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EAN : 9782842051273
45 pages
1001 Nuits (01/07/1997)
4.23/5   42 notes
Résumé :
Ecrit en 1830, Le Coup de pistolet est sans doute l'un des textes les plus emblématiques de l'œuvre en prose de Pouchkine. Ce récit sobre, sans métaphore, rapide, précis, souvent parodique, à l'opposé de la littérature russe de l'époque, semble relever du prémonitoire, comme si le poète avait pressenti sa fin tragique. Mais au-delà de l'intrigue, c'est bien à la naissance du roman russe que l'on assiste.
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Je suis toujours fascinée de lire combien Alexandre Pouchkine avait un rapport de quasi fascination pour cette pratique ancestrale et chevaleresque, pour cette institution d'un autre âge mais encore bien vivace au XIXème siècle et qu'est le duel d'honneur. D'autant plus fascinant, quand on connaît les circonstances de la mort de Pouchkine, qu'on croirait dur comme fer qu'il a organisé lui même sa fin tragique pour entrer comme il l'entendait dans la légende.

Il est donc question ici de duel au pistolet, un peu comme dans Eugène Onéguine ; il y est question de panache à la Cyrano et d'un esprit qui confine également à la mythologie et au lyrisme du western. Il y a dans ce Coup de Pistolet quelque chose qui m'évoque le Charles Bronson d'Il Était Une Fois Dans L'Ouest ou le célèbre « Tout est perdu, fors l'honneur. » de François Ier.

Pouchkine sait nous rendre en quelques pages l'ambiance des garnisons telles que nous les décrit de façon éblouissante Tolstoï dans La Guerre Et La Paix. Pour l'aristocratie russe masculine d'alors, on allait à l'armée dans sa jeunesse, comme on participe à un programme Erasmus de nos jours ou faire quelque stage professionnel à l'étranger et l'on rentre chez soi anobli d'une patine et d'une expérience qui feront des histoires à raconter dans les soirées et qui transforment l'intéressé en parti avantageux pour les demoiselles à marier.

Ainsi, Silvio — nom étranger mais âme russe comme le décrit Pouchkine — vit dans une modeste bourgade. C'est un ancien hussard mais contrairement à l'ordinaire, il n'a pas cherché à se caser après ces années dans l'armée. Les jeunes officiers qui s'invitent régulièrement chez lui ont un respect sans borne pour cet homme d'expérience et qui excelle au maniement du pistolet. Personne n'aimerait avoir affaire à lui avec un pistolet à la main.

Pourtant, lorsqu'un jeune officier fraîchement arrivé provoque Silvio, chacun se doute déjà du sort qui l'attend, mais…
… stupeur ! Silvio ne dit rien et ne réclame pas de duel pour laver l'affront que vient de lui faire subir le godelureau. Beaucoup s'en étonnent car la virilité de Silvio n'est pas en cause. Qu'est-ce qui peut bien réfréner ainsi l'ardeur duelliste de cet homme ?

C'est ce que je vous laisse, bien entendu, le soin de découvrir par vous-même si le coeur vous en dit. du bon Pouchkine, flamboyant et romantique à souhait. Toutefois, et selon mes seules affinités personnelles, pas le tout meilleur Pouchkine. Mais ce n'est bien évidemment qu'un avis à un coup, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Le coup de pistolet pourrait-il se transformer en coup de coeur ou en un coup au coeur ? Ce texte à l'échelle d'une nouvelle me fait entrer dans l'univers de son auteur, Alexandre Pouchkine, issu de l'ancienne noblesse russe, écrivain rebelle, exilé pour cela, poète aussi, il mourut en duel à l'âge de trente-sept ans. Ces derniers détails ne sont pas anodins s'agissant du thème de la nouvelle, l'âge des protagonistes aussi, comme si Pouchkine avait commencé à imaginer ici ce qui serait son destin...
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, ces choses-là m'ont toujours troublé, ces mots écrits, imaginés par un écrivain et qui deviennent un jour réalité jusqu'à se retourner contre lui.
Si Pouchkine alla en duel pour les yeux de la femme qu'il aimait, ici l'honneur à défendre se porte à d'autres endroits.
Mais cette chose-là, le duel, vient toujours pour une question d'honneur. Cela m'a toujours fasciné, autant pour le geste qui le provoque que pour les codes, les rituels qui suivent... Geste grotesque, presque phallique, où l'arme est emplie autant de testostérone que de poudre... On en rirait presque s'il n'y avait pas à chaque fois un mort à l'autre bout de la prairie...
Les duels ont été interdits par Richelieu. Cela n'a pas empêché qu'ils aient lieu fréquemment après, de manière clandestine. J'ai appris qu'un ministre de François Mitterrand, Gaston Defferre, s'y adonnait volontiers...
Ici s'invitent les choses romanesques, l'ambiance d'une garnison avec des soldats qui s'ennuient, essaient de briser cet ennui comme ils peuvent, l'alcool, le jeu, la provocation, la violence, le panache, l'honneur forcément qu'il faut défendre bêtement... On provoque un soir, éméché, on se croit plus fort que tout, un héros presque au-dessus de la mêlée ; le lendemain qui déchante déjà obligerait à regretter, s'excuser, mais voilà, ce satané honneur est là, ce truc bête comme tout, qui en a amené plus d'un à manger les pissenlits par la racine...
Il y a cet homme qui attire les regards. Il s'appelle Silvio, un hussard de trente-cinq ans. Il manie le pistolet avec dextérité et suscite l'admiration des plus jeunes soldats de la garnison, comme le narrateur. Silvio est capable de tuer une mouche sur un mur, et de loin. Heureux homme inventant l'insecticide avant tous ces produits toxiques qui polluent notre atmosphère aujourd'hui ! Si je savais manier les armes contre les moustiques comme Silvio, les murs de ma chambre seraient troués comme de l'emmental...
Un soir, un jeune officier ivre provoque au jeu Silvio... Plus tard, Silvio se confie au narrateur, il lui révèle qu'il porte en lui une dette d'honneur vis-à-vis d'une ancienne histoire, il attend le jour, le moment pour honorer cet honneur, cette dette qui attend. Il est prêt à attendre toute sa vie, il est patient...
À partir de cet instant, à partir d'une confession, le récit s'est emballé pour mon plus grand plaisir, convoquant l'attente, l'inattendu, l'acte romantique aussi... jusqu'au dénouement qui m'a étonné, je ne m'attendais pas à cela et c'est pour cela que cette nouvelle m'a réjoui...
Je vous laisse découvrir ce beau texte, éblouissant en si peu de mots et de pages, magnifiquement traduit par André Gide.
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Le coup de pistolet est une nouvelle d'Alexandre Pouchkine qui fait partie du recueil «Récits de feu Ivan Pétrovitch Bielkine ».

Il est donc question de l'histoire d'un certain Silvio qui refuse de se battre en duel après un affront au cours d'une partie de cartes. Il s'explique en disant qu'il n'est pas libre de le faire car il n'a toujours pas conclu le dernier. Quand une « opportunité » se présente il se précipite à la rencontre de son adversaire…

Voilà un texte qui amène réflexion. Qu'est-ce que l'honneur au fond ? Je me suis toujours demandée où était l'honneur dans un duel ?

« Tomber, mordre la poussière, être sujet des moqueries, se relever et continuer son chemin, c'est ça le vrai courage. » (Lix Kahungu)

« L'honneur appartient à ceux qui jamais ne s'éloignent de la vérité, même dans l'obscurité et la difficulté, ceux qui essaient toujours et qui ne se laissent pas décourager par les insultes, l'humiliation ou même la défaite. » (Nelson Mandela)

Excellente nouvelle.


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Le conteur Pouchkine livre ici une nouvelle romanesque qui aurait parfaitement pu servir de trame à un roman plus étoffé de son cru.

Silvio, excellent tireur au pistolet, est l'officier le plus mystérieux du régiment de province auquel est affecté le narrateur. Rapidement, au gré des parties de cartes et du service, les deux hommes deviennent amis au point que le premier se livre au second et lui confesse être viscéralement animé par une dette d'honneur envers un homme qu'il a jadis défié en duel et épargné. Ses confidences ont pour résultat d'épaissir encore le mystère qui entoure son identité et son passé.

Plusieurs années passent, le parcours des deux hommes s'est divisé en deux routes distinctes mais le narrateur a l'occasion fortuite de rencontrer le duelliste que Silvio a épargné et apprend de lui la vérité sur son ami et sur leur dette d'honneur.

Très romantique - au sens littéraire -, cette nouvelle réjouit d'abord par la marque de l'écrivain, par son style si sobre et pourtant enchanteur. On a la sensation que l'auteur nous murmure lui-même son histoire au creux de l'oreille, comme un secret qu'il ne peut s'empêcher de partager. Malgré sa brièveté, le récit ne manque pas de profondeur ; l'aristocratique notion d'honneur et la psychologie des personnages y sont bien développées, dans le contexte toujours aussi dépaysant des us slaves.

Du Pouchkine pur jus, à déguster avec respect mais sans aucune modération.


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Le Coup de pistolet fait partie des Récits de Feu Ivan Petrovitch Belkine. Pouchkine les a écrits à l'automne 1830 alors qu'il est bloqué à Boldino par l'épidémie de choléra qui va ravager l'Europe entière.
Le conteur est un jeune officier en garnison dans un trou perdu. Tous les soirs, avec les autres, il trompe son ennui en allant chez un ancien hussard dîner un peu, boire beaucoup et jouer aux cartes. L'hôte, que le conteur nommera désormais Silvio, est un tireur de pistolet exceptionnel. Et pas par hasard, il s'entraine quotidiennement à tel point que "les murs de sa chambre ressemblent à des rayons de ruche". Un soir, un jeune officier bien éméché, s'estimant floué au jeu envoie un chandelier à la figure de Silvio qui esquive le coup et montre la porte à l'officier. le jeune offensé provoque aussitôt Silvio en duel. Mais, le lendemain, rien ne se passe. Silvio est absent et les jeunes officiers sont très déçus.
Pourquoi Silvio, ce tireur hors-pair, refuse-t-il le duel ?

Beaucoup de suspense dans cette nouvelle. Des récits dans le récit qui créent une tension dramatique de plus en plus forte, jusqu'au dénouement final, brutal, magistral et surprenant.
Deux personnages formidables: Silvio, sombre et mystérieux trentenaire au passé trouble. le comte B. : un bel aristocrate à l'agaçante nonchalance, amateur de cerises en toutes circonstances...
Un conteur qui crée une connivence avec le lecteur. le drame est toujours discrètement assaisonné d'humour.

Lu sur le site de la beq dans la traduction d' André Gide et Jacques Schiffrin. Existe aussi en bilingue et en audio.

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Un événement inattendu nous stupéfia tous. Une dizaine de nos officiers déjeunaient un jour chez Silvio. On buvait comme à l'accoutumée, c'est-à-dire beaucoup ; après le déjeuner nous pressâmes le maître de la maison de tailler une banque. Il refusa longtemps : il ne jouait presque jamais ; en fin de compte il fit apporter des cartes, déversa sur la table une cinquantaine de pièces d'or et tailla. Nous l'entourâmes et la partie s'engagea. Silvio avait coutume, lorsqu'il jouait, de garder un silence absolu, refusant toute discussion ou explication. S'il arrivait à un ponte de commettre une erreur, il payait aussitôt la différence ou notait l'excédent. Nous le savions tous et ne l'empêchions pas d'en user à sa guise ; or, il se trouvait parmi nous un officier nouvellement affecté au régiment. En cours de partie il corna par mégarde un pli de trop. Silvio, à son habitude, prit sa craie et rectifia les chiffres. Croyant à une erreur, l'officier se lança dans des explications. Silvio ne soufflait mot et poursuivait la taille.
Perdant patience, l'officier s'empara d'une brosse et effaça le compte qui lui paraissait inexact. Silvio prit la craie et le réécrivit. Échauffé par le vin, le jeu et les rires de ses camarades, l'officier se crut mortellement offensé ; fou de rage, il saisit un chandelier de cuivre et le lança à la tête de Silvio qui l'esquiva de peu. Nous étions troublés. Silvio se leva, pâle de fureur. Ses yeux jetaient des éclairs.
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Il plaisante toujours, comtesse, lui répondit Silvio; une fois il me gifla en plaisantant; en plaisantant il traversa d'une balle cette casquette que voici; en plaisantant il vient de me manquer; maintenant c'est à mon tour de plaisanter.
он всегда шутит, графиня, - отвечал ей Сильвно, - однажды дал он мне шутя пощечину, шутя прострелил мне вот эту фуражку, шутя дал сейчас по мне промах: теперь и мне пришла охота пошутитъ.
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Sa grande occupation était de tirer le pistolet. Les murs de sa chambre, criblés de balles, ressemblaient à des rayons de miel.
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La couardise est la chose que les jeunes gens excusent le moins, car ils voient d'ordinaire dans le courage le mérite suprême et l'excuse de tous les vices.
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L'arrivée d'un voisin riche fait époque dans la vie des campagnards.
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