu'il a organisé lui même sa fin tragique pour entrer comme il l'entendait dans la légende.

Il est donc question ici de duel au pistolet, un peu comme dans Eugène Onéguine ; il y est question de panache à la Cyrano et d'un esprit qui confine également à la mythologie et au lyrisme du western. Il y a dans ce Coup de Pistolet quelque chose qui m'évoque le Charles Bronson d'Il Était Une Fois Dans L'Ouest ou le célèbre « Tout est perdu, fors l'honneur. » de François Ier.

Pouchkine sait nous rendre en quelques pages l'ambiance des garnisons telles que nous les décrit de façon éblouissante Tolstoï dans La Guerre Et La Paix. Pour l'aristocratie russe masculine d'alors, on allait à l'armée dans sa jeunesse, comme on participe à un programme Erasmus de nos jours ou faire quelque stage professionnel à l'étranger et l'on rentre chez soi anobli d'une patine et d'une expérience qui feront des histoires à raconter dans les soirées et qui transforment l'intéressé en parti avantageux pour les demoiselles à marier.

Ainsi, Silvio — nom étranger mais âme russe comme le décrit Pouchkine — vit dans une modeste bourgade. C'est un ancien hussard mais contrairement à l'ordinaire, il n'a pas cherché à se caser après ces années dans l'armée. Les jeunes officiers qui s'invitent régulièrement chez lui ont un respect sans borne pour cet homme d'expérience et qui excelle au maniement du pistolet. Personne n'aimerait avoir affaire à lui avec un pistolet à la main.

Pourtant, lorsqu'un jeune officier fraîchement arrivé provoque Silvio, chacun se doute déjà du sort qui l'attend, mais…
… stupeur ! Silvio ne dit rien et ne réclame pas de duel pour laver l'affront que vient de lui faire subir le godelureau. Beaucoup s'en étonnent car la virilité de Silvio n'est pas en cause. Qu'est-ce qui peut bien réfréner ainsi l'ardeur duelliste de cet homme ?

C'est ce que je vous laisse, bien entendu, le soin de découvrir par vous-même si le coeur vous en dit. du bon Pouchkine, flamboyant et romantique à souhait. Toutefois, et selon mes seules affinités personnelles, pas le tout meilleur Pouchkine. Mais ce n'est bien évidemment qu'un avis à un coup, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          912
Le coup de pistolet pourrait-il se transformer en coup de coeur ou en un coup au coeur ? Ce texte à l'échelle d'une nouvelle me fait entrer dans l'univers de son auteur, Alexandre Pouchkine, issu de l'ancienne noblesse russe, écrivain rebelle, exilé pour cela, poète aussi, il mourut en duel à l'âge de trente-sept ans. Ces derniers détails ne sont pas anodins s'agissant du thème de la nouvelle, l'âge des protagonistes aussi, comme si Pouchkine avait commencé à imaginer ici ce qui serait son destin...
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, ces choses-là m'ont toujours troublé, ces mots écrits, imaginés par un écrivain et qui deviennent un jour réalité jusqu'à se retourner contre lui.
Si Pouchkine alla en duel pour les yeux de la femme qu'il aimait, ici l'honneur à défendre se porte à d'autres endroits.
Mais cette chose-là, le duel, vient toujours pour une question d'honneur. Cela m'a toujours fasciné, autant pour le geste qui le provoque que pour les codes, les rituels qui suivent... Geste grotesque, presque phallique, où l'arme est emplie autant de testostérone que de poudre... On en rirait presque s'il n'y avait pas à chaque fois un mort à l'autre bout de la prairie...
Les duels ont été interdits par Richelieu. Cela n'a pas empêché qu'ils aient lieu fréquemment après, de manière clandestine. J'ai appris qu'un ministre de François Mitterrand, Gaston Defferre, s'y adonnait volontiers...
Ici s'invitent les choses romanesques, l'ambiance d'une garnison avec des soldats qui s'ennuient, essaient de briser cet ennui comme ils peuvent, l'alcool, le jeu, la provocation, la violence, le panache, l'honneur forcément qu'il faut défendre bêtement... On provoque un soir, éméché, on se croit plus fort que tout, un héros presque au-dessus de la mêlée ; le lendemain qui déchante déjà obligerait à regretter, s'excuser, mais voilà, ce satané honneur est là, ce truc bête comme tout, qui en a amené plus d'un à manger les pissenlits par la racine...
Il y a cet homme qui attire les regards. Il s'appelle Silvio, un hussard de trente-cinq ans. Il manie le pistolet avec dextérité et suscite l'admiration des plus jeunes soldats de la garnison, comme le narrateur. Silvio est capable de tuer une mouche sur un mur, et de loin. Heureux homme inventant l'insecticide avant tous ces produits toxiques qui polluent notre atmosphère aujourd'hui ! Si je savais manier les armes contre les moustiques comme Silvio, les murs de ma chambre seraient troués comme de l'emmental...
Un soir, un jeune officier ivre provoque au jeu Silvio... Plus tard, Silvio se confie au narrateur, il lui révèle qu'il porte en lui une dette d'honneur vis-à-vis d'une ancienne histoire, il attend le jour, le moment pour honorer cet honneur, cette dette qui attend. Il est prêt à attendre toute sa vie, il est patient...
À partir de cet instant, à partir d'une confession, le récit s'est emballé pour mon plus grand plaisir, convoquant l'attente, l'inattendu, l'acte romantique aussi... jusqu'au dénouement qui m'a étonné, je ne m'attendais pas à cela et c'est pour cela que cette nouvelle m'a réjoui...
Je vous laisse découvrir ce beau texte, éblouissant en si peu de mots et de pages, magnifiquement traduit par André Gide.
Commenter  J’apprécie          476
Le coup de pistolet est une nouvelle d'Alexandre Pouchkine qui fait partie du recueil «Récits de feu Ivan Pétrovitch Bielkine ».

Il est donc question de l'histoire d'un certain Silvio qui refuse de se battre en duel après un affront au cours d'une partie de cartes. Il s'explique en disant qu'il n'est pas libre de le faire car il n'a toujours pas conclu le dernier. Quand une « opportunité » se présente il se précipite à la rencontre de son adversaire…

Voilà un texte qui amène réflexion. Qu'est-ce que l'honneur au fond ? Je me suis toujours demandée où était l'honneur dans un duel ?

« Tomber, mordre la poussière, être sujet des moqueries, se relever et continuer son chemin, c'est ça le vrai courage. » (Lix Kahungu)

« L'honneur appartient à ceux qui jamais ne s'éloignent de la vérité, même dans l'obscurité et la difficulté, ceux qui essaient toujours et qui ne se laissent pas décourager par les insultes, l'humiliation ou même la défaite. » (Nelson Mandela)

Excellente nouvelle.


Challenge SOLIDAIRE 2019 – Des classiques contre l'illettrisme
Commenter  J’apprécie          361
Le conteur Pouchkine livre ici une nouvelle romanesque qui aurait parfaitement pu servir de trame à un roman plus étoffé de son cru.

Silvio, excellent tireur au pistolet, est l'officier le plus mystérieux du régiment de province auquel est affecté le narrateur. Rapidement, au gré des parties de cartes et du service, les deux hommes deviennent amis au point que le premier se livre au second et lui confesse être viscéralement animé par une dette d'honneur envers un homme qu'il a jadis défié en duel et épargné. Ses confidences ont pour résultat d'épaissir encore le mystère qui entoure son identité et son passé.

Plusieurs années passent, le parcours des deux hommes s'est divisé en deux routes distinctes mais le narrateur a l'occasion fortuite de rencontrer le duelliste que Silvio a épargné et apprend de lui la vérité sur son ami et sur leur dette d'honneur.

Très romantique - au sens littéraire -, cette nouvelle réjouit d'abord par la marque de l'écrivain, par son style si sobre et pourtant enchanteur. On a la sensation que l'auteur nous murmure lui-même son histoire au creux de l'oreille, comme un secret qu'il ne peut s'empêcher de partager. Malgré sa brièveté, le récit ne manque pas de profondeur ; l'aristocratique notion d'honneur et la psychologie des personnages y sont bien développées, dans le contexte toujours aussi dépaysant des us slaves.

Du Pouchkine pur jus, à déguster avec respect mais sans aucune modération.


Challenge XIXème siècle 2015
Challenge PETITS PLAISIRS 2015
Commenter  J’apprécie          330
Le Coup de pistolet fait partie des Récits de Feu Ivan Petrovitch Belkine. Pouchkine les a écrits à l'automne 1830 alors qu'il est bloqué à Boldino par l'épidémie de choléra qui va ravager l'Europe entière.
Le conteur est un jeune officier en garnison dans un trou perdu. Tous les soirs, avec les autres, il trompe son ennui en allant chez un ancien hussard dîner un peu, boire beaucoup et jouer aux cartes. L'hôte, que le conteur nommera désormais Silvio, est un tireur de pistolet exceptionnel. Et pas par hasard, il s'entraine quotidiennement à tel point que "les murs de sa chambre ressemblent à des rayons de ruche". Un soir, un jeune officier bien éméché, s'estimant floué au jeu envoie un chandelier à la figure de Silvio qui esquive le coup et montre la porte à l'officier. le jeune offensé provoque aussitôt Silvio en duel. Mais, le lendemain, rien ne se passe. Silvio est absent et les jeunes officiers sont très déçus.
Pourquoi Silvio, ce tireur hors-pair, refuse-t-il le duel ?

Beaucoup de suspense dans cette nouvelle. Des récits dans le récit qui créent une tension dramatique de plus en plus forte, jusqu'au dénouement final, brutal, magistral et surprenant.
Deux personnages formidables: Silvio, sombre et mystérieux trentenaire au passé trouble. le comte B. : un bel aristocrate à l'agaçante nonchalance, amateur de cerises en toutes circonstances...
Un conteur qui crée une connivence avec le lecteur. le drame est toujours discrètement assaisonné d'humour.

Lu sur le site de la beq dans la traduction d' André Gide et Jacques Schiffrin. Existe aussi en bilingue et en audio.

Commenter  J’apprécie          280
Le coup de pistolet (Выстрел) une nouvelle moins connue de Pouchkine mais qui est étonnante, une intrigue comme seul Pouchkine pouvait l'imaginer..
Le narrateur se retrouve dans une garnison perdue en province et rencontre un personnage étonnant, Silvio.
Celui-ci organise chez lui des séances de jeux de cartes et un moment refuse de se battre en duel avec un jeune officier qui l'a offensé.
Comment un tel comportement peut-il être possible chez ces officiers pour qui l'honneur est l'essentiel?
Alors commence l'histoire de Silvio qui a interrompu un duel huit ans auparavant, en raison de la trop grande désinvolture de son "partenaire"..*
Huit ans après il est temps enfin de finir le duel et de rétablir l'honneur de chacun.
Une intrigue très originale et une fin pas aussi tragique que celle qu'on pouvait imaginer..
A lire et à savourer (la version bilingue est disponible...)
Commenter  J’apprécie          230
Une petite histoire sur la bravoure! Un homme brave est celui ne recule pas devant un défi, qui ne renonce pas devant un duel et qui est capable d'atteindre sérieusement sa cible sur une longue distance...

Par contre, dans le coup de pistolet, le narrateur nous fait connaitre un curieux brave homme qui désiste devant un duel et qui par la suite, on apprendra qu'il a épargné par deux fois son interminable rival de duel...

Une nouvelle bien écrite!
Commenter  J’apprécie          180
Le Coup de pistolet (1830). Nouvelle.
Alexandre Pouchkine (1799-1837)

Comme toujours chez Pouchkine, on ne lit que la ligne mélodique du temps qui passe avec son lot d'aspérités. Et ici, comme un avant-goût de ce qui sonnera sa fin, le duel, nous sommes en 1830, l'aspérité est donc de taille. Est-ce à dire que celà lui traverse l'esprit comme une obsession récurrente ? Pouchkine est un homme d'honneur et l'honneur à l'époque n'était pas rare à se disputer en duel quand il était bafoué ; le grand poète russe s'intéresse plutôt plus que moins à la chose, il n'en est pas à son premier coup d'essai si je puis dire, et est bien curieux d'en mesurer toutes les incidences chez qui cela arrive, qui plus est avec un atypisme, une étrangeté qui attire l'attention.

Si on pensait à cela, c'est-à-dire à l'idée chez Pouchkine d'user du duel dans sa vie, on serait étonné qu'il ne tirât pas profit pour soi-même du récit qui va suivre !

Pouchkine nous mêle donc avec un art consommé -il est au sommet de son art, c'est la force pouchkinienne dans tous ses états, son faste- à son intrigue qui va nous révéler une profondeur d'analyse bien au delà de la narration en surface d'une gazette à deux courts chapitres par une fine réflexion.

Parfois, à la lecture d'un Coup de pistolet, j'ai l'impression de glisser dans quelque chose qui s'apparente à du Edgar Allan Poe qui fut son contemporain ; allez, làchons le mot, une touche de fantastique. Je ne connais nullement la nature de la relation entre ces deux maîtres de la littérature, bien que j'en doute fortement. je crois plus à quelque chose de fortuit, ce ne serait pas la première fois dans l'histoire de la littérature que deux monstres sacrés s'envoient des clins d'oeil sans se connaître nullement.

J'y vois cependant dans cette nouvelle comme un accès à une pureté de langage, débarrassée de l'influence byronesque excessive en tout, dont il craignait les effets après les avoir adulés
Commenter  J’apprécie          172
Je découvre Alexandre Pouchkine par ces nouvelles et je suis absolument bluffée par la modernité stylistique de ces textes. Lu dans la traduction d'André Gide et Jacques Schiffrin, je ne doute pas de leur rôle prépondérant dans ce plaisir de lecture.
Après le style, je suis également extrêmement touché par les personnages décrits dans ces nouvelles. Ni bon ni mauvais, Alexandre Pouchkine dresse des portraits précis et nuancés, décrit les émotions éprouvées dans toute leur complexité. le recueil que j'ai lu comprend trois nouvelles extraites des Récits de feu Ivan Pétrovitch Bielkine (collection Folio, Gallimard) : le coup de pistolet, le marchand de cercueil, La demoiselle-paysanne. Jalousie, vengeance, amour, désir, vexation, angoisse, joie se sont tour à tour succédés à la lecture de ce très court petit livre. Chaque nouvelle est un condensé d'émotions et de justesse ! J'ai alterné rire, larmes et silences respectueux tout au long de ma lecture ! J'en redemande et suis très curieuse de découvrir la poésie de ce génie de la littérature dans ses autres traductions, notamment celles d'André Markowicz.
Commenter  J’apprécie          130
En garnison dans une paisible bourgade où il ne se passe rien de remarquable, le narrateur fait la connaissance de Silvio, un ancien hussard qui se plaît à recevoir chez lui les jeunes officiers de la garnison. On boit, on joue aux cartes, on se mesure au pistolet. Silvio est un tireur émérite qui pratique tous les jours. Personne ne voudrait avoir à faire à lui dans un duel. Aussi, lorsqu'un jeune officier fraîchement arrivé accuse Silvio de tricherie, tous le voient déjà mort et enterré. Mais, à leur grand étonnement, Silvio refuse de laver son honneur par un duel. Dans la garnison, c'est la stupeur. On regarde même cet acte comme une lâcheté. le narrateur, très proche de Silvio, ne lui pardonne pas ce manquement aux devoirs d'un gentilhomme, jusqu'au jour où Silvio lui confie les raisons qui lui font éviter tout duel.

Cette nouvelle de Pouchkine nous plonge dans l'atmosphère des garnisons de l'armée russe. Ici, ça ne sent pas la sueur, le sang et la poudre mais les dîners fins et les parties de cartes bien arrosées. Entre gentilshommes, il est de bon ton de se trouer mutuellement la peau à la première parole de travers. À notre époque de tweets et de polémiques, cette pratique du duel paraît toujours un peu incompréhensible et bizarre. Autre temps, autre moeurs, disait l'autre. C'est avec une curiosité mêlée de perplexité que je me suis laissée entraînée dans cet univers par Pouchkine. Il décrit vraiment très bien et de manière très vivante cette époque et ce milieu si éloignés des nôtres. Ce qui est d'autant plus remarquable sur un texte aussi court. Par ailleurs, Pouchkine montre ici un talent tout particulier pour installer son intrigue. Il est rare, je trouve, que les nouvelles soient aussi bien menées. Souvent, leur brièveté fait qu'on a à peine le temps d'entrer dans l'histoire et de se familiariser avec les personnages qu'on a déjà fini. Ici, en quelques pages, Pouchkine réussit à installer une histoire et des personnages qui restent longtemps en tête.

Challenge solidaire "Des classiques contre l'illettrisme" 2019
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (127) Voir plus



Quiz Voir plus

Boire un chocolat chez Pouchkine

Je me suis mis en ménage avec ma logeuses, la Marousenka, une veuve encore jeune, "Quand je me grisais, elle me couchait et me faisait la soupe à l’oignon. Je n’avais qu’à faire un signe : Hé ! la commère !... La commère ne disait jamais non.", parole de ............?............

Moujik
Cosaque
Hussard
Grognard
Koulak

10 questions
41 lecteurs ont répondu
Thème : Alexandre PouchkineCréer un quiz sur ce livre

{* *}