Le titre de cette nouvelle est mal choisi (Gloria tropical) et même s'il sonne mieux, il est faux et trompeur. Le climat tropical correspond aux zones les plus sèches et désertiques de la planète : le Sahara, le Kalahari, l'Atacama, les déserts d'Australie, d'Arabie ou du Mexique. Il faut une conjoncture très particulière du relief à l'ouest pour ne pas avoir un désert sous les tropiques (pampa argentine, Ghats indiens et sud de la Chine).
Pourtant, dans l'imaginaire populaire, les tropiques sont synonymes certes de chaleur, mais aussi de végétation luxuriante, de jeunes femmes très souriantes, faiblement vêtues et couvertes de fleurs. On confond donc communément équateur et tropiques ; ce que l'on entend par climat " tropical " est un abus de langage pour désigner la zone INTERtropicale, c'est-à-dire équatoriale. Excusez-moi de pinailler mais c'est un peu comme pour les pingouins et les manchots, ça me titille toujours un peu de voir les termes adéquats mal utilisés.
Donc, fin de la digression quant au titre, cette nouvelle devrait être baptisée Gloire ÉQUATORIALE et non tropicale. Horacio Quiroga nous invite ici à beaucoup d'humilité quant à notre aptitude à supporter les conditions de vie extrêmement exigeantes qu'impose le climat équatorial. En gros : faites pas trop les malins ! (Et pour avoir vécu un an et des poussières en climat équatorial en Guyane ou en Colombie, je puis vous affirmer qu'il a raison.)
Là-bas tout pousse, s'égaye un arboriculteur, c'est le paradis. Certes, certes, tout pousse, c'est indéniable. Mais tout pousse aussi à l'intérieur de vous ; votre corps devient un substrat où une multitude d'espèces dont on n'aurait pas idée décide de se faire un habitat à long terme : champignons, protozoaires, bactéries, vers nématodes, virus, acariens, larves d'insectes… Je ne vous parle pas, bien évidemment, des arthropodes piqueurs qui ne sont, sauf les adorables moustiques, pas à proprement parler vecteurs de parasites : fourmis larges comme le pouce, scolopendres, araignées, guêpes en tout genre.
Je ne vous parle pas non plus des combinaisons apparemment anodines d'agents pathogènes comme les poux d'agouti, qui provoquent ordinairement des démangeaisons insupportables et — on a beau vous le dire et vous le répéter — bien qu'il ne faille pas gratter, c'est insupportable si bien que vous finissez par vous éroder un tout petit peu la peau et qu'à cet endroit précis, sur cette parcelle de votre épiderme, fourmillent des milliards de bactéries qui n'attendaient que cela.
Si bien que, résultat des courses, un grattage de poux d'agouti vous rapporte au tirage 10 jours d'antibiotiques costauds pour venir à bout de cette purulence qui jaillissait de vous et commençait à vous gangrener la jambe. Voilà, en gros, en très gros, ce que tout voyageur équatorial doit avoir à l'esprit avant de s'engager dans un voyage vers " les tropiques ".
Ici, c'est un jeune Américain, plein de santé et de jeunesse à revendre qui décide d'aller à Fernando Póo (ancien nom de l'île de Bioko, au large de l'actuel Cameroun et du delta du Niger, appartenant à la Guinée équatoriale). Malgré les mises en garde d'un homme qui en est revenu par un coup de chance du destin en ayant slalomé entre toutes les maladies, notre homme décide de s'embarquer.
Atteindra-t-il la gloire tropicale ? Ça, c'est à vous de le découvrir. Horacio Quiroga parvient à créer une atmosphère angoissante comme dans Au Coeur Des Ténèbres de Conrad mais sans toutefois l'ampleur qu'on pourrait attendre. Souvenez-vous, au demeurant que ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire bien peu de chose.
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— Vous voulez aller à Fernando Póo ? Si vous y allez vous n'en reviendrez pas, je vous le garantis.
— Pourquoi ça ? objecta mon ami. Le paludisme ? Vous en êtes bien revenu, vous. Et je suis américain, moi.
À quoi l'autre répondit :
— D'abord, si je ne suis pas mort là-bas, Dieu seul sait pourquoi, car il s'en est fallu de peu. Ensuite, le fait que vous soyez américain ne vous protégera pas de grand-chose. J'ai vu, dans le bassin du Niger, plusieurs Brésiliens de Manaos et une quantité d'Antillais ; tous mouraient. On ne joue pas avec le Niger.
« […]
« La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […]
[…] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux,
sans cesse il allait et venait.
Son regard était si profond
qu'on le pouvait à peine voir.
Quand il parlait, il avait
un accent timide et hautain.
Et l'on voyait presque toujours
brûler le feu de ses pensées.
Il était lumineux, profond,
car il était de bonne foi.
Il aurait pu être berger
de mille lions et d'agneaux à la fois.
Il eût gouverné les tempêtes
ou porté un rayon de miel.
Il chantait en des vers profonds,
dont il possédait le secret,
les merveilles de la vie
ou de l'amour ou du plaisir.
Monté sur un Pégase étrange
il partit un jour en quête d'impossible.
Je prie mes dieux pour Antonio,
qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre
0:06 - Solitudes, VI
3:52 - du chemin, XXII
4:38 - Chanson, XLI
5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX
7:06 - Galeries, LXXVIII
7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains
9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX
10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII
10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille »
12:17 - Générique
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