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sur 1201 notes
La Feuille Volante n°1056– Juillet 2016
EFFROYABLES JARDINSMichel Quint – Éditions Joëlle Losfeld.

On peut être instituteur, respecté par ses élèves et par ses collègues, être admiré de son épouse et aimer faire le clown, l'auguste, celui qui fait tant rire les enfants, ... et être détesté par son fils pour cette activité qui ressemble à une passion. Pourtant, André, c'était un clown triste, comme s'il expiait quelque chose d'inavouable qui appartenait à une face sombre de son personnage, une sorte de malédiction et cela ne tenait pas au fait qu'il était mauvais et qu'il le savait. Cependant, de l'aveu même de ce fils, le narrateur, cet homme était un marrant, quelqu'un qui aimait rire et de ce fait était l'image même d'un paradoxe. le jeune garçon qu'il était alors devait bien faire sa crise adolescence puisqu'il ne goûtait guère, en plus des excentricités de son père, ni sa Dyna Panhard, ni les déjeuners de famille, ni ce film du dimanche qui parlait de la guerre, ni même son cousin Gaston et Nicole, sa dulcinée. C'est pourtant ce Gaston, un bon à rien selon sa mère, qui va servir de truchement et affranchir le garçon qui dès lors verra son père autrement et ce cousin aussi d'ailleurs. Cela remontait à la guerre, la deuxième, où son père et son cousin qui faisaient de la résistance, presque pour rire, en dilettantes et, sans précaution ni volonté de se cacher, ont fait sauter le transfo de la gare de Douai. Seulement quand ils ont été pris au hasard par les Allemands avec d'autres otages, tous promis à la mort, fini de rire ! Pourtant le rire (et pas seulement), c'est ce que leur geôlier, un soldat allemand, clown dans le civil et francophone de surcroît, peut leur offrir pour ne plus penser à la mort, au fond d'un trou où ils avaient toutes les chances de la rencontrer.

Il doit bien y avoir un dieu quelque part qui arrange les choses ou alors la chance, le hasard, allez savoir... André et Gaston s'en sont tirés après quand même pas mal de pérégrinations. de tout cela reste cette malédiction de l'auguste que le gamin devenu grand peut enfin assumer bien des années après la mort d'André. Cet homme a, pendant tout le reste de sa vie, sous son nez rouge et sous le fard, rendu hommage à ce clown-geôlier devenu plus tard producteur de cinéma, qui, dérisoirement, les a aidé à supporter leur détention et à faire prévaloir la vie. le narrateur lui-même le fera sous les trait d'un clown et viendra, présence anachronique, au procès de Papon, cet homme qui, au mépris de la vie des autres a mené une carrière de Haut-Fonctionnaire, de « grand commis de l'État », député, préfet, ministre du budget sous le gouvernement Barre qui avait commencé sa carrière sous le régime de Vichy et la collaboration avec les nazis, l'avait poursuivie avec de hautes responsabilités et des honneurs comme la République sait parfois en délivrer, mais avait terminé sa vie par une condamnation en 1998 pour complicité de crime contre l'humanité, attachant définitivement son nom à la déportation des juifs. le narrateur devenu adulte rendra donc hommage à son père de cette manière, se délivrant du même coup du poids de cette enfance, montrant ainsi que le procès de ce vieillard, devenu face à ses juges un misérable pitre, n'était qu'une mascarade, opposant un humour dérisoire aux massacres dont il fut le complice, à la mémoire qui se dissout si bien dans le temps, à l'oubli qui caractérise tant l'espèce humaine.

Le style de ce court roman est sans aucune recherche ni aucune fioriture littéraire, spontané...

Je me souviens avoir vu, il y a de cela bien des années, une adaptation cinématographique un peu différente de ce roman par Jean Becker en 2003 et que j'en avais été ému. Cela tenait aussi sûrement aux interprètes et notamment le très regretté Jacques Villeret.

J'ai abordé l'oeuvre de Michel Quint avec « Apaise le temps » (La Feuille Volante n° 1053) qui m'a modérément plu. J'avoue que là je change volontiers d'avis à cause de ce roman et de ce film.

© Hervé GAUTIER – Juillet 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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Effroyables jardins

62 pages ! 62 pages qui broient le coeur et font monter les larmes.
Un livre si petit par son format et si important par son message, par le devoir de mémoire qu'il propose, par la pédagogie qui doit faire de lui un incontournable de l'école, par la beauté de son style aux langages variés et foisonnants d'argot comme de propos plus soutenus.
Un récit qui a la capacité à nous émouvoir et à nous convaincre de la nécessité de se rappeler. Car même si on ne l'a pas vécu, si on est de plus en plus nombreux à ne pas avoir vécu ces choses là et ces événements tragiques, on a le devoir de se rappeler comme si nous y avions nous-mêmes assisté.

C'est touchant, c'est brillant, c'est important.
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Effroyable ennui, gros de bons sentiments, pesant de tous les poncifs du genre ; surtout : le style ne fleurit guère en ce terne jardin. Hélas, mon libraire n'accepta point de me rembourser.
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Un livre très court mais très percutant.
Construit en deux parties, la première est vue par les yeux d'un petit garçon dont le père est instituteur et qui fait le clown au sens littéral du terme. Il va ainsi animer les après-midis et les soirées dans les fêtes de villages, dans les comités d'entreprises, chez les particuliers.
Et ce père qui fait le clown ce petit garçon le déteste.
Jusqu'au jour où…
A l'occasion d'une sortie au cinéma avec un couple d'amis de ses parents, si proches qu'ils sont toujours ensemble, Gaston l'ami de son père lui dit qu'il est temps qu'il sache.
Et ce que Gaston va révéler va changer à jamais la façon dont l'enfant verra son père ce clown triste.
Ce père dont il ignorait tout des activités de résistant, ce père sauvé par la bonté d'un soldat et le courage d'un couple
Superbe livre qui ne peut que nous rappeler que derrière les apparences, se cachent souvent beaucoup de choses à découvrir.
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"Effroyables Jardins" c'est l'histoire d'un garçon qui a honte de son père. Son père qui s'amuse à jouer au clown amateur, et pas très bien d'ailleurs... Pour son fils c'est humiliant. Il le méprise de se comporter ainsi. Jusqu'au jour où il découvre la vérité de cette comédie. Une vérité qui le ramène dans les pires heures de l'Histoire de l'humanité. Une vérité qui va complètement changer son regard sur son père mais aussi sur le reste de son entourage...

Ce livre je l'ai lu pour la première fois en troisième dans le cadre des lectures obligatoires pour le cours de français. Je me souviens avoir adoré. J'avais dévoré ce petit roman en moins d'une heure. L'histoire m'avait marquée, touchée. J'ai voulu le relire pour voir si je ressentais toujours la même chose. Et c'est le cas. Parce que ce livre n'est pas une fiction, c'est une histoire vraie. L'histoire de l'auteur. Une histoire qui montre qu'il ne faut pas toujours se fier aux apparences, que certaines vocations naissent dans les situation les plus inattendues et que les secrets de familles sont parfois très loin de ce qu'on peut imaginer. Ce témoignage est important. Comme tous ceux portant sur les faits qui se sont déroulés à cette époque. Parce qu'on ne peut pas oublier ce qui s'est passé durant la Seconde Guerre Mondiale. On peut pas oublier ses actes barbares et terrifiants. "Effroyables Jardins" en est une preuve. A la fois terrible et plein d'espoir...

Je suis contente que ce livre est fait partie de ceux choisis par ma prof de français de troisième parce que sans elle je ne suis pas sûre que je me serai un jour arrêté sur ce petit bouquin. Comme quoi, les lectures obligatoires ont parfois du bons... Surtout quand c'est pour découvrir de petites pépites comme "Effroyables Jardins". Une pépite littéraire et une leçon d'histoire... C'est pour ça que j'aime la littérature parce qu'on ne sait jamais à quoi s'attendre quand on ouvre un livre. Et parce qu'il y a cette transmission. Que ce soit en racontant son histoire ou simplement en faisant connaître un livre autour de soi... J'espère que d'autres professeurs continuent à faire étudier ce roman, pour que les histoires des personnes comme André, Gaston, Bernhard et tant d'autres ne soient jamais oubliées.
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En quelques pages, l'absurdité de la guerre et de la vie, la douceur du rire, la violence de l'inhumain, l'importance de transmettre, et la question : qui est un héros ?
Un acte - un transfo explosé - qui a des conséquences inattendues, raconté par l'enfant devenu adulte qui un jour a reçu le témoignage, en mots simples et populaires, de son oncle.
Je découvre ce livre des années après avoir vu le film tiré du texte de Michel Quint : les deux valent le coup d'oeil, il y a quelque chose de complémentaire.
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Très court roman de Michel Quint, je pense être passé à côté par mon manque de connaissance du sujet, l'édition que j'ai est complétée par un supplément histoire et une supplément littérature, que j'aurais du lire en premier.
Un fils a honte de son père, instituteur, en effet, celui a pris l'habitude de se déguiser en clown à la moindre occasion.
Un jour, il va voir le film le pont avec son oncle Gaston (le frère de son père) qui à la fin du film va lui confier la raison pour laquelle son père aime se déguiser, cette raison vient de la période pendant laquelle les deux frangins ont fait partie de la résistance pendant la deuxième guerre mondiale. maintenant, que le fils connait la raison, son regard vis à vis de son père va changer.
Je regrette de ne pas m'être un peu plus documentée avant de lire ce livre car je pense que je l'aurais aimé davantage, il n'est même pas exclu que je le relise très prochainement, car je ressens une petite frustration.
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Je suis tombée sur ce livre par hasard, après avoir vu plus d'une fois le film programmé à la télé ( soyons précis : j'ai vu qu'il était programmé, mais je n'ai pas vu le film.). J'ai donc cherché à la bibliothéque, et là, étrange, un minuscule livre. Un livre qu'on dit si bien, si petit?

Après avoir commencé sa lecture, les quelques premières pages, je ne comprenais pas. Ce fils qui a honte de son père, rien de bien fascinant la dedans. Et puis, l'oncle Gaston raconte. Et là, on comprends. On comprends pourquoi le clown, bien sûr, mais aussi pourquoi l'intérêt de ce livre. La poésie de la langue oral retranscrite et la poésie de l'action. Un livre sur la seconde guerre mondiale qui, en à peine quelques pages, arrive à vous émouvoir et à raconter des années de vie, ça n'arrive pas si souvent.

Ce livre est beau. Court, simple, et beau. Et il me passe l'envie de voir le film, parce que comment un film pourrait offrir cette atmosphère créée grâce aux paroles de Gaston?
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Une petite histoire qui se dévore, d'un trait, d'un regard, d'une respiration. Un petite histoire qui n'en est pas tant, aux regards de ses protagonistes qui ont vécu le pire, et qui grâce à un homme ont su rires. Une petite histoire au sein d'une grande histoire, beaucoup moins drôle!

Une histoire qui compte les calembredaines d'un certain Bernhard Wicki, pour égailler le coeur d'hommes aux bords de l'exécution! Un très beau roman ;-)
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Un petit livre pour une grande Histoire. Michel Quint nous conte l'histoire d'un père qu'il méprise dans son adolescence avant d'apprendre quel homme il était dans la résistance lors de la 2nde Guerre Mondiale. Des actes d'hommes qui voulaient se battre pour une idée de liberté. Un bel hommage, les dernières pages sont terriblement émouvantes.
C'est bref mais très parlant, les confidences de l'ami de son père, Gaston, qui raconte à ce fils ingrat, qui a été son père. Et donc ce moment dans la fosse de glaise, ce qui s'y joue, ce que cela a induit et les hommes que cet instant terrible a provoqué.
J'ai aimé, beaucoup, même si le style d'écriture, j'avoue, m'a parfois, un peu dérangée...
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