AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782918541141
390 pages
L'Homme sans nom (01/04/2014)
3.79/5   33 notes
Résumé :
« Son corps meurtri et griffé avait pris une teinte bleuâtre se confondant avec celle du sapin, si bien que ceux qui le trouvèrent crurent un instant à une statue végétale surgie de l’arbre lui-même. »

1922. Howard Phillips Lovecraft écrit une de ses plus étranges nouvelles : Herbert West, réanimateur.

2001.
Le meurtre atroce d’une famille plonge la ville de Chesstomb dans le deuil. Journaliste de renom, Shelby Williams vient y e... >Voir plus
Que lire après ChesstombVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
3,79

sur 33 notes
5
7 avis
4
9 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
1 avis
Ce roman me semblait intriguant, car même en lisant la quatrième de couverture je n'étais pas certaine de ce que j'allais trouver à l'intérieur tant le résumé paraissait fourni et semblait aborder des thèmes aussi nombreux que très différents.
Sans compter que je trouve la couverture assez racoleuse et pas franchement jolie, mais cela m'a quand même donné envie de me plonger dans cet univers insolite.

Tout commence par le massacre effroyable d'une famille toute entière dans une petite ville tranquille des Etats-Unis. Ajouter à cela un homme qui reçoit une maison lugubre en héritage, la présence à une époque plus ancienne de l'auteur Lovecraft dans cette petite ville au passé aussi horrible que camouflé, une dose d'occultisme, une autre de philosophie cartésienne et vous voilà immergés dans une histoire noire, glauque et palpitante, mais un peu embrouillée et carrément gore par moment. Certaines scènes sont extrêmement écoeurantes et sanglantes.

J'ai donc eu une très bonne surprise à la lecture de "Chesstomb" même si ce roman est quand même un grand fourre-tout qui mêle des écrits de style journalistique, des extraits de journaux intimes aussi nombreux que variés, une bonne dose de mystère, des récits historiques, des théories philosophiques, de la magie, du fantastique et surtout de l'horreur, version gore.
Le récit n'étant pas chronologique et les personnages étant nombreux, j'ai parfois eu du mal à m'y retrouver mais au final, j'ai réussi à raccrocher tous les wagons de cette histoire complexe qui m'a fait passer un bon moment.
Commenter  J’apprécie          230
Un très habile jeu de flou total du début à la fin, qui amène une ambiance très particulière.



Comme elle va être compliquée à rendre, cette chronique !! Non parce que je n'ai pas aimé et que j'ai peur de le faire savoir à l'auteur, parce qu'au contraire, j'ai vraiment passé un super moment (j'ai pourtant mis du temps pour le lire, mais c'est une question de contexte perso je crois). Non, mon problème va plutôt être de vous en parler sans trop vous en dire. Et en l'occurrence, j'ai l'impression que tout serait "trop en dire", même si je ne vous donne aucun élément de l'histoire. Ca craint, lol.

J'ai commencé ma chronique et je ne sais toujours pas de quoi je vais bien pouvoir vous parler.

Il y a quelques semaines, l'auteur me proposait de recevoir son livre. Connaissant et adorant au plus haut point sa maison d'édition, qui nous publie des ouvrages d'une grande qualité, et ayant déjà craqué sur la couverture, j'ai sauté sur l'occasion. D'autant que derrière cet auteur inconnu se cache un mystère qu'il m'a révélé, chanceuse que je suis (naaaaaaaaaaan, tu ne sauras rien xD ) et ça m'a donné encore plus envie de me jeter sur ce livre.

Bref, ensuite, ma camarade blogueuse Allison d'Allisonline m'a proposé une lecture commune sur ce titre. Avec le recul, ce n'était pas le meilleur titre pour une premiere LC toutes les deux, car il est tellement bourré de mystères et de révélations et de re-mystères par dessus qu'on ne peut absolument pas en discuter si on n'en est pas exactement au même niveau dans la lecture lol. Mais bon, c'était quand même super sympa de partager ensemble la lecture de ce livre qui est pour le moins hors du commun.
En effet, je vous disais que, connaissant la maison d'édition qui a publié cet ouvrage, j'y suis allée les yeux fermés, en toute confiance. Cependant, il faut quand même savoir que ce roman n'a absolument rien à voir avec ce que publie habituellement Dimitri, responsable éditorial des éditions de L'homme sans nom. Quand je dis "rien à voir", je parle de la forme et du fond, pas du tout de la qualité. En effet, cet ouvrage est tout aussi bien écrit que le reste, et ne laisse pas le lecteur insensible. Mais ce sont là les deux seuls points communs avec les autres parutions de la maison.

Le livre est agencé de façon très spéciale. Ce n'est pas une histoire qu'on découvre d'un tenant, à l'intérieur. Ce n'est pas un roman à proprement parler, mais le travail de toute une vie d'un journaliste. Ses chroniques, les documents qu'il a réunis, des archives, qui nous sont livrées de façon plus ou moins agencée, et qui concernent les évènements particuliers survenus dans la petite ville de Chesstomb (où personnellement, je n'aurais pas spécialement envie d'aller passer des vacances, vu ce qui s'y trame.)
Et toute la particularité du livre se trouve ici. En fait, on passe toute notre lecture à se demander où commence le travail de John Ethan Py et donc, le romancé en lui-même, et où s'arrête le travail du journaliste en question, Shelby Williams. Ou même s'il existe vraiment. A aucun moment on ne peut être sûr du narrateur, ni de la réalité des faits, on cherche pendant 390 pages à déméler le vrai du faux, la réalité du cauchemar, le réel de la fiction.
Et c'est une gymnastique plutôt déstabilisante au début, mais qui finit par vous accrocher réellement, au point d'en devenir terriblement addictive.

Sur les 50 premières pages, j'étais complètement paumée. J'ai eu l'impression de changer sans arrêt de narrateur (pas sûre que ça ait été une impression d'ailleurs) et de ne pas pouvoir voir où tout cela nous emmenait. Et j'ai d'abord pensé que je n'allais pas du tout aimer cette lecture. Et puis, insidieusement, sans m'en rendre compte, à peu près au moment où on commence à entrevoir un fil conducteur à tout cela, je me suis complètement prise au jeu de ce "flou" total, de ce sentiment d'être un peu larguée, de ne pas tout comprendre, qui est je crois complètement le but de l'auteur. Nous perdre dans les évènements au point de plus savoir où on en est et à quels éléments on peut se fier. L'ensemble est si bien mené qu'il est quasiment impossible de tenir une théorie qui tient la route plus de deux pages. Limite si on a pas l'impression de devenir un tout petit peu barge sur les bords.

Je ne vais évidemment absolument rien vous raconter de l'histoire, franchement, tout ce que je pourrais vous dire vous gâcherait forcément quelque chose à la lecture, et ce serait trop dommage, mais je vais vous dire juste une chose. A la fin, quand j'ai cru qu'enfin toutes les pièces du puzzle avaient trouvé leur place et que j'avais ma réponse tant attendue, badaboum, le puzzle s'est complètement remélangé à nouveau, et je suis restée comme une andouille avec mes pièces de puzzle partout, et avec des yeux ronds comme des soucoupes. Eh oui, parce que jusqu'au bout, la théorie qu'on a passé tant de temps à imaginer se ramasse la gueule comme une crotte, et retour au point de départ, avec une nouvelle piste, qui peut, ou pas, être la bonne.

Ce flou artistique magistralement orchestré (il faut bien le dire) fut l'élement que j'aurai le plus apprécié dans ce roman, tout en étant pourtant au départ, ce que j'avais cru que j'aimerais le moins. Bizarre, hein ? :D

Bon, je l'avoue, il y a aussi un "certain type de personnages secondaires" qui m'ont énormément plu, parce que j'en suis total fan... Que ceux qui connaissent bien le Calidoscope y voient un indice de ce qu'on peut trouver dans ce livre. Ces personnages, qui ne sont pourtant pas clairement identifiés comme tels, amènent leur lot de scènes bien gores, avec "du sang, des tripes et des boyaux", bref, tout comme j'aime \o/ ! Ce fut le deuxième élément qui m'aura vraiment bien accrochée.

Je ne peux pas dire que je me sois forcément attachée aux divers personnages, d'abord parce qu'ils sont très nombreux, et pratiquement tous narrateurs à un moment donné, et que donc, on ne les connaît pas très bien individuellement. Mais ensuite, parce qu'ils ont plus ou moins tous l'air d'être de sacrés fous furieux, voire un petit peu psychopathes sur les bords (quand je vous dis que je n'y mettrais pas les pieds, à Chesstomb !). C'est du moins l'impression qu'ils donnent tous au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture.

On sent clairement dans ce livre l'influence de Stephen King. Chesstomb ne s'en cache pas d'ailleurs, avec divers clins d'oeil plus ou moins évidents, mais pas pour plagier, plutôt comme une révérence, une façon de montrer son admiration. Stephen King étant mon deuxième auteur chouchou dans tout le monde entier de l'univers, je ne pouvais qu'y être parfaitement sensible.

La couverture de Chesstomb est une pure tuerie, encore plus en vrai, normal, elle a été réalisée par Alexandre Dainche l'un des illustrateurs fétiches de la maison d'édition (et quand on regarde l'ensemble des couvertures, on comprend bien pourquoi !) il était donc évident qu'elle me ferait de l'effet :)

En résumé, NON, ce livre n'a rien à voir avec la ligne éditoriale de L'homme sans Nom, mais OUI, il faut absolument que vous le découvriiez. C'est très très spécial, vous n'aurez sûrement jamais rien lu qui s'en approche, de près ou de loin, et il vous inspirera des sentiments tout bizarres, tour à tour le malaise, l'addiction, l'écoeurement, le plaisir, tout cela mélangé au shaker avec un peu de glace pilée, et hop, cul sec !

Vous n'y serez pas insensibles je peux vous le promettre, mais pour pouvoir savourer vraiment l'ensemble de ces saveurs un peu déroutantes, il vous faudra pousser jusqu'au bout du livre, jusqu'à la dernière page, car c'est dans l'arrière-goût de la dernière bouchée que vous découvrirez sous vos papilles cette saveur spéciale, la surprise du chef, cette "wahou touch" qui fait tout l'ensemble, et qui permet vraiment de dire que cette lecture ne fut pas juste bizarre, mais "putain, trop bizarre cette lecture, mais c'était dingue !" ;)

Alors go go go ! Venez à la rencontre d'un livre qui ne ressemble à aucun autre !

PS : je vous ajouterai la chronique d'Allison dès qu'elle me sera communiquée pour un deuxième avis :)

Cali
Lien : http://calidoscope.canalblog..
Commenter  J’apprécie          50
J'ai eu la chance de remporter Chesstomb lors du dernier concours de la maison d'édition l'Homme sans Nom, maison d'édition dont je vous ai déjà parlé et que j'aime beaucoup. J'étais très intriguée par ce titre un peu différent de ce à quoi la maison m'avait habituée et je voulais le commencer très vite, alors quand j'ai vu que Cali du Calidoscope avait reçu Chesstomb en SP, je lui ai proposé une LC. Ma toute première lecture commune :D Bon, comme l'ai fait remarqué Cali dans sa critique, ce n'était pas le livre idéal à lire en commun, mais je reviendrais là dessus. Faisant confiance à HSN , j'ai donc commencé Chesstomb en toute confiance, certaine de trouver la qualité habituelle de la maison.


J'ai d'abord eu peur d'être un peu perdue, n'ayant jamais lu HP Lovecraft, mais ne vous inquiétez pas si vous êtes dans le même cas que moi, vous serez très bien guidés par l'auteur. J'ai cependant très envie de m'intéresser au boulot de Lovecraft, maintenant !


Chesstomb, donc, est bien différent des romans que j'ai déjà lu de chez HSN, c'est un roman horrifique sous forme d'enquête qui mêle retranscriptions écrites de vidéos, lettres, extraits de notes, carnets, journaux intimes... Un apparent gros fouillis ! D'autant qu'au début, je me suis demandée plus d'une fois « Mais qui est le personnage principal ? » avant de réaliser qu'il n'y en avait pas, que chaque personnage est tour à tour narrateur et apporte un petit indice au gros mystère de la ville...


Je vais bien sûr essayer d'éviter tout spoiler, mais sachez que chaque détail compte dans cette lecture. En gros, je ne vais rien vous révéler de l'histoire, pour une fois ! Chesstomb est donc une ville du Massachusetts qui a vu passer son lot de malheurs. On est pas loin de la ville maudite, et croyez moi, on a pas très envie d'aller y faire un tour. Même la naissance de la ville, qui lui a valu son nom, vous sera à un moment contée dans le roman et ne vous laissera pas indifférents ! Chaque détail est pensé et a son importance, je ne m'y attarderais donc pas pour ne pas vous gâcher le plaisir...


Chesstomb est donc un livre sur un livre, écrit à partir de notes sur une enquête, plus quelques autres notes sur d'autres enquêtes, elles mêmes prises de vieux carnets, qui... bref ! A la fin, vous obtenez une sorte de documentaire avec pleins de documents classés chronologiquement pour vous offrir une intrigue épaisse et prenante. Prenant, c'est le moins que l'on puisse dire ! Au début, j'étais complètement perdue avec tout ces changements de narrateurs, d'époque et d'intrigues qui n'avaient en commun que la ville de Chesstomb. Et pourtant j'ai été prise par l'histoire dès le début, ce mystère constant me donnait furieusement envie de découvrir la suite et les pages se tournaient toutes seules.


Aussi, ce roman est vraiment gore et oppressant ...voire effrayant. Si vous craignez le sang et le gore et que vous n'aimez pas vous faire peur, Chesstomb n'est pas fait pour vous. L'auteur décrira des scènes atroces comme on décrit un paysage, si bien que parfois j'ai presque eu l'impression de sentir les odeurs atroces décrites dans le roman. Il faut avoir le coeur bien accroché ! Âmes sensibles, s'abstenir. Vraiment. Non, sérieux, brrr !


Personnellement, bien que non adepte de la littérature horrifique et n'aimant pas plus que ça les films d'horreur, j'ai apprécié ce coté malsain et gore - si ce n'est quelques scènes qui m'ont passablement écoeurées - qui servait bien le récit et faisait avancer l'histoire ...Vers plus de gore, de malsain et de mystère !


J'ai aussi apprécié que le style de l'auteur change d'un personnage à l'autre. On est vraiment immergé dans l'histoire, on croit vraiment avoir sous les yeux les différentes notes écrites de différentes mains, et tout ça dans le but de résoudre le mystère Chesstomb. Entre réalité et fiction, sans jamais arriver à démêler le vrai du faux et presque cent ans de notes diverses et je-ne-sais-pas combien de personnages pour arriver à résoudre un mystère qui semble s'épaissir à chaque page... pour arriver à une fin des plus inattendues. Moi, en tout cas, je ne l'ai pas vue venir !


Vous comprenez pourquoi ce n'est pas le livre idéal à lire en lecture commune ? Il suffit d'avoir deux pages d'avance et paf ! on peut gâcher la surprise à l'autre. Je n'osais en parler vraiment qu'une fois nos étapes atteintes, en étant sure qu'on avait lu la même chose. Et même là, il n'y avait pas grand chose à dire à part « je suis toujours un peu paumée, et toi ? » car c'est le sentiment que vous aurez tout au long de votre lecture xD


Finalement, j'ai bien aimé cette lecture. Différente de ce à quoi je suis habituée, c'est sûr, mais pas déplaisante. Dans sa dédicace, John Ethan Py dit que le texte « ne cesse de jouer avec son lecteur » et je peux vous assurer que c'est le cas ! Et n'essayez même pas de jouer les détectives, vous serez frustrés par la fin mouahaha !


Une fois encore, la couverture est signée Alexandre Dainche, et une fois encore, elle n'est pas seulement parfaite au niveau du visuel, elle est aussi exactement ce qu'il fallait au roman ! Encore bravo Nalex !
Lien : http://allison-line.blogspot..
Commenter  J’apprécie          100
L'Homme Sans Nom fait partie de ces maisons d'édition que j'aime suivre de près et pour lesquelles l'effet « collection » est très présent. Des textes de qualité installés dans de jolis ouvrages… comment ne pas avoir envie de tous les acheter et les lire ? Différent des autres publications de l'éditeur, ChessTomb promet de l'horreur et du suspense… le lecteur est servi !
Original dans la forme, très bien mené dans le fond, ce one-shot mérite qu'on s'y attarde. Attention malgré tout, quelques scènes détaillées pourront déranger les lecteurs les plus sensibles. Adeptes de l'horreur et d'intrigue mystérieuse morcelée, qu'attendez-vous ? Curieux de découvrir ce que cache le fantastique de la ville de ChessTomb, laissez-vous tenter !

Difficile d'offrir un résumé détaillé et complet tant l'intrigue est dense et peut paraître embrouillée de prime abord. Mais, n'ayez crainte, malgré l'aspect légèrement ardu du texte, John Ethan Py maîtrise si bien sa narration que vous serez finalement rapidement confortablement installés et réussirez à passer d'un point de vue à l'autre sans grande difficulté.
L'originalité de ChessTomb réside en effet dans sa construction : assemblage de bouts de documents de natures diverses et donc points de vue successifs. Chroniques de journalistes, articles de journaux, lettres personnels, extraits de journaux intimes, dépositions de police retranscrites… tout y passe et permet au lecteur de rassembler assez d'informations pour résoudre le mystère. Mystère qui met en scène de nombreux protagonistes non seulement en 2001, date de départ de l'intrigue, mais aussi en 1922 où tout semble s'être joué !

Du massacre de toute une famille américaine en 2001, le lecteur va finalement voguer jusqu'à des expériences scientifiques éthiquement condamnables, largement inspirées du Docteur Frankenstein et de sa créature ! C'est là que quelques scènes assez glauques et largement dégueulasses, il faut bien le dire, font leur apparition. du sang (beaucoup de sang), des boyaux, des viscères, des morceaux de peau rongés par les asticots… bref, de quoi couper l'appétit et donner quelques visions de cauchemar ! Les scènes sont un peu poussives et peuvent déranger le lecteur un peu sensible car il n'est pas difficile de les visualiser. Pour ma part, ces descriptions gênée plus que ça car participent à l'atmosphère horrifique du texte et accentue l'abomination de ces expériences. Par détermination et folie scientifiques, certains vont jusqu'au pire sans plus penser aux conséquences, sans plus différencier le Bien du Mal.
En revanche, je mets un petit bémol sur certaines scènes de sexe plutôt crues, à tendance scatologique, qui m'ont paru gratuites, pas forcément utiles pour l'intrigue et m'ont donné une impression de surenchère vraiment exagérée. Bien sûr, comme pour les scènes horrifiques, ces passages participent aussi à renforcer l'ambiance glauque et étrange qui habite la ville de ChessTomb mais je ne suis pas vraiment convaincue par leur pertinence.

S'il est difficile de vous faire un topo sur l'intrigue, il l'est peut-être encore plus de le faire sur les personnages. En effet, très nombreux, aucun ne prend vraiment la place de figure principale, tous adoptent un place de choix à un moment ou à un autre de l'histoire et apportent leur pierre à l'édifice. Témoins ou acteurs de l'indicible, tous tiennent entre leurs mains une petite pièce du puzzle qui aidera le lecteur dans sa démarche, à un moment précis. Face au nombre, difficile de s'attacher. le manque d'empathie me gêne généralement dans mes lectures mais cette fois, prise dans le mystère et le suspense de l'intrigue, je n'y ai pas prêté attention.
Shelby Williams, le journaliste, est certainement celui que l'on suit le plus longuement, celui qui mène l'enquête. Pendant ses recherches, il écrit régulièrement à sa femme ce qui ancre le texte dans une réalité un peu plus palpable. C'est grâce à lui que sera déterré l'affaire de 1922, affaire qui met en scène un certain West, un jeune scientifique avide d'expériences spectaculaires (et interdites) et surtout H. P. Lovecraft que l'on connaît aujourd'hui pour ses talents d'écrivain. Une de ses nouvelles - Herbert West, réanimateur - écrite entre 1921 et 1922, revient justement sur les agissements d'un médecin réanimant des cadavres. Une petite mise en abyme bien sympathique qui donne furieusement envie de se pencher sur cette oeuvre de Lovecraft !

L'auteur glisse quelques références dans ce roman, preuves de sa connaissance de la littérature et de sa maîtrise des constructions narratives complexes : il parle d'un roman dans un roman, de personnages utilisés par Lovecraft qui ont en fait existé à ChessTomb et qui sont réutilisés ici par John Ethan Py
J'apprécie de ne pas être guidée de A à Z par une intrigue trop linéaire, j'apprécie aussi la densité du texte qui peut effrayer au départ mais participe finalement bien à l'ensemble. Derrière un aspect un peu brouillon de prime abord, le lecteur fait la connaissance de tout un tas de personnages plus ou moins effrayants qui semblent tous cacher quelque chose et regarder le voisin de travers… nous voilà transporter dans une ville qui se transforme en huis-clos inquiétant.
J'ai vu quelques commentaires sur le dénouement qui semble avoir été un véritable coup de poing pour beaucoup. Pour ma part, même si l'effet de surprise a joué son rôle, j'avais déjà eu l'occasion de découvrir quelques thrillers empruntant les mêmes codes. Au bout d'un moment, sans s'habituer, on finit par s'en douter !

Je pense que les fans de Stephen King et de H. P. Lovecraft pourront se retrouver dans ce one-shot surfant entre le thriller horrifique et le fantastique. Ne craignez pas la forme (le côté ultra documenté peut donner une impression de fouillis) car l'auteur maîtrise si bien son texte que le lecteur est rapidement dans le bain, sans même s'en rendre vraiment compte.

PS : Cette découverte s'est faite en binôme puisqu'il s'agissait d'une lecture commune en compagnie des Confidences de Miss Elody. Difficile de beaucoup échanger sur un tel titre, le mystère planant tout du long et le risque de spoilers étant grand ! Pas la meilleure lecture commune que l'on a pu partager… mais nous sommes toutes les deux ressorties satisfaites de cette plongée dans l'horreur, c'est le principal !

PPS : John Ethan Py n'est autre que Sébastien Péguin qui m'avait déjà convaincue avec son Songe d'Adam (des scènes horrifiques dans la Forêt-Noire allemande…).
Lien : http://bazardelalitterature...
Commenter  J’apprécie          30
Une lecture parfaite pour la saison ! Chesstomb de John Ethan Py nous entraîne dans un roman d'horreur baroque et complexe. le résumé m'avait donné très envie et j'apprécie beaucoup les oeuvres publiées par cette maison d'édition. Un roman qui, de plus, se prête très bien au Pumpkin Autumn Challenge. Qu'en-ai-je pensé ?

La plus grande originalité du roman réside dans sa forme. L'auteur construit une histoire basée sur de multiples témoignages de personnes ayant vécu les évènements relatés. Il y a donc un très grand nombre de personnages à suivre, et j'ai parfois eu du mal à me souvenir de qui est qui. de plus, l'auteur varie les formats. On a aussi bien des extraits de journaux personnels, des lettres personnels que des articles ou des passages plus classiques. L'ensemble donne l'impression de rassembler les pièces d'un puzzle.

Mais l'enquête n'est pas le seul style qu'arbore Chesstomb. L'histoire prend des tons plus fantastiques au fil du temps, avec des références bibliques et, bien sûr, la réanimation. le style sera même souvent gore et direct, avec une belle quantité de sang. J'ai trouvé que parfois, l'auteur en faisait un peu trop, ce qui m'a déconnecté de l'histoire et m'a paru gratuit et sans grande utilisé pour l'intrigue ou l'ambiance. le mélange entre fantastique, horreur et ésotérisme lié à l'audace de la forme permet cependant de bien s'immerger la moitié du roman, on a envie de découvrir les secrets du livre. L'ambiance est ainsi mystérieuse.

L'auteur aime par ailleurs beaucoup jouer avec ses lecteurs. C'est souvent le cas avec les récits qui se placent volontairement dans une forme de subjectivité totale, comme dans les nouvelles de Lovecraft par exemple, ou une grande partie de la littérature fantastique. On se demande tout le long du livre ce qui est vrai ou pas, qui sont réellement certains personnages ou ce qui les motive. le sentiment est renforcé par une très bonne partie finale, où les aspects fantastiques et épouvantes sont très bien dosés pour nous laisser sur un sentiment de grand doute sur ce qu'on a lu.

L'auteur joue également avec de nombreuses références. Dans un premier temps, il y a une grande place donnée à l'ésotérisme. Si Descartes est souvent mentionné, c'est surtout pour mettre en avant son attrait pour certaines croyances autour de la vie et la mort et évoquer les zones d'ombre de sa vie. Malgré quelques assertions un peu étranges, notamment le fait que le français du XVII siècle serait complètement illisible même pour des français (bon sang, on étudie un tas d'oeuvres dans le texte écrits à cette époque, je ne prétends pas que ce soit méga abordable, mais c'est compréhensible). L'auteur se nous offre également un peu petit jeu de temporalité qui nous permet de découvrir une partie de la vie d'HP Lovecraft imaginant ce qui a été son inspiration pour sa nouvelle Herbert West, réanimateur.

Chesstomb crée avant tout la surprise grâce à un format original. Se basant sur des éléments comme des extraits de journaux ou des témoignages, le livre dégage rapidement une ambiance étrange. On a l'impression de participer à une chasse au trésor complexe, trop parfois devant la multitude de personnages. le livre jongle habilement avec les genres, à part quelques scènes gores ou de sexe qui frisent le kitsch. J'ai cependant apprécié les références philosophiques et littéraires qui sont bien imbriquées à l'histoire du roman, notamment autour de Descartes et de HP. Lovecraft. Cerise sur le gâteau, j'ai trouvé le final très réussi.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
Commenter  J’apprécie          80

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mr Halsey nous rejoignit et éclaira l'énorme cadavre qui se débattait piteusement. Une des lames de verre l'avait presque sectionné en deux au niveau de l'abdomen. Son ventre énorme pendait comme un morceau de foie découpé par un boucher. Tous ses organes étaient tombés sur les instruments de mesure en un tas abject de boyaux. De partout le sang fusait à grands jets intermittents, inondant la vitrine.
Roberta Motherwell couinait, à présent, et se débattait toujours. À chacun de ses mouvements, son corps obèse s'enfonçait toujours plus sur la lame de verre, finissant de la sectionner. Je sentis mon cœur se soulever quand , dans un mouvement brusque, son corps se sépara enfin dans un bruit flasque et mouillé.
-Ah ! Mon Dieu ! Quelle horreur ... , dis-je en mettant ma main devant ma bouche.
Ses jambes s'agitaient toujours dans la vitrine tandis que, sur le trottoir, la partie supérieure paraissait encore bien vivante. Roberta rampa quelques instants sur le sol enneigé à la manière d'un morse, s'aidant de ses bras et traînant en corolle luisante ses intestins tranchés. Sifflantes et flatulentes, ses entrailles répandirent d'abjectes matières jusqu'à ce qu'elle termine sa reptation grotesque. Tendue une seconde sur ses bras, pour une dernière traction, elle éructa finalement un flot de sang et s'écroula.
Commenter  J’apprécie          20
Cela ne nous vient-il pas comme souvent du paganisme ? Les esprits des morts se manifestaient à cette période qui précède l'hiver, le mois où tout meurt, c'est pourquoi leur puissance en était accrue. Les deux fêtes n'ont d'ailleurs pour but pour les vivants non pas de se souvenir des défunts, mais plutôt d'être en paix et en harmonie avec eux, afin que leurs âmes ne reviennent pas les hanter. C'est pour cette raison que l'on dépose des fleurs sur les tombes, car les fleurs, dans n'importe quelle culture, sont un symbole de paix, de volonté de pacifier les rapports ; par leur beauté et leur délicieux parfum elles placent les choses sous de bons auspices, elles ont un pouvoir apaisant.
Commenter  J’apprécie          10
C'est une erreur de faire croire aux gens que le corps et l'esprit sont dissociés, expliquai-je. Ils travaillent de concert : ce que vous apprenez s'enracine en vous et vous pénètre jusque dans la moelle de vos os. Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi nous vouons autant de cultes aux reliques ?
Non, pas vraiment... Il me semblait que c'était du mysticisme.
C'est pourtant bien réel : les os, les restes humains, quels qu'ils soient, sont imprégnés par le pouvoir qu'ont acquis ces personnes, que ce soit des saints, des religieux ou des philosophes. Il en est ainsi pour chaque corps.
Commenter  J’apprécie          10
Il eut l'impression qu'ils étaient deux gamins visitant une maison abandonnée pour se faire frissonner... sauf que Bill visitait sa propre maison et qu'ils n'étaient plus des enfants.
Commenter  J’apprécie          40

autres livres classés : horreurVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (62) Voir plus



Quiz Voir plus

Ce film d'horreur et d'épouvante est (aussi) un roman

Jack Torrance, gardien d'un hôtel fermé l'hiver, sa femme et son fils Danny s'apprêtent à vivre de longs mois de solitude. Ce film réalisé en 1980 par Stanley Kubrick avec Jack NIcholson et Shelley Duvall est adapté d'un roman de Stephen King publié en 1977

Le silence des agneaux
Psychose
Shinning
La nuit du chasseur
Les diaboliques
Rosemary's Baby
Frankenstein
The thing
La mouche
Les Yeux sans visage

10 questions
966 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , horreur , epouvanteCréer un quiz sur ce livre

{* *}