Dans l'ensemble ces nouvelles ne sont guère rassurantes et se finissent souvent par la mort du personnage principal. Les animaux semblent avoir de nombreuses vertus : dans la toute première nouvelle, ils font même la révolution bien que fort désunis. Il arrive à la nature de presque prendre le dessus, les hommes meurent de maladies bien et sont victimes des intempéries diverses. le vice est une autre manière de prendre le dessus, du fait de la prolifération de l'alcool qui s'avère un redoutable meurtrier.
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Ce fonctionnaire s'appelait Malaquias Sotelo. C'était un Indien de petite taille , au cou très court, qui semblait devoir vaincre une résistance de sa nuque pour redresser la tête. Il avait une forte mâchoire et le front si bas que ses cheveux, courts et raides comme du fil de fer, prenaient naissance en une ligne bleue à deux doigts de ses épais sourcils, sous lesquels deux petits yeux enfouis regardaient avec méfiance, surtout quand l'asthme les baignait d'angoisse.
Les coutumes, en effet, la population et l'aspect même du paysage étaient trop loin, comme le souvenir d'un rêve, des premiers temps héroïques, lorsqu'il n'y avait pas de limite à l'extension des terres en friche, et que chacun travaillait pour tous, dans un système coopératif. Alors, on ne connaissait pas la monnaie, ni le Code Rural, ni les barrières cadenassées, ni les breeches des notables. Du Pequirí au Paraná tout était brésilien, de la langue jusqu'aux franceis de Posadas.
La région était différente, nouvelle, étrange, rude.
Tirafogo et João Pedro étaient désormais trop vieux pour se reconnaître en elle.
À cette époque les registres demeuraient dans les officines locales, où ils étaient contrôlés tous les ans. Du moins était-ce la règle. Car dans la pratique, des années s’écoulaient avant qu’une inspection eût lieu – parfois jusqu’à quatre ans, comme dans le cas présent. De sorte que l’inspecteur se retrouva devant vingt-quatre registres d’État civil, douze desquels étaient remplis d’actes non signés et les douze autres totalement vierges.
Il va mourir. Froidement, inéluctablement, il va mourir.
« […]
« La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […]
[…] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux,
sans cesse il allait et venait.
Son regard était si profond
qu'on le pouvait à peine voir.
Quand il parlait, il avait
un accent timide et hautain.
Et l'on voyait presque toujours
brûler le feu de ses pensées.
Il était lumineux, profond,
car il était de bonne foi.
Il aurait pu être berger
de mille lions et d'agneaux à la fois.
Il eût gouverné les tempêtes
ou porté un rayon de miel.
Il chantait en des vers profonds,
dont il possédait le secret,
les merveilles de la vie
ou de l'amour ou du plaisir.
Monté sur un Pégase étrange
il partit un jour en quête d'impossible.
Je prie mes dieux pour Antonio,
qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre
0:06 - Solitudes, VI
3:52 - du chemin, XXII
4:38 - Chanson, XLI
5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX
7:06 - Galeries, LXXVIII
7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains
9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX
10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII
10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille »
12:17 - Générique
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