AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Maya R. (Autre)
EAN : 9782367951478
118 pages
Chèvre-feuille étoilée (22/03/2021)
4.44/5   8 notes
Résumé :
Pendant un an, entre 4 et 5 ans, l’auteure de ce récit fut agressée sexuellement par un homme de son entourage.

Par peur, honte et sentiment de culpabilité, elle ne dit rien à ses parents mais dessine, puis, très tôt, se confie à son journal intime. Bien que ses dessins figurent clairement ce qu’elle a subi, les adultes ne voient rien.

En grandissant Maya rencontre d’autres agresseurs.
Une force incommensurable, comme elle la nom... >Voir plus
Que lire après Si j'écris... #MoiAussiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Abusée sexuellement un an durant, entre ses 4 et 5 ans, par un homme de son entourage, l'auteur a toujours conservé le silence, ne parvenant à s'exprimer que dans ses dessins et dans son journal intime. Désormais parvenue à la soixantaine, et après une vie à lutter contre la honte et le sentiment de culpabilité qui continuent à l'étreindre inexorablement, elle entreprend de rassembler ses dessins et ses écrits d'hier et d'aujourd'hui, pour nous livrer son témoignage. Il aura fallu pour cela que la vague #MoiAussi l'encourage à enfin oser prendre la parole.


Comment ne pas se sentir autant consterné qu'indigné, à la lecture de ce court, mais si touchant livre, d'abord par les agressions répétées, secrètement subies dans l'enfance par l'auteur, puis par le traumatisme porté silencieusement sa vie durant ? Pour la victime, la peine est double, et à perpétuité, puisqu'au choc des agressions viennent s'ajouter, d'une part l'impunité du coupable, d'autre part le poison d'une honte et d'un sentiment de culpabilité éternellement entretenus par le silence et l'indifférence. Il est ainsi grandement dérangeant de constater, que des signaux envoyés par l'enfant, puis par l'adulte qu'elle est devenue, personne n'a jamais eu cure. Il n'est pas jusqu'aux psys, consultés dans les années quatre-vingt, qui ne minimisèrent les faits et leur impact sur l'auteur, l'empêchant durablement dans son travail de reconstruction.


Phase essentielle dans la résilience de l'auteur, ce témoignage est aussi un appel et un sincère plaidoyer, à l'ombre des écrits de Boris Cyrulnik : le sauvetage des victimes passe d'abord par la libération de leur parole. Il faut développer l'écoute, apprendre à détecter les signaux faibles, encourager l'expression des enfants abusés, notamment au travers de la création artistique. Malgré la gravité du sujet, les courts textes qui jalonnent le cheminement de l'auteur, les dessins qu'elle commente et décode, se parcourent avec une étonnante facilité. Exempts de pathos et de colère, ses mots sont le résultat d'une profonde maturation. Choisis avec le plus grand soin, ils impressionnent par leur profondeur et par ce délicat souci d'autrui que savent développer les personnes qui ont souffert.


Etape courageuse dans le parcours personnel de l'auteur, précieux éclairage pour mieux écouter et aider les enfants victimes de pédophilie, ce témoignage bouleversant ne laissera personne indifférent. Remarquablement rédigé, il bénéficie également d'une grande qualité d'impression qui met en valeur ses si parlantes illustrations. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          733
Livre gagné par le biais de la masse critique, je remercie Babelio et les éditions chèvre.feuille étoilée, grâce à qui j'ai pu découvrir cette oeuvre.

Il ne s'agit pas d'un roman, c'est un documentaire ou plutôt un témoignage, celui d'une petite fille, qui devenue femme mûre, a enfin pu se délivrer de son fardeau.

J'ai eu mal à lire, mal dans le sens où j'ai eu de la peine pour cette enfant, j'ai été en colère, j'ai pleuré, je me suis questionnée, beaucoup,
je suis allée écouter la seule interview de Maya que j'ai trouvée, dans laquelle elle est avec sa fille et où elles racontent ensemble.

Cette femme est d'une beauté rare et d'une grande classe, mais on sent en elle quelque chose de cassé, d'abîmé pour toujours.
Elle ressemble encore à la photo de couverture où on la voit, le regard apeuré et pourtant les yeux grands ouverts, la bouche un peu pincée,
arborant un sérieux qui ne colle pas à son âge, près de ce petit fennec adorable qui était son seul ami.

Ce qu'elle raconte, elle le nuance toujours, parlant de sa mémoire, de son traumatisme. Et cependant elle le fait sans fioritures, avec droiture et justesse.
C'est admirable et poignant.
Cette petite fille qui dessine, c'est aussi clairement dit que dans son journal intime, qu'elle tiendra plus tard.

Comment aucun adulte n'a vu?
Comment ses parents sont passés à côté ?
Ce sont toujours les mêmes questions des années plus tard...un cuisinier si âgé ! Mais si pervers!!

Le dégoût a fait partie de ma lecture, mêlé à tant d'autres émotions...l'envie terrible de prendre cette petite Maya contre moi et de la réconforter...
Ces choses qui peuvent arriver, et qui arrivent à tant de nos enfants!
Comment faire cesser cette emprise sexuelle des adultes malveillants ?

Maya a longtemps été traumatisée. Dans le brouillard dit elle.
C'est comme cela que les enfants abusés vivent, hors d'eux mêmes, en perpétuelle quête, avec la peur insidieuse sous leurs yeux quand ils les ferment.

Peut on dire que c'est un beau témoignage ? Un tel témoignage ne peut être beau, il n'y a pas de beauté dans le drame. Mais il est juste et percutant.
Toute l'ironie de son histoire se trouve dans la rencontre avec cet autre pervers narcissique qui s'en prendra à sa fille;
et lui fera ouvrir les ailes et sortir de son brouillard pour se battre et reprendre enfin le fil de sa vie.

Ce livre, je vais le faire lire autour de moi, et je remercie Maya pour son courage et son talent.
Commenter  J’apprécie          60
Je ne suis pas habituellement pas friande de ce type de lecture, vous n'en serez pas étonnés, la souffrance enfantine est difficile à lire. Pourtant, j'ai décidé de vous parler de ce livre illustré qui sort lundi 22 mars 2021, c'est une lecture qui porte un message, celui de l'expression de l'enfance, hors des mots, hors des pleurs, cette petite fille de 4 ans a dessiné comme n'importe quel enfant de son âge et en remettant chaque dessin dans son contexte actuel, on découvre qu'elle appelait à l'aide, elle tentait de dénoncer ce qu'on lui avait fait et qu'elle exprimait son mal-être.

Maya R. parle avec pudeur et intelligence des conséquences de cette enfance volée, mais elle donne aussi sa vison de l'espoir et de l'existence malgré tout, elle nous dévoile les étapes cruciales de sa vie, celles où il a fallu côtoyer les autres, aller à la rencontre d'une vie « normale ». Une époque où le sujet de la pédophilie était peu abordé et la victime peu considérée, donne envie à Maya R. d'aider les équipes qui entourent aujourd'hui ces enfants en souffrance, l'étude et la compréhension des dessins peut être une piste et un soutien...
Lien : http://livresque78.com/2021/..
Commenter  J’apprécie          151
Un récit effrayant, décapant mais surtout utile, celui de Maya, victime d'une agression sexuelle qui a bouleversé toute sa vie. Près de soixante ans après, elle se décide à crever l'abcès : elle a conservé tous ses dessins de petite fille, le journal intime de ses douze ans.

Elle raconte : la culpabilité, la honte, la terreur, la répugnance, la contrainte, mais surtout l'incompréhension des « grands », l'absence de communication avec sa mère, le sentiment de se sentir de trop, la peur de la mort morale ET physique, la crainte de décevoir. Son seul ami : un petit fénech ... son doudou vivant.

C'est toute une vie de femme marquée au fer rouge des attouchements qu'elle a subis quand elle avait entre quatre et cinq ans. Encouragée aujourd'hui par les témoignages d'autres victimes très médiatisées, elle se donne enfin la parole à travers ce récit illustré de ses dessins d'enfant, tellement explicites pour qui veut se donner la peine de voir.

Car même à trente ans, Maya éprouve toujours l'angoisse de la misère, de la maladie et de la mort, l'enfermement intérieur, la solitude. Cependant, elle analyse très finement le processus du consentement, cette alchimie du véritable consentement. Cette peur, elle l'a simplement apprivoisée. Des écrits l'ont aidée, dont en particulier les travaux de Boris Cyrulnik auquel est dédié ce livre.

Elle interpelle les hommes : « Que vous a-t-on fait pour vous conduire à ce rejet du plaisir féminin ? Représente-t-il une menace à vos yeux car vous n'arrivez pas à le satisfaire, vous craignez la honte de l'adultère ? » Elle fustige ces prédateurs qui empoisonnent toute relation entre collègues tant la crainte de les rencontrer est vivace.

Ce témoignage est particulièrement émouvant, très bien écrit, courageux et sincère. Elle aussi, maintenant, elle écrit, comme elle a dessiné jadis. Et elle donne de l'espoir puisqu'elle parle, très pudiquement, de son bonheur actuel.

Le buzz médiatique a servi de catharsis mais une question demeure : existe-t-il un vaccin contre les pathologies de la honte ? En fait, un seul remède : la parole et l'écoute bienveillante des victimes.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
Commenter  J’apprécie          90
L'auteur de ce récit a vécu une enfance difficile, on peut même dire une vie très chaotique. Violée dès l'âge de 4 ans, son univers est devenu sombre rapidement pour le reste de son existence. On ressent bien dans ce texte, toute la noirceur des idées de cette femme qui ne demandait pas plus que de vivre librement et heureuse dans sa tête et dans son corps. Mais impossible, le mal l'a poursuivit tout au long de sa vie...

L'auteur nous offre un témoignage très poétique, plein de sens. Bien sûr, l'ambiance est sombre mais il est agréable de découvrir les mots de l'auteure, très intéressant même de déchiffrer ce qu'ils signifient vraiment pour elle. le poids des mots est important dans ce livre, il nous montre bien comment tout peut basculer, comment une petite fille peut sombrer dans l'horreur dès son plus jeune âge.

Les dessins qui illustrent ce témoignage sont touchants et très poignants et ils sont une preuve irréfutable de la difficulté de l'auteure à avoir une vie heureuse et libre comme elle le souhaite. Son cerveau est alimenté par des images négatives et, comme elle aime le dessin, l'auteure a choisi de nous montrer son état d'esprit tout au long de sa vie grâce à ces derniers. C'est fou de se dire qu'elle les a tous gardés! Comment même ses parents n'ont-ils pas pu voir sa souffrance en découvrant ces dessins d'enfant? Sans être psychologue ou même personnel de santé, on comprend bien qu'ils ont chacun une véritable signification pour l'auteure et donc, pour le lecteur. Comment passer à côté de la douleur ressentie par cette enfant, cette adolescente puis cette femme?

Beaucoup d'authenticité dans ce texte que j'ai vraiment apprécié lire. Les dessins accompagnant ce témoignage sont fort représentatifs de l'état dans lequel l'auteur vit. J'ai aimé lire ce témoignage même s'il fait mal au coeur. La pauvre a dû vivre des situations vraiment compliquées et on comprend bien qu'une chose vécue, même très jeune, vous marque à vie!

Un grand merci à l'auteure pour son courage, grâce à ce témoignage, nous comprenons encore plus comment la vie d'un enfant peut être détruite rapidement et comment son esprit va mettre en place des idées noires. Un grand bravo pour ce récit authentique, l'idée de l'accompagner de dessins originaux est vraiment super!
Lien : http://leslecturesdemaryline..
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Depuis le début de ce témoignage, je mesure l’importance et le poids des mots. D’abord les mots pour libérer, ensuite les mots pour comprendre, puis enfin, peut-être, les mots pour résoudre. Dire permet dans un premier temps d’espérer être entendu, reconnu, et surtout respecté. Dire est insuffisant si les mots se perdent, sont incompris, voire instrumentalisés.
Commenter  J’apprécie          210
C’est une machine infernale, ce piège à honte. Il n’est même pas nécessaire de subir la brûlure du noir regard de l’autre, l’érythème de sa déception, ses aboiements de reproches. Il suffit de les imaginer. Les autres vivent-ils la même chose que moi ? Quand bien même l’indemne, le normal, s’abstiendrait de toute réaction, au moment où je l’imagine détenteur de mon secret, non seulement je revis mentalement les scènes passées comme si j’y étais toujours, mais en plus, j’ai une peur atroce d’être souillée par son mépris et son dégoût. La honte, telle un poison, se diffuse lentement, contaminant chacune de mes cellules. Progressivement, ma joie se dilue, mon assurance s’efface. L’effet toxique de ma crainte déforme chacune de mes pensées, chacune de mes paroles l’exhale, chacun de mes gestes le contient. A un stade avancé, le monstre, tel un alien, prend possession de moi, le miroir me renvoie une image méconnaissable, je me sens gauche et laide.
Commenter  J’apprécie          30
Je sais qui tu as épousé, je sais que tu l’as souvent battue. Plus tard, bien plus tard, je te plaindrai. Combien d’autres hommes te ressemblent ? Que vous a t-ton fait pour vous conduire à ressentir ce dégoût, ce rejet, vis-à-vis du plaisir féminin ? Peut-être représente-t-il une menace à vos yeux, car si vous n’arrivez pas à le satisfaire, vous craignez la honte de l’adultère ? Probablement, pour en arriver là, faut-il avoir souffert ou manquer totalement de confiance en soi. Quand on s’aime soi-même, quand on aime tout court, rien de l’autre ne peut devenir repoussant. Des gens heureux me l’ont dit. Sans l’avoir vérifié, je les crois.
Commenter  J’apprécie          40
Aujourd’hui, je choisis de raconter. Il m’a fallu beaucoup de courage pour tenter l’expérience, aidée par celui des autres… L’avenir seul dira si j’avais raison. En fait peut-être est-ce cela le remède ? Oser ! Choisir de raconter, vérifier si le regard d’autrui laisse indemne, contrairement aux craintes de l’imagination ?
J’ai osé, et progressivement, j’en mesure le bénéfice. Non seulement me voici épargnée de l’anéantissement, mais en plus, les barreaux de ma prison se dissolvent lentement, ses murs se craquellent et s’effritent en plaques minces, puis se mêlent à la terre. Mes yeux voient enfin briller le soleil, l’eau irrigue mon désert. Comme une chrysalide, ma nouvelle forme jaillit vers la lumière, régénérée.
Commenter  J’apprécie          20
On mystifie l’autre et on se fait mal quand on accepte une relation exempte d’attirance. Dans des domaines aussi délicats que la sexualité, chaque mot, chaque acte, selon leur niveau de sincérité, peut mener au paradis comme en enfer. La théorie est inutile, l’intuition et l’honnêteté sont les seuls recours possibles. Mais quand on est jeune, on l’ignore. Il faudrait aider les jeunes à attendre la lumière de l’amour.
Commenter  J’apprécie          30

Video de Maya R. (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maya R.
Maya R est invitée par J-L Morandini pour l'émission "Crimes et faits divers du mercredi 21 avril.
autres livres classés : témoignageVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (14) Voir plus



Quiz Voir plus

QUIZ LIBRE (titres à compléter)

John Irving : "Liberté pour les ......................"

ours
buveurs d'eau

12 questions
288 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature , témoignageCréer un quiz sur ce livre

{* *}