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Carlos Rehermann (Autre)Antoine Barral (Traducteur)
EAN : 9782491742218
107 pages
Editions L'atinoir (12/02/2021)
4.17/5   3 notes
Résumé :
« Sur la route », oui, mais la route 5, celle qui traverse l'Uruguay du nord au sud, entre Rivera, ville frontière avec le Brésil, et Montevideo, la capitale.

C'est un voyage en Volkswagen Coccinelle, tout seul, de nuit, sous l'orage, avec des essuie-glaces en panne.

Circonstances parfaites pour les divagations mentales et les rencontres bizarres.

Carlos Rehermann laisse libre cours à l'ironie, au sarcasme, au fantasme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

Je tiens tout d'abord à remercier les Éditions L'atinoir de Marseille et Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une masse critique.

"L' Auto" est le premier livre traduit en Francais de l'auteur uruguayen, Carlos Rehermann, né à Montevideo le 10 février 1961. C'est le romancier français Antoine Barral qui en a assuré la traduction et en a présenté un préface instructif. Je rappelle que le romancier et traducteur de cette oeuvre est depuis 2012 membre de Babelio comme "antoinebarral_auteur".

Carlos Rehermann et son épouse, Sandra Massera, sont deux piliers du monde théâtral en Amérique Centrale : lui avec son chef-d'oeuvre de 2008 "Dodecamerón" - inspiré par le grand Boccace - et elle avec sa pièce "No digas nada, nena" (ne dis rien, petite) de la même année 2008.

C'est à bord d'une Volkswagen Coccinelle de 1962 que le personnage principal Alejo Murillo, un alter ego de l'auteur, va traverser son pays de la ville de Rivera à la frontière brésilienne sur la route 5 plein sud, direction Montevideo, la capitale.

Le récit est en quelque sorte double. Il y a, d'une part, le déplacement proprement dit au moyen d'une antiquité peu stable sur des routes encombrées à certains endroits par d'énormes poids lourds, fréquemment sous une pluie torrentielle avec des essuie-glaces défectueux et une visibilité réduite.

D'autre part et surtout, il y a le voyage intérieur de Murillo-Rehermann qui nous fait part de son origine, sa place dans la communauté des hommes, ses angoisses et ses fantaisies.

Dans ces considérations les références littéraires et cinématographiques sont légion.
Nous avons droit à André Gide, Henry Miller, George Rippey Stewart ... et des réflexions sur la valeur et l'authenticité des écrits dits suicidaires ou rédigés juste avant la mort.
Pour le cinéma et la mise en scène Alejo se réfère aux "Oiseaux" de Hitchock et "La menace" d'Alain Corneau avec Yves Montand.

En somme, "L' Auto" est une oeuvre relativement courte (tout juste 107 pages), mais hautement littéraire au niveau du style et contenu, qui offre de beaux adages, tel celui à la page 53 : "la solitude, ce n'est pas être isolé, mais aimer en vain".
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Reçu dans le cadre de Masse critique, que je remercie, je l'ai lu presque d'une traite.
Tout d'abord, j'ai trouvé le choix de couverture très pertinent. Ce rouge vient nous saisir, cette voiture en blanc qui est le centre du récit et qui nous intrigue.
La préface, écrite par le traducteur français était à mon goût un peu trop longue. Intéressante mais s'étirant sur la fin.
Le récit donc. Comme son titre l'indique elle tourne autour de cette voiture, une vieille voiture récupérée en héritage par Alejo. Mais elle est plutôt un prétexte pour représenter le voyage intérieur d'Alejo. Arpentant l'Uruguay, pays de l'auteur, le personnage, presque seul dans tout la fiction, se livre à de nombreuses pensées. Tantôt il parle de son enfance, tantôt il réfléchit au sens de la vie, il fait aussi quelques rencontres, dont une qui le conduira dans un lieu inattendu
Cette forme d'errance permet de laisser la place à la surprise, on ne sait jamais quel sera la prochaine étape d'Alejo et j'avoue avoir été surprise dans les 30 dernières pages.
Mon plus gros regret est qu'il n y en ait pas eu plus. Au final, j'ai mis du temps à me laisser embarquer par ce voyage et quand ce fut le cas c'était déjà fini. J'en aurais voulu plus et je pense qu'il y avait tant à dire!
Ce livre se veut comme une non-fiction. Il est au carrefour de plusieurs mondes, comme Alejo.
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Je remercie Babelio de m'avoir offert la possibilité de découvrir cet auteur à l'occasion d'une opération Masse critique.
Je ressors assez décontenancée de ma lecture, avec un avis à deux vitesses. J'ai apprécié le début du voyage, ces 75 premières pages entre introspection et histoire familiale, noircies d'une plume riche et fouillée, non dénuée d'humour. Par contre la suite m'a laissée au bord de la route, sonnée, le mal du voyage peut-être?
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« Sur la route », oui, mais la route 5, celle qui traverse l'Uruguay du nord au sud, entre Rivera, ville frontière avec le Brésil, et Montevideo, la capitale. C'est un voyage en Volkswagen Coccinelle, tout seul, de nuit, sous l'orage, avec des essuie-glaces en panne. Circonstances parfaites pour les divagations mentales et les rencontres bizarres. Carlos Rehennann laisse libre cours à l'ironie, au sarcasme, au fantasme sexuel, et à la digression érudite.
(De la préface d'Antoine Barral)
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La maison devant laquelle passait Alejo portait encore des traces de la chaux de couleur rose qui dans le temps l’avait distinguée. Quand Céleste eut quatorze ans, le propriétaire de la maison mourut et celle-ci resta à l’abandon, car l’homme était veuf et sans enfants. La maison abandonnée devint très vite le rendez-vous des enfants du village, qui à cette époque, dans les années vingt, n’avait que quelques centaines d’habitants. La maison était modeste mais les bons meubles du fermier défunt s’y trouvaient encore. Céleste était l’aînée du groupe d’enfants et d’adolescents qui en firent leur terrain de jeux, et elle en profita. Elle devint une Venus à la fourrure, une dominatrix experte, qui manipulait avec une adresse toute naturelle les désarrois érotiques de sa petite bande de pubères.

La troisième année de son règne les choses commencèrent à changer parce que les garçons avaient cessé d’être des enfants pour devenir des damoiseaux dotés d’une musculature et d’une énergie susceptible d’investir l’intérieur de Céleste, et plus seulement sa petite main caressante.

Il y eut plusieurs altercations parce que les trois jeunes qui se partageaient ses faveurs prétendaient à l’exclusivité. L’un d’eux fut gravement blessé, l’autre s’enfuit poursuivi par la police comme responsable de l’agression et le troisième s’enfuit au Brésil, se croyant poursuivi par l’agresseur. Le blessé (une fracture du crâne) s’en remit et fut plus tard un des fondateurs du Lions Club de Rivera, fonction qu’il remplit consciencieusement malgré une lenteur de parole et d’action qui lui resta comme séquelle du coup reçu. Avec le temps il devint le mentor du fils illégitime que Céleste ignorait, le notaire Olivera. Cette lenteur, en fait, lui fut profitable car elle lui donnait une apparence de calme et lui valut une réputation d’homme sage et réfléchi. Sa vie fut longue et tranquille. L’agresseur, en revanche, mourut quelques jours plus tard, victime de la morsure d’une vipère yarara, dans l’épaisseur d’une forêt-galerie du ruisseau Tacuarembó. Son corps fut retrouvé par Manuel, l’oncle d’Alejo, lors d’une expédition de pêche avec Aquiles, qui bientôt deviendrait son beau-frère. Aquiles, en ce temps-là, se voyait lui-même comme un mélange de Huckleberry Finn (par sa pauvreté et sa réticence à porter des chaussures) et de Tom Sawyer (par son intelligence et sa culture) ; il n’avait pas encore découvert que ces deux personnages sont presque identiques et il lui arrivait de se sentir mal à l’aise de ne pas savoir lequel adjuger à Manuel.

Quant au fugitif parti au Brésil, on sait qu’il fit fortune en vendant des peaux de caïmans yacarés, bien que des versions non confirmées assurent qu’il devint député et mourut d’un infarctus du myocarde le 4 avril 1964, quand, accompagnant le président Joao Goulart, il passait la frontière uruguayenne pour échapper aux militaires putschistes.
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La grand-mère d’Alejo, Haydée, avait été l’héritière d’une fortune qu’elle avait méprisée par amour. C’était une femme d’une personnalité de fer, cultivée, poète à ses heures (les acrostiches étaient sa spécialité), indépendante et aguerrie. Son père était propriétaire d’une estancia dans les environs, et celui qui deviendrait son mari faisait partie du secrétariat du révolutionnaire Aparicio Saravia. Une nuit de 1904, peu de temps avant la mort de Saravia tout près de Tranqueras, l’état-major de l’armée rebelle avait installé son camp dans l’estancia du père de Haydée, opposant au gouvernement qui soutenait les révolutionnaires. Haydée avait aidé à servir à la table du dîner et avait remarqué un jeune homme nommé Santiago, qui ne la quittait pas des yeux. A la fin du dîner, elle prépara un baluchon avec deux robes, une paire de bottes, un châle et deux chapeaux, puis se mit à attendre dans l’ombre, près des frondaisons d’un figuier devant la porte de la maison. Santiago arriva avec deux chevaux sellés. Aucun des deux n’avait prononcé un mot. Leur accord, comme leurs futures relations, étaient passés par les seuls regards. Elle monta tandis qu’il l’attendait, la regardant sans l’aider. Ils allèrent au Brésil. Huit jours plus tard, desquels personne ne sut rien, ils furent mariés par un fonctionnaire de Bagé. Le père de Haydée la déshérita et ne voulut plus jamais la voir, ce en quoi il s’accorda parfaitement avec sa fille. Haydée quitta plusieurs fois son mari parce qu’elle ne supportait pas ses beuveries, qui ne se produisaient guère plus d’une fois l’an, et elle partit pour Montevideo avec ses enfants. Santiago s’installa comme tailleur à Tranqueras, où il passait de longues périodes sans boire une goutte d’alcool. Mais une fois par an, parfois plus, parfois moins, il allait au magasin du gallego[2] qui deviendrait le beau-père de sa fille, achetait une bouteille d’alcool de canne, s’asseyait à la porte de son atelier et commençait à boire. Deux ou trois jours et des dizaines de bouteilles plus tard, il sellait son cheval et s’en allait. Il réapparaissait quelques semaines, parfois quelques mois, plus tard, parfois blessé par balle ou par arme blanche, hargneux et sobre, raccompagné par un compagnon de hasard qui racontait des histoires de révolutions au Rio Grande do Sul.
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La cuisine était chère et mauvaise, et le service ne pouvait être pire. Le loufiat souffrait d’un syndrome fréquent dans sa profession : il était sourd et aveugle. Arriver à capter son attention exigeait des efforts de gymnastique extraordinaires. Une fois qu’Alejo eut obtenu qu’il s’approchât de sa table, devant laquelle il se tenait un peu de profil, comme s’il était de passage, prêt à partir pour une mission réellement importante, l’homme prit la commande avec des gestes de contrariété, comme si chaque choix de son client l’indisposait personnellement. Il essayait de s’échapper avant qu’Alejo eut terminé de passer sa commande. Alejo, qui était un sujet empreint d’une certaine forme de sadisme, apprit rapidement à faire des pauses exagérément longues, à corriger ses demandes et à hésiter comme s’il demandait conseil au serveur.
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