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EAN : 9780543966612
253 pages
Adamant Media Corporation (06/04/2001)
3.12/5   4 notes
Résumé :
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Que lire après Poésies de Sully Prudhomme : 1866 - 1872Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Petite invitation à lire de la poésie démodée.
Quand Baudelaire dédie ses Fleurs du mal à un « Poète impeccable », est-ce un compliment qui nous parle aujourd'hui ? Je n'ai pas lu de poésie de Théophile Gautier, mais je reprends volontiers l'adjectif pour Sully Prudhomme. Dans ce recueil de sonnets, la forme est on ne peut plus classique -impeccable- : sonnets en alexandrins avec le nombre de pieds qui va bien (moins de diérèses que chez Baudelaire, par ailleurs).
Alors le fond ? Pour commencer, j'ai été frappé dans ma tendre enfance (classe de 6e ou de 5e, j'avais un an d'avance) par un poème, Cri perdu*, dont je savais encore la moitié par coeur des décennies plus tard. Pendant des lustres, j'ai fouillé les volumes de poètes parnassiens qui me tombaient sous les yeux, sans le retrouver. Grâce à Internet (sacré tuyau, mais surtout admirable communauté de volontaires qui le remplissent), je l'ai enfin retrouvé, et recopié ici en Août 2015. J'en ai lu quelques autres, avec plaisir, mais c'est récemment que j'ai exploré complètement sur Wikisource le recueil dont il est tiré. Alors, le fond ? Eh bien le fond, globalement d'un romantisme classique, me séduit aussi. La première partie : Amour, est touchante, avec parfois une certaine préciosité qui me rappelle Ronsard ou Du Bellay, mais beaucoup de sensibilité intelligente. La deuxième partie : Doute, dont venait Cri perdu, est la description la plus sensible que j'aie connue d'un parcours vers l'athéisme, toujours intelligent, et qui me parle même si cette thématique est maintenant loin de moi. Ensuite Rêve est un hymne à l'ataraxie, plein de calme et de beauté. La dernière partie : Action, est un complet demi-tour. Elle chante sa fraternité avec l'humanité travaillante, inventante et active. Elle a quelque chose de plus artificiel, comme bien des poèmes de la Légende des siècles. Mais il y a toujours de très beaux vers, et j'apprécie l'intention.

Une pensée pour l'académie Nobel qui a décerné à Sully Prudhomme le premier de ses prix de littérature, en 1901. J'ose espérer qu'ils pouvaient le lire en français, sinon quelle perte : peut-on traduire la poésie ? A vrai dire, ce compliment est un peu ironique : je doute par exemple que cette savante assemblée ait pu goûter les vers d'Elytis et de Seferis. Mais un bon choix tout de même. le challenge Nobel lancé par Meps a été une motivation goutte d'eau pour m'aider à le lancer. Et je vous incite à me suivre.

*Les plus âgés ont sans doute connu les volumes De Lagarde et Michard , avec des choix de textes à partir du XVIe siècle, mais celui-là se trouvait dans un autre de leurs ouvrages, destiné aux classes du collège, par année. Qui de vous s'en souvient?
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Si l'on veut absolument lire ce que la poésie ne devrait jamais être, une forme guindée, plaisante, précieuse, pour midinettes sentimentales ou pour bourgeoises tendres et mariées, sans nouveauté ni virilité, un verbiage empesé pour salons ou futurs gendres, avec toute la galanterie des billets pleutres et roses, paysages, figures obligées, douleurs feintes, sujets antiques, tout en eau si possible, et rien qu'une manière suave et prévisible sans préméditation manifeste qu'une inspiration venant à mesure de l'écriture ; si l'on recherche bovaryquement une substance de pâmoison pas trop indécente ni ardue, avec déclaration de bonne moralité publique, ingéniosité de premier de classe en rhétorique, et torsions habituelle des vers en inversions commodes des sujets et des verbes ; si l'on a du temps à perdre, entre deux niveaux de Candy Crush, de séries-télé répétitives et insipides ou de bandes dessinées que vraiment-on-ne-voit-pas-pourquoi-ça-ne-serait-pas-un-art-comme-les-autres, avec une matière superficielle, insincère, plaisante et passe-partout comme le vin pas typé le moins du monde, où l'on aspire à redécouvrir que la guerre est vraiment une très vilaine chose parce qu'elle sépare les amants, que l'affection peut être retorse et traître et qu'il y a de beaux monuments et des statues jolies en Italie ; si l'on exige comme un principe que la forge soit rougeoyante, le ciel azuréen, la chair incarnate, les femmes tentantes, secrètes et joviales, l'homme naïf, hautain et trublion ; si l'on craint, par exemple à cause d'une hypersensibilité phobique, des effets de couleur inédits qui blessent les yeux et des originalités de formes et de contextures qui dérangent les convenances ; si on ne lit que par ennui et pour se mettre au courant, pour connaître les parfums y compris les plus rances des siècles avant nous, ou pour que Madame de l'autre côté du lit soit assez fière de ce mari qui bravement affronte ce qu'en Littérature on suppose de plus sophistiqué ; si l'on ignore encore comme la poésie fut longtemps un jeu purement mondain, un faire-valoir de désoeuvré entre une charge décorative au Ministère et une sinécure au Gouvernement ; si l'on n'a jamais appris par l'expérience que cent pièces écrites et mises ensemble peuvent toujours ne pas faire une idée neuve ni un commencement d'individu intègre et propre ; alors, et seulement dans ce cas, je vous recommande, en plus d'une balle de révolver et de l'arme qui va avec pour en faire l'usage le plus expédient à votre plutôt banale situation existentielle, d'aller d'un pas pressé acheter et lire Sully Prudhomme et tout spécialement ses vers publiés entre 1866 et 1872 qui vraiment vous siéront à merveille comme à nul artiste : vous serez ravi de trouver comme on peut rédiger tant de mots distingués sans jamais écrire un seul vers véritable, quoique – mais certainement je suis d'une telle dureté et d'une si grande médisance ! – plus que vraisemblablement vous ne vous en apercevrez point !
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
SUR L'EAU

Je n’entends que le bruit de la rive et de l’eau,
Le chagrin résigné d’une source qui pleure
Ou d’un rocher qui verse une larme par heure,
Et le vague frisson des feuilles de bouleau.

Je ne sens pas le fleuve entraîner le bateau,
Mais c’est le bord fleuri qui passe, et je demeure ;
Et dans le flot profond que de mes yeux j’effleure,
Le ciel bleu renversé tremble comme un rideau.

On dirait que cette onde en sommeillant serpente,
Oscille et ne sait plus le côté de la pente :
Une fleur qu’on y pose hésité à le choisir.

Et, comme cette fleur, tout ce que l’homme envie
Peut se venir poser sur le flot de ma vie
Sans désormais m’apprendre où penche mon désir.
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Le temps perdu

Si peu d’oeuvres pour tant de fatigue et d’ennui !
De stériles soucis notre journée est pleine :
Leur meute sans pitié nous chasse à perdre haleine,
Nous pousse, nous dévore, et l’heure utile a fui…

« Demain ! J’irai demain voir ce pauvre chez lui,
« Demain je reprendrai ce livre ouvert à peine,
« Demain je te dirai, mon âme, où je te mène,
« Demain je serai juste et fort… pas aujourd’hui. »

Aujourd’hui, que de soins, de pas et de visites !
Oh ! L’implacable essaim des devoirs parasites
Qui pullulent autour de nos tasses de thé !

Ainsi chôment le coeur, la pensée et le livre,
Et, pendant qu’on se tue à différer de vivre,
Le vrai devoir dans l’ombre attend la volonté.
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Sur l’eau


Je n'entends que le bruit de la rive et de l'eau,
Le chagrin résigné d'une source qui pleure
Ou d'un rocher qui verse une larme par heure,
Et le vague frisson des feuilles de bouleau.

Je ne sens pas le fleuve entraîner le bateau,
Mais c'est le bord fleuri qui passe, et je demeure ;
Et dans le flot profond, que de mes yeux j'effleure,
Le ciel bleu renversé tremble comme un rideau.

On dirait que cette onde en sommeillant serpente,
Oscille, et ne sait plus le côté de la pente :
Une fleur qu'on y pose hésité à le choisir.

Et, comme cette fleur, tout ce que l'homme envie
Peut se venir poser sur le flot de ma vie,
Sans désormais m'apprendre où penche mon désir.


//Les Epreuves
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J’ai salué le jour dès avant mon réveil ;
Il colorait déjà ma pesante paupière,
Et je dormais encor, mais sa rougeur première
A visité mon âme à travers le sommeil.

Pendant que je gisais immobile, pareil
Aux morts sereins sculptés sur les tombeaux de pierre,
Sous mon front se levaient des pensers de lumière,
Et, sans ouvrir les yeux, j’étais plein de soleil.

Le frais et pur salut des oiseaux à l’aurore,
Confusément perçu, rendait mon coeur sonore,
Et j’étais embaumé d’invisibles lilas.

Hors du néant, mais loin des secousses du monde,
Un moment j’ai connu cette douceur profonde
De vivre sans dormir tout en ne veillant pas.
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Le cœur a ses raisons où la raison s’abîme

(Rouge ou Noire : refus du pari de Pascal)
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Vidéo de Sully Prudhomme
L’émission « Poètes oubliés, amis inconnus », par Philippe Soupault, diffusée le 31 janvier 1960 sur Paris Inter.
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