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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Léonor retourne dans le musée qu'elle a visité à Tolède avec son père et sa découverte des tableaux de Dominikos Theotokopoulos a été un véritable choc : elle est tombée amoureuse du peintre en même temps que de son oeuvre. C'était une évidence, il fallait qu'elle aille à la rencontre de son « amor » dont elle parle avec beaucoup d'emphase, à la recherche d'une extase, d'une révélation.

En fait, c'est beaucoup plus compliqué qu'elle ne le pensait, après le regard plein de doute, voire de suspicion qu'elle perçoit déjà en arrivant (quelle idée saugrenue de vouloir passer « une nuit au musée » !) Elle comprend très vite qu'elle ne pourra pas vraiment être seule, il y a la surveillance, les alarmes, les rondes, donc, elle va être filmée tout le temps, on lui a donné le droit de rester seulement deux heures dans un lieu sans alarme mais où il existe quand même caméras… (Patio et chapelle). Comment la rencontre avec son grand amour va-t-elle pouvoir se passer ?

Je souris. Ils ne savent pas exactement pourquoi je suis là, mais moi je le sais très bien. On leur a dit que j'arrivais de Paris, que c'était une expérience intéressante d'enfermer une artiste toute une nuit dans le musée. Et ça a dû doucement les faire rire.

Pour mieux préparer l'aventure, elle ne s'est pas contentée du musée, elle a visité tous les lieux qui ont été importants dans la vie du peintre à Tolède, à la recherche de cet homme dont elle nous raconte avec brio l'histoire extraordinaire, tragique : il a quitté son pays, la Crète, où il se trouvait trop à l'étroit car il ne voulait plus se contenter de peindre des icônes, abandonnant son premier amour, pour le ciel de l'Italie et des génies de l'époque.

Il s'y sent très vite à l'étroit, non reconnu, alors qu'il a appris les techniques, a côtoyé les grands, et s'embarque pour l'Espagne. Il rencontre celui qui l'accompagnera une grande partie de sa vie. Il retombe amoureux mais le destin s'acharne, sa belle gitane va mourir en couches, il élèvera seul son fils :

Jerónima de las Cuevas a des airs de gitane. Elle a piqué des fleurs dans son chignon, elle porte sa plus belle robe, elle a noirci ses yeux, s'est parée d'un collier, de boucles d'oreilles et d'un châle brodé par son père. Dans sa famille, ils sont tous artisans brodeurs.

Léonor de Récondo alterne ses émotions, sa rencontre avec les tableaux de Greco qui se dérobe à elle, et l'histoire du peintre qu'elle retranscrit de fort belle manière, tout en rendant hommage au passage à trois noms, qui sont au firmament de la peinture espagnole : Goya, Velasquez et Greco. Un lien très fort l'unit à Dominikos Theotokopoulos, ils sont frères d'âme : tous deux ont connu l'exil alors elle est forcément sur la même longueur d'ondes que lui.

On sent au passage toute l'émotion que fait remonter la peinture, la quête de « La Rencontre », chez l'auteure, notamment quand elle lui offre son talent de violoniste en jouant dans le patio pour que les vibrations de l'instrument entrent en communion avec l'énergie du peintre. On se sent un peu voyeur dans ce moment intense mais on imagine ces deux êtres qui se rejoignent dans la beauté et la pureté de l'instant.

On peut sourire parfois devant cet amour qu'elle exprime avec émotion, avec emphase même, mais son enthousiasme est très communicatif ! je connaissais peu l'oeuvre de Dominikos Theotokopoulos, alors je suis allée à sa rencontre via Internet, découvrir les tableaux dont parle Léonor de Récondo, notamment « El Expolio », « l'enterrement du comte Orgaz » et « San Bernardino » peint en 1603-1604.

J'ai choisi ce livre parce que j'aime bien l'auteure, et j'apprécie beaucoup cette collection « Une nuit au musée ». le livre de Lydie Salvayre « Marcher jusqu'au soir » où elle parle de sa nuit avec « L'homme qui marche » de Giacometti, m'a plu.

Je connaissais déjà la sensibilité de Léonor de Récondo que j'ai découverte avec « Pietra viva » brillant hommage à Michel-Ange, pour lequel j'ai eu un coup de coeur à l'époque, ou encore avec « Amours » et une fois de plus, elle ne m'a pas déçue.

J'ai beaucoup aimé ce livre qui m'a permis de mieux connaître El Greco que je verrai plus de la même manière… je l'ai terminé, il y a quelques jours déjà, mais c'est toujours très compliqué de parler d'un livre qu'on a aimé car il rend les autres lectures fades ! Et la chronique va paraître certainement un peu échevelée, mais un peu de tendresse et d'émotion dans ce monde confiné, cela ne fait pas de mal, bien au contraire.

Un grand merci à NetGalley et aux Editions Stock qui m'ont permis de lire ce livre et de retrouver cette auteure que j'aime beaucoup.

#Laleçondeténèbres #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Mars 2020- juste avant le " confinement " - Librairie Caractères- Issy-Les- Moulineaux / 22 juin 2023

Moment de lecture magique et intemporel !

Collection magnifique dont j'adore l'idée: un artiste, un écrivain passe une nuit dans un musée de son choix ( en France comme à l'extérieur de l'hexagone..).
Double perspective : la substance du Musée , un artiste à l'honneur, avec en parallèle, les raisons du choix du dit artiste...par l'écrivain, ses souvenirs , son appréciation intime de l'oeuvre, du peintre , et son appréhension vis à vis de l'Art , en général !

Pour Leonord de Récondo, on découvre sa passion par trois grands maîtres espagnols ,dûe à des sorties culturelles avec ses parents, eux-mêmes, tous les deux artistes : Goya, Velásquez et surtout El Greco, pour lequel, elle éprouve une totale vénération..

On saura au fur et à mesure toutes les raisons de cette dévotion: artistique et plus intime !

Elle choisit donc Tolède, le meilleur endroit pour " rencontrer" son artiste préféré...Elle débute cette nuit unique au Musée, totalement exaltée de marcher sur ses pas, d' admirer" tout à loisir ses tableaux, ses portraits....les lieux où il a vécu, oeuvré, rêvé, souffert....

Rencontre qu'elle veut en totale fusion avec cet artiste crétois, qui va fonder la célèbre École Espagnole ....après des vitages, des exils, beaucoup de difficultés...

"Doménikos ira ainsi de procès en procès, exigeant l'argent qui lui est dû et plus encore, au nom de l'idéal qu'il a de l'artiste. Son orgueil agace, l'Espagne n'a pas eu Michel-Ange ou Léonard pour prouver aux yeux de tous que la peinture n'est pas un art mineur, qu'elle a toute sa place aux côtés de l'architecture et de la rhétorique. Les peintres espagnols sont toujours soumis au pouvoir des confréries d'artisans.La notion individuelle d'artiste n'existe pas.Et la Castille, en pleine contre- réforme sous le joug de l'Inquisition, ne prêche que la pénitence et la repentance. "

Elle ne s'adressera à lui que dans une grande proximité, dans le " tutoiement " et en dialoguant avec lui, en l'appelant par son vrai prénom :" Doménikos"

Alternance du récit, entre la narration de la vie d' El Greco, de ses difficultés d'artiste très singulier, son amour inconditionnel pour son fils unique, qu'il garde près de lui, pour le " former"... et le récit au présent, de Leonord de Récondo dans le musée, au milieu des chefs d'oeuvres de son " idole " !

Un très beau texte qui m'a fait pénétrer dans l'univers de ce peintre ..
Même si toutefois, je ne ressens pas la vénération et l'admiration très exclusive de l'auteure, je regarderai désormais un tableau d' El Greco, avec un regard plus attentif et averti !

L'auteure, musicienne...parle aussi avec fièvre et passion de son art de " violoniste".Son cher violon qu'elle a emporté avec elle afin de jouer pour Doménikos...comme abolissant les siècles et le temps humain, dans cette nuit au Musée ,si exceptionnelle!
..
J'achève ce billet par un extrait où l'auteure exprime avec flamme ...toute la modernité de cet artiste précurseur...à maints égards !

"Doménikos , je t'adore, parce que tes toiles me semblaient parfaitement anachroniques quand, jeune fille, je les regardais à Madrid au Musée du Prado.Je ne comprenais pas de quelle époque tu étais.Je te trouvais bizarre, étrange, beau certes, mais sans adjectif adéquat. Je vérifiais plusieurs fois: 1600, vraiment ?
J'avais l'impression que quelqu'un s'était trompé dans l'accrochage.
Ton style ne correspondait pas à celui des autres peintres exposés.Tu aurais dû être dans la salle des Goya.Ton coup de pinceau, ton expressivité me semblaient si proches de moi dans le temps.Tes tableaux auraient dû être accrochés à côté de ceux d'Egon Schiele, mais aussi de ceux de la période bleue de Picasso. L'artiste espagnol ne s'est jamais caché de la profonde influence que tu avais eue sur son travail."




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Léonor de Récondo part à la rencontre d'El Greco à Tolède.
Nimbée du halo de ses fantômes… Charmée de désirs intériorisés…
Une nuit au musée en quête d'extase mystique.

« Doménikos, mi amor, je suis tombée amoureuse de toi par la grâce de tes ciels (...) Tu es le vent et le ciel, et j'entre dans ton ombrage ».

El Greco (1541-1614) artiste peintre, sculpteur, architecte, originaire de Crête, quitte son île pour Venise, auprès du maître le Titien, puis ce sera Rome, avant d'arriver à Tolède, alors somptueuse et riche capitale spirituelle de l'Espagne.

Ecrivaine et violoniste, Léonor de Récondo a été dès l'enfance bercée dans le milieu artistique, initiée à l'art par ses parents tous deux artistes, dessins, peintures, musique…
La musique a sa part de volupté dans l'écriture de ses romans.

Léonor de Récondo se joue des quatre siècles qui la séparent de Doménikos Théotokopoulos ; et c'est par une intense chaleur estivale qu'elle va passer une nuit au Museo del Greco, une nuit d'amour car elle l'admire et le sublime cet artiste, se replongeant au coeur du XVIe siècle.

Poésie et mysticisme sont au rendez-vous pour une relation quasi charnelle avec l'artiste si singulier à l'époque, et fondateur de l'Ecole espagnole.

Leçon de Ténèbres, comme ce genre musical du XVIIème qui accompagne les offices des ténèbres pour voix et basse continue.
De l'art lyrique, intime et spirituel, comme l'écriture de Léonor de Récondo.

Dans la chaleur et le silence de cette nuit, Léonor joue sa leçon de ténèbres sur son violon et en appelle à son Doménikos ; lui l'artiste réfugié dans son disegno interno amenant le dessein à devenir dessin.

« En musique et sans mots ». Auréolée par la présence de Doménikos, Léonor se laisse flotter, emporter, extase vertigineuse et floue.
« Quand je ferme les yeux au milieu de cette chapelle et que je joue du Bach, j'appelle ton corps avec le mien (…) lente attente de toi, Doménikos (…), pour qu'advienne ce nocturne peu avant l'aube, pour que surgisse mon unique leçon de ténèbres ».

La transcendance que l'art du Greco exerce sur Léonor est magnifiquement exprimée comme la fugacité d'instants magiques, ils sont presque tout près l'un de l'autre… et laissent tous les deux leurs souvenirs affleurer… Envolée de couleurs, bleus du ciel et de la Méditerranée, vert des collines de Crête, jaune or du soleil, ocres, rouges des terres de Castille, roses et orange du crépuscule…blancheur de l'aube.

« C'est notre baiser, à la lisière du temps (…)
La lumière, malgré la nuit. »

Un roman – contemplation tout en sensualité, plein de délicatesse et de sensibilité.
J'ai beaucoup aimé.
*
J'apprécie cette collection « Ma nuit au musée » découverte récemment avec « le parfum des fleurs la nuit » de Leïla Slimani, et bien décidée à poursuivre !
Des titres à conseiller amis lecteurs ?
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Toute une nuit dans un musée, les amateurs d'art en rêvent...
Léonor de Récondo nous propose de partager son expérience. Elle part à Tolède pour rencontrer le peintre Le Greco. Elle nous fait partager son expérience en alternance avec l'histoire du peintre. Toute la nuit, elle attend que le peintre la rejoigne. Sera-t-il au rendez vous ?
Voici un roman très court plein de poésie et de passion qui nous plonge dans l'histoire du peintre. Une folle envie de se plonger dans les tableaux du peintre nous emporte. Un peu de folie et de poésie !
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Nouvel opus chez stock dans la collection ma nuit au musée .
L idée reste toujours la même un auteur artiste enfermé une nuit dans un musée . carte Blanche pour la création .
Léonor de recondo raconte avec passion son amour pour Le Gréco ..
Une plume magique une ambiance chaleureuse et poétique donnant envie a son tour de redécouvrir l oeuvre et la vie du maestro.
Plaisir de lecture 10/10
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Je l'ai déjà dit: l'écriture de Léonor de Récondo ne me laisse pas insensible. Une fois de plus, La leçon de ténèbres n'est pas un écrit anodin. L'auteure s'y livre complètement en se laissant emporter par la passion qu'elle voue à El Gréco.. Cependant, elle ne s'arrête pas à ce seul peintre puisqu'elle fait aussi référence à Goya, à Egon Schiele et même à Picasso. Peintres qu'elle n'a sûrement pas découverts lors de sa "nuit au musée" ! Pour avoir été très intriguée, voire même impressionnée par la (les) technique(s) picturale(s) de Domínikos Theotokópoulos, quand j'étais adolescente, je comprends d'autant mieux que Léonor de Récondo se soit laissé convaincre par les éditions Stock : livre de commande, certes, mais elle a bien rempli son carnet!
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La Collection "Ma nuit au musée" est captivante, car elle semble inciter les auteurs invités à révéler l'indicible en eux qui se manifestera peu à peu au cours de cette nuit particulière. C'est comme si la nuit, le musée se transforme en un univers fantasmagorique pour leur fait vivre une expérience hors du commun. 

Léonor de Récondo a choisi le musée consacré au peintre Doménikos Théotokopoulos, dit El Gréco (le grec) à Tolède en Espagne. Elle nous raconte sa passion absolue pour ce peintre, et malgré les quatre siècles qui les séparent, lui a donné un rendez-vous d'amour dans son musée. 

Avant de se laisser enfermer dans le musée, Léonor de Récondo flâne dans la ville écrasée de chaleur en rêvant à El Gréco qui a arpenté les mêmes rues qu'elle, quelques  siècles plus tôt,  et visite les autres lieux qui possèdent des tableaux du peintre. 

Le musée El Gréco est une maison-musée pour donner une idée des conditions de vie du peintre à l'époque. Sa véritable maison se trouve un peu plus loin dans la ville. La nuit tombe sur Tolède, Léonor de Récondo se rend au musée, l'enfermement a lieu à 23 heures précises. 

Que pense les gardiens du musée de cette jeune femme qui va passer la nuit dans le musée en compagnie d'un violon ? Oui, parce que l'originalité de cette histoire c'est que Léonor de Récondo est écrivaine, mais aussi une violoniste réputée qui veut cette nuit jouer pour son amoureux lui aussi passionné de musique, le beau et talentueux  Doménikos Théotokopoulos.

Avec cette nuit au musée en compagnie de Leonor de Récondo, on pénètre dans le monde de la création et de l'imaginaire. Ce domaine des possibles, où même une violoniste - écrivaine peut nous faire croire qu'elle va faire l'amour avec un peintre vieux de quatre siècles.  On y croit évidemment !

Ce livre m'a vraiment donné envie de flâner dans ce musée et découvrir les peintures de l'amoureux de Léonor de Récondo. 
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Oh là là ! Que dire ? C'est le genre de livre que l'on voudrait ne pas voir finir. On sent la chaleur du soleil de Tolède, le thym, le romarin et l'origan. Et que dire de la description des tableaux de El Greco ! La romancière nous attire dans son imaginaire. Elle va passer une nuit, seule, dans un Musée pour pouvoir rencontrer ce grand peintre et plus si entente ! J'ai adoré. HS
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Mes Chers Vous,

Pour sa collection Ma nuit au musée, les éditions Stock propose une expérience étonnante aux auteurs : passer la nuit dans le musée de leur choix face aux oeuvres qui les interpellent, les chamboulent, les intriguent....
Après Kamel Daoud, Lydie Salvayre et Adel Abdessemed en duo avec Christophe Ono-dit-Biot, c'est à Léonor de Récondo de se prêter à cet exercice étrange et fascinant à la fois.
Pour des raisons toutes personnelles qu'elle relate avec pudeur dans la première partie du récit, Léonor de Récondo décide de se rendre à Tolède et se prépare, telle une amoureuse, à passer la nuit en compagnie du Greco.
Et ce n'est pas une exagération que de dire que c'est à une nuit avec l'artiste lui-même à laquelle se prépare Léonor de Récondo tant sa passion pour le travail du maître et la fascination qu'il exerce sur elle rendent son récit charnel et onirique.
Tout en poésie et élégance, Léonor de Récondo relate son expérience avec douceur et élégance, se dévoile tout en douceur, se montre à la fois exaltée et pudique.
"La beauté est là, dans l'enchaînement des instants, dans leur plasticité."
La leçon de ténèbres est à récit relativement court plein de passion...
La musicalité de l'écriture de Léonor de Récondo en fait une explosion de couleur, de musique, de chaleur et d'amour.
Une expérience presque mystique qui donne envie de prendre l'avion pour Tolède et de partir, à notre tour, à la rencontre de Doménikos Theotokópoulos.
Lien : http://cecibondelire.canalbl..
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