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sur 1391 notes
Il faut voir Bérénice, comme l'ont vue les contemporains de Racine, avant de lire le texte. Lire le texte seul est un pis-aller, même si le poème de Racine est magnifique. Il tire son sujet non de la mythologie (comme Phèdre ou Andromaque) mais de l'histoire romaine que Racine arrange un peu afin d'adapter son spectacle au goût du public, créant génialement le triangle amoureux de Titus, Bérénice et Antiochus, les deux hommes étant liés entre eux par des liens d'amitié, là où l'historien Suétone ne parlait que d'un couple malheureux devant se séparer par raison d'état. Brodant ainsi sur l'histoire, Racine l'enrichit d'émotions que l'historien ne mentionnait pas, et il dégage ainsi du passé héroïque la matière d'un poème pathétique.
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Aaaaah Racine ! Comme c'est beau, comme c'est fort ! Quelle puissance dans les vers raciniens ! C'est avec un grand plaisir que j'ai pu apprécier pour la quatrième fois une de ses tragédies. Cependant, si fidèle à lui-même il signe une oeuvre superbe, c'est je pense celle qui m'a le moins plu... (il faut dire que j'ai commencé par les plus connues)
J'ai trouvé que la pièce était trop simple et sans retournements de situations. Dès la présentation des personnages, on peut voir cette simplicité : Titus et son confident, Bérénice et sa confidente, Antiochus et son confident. Trois personnages, trois confidents, élémentaire...
Ensuite, une situation simple : Antiochus aime Bérénice, qui aime Titus, qui l'aime en retour. Cependant, Titus, suite à la mort de son père devient César, et il ne peut donc épouser Bérénice, car un César ne peut épouser une reine, selon les lois romaines. Voilà une situation qui ne va pas évoluer au cours du récit, et on constate finalement que le personnage d'Antiochus n'a pas de réelle impacte sur l'histoire : par rapport au "couple", quelle sera son influence ? Aucune ! Il n'est donc présent que pour ne pas qu'il y ait deux personnages seulement, et pour rallonger la durée de la pièce. Durée qui est d'ailleurs minimale, c'est une pièce en 1506 vers, le minimum selon les règles du théâtre classique étant 1500 vers. J'ai l'impression d'ailleurs de nombreuses longueurs et de plusieurs passages inutile, notamment la description de la puissance de leur passion, de leur indécision ou de leur désespoir que l'on trouve trop souvent.
Finalement l'histoire se résume simplement : Titus tergiverse entre sa gloire et son coeur, Bérénice, une fois au courant de la situation, est désespérée, et parallèlement, Antiochus est au comble du désespoir car il n'est pas aimé de Bérénice. On aurait pu attendre une action d'Antiochus, notamment lorsque Titus lui confie une message pour Bérénice, on voudrait qu'il essaye de tirer partie des malheurs du couple, mais on reste sur sa faim...
Trois étoiles cependant, parce que c'est Racine, et donc que c'est beau !
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Bérénice est une pure tragédie racinienne, comme on les aime.
Antiochus aime Berenice, qui aime Titus, qui aime Berenice. Mais encore faut-il l'assumer. Entre le coeur et la raison, les 3 héros vacillent, jusqu'à la fin, un peu brutale à mon gout. (Fin baclée pour devancer Corneille qui a monté sa Bérénice dans le même temps, selon certaines théories).
La pièce n'en reste pas moins efficace et magnifique de lyrisme.
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Le dilemme au coeur de cette tragédie classique est parfaitement résumé dans la réplique de Titus (acte IV scène 6) : « Ah, Rome ! Ah, Bérénice ! Ah, prince malheureux ! / Pourquoi suis-je empereur ? Pourquoi suis-je amoureux ? ». Quelle belle source d'inspiration pour Racine, Corneille et consorts que L Histoire romaine ! Sur le plan culturel, voilà est une démonstration parfaite de la haine de la royauté par les Romains.
A mettre au crédit de Racine, la virtuosité de l'alexandrin et la belle exploration de la variété des dilemmes et arguments des différents principaux protagonistes, Titus, Bérénice et Antiochus.
J'ai trouvé, par moments, le lyrisme un peu trop larmoyant et, pour moi, la scène finale échappe heureusement au grand-guignolesque grâce à la tirade finale de Bérénice qui clôt la pièce, un peu abruptement à mon sens.
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Oeuvre publiée en 1670. C'est la même année que Tite et Bérénice de Corneille. Hasard fascinant, allez savoir qui a copié sur qui ! Touchant, belles tirades efficace. le sujet parle, il est moderne, on pourrait facilement le retranscrire dans des situations d'aujourd'hui. La sagesse du renoncement de Bérénice me fascine à chaque fois, c'est dur mais c'est beau.
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J'ai lu cette oeuvre dans la collection "Le Livre de Poche", et non en ''Folio poche'', donc il s'agit de la même pièce mais il n'y pas le même dossier en conclusion du livre, j'ai aussi beaucoup apprécié l'introduction de Georges Forestier qui présente cette oeuvre comme étant une "tragédie élégiaque" et en explique toute l'originalité par rapport à la violences d'autres tragédies à succès comme "Phèdre" par ex. Car ici ni meurtre, ni suicide, pas de vengeance divine et point de trahison coupables, seuls règnent les sentiments authentiques dont sont animés les principaux protagonistes de ce triangle amoureux qui a pour seul pendant la froide et implacable raison d'Etat, qui finira par s'imposer aux trois destinées qui demeureront malgré tout dignes dans leur douleur et leur souffrance assumée. Bref, c'est un autre chef d'oeuvre qui mériterait d'être mieux connu et surtout pas effacé par d'autres tragédies de Jean Racine, peut-être plus célèbres et plus populaires car ici point d'étalage de furie, de violence, de déchaînement incontrôlable et incontrôlé, mais la valeur, la force et l'authenticité des sentiment n'en n'est pas amoindrie pour autant, bien au contraire, pour ma part je me suis surpris à me laisser embarquer par cette histoire d'amour qui se trame dans les plus hautes sphères du pouvoir, tant le thème qui est ici abordé est magnifique, intemporel et possède toujours un retentissement d'une brûlante actualité,
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La Préface de 1671 énonce sans aucun doute à la fois les clés de la pièce et les grandes idées qui dominent le théâtre racinien. Si la célèbre formule «ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragédie» (Préface) s'applique à la lettre à Bérénice, elle indique surtout un déplacement dans l'expression du tragique, qui s'incarne ici en une cérémonie dont la dignité narrative, quelle que soit la violence des passions engagées, répond à la dignité intérieure des personnages, celle-ci devant les pousser à un dépassement d'eux-mêmes — parfois dans l'horreur — qui les rendra héroïques. Certes, la Préface laisse aussi filtrer des intentions polémiques. L'apologie du vraisemblable, qui trouve son fondement dans la simplicité, l'idée que «toute l'invention consiste à faire quelque chose de rien», sont autant de flèches lancées contre Corneille : son Tite et Bérénice offrait une intrigue beaucoup plus compliquée et le schéma en quadrille empêchait par les nombreux rebondissements le développement de cette «tristesse majestueuse» montrée par Racine. La pièce de Corneille fut pourtant un demi-succès et montra que le goût du public allait encore vers les tragédies implexes. Mais ce fut Bérénice qui remporta la victoire sans que les «doctes» pussent entamer la faveur du public. Cependant, ce qui fit son succès au XVIIe siècle provoqua sa chute jusqu'au XIXe : si peu de personnages pour une action si simple qu'elle est parfois jugée inexistante ne pouvait séduire les partisans du drame.
Cette pièce, qui respecte la règle des vingt-quatre heures, rappelle à tout moment les cinq ans qui ont précédé ce jour fatal en contrepoint des «pour jamais» inlassablement répétés. Et dans ce déchirement, humains et vraisemblables, les pleurs des héros. Pleurs coulant pathétiquement sur le visage de Titus; souvenir de pleurs dont se berce Antiochus (I, 4 et IV, 5). La dilatation du temps se superpose à celle de l'espace: tous voudraient fuir «au bout de l'univers», tous ont en tête un Orient devenu mythique par le souvenir et dont l'évocation est propre à nourrir l'élégie en l'auréolant de tous les prestiges; lieu du bonheur pour Titus et Bérénice, de la gloire militaire pour Titus et Antiochus, de l'espoir — illusoire — pour Antiochus qui doit y ramener Bérénice.

Bérénice est un magnifique morceau de poésie élégiaque et de poésie tout court. Elle cristallise l'exigence fondamentale des classiques, «plaire et toucher», au mépris des doctes mais sans pourtant négliger les vertus édifiantes d'une grande action digne «de laisser un exemple à la postérité / Qui sans de grands efforts ne puisse être imité» (V, 7).
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Bérénice, tragédie en cinq actes de Jean Racine, est jouée pour la première fois à Paris le 21 novembre 1670.

Elle retrace l'amour que porte Antiochus à Bérénice, reine de Palestine et celui entre cette dernière et l'empereur romain Titus. Nous avons aussi des personnages déchirés entre leurs passions et leurs devoirs, dans le cas de Titus, sa gloire et les lois de Rome et pour Antiochus, il s'agit de révéler son amour et de fuir Bérénice. Les trois sont aussi soumis au regard d'autrui que ce soit le peuple romain pour Titus ou Bérénice pour Antiochus.

Celle-ci est aussi riche psychologiquement puisqu'elle doit subir les aveux de Titus qui vont même la mener jusqu'à souhaiter le suicide, préférable au renoncement d'un amour absolu.

On peut aussi penser que le dénouement,

Le personnage d'Antiochus, tout marqué par la tristesse, comme nous le montre ses répliques et notamment celle à la fin de la pièce avec "Hélas !" et aussi par sa grandeur à la manière de Titus, m'a beaucoup plu. Il souffre aussi des paroles de Bérénice parfois violentes à son égard.




Le style d'écriture est aussi agréable à lire et même si je garde un souvenir laborieux de ma première lecture de Racine quand j'étais collégienne (Phèdre), celle-ci est abordable. La musicalité est très douce, comme nous le montre les rimes qu'ont pu créer les noms de Bérénice ou encore Phénice, sa confidente.



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Une des plus belles pièces de racine qui reprend un sujet historique mal connu, l'amour de l'empereur romain Titus pour la reine étrangère Bérénice. Pour une fois il n'y a pas vraiment de tiers humain entre les deux héros. le tiers est beaucoup plus imposant: il s'agit de la raison d'état. Outre la langue de toute beauté, la figure de Bérénice figure parmi les plus touchantes du théâtre de Racine. A lire et à voir (si possible).
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Un bijou !

Que j'aime le XVIIè ! Que j'aime le théâtre classique !
Je ne sais pas pourquoi je n'en lis pas plus. Heureusement que le challenge solidaire me permet de relire tous ces merveilleux classiques qui me transportent toujours autant que lors de mes découvertes (il y a bien 20 ans maintenant ^^).

Bérénice c'est une tragédie classique, l'histoire d'un trio amoureux, du conflit entre le coeur et la raison (d'État).
Titus, empereur Romain, et Bérénice, reine de Palestine, s'aiment depuis 5 ans. le père de Titus vient de mourir, le fils va donc accéder au pouvoir après un deuil de rigueur. Mais les lois de Rome sont immuables et cruelles : l'empereur ne peut épouser une reine étrangère. Les Romains ne toléreront qu'une Romaine aux côtés de leur empereur.
Titus doit choisir entre le pouvoir et celle qu'il aime.
Titus est lâche. Il n'arrive pas à avouer à Bérénice qu'ils doivent se séparer. Il demande à Antiochus, roi de Comagène, ami fidèle et, sans que Titus ne le sache, lui aussi follement épris de Bérénice, de briser le coeur de la belle.

Antiochus aime Bérénice qui s'en moque puisqu'elle aime Titus, qui l'aime en retour mais doit la quitter.
Une tragédie dans la grande tradition du classicisme, dont la fin est finalement moins tragique que d'autres pièces de l'époque.
Et elle a bien raison cette Bérénice !! La mort ? le choix par défaut ? Bérénice est une reine, une vraie !
Cette fin me plaît beaucoup.

L'intérêt principal de la pièce réside dans la langue. Quel bonheur !!! Quelle plume !!!
C'est fou ce que j'aime la musique des mots du théâtre classique.

Un vrai bonheur de lecture que je ne peux que recommander.
Lien : https://demoisellesdechatill..
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