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sur 1201 notes

" Et que la grenade est touchante
Dans nos effroyables jardins."

Comme il en a l'habitude, Michel Quint emprunte le titre de ce court roman à un poème, ici d'Apollinaire.Entre poésie, réalité crue et paroles un peu gouailleuses, il nous présente, par le biais du narrateur un personnage fort attachant, celui d'un père de " douce obstination et d'intérieure nécessité".

le narrateur, enfant puis adolescent, ne comprend pas pourquoi son père, instituteur apprécié, se déguise en clown, dès que l'occasion, fête, spectacle, se présente.Il a alors honte de lui et ne supporte pas ce spectacle qu'il juge affligeant.C'est le cousin de son père, Gaston, qui va lui révéler les raisons de cet accoutrement.

L'explication remonte à la seconde guerre mondiale et un épisode douloureux et marquant, vécu par le père du narrateur, alors dans la résistance. Un épisode où l'"ennemi" jouera un rôle inattendu ...et salvateur.Qui entraînera une promesse du père.

J'ai trouvé cette histoire très touchante et comme toujours, chez l'auteur, pleine d'humanité et de sensibilité.Jacques Villeret, à l'écran, a rendu avec délicatesse la beauté de la figure paternelle, dont le narrateur est fier, à la fin du livre.
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Un tout petit roman, ou une longue nouvelle, petit bijou de simplicité et d'économies de moyen, qui dit tout en quelques dizaines de pages : le regard méprisant d'un enfant sur un père qui se ridiculise en faisant le clown (au sens propre), suivi du terrible récit d'une prise d'otage, pendant la guerre, à l'époque où ce père était résistant... Ce livre dit à peine les choses, le coeur du texte est le récit brut d'un cousin à la parole difficile, laissant au lecteur le soin d'interpréter des faits bruts, de s'interroger sur la véritable signification du courage et du rire.
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Dans ce récit dont la brièveté n'ôte rien à l'efficacité ni à l'émotion, et dont Jean Becker fit un film éponyme tragi-comique en 2003, Michel Quint rend hommage à son père, ancien résistant et professeur, ainsi qu'à son grand-père, ancien combattant de Verdun. Ce roman est aussi dédié à Bernhard Wicki, réalisateur et acteur suisse qui servit sous l'uniforme allemand durant la Seconde Guerre mondiale, et dont le film anti-belliciste « le Pont » (Die Brücke, 1959) est habilement évoqué dans ce roman. Pour le titre de son roman, Michel Quint s'inspire d'un vers de Guillaume Apollinaire, « Et que la grenade est touchante dans nos effroyables jardins ».

L'histoire est racontée à la première personne par un homme qui se souvient qu'étant enfant il détestait les clowns, notamment les augustes avec leur perruque rouge et leur air triste. S'il détestait autant les clowns, ce petit garçon, c'est que son père instituteur ne manquait jamais une occasion de se grimer pour aller faire ses pitreries, et même une fois l'an dans sa propre école à la période du carnaval. Honte suprême pour ce jeune garçon. « Mon père était un homme de douce obstination et d'intérieure nécessité. Avec certitude, je ne l'ai su qu'après. Quand il a jugé qu'il était temps de m'affranchir. »

Celui par qui arrive aux oreilles du garçon la vérité sur cette dégradante tradition paternelle, c'est Gaston, le cousin de son père. Ensemble, ils ont été résistants durant la guerre. A l'occasion d'une sortie au cinéma, prétexte aux révélations, le jeune garçon va alors apprendre le récit d'événements tragiques vécus par les deux hommes, et dont la mémoire perdure sous un déguisement de clown. Avec pudeur et simplicité, dans une langue qui s'efforce de restituer le patois de Gaston, le narrateur parvient à convoquer l'histoire, à transformer le mépris en respect, la honte en tendresse.
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Un jeune garçon est exaspéré par les navrantes clowneries de son père qui se donne en spectacle au grand désespoir de son fils.
Jusqu'au jour ou il apprend le secret de famille que tout cela cache, de quel clown auguste son père s'inspire.
Le titre vient d'un calligramme de Guillaume Apollinaire : " Et que la grenade est touchante \ Dans nos effroyables jardins".
Cet oxymore reflète bien l'opposition entre l'atrocité de la guerre (la 2nde guerre mondiale), l'angoisse des otages qui attendent que les soldats allemands les fusillent et leur gardien qui fait le clown avec toute son humanité qi transpire à travers l'uniforme.
Texte court, dense et très riche.
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Effroyables jardins nous raconte la relation d'un fils à son père... le fils qui ne comprend pas ce père instituteur passant son temps libre à faire le clown, partout où il peut, surtout qu'à ses yeux, il n'est même pas doué... Jusqu'au jour où le meilleur ami du paternel lui raconte le pourquoi de cette vocation si spéciale.

Roman très court mais néanmoins émouvant et touchant, Michel Quint nous parle ici des héros ordinaires de la seconde guerre mondiale, ces gens simples qui ont commis des actes de bravoure et de résistance.

Une belle écriture, un bel hommage plein de tendresse.
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Déjà séduite par l'écriture de Michel Quint, je ne pouvais passer à côté de ce petit bijou. En peu de pages, Michel Quint raconte ce que, nous aussi, avons pu connaître, à savoir la honte des faits et gestes de son père. Ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère tous les deux.
Un soir Gaston révèlera à Lucien les raisons pour lesquelles son père, chaque week-end se grime en clown. Il lui dit tout : la résistance, le dynamitage du transformateur, la prise d'otage... Alors, Il comprend l'attitude de son père, les regards, les silences. Alors il découvre le courage simple de son enseignant de père et l'hommage à celui qui leur a sauvé la vie en mettant son nez rouge au service des autres.
Au pays des salauds, certains font également de la résistance.
Michel Quint nous offre un récit juste, poétique, émouvant. Comme Lucien on se retrouve tout couillon devant ce récit et la fin est un joli pied de nez de clown.
Un récit profond, humain, qui ouvre une lueur dans ce monde de brutes. le courage, l'abnégation, l'amitié, la famille peuvent être plus que des mots sans références à la devise de Pétain. A faire lire

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Un bel hommage aux résistants,en général et en particulier à André et Gaston qui faisaient sauter les transfos au péril de leur vie et au chef de gare, pris dans l' embuscade, qui se dénonce à la place de ses "tueurs".
Une leçon de philosophie où le rire, propre de l'homme, lui permet parfois de conserver sa dignité.
Un bel exemple de fraternité puisqu'il ne faut jamais généraliser, le côté des méchants n'étant pas forcémement entièrement méchant.
Une réhabilitation du père,qui débute en clown et finit en héros.
Un conseil:méfiez vous de l'image et du paraître!
Des dialogues émouvants, une adaptation en film que j'avais déjà vu au cinéma avec les excellents André Dussolier et Jacques Villeret, un texte en solo que j'ai pris plaisir à écouter dernièrement en adaptation théatrale au "off" d'Avignon et que j'ai relu hier avec plaisir!
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Que sait-on de nos parents, des tourments qu'ils ont dû traverser au cours de leur existence ? Lorsque nous sommes enfants, nous les regardons sans tout savoir de leur vécu et quelquefois, ils peuvent avoir des comportements qui nous dérangent, pire, ils nous font honte dans certaines situations. C'est ce qui arrive au narrateur dont le père est instituteur qui se déguise en mauvais clown lors des kermesses. Mais un jour, il va comprendre que derrière le plus triste des clowns tristes se cachait un héros. Et dans la guerre, on a tôt fait de cataloguer l'ennemi, de l'accuser de tous les maux alors que chez l'ennemi, on trouvera aussi des héros ordinaires qui donnent l'illusion d'obéir aux ordres tout en bravant l'interdit, au risque de leur vie. Mon grand-père qui me faisait peur quand j'étais enfant était de ceux-là, après son décès, on a trouvé des lettres de familles juives qu'il avait sauvées alors qu'il était chef de brigade de gendarmerie et qu'il devait obéir aux ordres de Vichy.
A travers cette fable, Michel Quint nous invite à revisiter nos représentations et éviter les jugements hâtifs aussi bien dans la famille que dans l'histoire. Les héros anonymes sont partout si l'on sait les voir.

Challenge ABC 2021-2022
Challenge Riquiqui 2022.
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Ce tout petit volume de 63 pages est d'une puissance incroyable ! 

Le narrateur, jeune garçon au début a un peu honte de son père, un instituteur qui régulièrement endosse un costume de clown auguste pour des représentations gratuites lors de fêtes d'anniversaire, de kermesse et autres réunions familiales ... 

Jusqu'au jour où l'oncle Gaston lui racontera pourquoi son père fait régulièrement le clown, et en souvenir de quel fait de résistance ... 

Et cela éclairera la première scène où un clown assiste à Bordeaux à l'énoncé du verdict du procès de Maurice Papon.

Quelle puissance évocatrice dans si peu de pages ! 

Quel livre !  
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Malgré ses cinq millimètres d'épaisseur, ce livre a du poids et de la consistance !

si brièvement mais si brillamment se distille :
L'histoire d'une antipathie filiale
L'histoire d'un clown triste
L'histoire de la guerre
L'histoire d'un homme désenchanté
L'histoire d'un amour inavoué
Chapeau !

Et merci au si talentueux Jean Becker de l'avoir mis en scène dans son film homonyme !
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