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EAN : 9782352843078
602 pages
jasmin noir (01/12/2023)
5/5   1 notes
Résumé :
Enfouis dans la boue de l’Histoire, des crimes anciens remontent à la surface... et tuent.À l’approche de la journée de la Cause, les tensions font rage dans la kumpania de Balo Darian. Entre désir de justice et soif de vengeance, les Anciens veulent honorer en musique la mémoire des disparus et faire reconnaître le génocide tzigane. Mais les plus jeunes, eux, voudraient tourner la page.Pendant ce temps, dans l’ombre, dinosaures de l’ère soviétique et nostalgiques d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Claude Poulain de la Fontaine sort ici son troisième livre, «Rhapsodie tzigane » après avoir obtenu le prix Michel Lebrun pour le premier « L'archet de Miloš ». En terme de narration, CPLF aime faire long : 600 p. environ, mais on peut mentionner qu'elle a quelque chose à dire !
Pour ce livre, temps de l'action proprement dit : du 6 mai 1999 (si l'on exclut le flash-back du début) au 13 mai. Temps de la narration : 598 p. Autant dire que son sujet les mérite, pour qui aime lire. La seule difficulté, c'est de rester concentré car l'intrigue n'est pas toujours facile à suivre. Ce n'est pas « Martine au cirque »...
Mais, commençons par le début. C'est joli, mais quel est donc le sujet ?
Du pas joli, joli : la déportation et l'extermination des tziganes dans le camp de Lety (Bohême du sud), par les SS, suivie « accessoirement » d'une politique de stérilisation, sous l'ère communiste et enfin, l'histoire d'une porcherie industrielle. Ces rescapés ou enfants de rescapés vont se réunir sous peu pour le jour de « La Cause », le 13 mai, anniversaire de la libération du camp. D'importants officiels, y compris le Président Vaclav Havel seront là. Que va-t-il vraiment se passer ?
La mise en abyme du sort des cochons et celui des tziganes peut le laisser deviner. Il est difficile d'en dire plus sur le rapport entre les deux, sans livrer la clef de l'énigme. Ce qu'on peut tout de même écrire, comme le signale CPDF, c'est que ces faits, revisités par l'écriture, ont été bien réels. C'est ailleurs, comme parfois dans la réalité, qu'il faudra chercher un happy end : ici, les méchants ne meurent pas tous, et certains « bons » trépassent, même s'ils allaient enfin vivre pleinement leur histoire d'amour.
Ce roman très sombre au regard du sujet qu'il aborde, est difficilement classable dans un sous genre littéraire : thriller , roman policier, roman historique, roman politique ou géopolitique ? Et si l'on se contentait du mot littérature ?
Ce qui est sûr, c'est que, au regard du nombre de personnages (utilement référencés au début du livre avec leur statut ou fonction, références particulièrement utiles pour la communauté tzigane), de la disparité des lieux (Prague, La Haye, Lyon, Hambourg, Zurich), enfin, des différents groupes d'individus, services secrets, forces de police, tziganes, religieuses, mafieux et autres Interpol ou Europol, il faut tenir le tout d'une main de fer, et c'est le cas ici, que ce soit du point de vue spatial ou du point de vue temporel, l'un interpelant l'autre sous forme de toile d'araignée (on passe parfois d'un lieu à un autre pour narrer deux actions concomitantes). le roman est fortement structuré, avec un narrateur omniscient concernant surtout les femmes policières puisqu'elles tiennent un rôle essentiel. Et, cerise sur le gâteau, il faut y ajouter, que ce livre fait intervenir, comme dans les deux romans précédents, la musique, des musiciens, et différents morceaux bénéficiant de renvois si l'on veut les écouter.
A l'heure où il se vend tant de livres de piètre qualité, on ne peut qu'être séduit par la qualité de l'écriture au registre de langue soutenu, par les néologismes pertinents (antimise en scène, crusirosiste, tondus crucigammés, etc.). S'y ajoutent la qualité des épigraphes (Villon, Hugo, Démocrite, Lamartine) pour certains chapitres, la surprise des comparaisons parfois surréalistes. le goût pour les « trouvailles » littéraires ne nuit pas non plus à cette qualité : un cochon qui danse et improvise sur différents rythmes, un chien aveugle et voyant quelque part !!! Un commissaire mort qui continue à parler à ses anciennes collègues. CPLD, dans ce roman tragique et désespérant, n'hésite pas à glisser des saillies autant humoristiques qu'improbables entre les actions des religieuses qui torturent pour la bonne cause. Je ne résiste pas à l'envie d'en retranscrire trois : version surréaliste,« quelques tables plus loin, soeur Marie-Maxime de la Charité dégustait un plat d'andouillettes... », ou alors, version coquine de la part d'une archiviste, « Croyez-moi, ces dossiers ont brisé plus de ménage que l'éjaculation précoce.», et enfin, version Audiard, « Gisant dans la fange, l'indic agonisait en fractures si nombreuses que l'inventaire du puzzle eut fait la grimace ».
Pourquoi donc, lire ce roman ? Pour les ressorts narratifs, tout d'abord, ressorts qui résolvent magistralement l'énigme dans les dernières pages.
Par ailleurs, pour découvrir ce pan de l'histoire et le rapport entre Israël et les Tziganes (que j'ignorais) : Israël a aidé fortement, par un appui diplomatique à la reconnaissance de la Shoah tzigane (Samudaripem), et à la Construction d'un mémorial à Berlin. Qui plus est, (au delà du simple décor), pour découvrir, sur un arrière plan culturel et social solide, les différentes cultures, rites, langages des diverses communautés ou religions impliqués dans ce roman. le tout, parfaitement maîtrisé. Cette oeuvre littéraire, d'une très grande qualité, nous laisse sur un sentiment de grande maîtrise, ce dont témoigne aussi l'originalité du style.
Que demander de plus ? Rien ! Un roman à découvrir sans hésiter.
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