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EAN : 9782372090766
480 pages
De Corlevour Editions (20/10/2021)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Ce livre comble une lacune, répare une injustice. Il offre pour la première fois au lecteur de langue française l'ensemble des poèmes que Quasimodo a écrits et publiés. C'est un fait étonnant si l'on songe qu'il est l'un des principaux poètes italiens du vingtième siècle et qu'il a reçu le prix Nobel de littérature en 1959. Depuis la première plaquette éditée à Florence, Eaux et terres, jusqu'à son dernier recueil, Donner et avoir, ces oeuvres poétiques reconstituen... >Voir plus
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Temple de Zeus à Agrigente



extrait 2

En silence nous regardons ce signe
d’ironique mensonge : et pour nous brûle
à la renverse la lune en plein jour, qui tombe
dans le feu vertical. Quel avenir
peut nous lire le puits
dorique, quelle mémoire ? Le seau remonte
lentement du fond et ramène de l’herbe, des visages
à peine connus.
Tu tournes, vieille roue du dégoût,
roi mélancolie qui prépares le jour ;
en tout temps consciencieuse, qui réduis en ruines
images angéliques et miracles,
qui jettes la mer dans la lumière étroite
d’un œil !Le télamon est ici, à deux pas
de l’Hadès (murmure étouffant, immobile),
couché dans le jardin de Zeus, il désagrège
sa pierre avec la patience d’une larve
de l’air : il est ici, jointure sur jointure,
parmi les arbres éternels, d’une seule semence.


/Traduit de l'italien par Roland Ladrière
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Ô mes doux animaux
  
  
  
  
À présent l’automne gâte le vert des collines,
ô mes doux animaux. Nous entendrons encore,
avant la nuit, l’ultime plainte
des oiseaux, l’appel de la plaine
grise vers la rumeur
haute de la mer. Et l’odeur du bois
sous la pluie, l’odeur des tanières,
si vive parmi les maisons,
parmi les hommes, ô mes doux animaux.
Ce visage aux yeux lents qui se tourne,
cette main qui montre le ciel où
gronde le tonnerre, ce sont les vôtres, ô mes loups,
mes renards brûlés par le sang.
Chaque main, chaque visage sont vôtres.
Tu me dis que tout a été vain,
la vie, les jours corrodés par une eau
continuelle, tandis que monte des jardins
un chœur d’enfants. À présent déjà loin
de nous ? Mais ils se perdent dans l’air
comme ombres à peine. C’est son refrain.
Mais moi, je sais peut-être que tout n’est pas fini.


/ Traduit de l'italien par Roland Ladrière
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La pie noire rit sur les orangers



C’est peut-être un signe avéré de la vie :
autour de moi des enfants aux légères
oscillations de tête dansent en un jeu
de cadences et de voix le long du pré
de l’église. Pitié du soir, ombres
rallumées sur l’herbe si verte,
sublimes dans le feu de la lune !
La mémoire vous accorde un bref sommeil ;
maintenant, réveillez-vous. Le puits résonne
de la première marée. C’est l’heure :
non plus mienne, simulacres anciens et brûlés.
Et toi, vent du sud chargé de fleurs d’oranger,
pousse cette lune où dorment les enfants
nus, force le poulain dans les prairies humides
aux traces de juments, ouvre
la mer, libère les nuages des arbres :
déjà s’avance le héron vers l’eau,
il flaire, lent, la boue parmi les épines,
et la pie noire rit sur les orangers.


// Traduit de l'italien par Roland Ladrière
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Temple de Zeus à Agrigente



extrait 1

La jeune fille assise dans l’herbe relève
les cheveux rêches de sa nuque et rit
de sa course et du peigne égaré.
Elle ne dit pas sa couleur, s’il fut arraché
par la main de feu qui salue
au loin derrière un amandier, où s’il finit
sur la mosaïque du cerf grec au bord
du fleuve, ou dans un fossé d’épines violettes.
Et elle rit, la folie des sens, elle ne cesse de rire
sur sa peau de canicule
à midi de l’île,
et l’abeille luisante siffle et décoche
ses venins, ses pièges pour des étreintes innocentes.



/Traduit de l'italien par Roland Ladrière
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Les retours
  
  
  
  
Piazza Navona, la nuit, sur les bancs
je restais allongé, cherchant la paix,
et mes yeux, par droites et volutes en spirales,
unissaient les étoiles,
les mêmes que je suivais enfant
étendu sur les galets du Platani
égrenant mes prières dans le noir.

Les mains croisées derrière la tête
je me rappelais les retours :
l’odeur des fruits séchant sur les claies,
de giroflées, gingembre et lavande ;
quand je pensais à te lire, mais doucement,
(toi et moi, maman, dans un angle de pénombre)
la parabole du fils prodigue,
celle qui me suivait toujours dans les silences
comme un rythme qui s’ouvre à chaque pas
sans qu’on le veuille.

Mais il n’est pas donné aux morts de revenir,
et il n’est pas d’heure non plus pour la mère
quand la route appelle ;
et je repartais, enfermé dans la nuit,
comme un qui craint d’être surpris par l’aube.

Et la route me livrait des chansons
qui sentent le grain gonflant dans l’épi,
la fleur qui tache de blanc les oliveraies
entre le bleu du lin et des jonquilles ;
résonnances dans les tourbillons de poussière,
cantilènes d’hommes et grincement des remorques
dont les pauvres lanternes oscillent
et offrent à peine la lueur d’une luciole.


/Traduit de l'italien par Roland Ladrière
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