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3,11

sur 359 notes
Il est presque plus intéressant d'écrire une critique sur un livre qui agace que sur un livre qu'on aime spontanément. Si un livre déplait, c'est qu'il dérange. Celui-ci me dérange. D'abord je pensais lire un roman sur la façon bien française d'avoir savamment loupé Internet au profit du Minitel car j'ai vécu cette époque pénible. Bon, je susi parvenu, non sans mal, page 214, et à part une rencontre caricaturale avec Louis Pouzin, un homme discret et charmant qui fut un des seuls Français à avoir participé à la conception d'internet, rien n'évoque ce thème. Par contre la fiche Wikipedia de Peggy Guggenheim a été bien recopiée, rien n'y manque, et on sait tout du rôle de la CIA dans le développement de l'art contemporain aux Etats-Unis. Si vous aimez Max Ernst et Sydney Pollock, vous serez servis... le fil rouge de ce livre savamment, je présume, déconstruit, est un jeune parisien brillant, bien sûr, d'extrême gauche, évidemment, qui a refusé de finir sa prépa à Louis-le-Grand pour faire Science Po Paris ( c'est lourdement précisé) et qui se retrouve journaliste à l'AFP. Il s'ennuie, le garçon, dans ce monde cruel car il est à la poursuite d'une belle inconnue rencontrée trois fois et qui, page 214, refuse de communiquer avec lui. Alors il déprime, il se lance dans de sordides aventures érotiques... J'en suis là. J'attends internet... A suivre !
Cette fois, j'ai terminé ... Et mon agacement ne s'est pas apaisé. Je ne comprends pas pourquoi on a expliqué que ce livre était une analyse sur l'erreur stratégique de l'abandon du réseau Cyclades par rapport au choix de Transpac, et un assassinat posthume de l'image de "grand patron" d'Ambroise Roux. Ceci ne prend que quelques pages sans aucun intérêt, totalement copiée de la littérature, abondante, sur le sujet. de même le portrait d'Ambroise Roux est parfaitement banal, tant ce personnage a fait l'objet de critiques. J'ai même trouvé en ligne un article de Libération où sont développés tous les détails soi-disant glanés par l'auteur. le livre d'Anne de Caumont sur Ambroise Roux, que je n'ai pas lu, cité par l'auteur, a du être également abondamment pillé.
Ce livre est totalement décevant. Son écriture est insupportable, digressions, répétitions, développements orthogonaux au récit, s'accumulent comme cette manie de faire des listes de noms, peintres, pièces de théâtre, qui n'apportent rien. Tout ceci sent Wikipédia. le personnage central, Dimitri, est inconsistant, en quête permanente d'aventures féminines qui le font "bander" sans cesse. Alors, très contemporain ? Très superficiel ? Inconsistant comme son héros principal, que l'auteur, certainement agacé lui-même se permet d'achever à 27 ans pour s'en débarrasser. Ce livre est une énigme. A quoi sert-il ? Au moins à rendre hommage au talent de Louis Pouzin, qui, lui, le mérite, mais n'avait pas besoin d'un tel fatras qui est n'est à la vraie littérature que ce que Gala est au journalisme .
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Voilà un roman documentaire comme c'est souvent le cas dans cette collection blanche malheureusement. Long et ennuyeux avec moult récits qui s'entrecroisent inutilement.
Sans style...
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Alors ma chronique va être assez courte car malheureusement après avoir essayé plusieurs fois d'avancer dans cette lecture je n'arrivais pas à accrocher et pour la première fois je n'ai pas pu finir le livre; alors que je mets toujours un point d'honneur à terminer toutes mes lectures.

Pas le bon moment, pas le bon sujet, sûrement, car il est bien écrit dans un style élégant, mais sûrement trop emmêlé pour mon goût.

De chapitres où il ne se passe pas grand chose de palpitant, de nombreuses discussions politiques, ou philosophiques, et d'autres où on ne cesse de partir à la recherche de cette fille, la fille, celle de sa vie.

Beaucoup de questionnements, de réflexions sur des choses peu concrets.

Je pense que cette lecture pourra néanmoins plaire au plus grand nombre tant le style est parfaitement construit.

On est dans de la lecture particulièrement travaillée et accompagnée de référence historiques ou d'actualités très bien détaillées.

Je vous laisse lire ce livre et vous faire votre propre idée quitte moi même à le relire à un autre moment.
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Dimitri, jeune journaliste à l'AFP après avoir travaillé pendant quelques années dans les relations institutionnelles et les affaires publiques – autrement dit le lobbying -, se lance dans une enquête au long cours, dont il voudrait bien faire un livre : cette enquête, c'est celle de la naissance d'Internet, que l'on aurait pu attribuer à Louis Pouzin, ingénieur français qui a justement inventé le système de transmission de données, le datagramme, dans les années 70, si le gouvernement français, sous Valéry Giscard d'Estaing, n'avait pas fait les mauvais choix. Ses recherches vont le mener à un homme puissant de cette époque, Ambroise Roux, PDG de la CGE (Compagnie Générale d'Electricité), qui serait responsable du sabordage des recherches de Louis Pouzin pour des histoires de gros sous. Et c'est à partir de là que Dimitri, jeune homme particulièrement obsessionnel – ses pérégrinations amoureuses nous le confirment tout au long du récit -, va se jeter corps et âme dans les investigations pour tenter de déconstruire le mythe Roux.

Gros maelström aux airs de capharnaüm que ce roman, à la fois histoire fictive de Dimitri, histoire réelle de ses investigations, que ce soit sur Internet, Louis Pouzin ou Ambroise Roux, histoire mi-réelle mi-fictive de sa passion pour Max Ernst suite au visionnage d'un documentaire à ses dix-huit ans, passion dont il veut faire un roman. Sous la plume de l'auteur, Dimitri est raconté dans ses moindres faits, gestes et pensées, décrit en train d'écrire également – nous avons même sous les yeux ses écrits en cours d'élaboration, ou en cours de réflexion dans son esprit -. Malgré l'impression de confusion, et de multiplications de récits hétérogènes, qui peut dérouter de prime abord, tout se tient finalement bien jusqu'au dénouement, qui nous montre un ensemble très cohérent, très riche, et très complexe, tenu par une plume travaillée et précise ; de même, l'incipit, en nous faisant commencer par le dénouement, qui va s'expliciter ensuite pour former une boucle bien bouclée, est intéressant et bienvenu, preuve ultime du travail fourni, et quant à la narration, et quant au style.

Malgré tout, je n'ai pas pu m'empêcher de me sentir embarrassée à la fermeture de ce roman en ce qui concerne mon ressenti final. Certes, l'ensemble se tient, est particulièrement bien écrit – même si j'ai trouvé certains passages de description de l'histoire de Louis Pouzin ou d'Ambroise Roux longuets – mais je n'ai jamais réussi à trancher entre deux postulations totalement antagonistes. Soit l'auteur fait ici preuve d'une grande dérision vis-à-vis de son personnage, particulièrement antipathique, voire ridicule dans ses obsessions nombrilistes, d'auto-dérision vis-à-vis de son propre rôle d'auteur/narrateur, et j'adhère complètement à ces « comédies françaises » décrites avec beaucoup de cynisme. Soit tout est à prendre au premier degré, et j'ai assisté à une parfaite mise en abyme d'un journaliste de l'AFP qui se regarde écrire, tout comme l'auteur se regarde écrire l'histoire de ce journaliste, avec une grande pédanterie qui m'insupporte franchement. N'ayant jamais lu Eric Reinhardt auparavant, si certains lecteurs d'autres de ses romans passaient par là et pouvaient m'éclairer à ce sujet pour trancher, j'en serais ravie !

Je remercie les éditions Gallimard et Babelio de m'avoir permis de découvrir ce roman de la rentrée littéraire.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Les éditions Gallimard et Masse critique m'ayant gracieusement fait parvenir ce livre, je ne pouvais faire moins, par correction, que de le lire intégralement même si vingt fois j'ai eu la très forte tentation d'arrêter.
Le futur lecteur doit savoir que le sujet annoncé en quatrième de couverture ne concerne que quelques dizaines de pages dans la dernière moitié de l'ouvrage. Et encore ces pages sont en permanence entrecoupées d'incidentes n'ayant rien à voir avec "l'inventeur français de l'internet" (par exemple plusieurs pages sur l'acquisition d'un produit anti-cafards au beau milieu de l'explication ardue du "datagramme") à tel point qu'elles en deviennent presque incompréhensibles, même pour l'ingénieur que je suis. "L'enquête" se résume vite à une attaque en règle d'Ambroise Roux le grand patron et lobbyiste français des années 1970-80. A travers lui, le narrateur crache sa haine boboïste de la droite, des grands bourgeois, des patrons, de la noblesse, des éditorialistes à particule, des provinciaux, des catholiques, etc… ("… comme l'on est en province quand on appartient à la bourgeoisie catholique conservatrice voire réactionnaire.") les rendant responsables de tous les malheurs, passés, présents et futurs, de la France et prouvant sa méconnaissance de la France de province.
En dehors de ces quelques dizaines de pages, l'auteur par l'intermédiaire du narrateur Dimitri (bobo parisien, bisexuel forcément bisexuel, surdiplômé, surpayé par rapport au travail qu'il dit effectuer, prosélyte des doxas écolos, d'extrême-gauche voire d'ultra-gauche, vivant avec dans une totale inadéquation et incompatibilité entre ses idées et son mode de vie) juxtapose des "comédies" n'ayant aucun lien entre elles, fait des références plus ou moins discrètes à ses précédents ouvrages, nous entraîne dans d‘interminables digressions : sur le début carrière des néo-diplômés Bac +10 ; sur les surréalistes européens, dont Max Ernst, exilés à New-York en 1942 et à leurs influences sur la création de l'école américaine, ressemblant à un trop long (46 pages !) cours magistral - ladite école américaine étant utilisée par la CIA dans le cadre de la guerre idéologique avec l'URSS ; etc...
Dimitri, dont rien ne nous est épargné de la vie sexuelle vécue ou virtuelle, s'emploie à démontrer que la globalisation consumériste, dont il jouit sans vergogne, et les réseaux sociaux, dont il use et abuse, sont responsables de tous les maux du monde, depuis l'épilation pubienne des femmes jusqu'aux délocalisations en passant par le saccage des centres villes historiques transformés en vitrines consuméristes indifférenciées, et j'en passe.
Si le contenu est totalement raté (selon ma grille de lecture ou alors l'auteur s'est volontairement livré à une caricature de son oeuvre), le travail de recherche sur "l'inventeur français de l'internet" est perceptible même si le résultat en est présenté de façon tendancieuse. L'écriture est par moments très belle bien que souvent inutilement verbeuse et abusant des figures de styles surannées (anaphores, accumulations, répétitions…) qui alourdissent le propos.
Éric Reinhardt dont j'avais beaucoup aimé "L'amour et les forêts", beaucoup moins "La chambre des époux" n'en finit pas de me décevoir.

Je pense néanmoins qu'au vu des thèmes à la mode développés dans ce roman, il sera sélectionné dans de nombreuses listes de prix littéraires de cet automne.
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J'ai beaucoup aimé Cendrillon et le système Victoria d'Eric Reinhardt et puis petit à petit j'ai arrêté de le suivre. « L'amour et les forêts » ne m'a pas transcendé malgré une excellente seconde partie et « La chambre des époux » ne me tentait pas. Bref quand Babelio m'a proposé de recevoir le dernier Eric Reinhardt « Comédies Françaises » afin de le lire et d'en faire une critique, j'ai été très content d'y retourner.
Mais, je vais être clair dès le début, je n'ai globalement pas accroché à ce dernier roman.
La raison principale est une sensation de juxtaposition de narrations qui, à mes yeux, paraît tout à fait artificiel. J'ai eu l'impression qu'Eric Reinhardt avait plein d'idées mais pas suffisantes pour en faire un unique roman. En résulte un curieux collage ressemblant parfois à une fiche Wikipedia (les présentations de Louis Pouzin/Maurice Allègre, le projet CALCUL,…), une critique littéraire (celle très embarrassante de l'hagiographie d'Ambroise Roux par Anne de Caumont, pire passage du livre à mon avis), le tout rassemblé autour de plusieurs périodes de l'histoire de Dimitri. Même la vie du protagoniste semble artificielle et dictée par les directions et thèmes que voulait prendre l'auteur : lobbying, expressionnisme abstrait, journalisme, prosopagnosie, … Rien ne semble creusé et l'impression de passer du coq à l'âne est constante. Ajoutez à cela quelques gimmicks très agaçants comme les accumulations de listes (celle des metteurs en scène est vraiment absurde et inutile par exemple) et de phases énervantes (la répétition de « dit Dimitri à Pauline » dans un paragraphe) et vous comprendrez pourquoi j'ai un avis plutôt mauvais.
Maintenant que j'ai développé le négatif, je dirais que j'ai quand même apprécié pas mal de points. La construction du roman avec une chronologie éclatée est très efficace (sans être très originale). Eric Reinhardt sur quelques très beaux passages reste un talentueux écrivain. Et surtout, j'ai appris (et retenu) beaucoup de faits que je ne connaissais pas comme la presque-création d'Internet par la France (et de son sabrage par Valery Giscard d'Estaing), l'existence d'Ambroise Roux dans l'ombre des « puissants » et le lien entre la CIA, l'URSS et l'expressionnisme abstrait. Ces passages sont vraiment passionnants à défaut d'être aussi bien rédigés que le coeur du roman.
Avec un peu de recul (je l'ai fini une semaine avant d'écrire cette critique), je trouve le roman raté car seules les parties proches de l'essai m'ont intéressé.

Merci à Gallimard et à Babelio pour l'envoi du roman.
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En cette rentrée littéraire 2020
Eric
Reinhardt sort aux
Éditions
Gallimard ce roman
Comédies françaises.
Je ne connais pas du tout cet auteur, merci donc aux éditions Gallimard et à
Babelio de me permettre de faire connaissance de cet auteur.
Pour être honnête je n'ai pas spécialement aimé son style d'écriture, répétitions à outrance, redondance. Et pourtant le quatrième de couverture m'a attiré.
Pensez donc une enquête sur le pourquoi du comment la
France avait laissé échapper l'opportunité de la recherche sur le futur Internet.. Intéressant me suis je dis.
Le début du livre annonce la couleur, la rubrique nécrologique de notre héros !!!
Dimitri Margueritte. Jeune homme brillant, ayant fait d'excellentes études est un idéaliste rêveur,il est fantasque, recherche le beau dans tout ce qui l'entoure,la rencontre idéale qui lui apporterait le bonheur. Bon la réalité est souvent loin de nos rêves. On suit donc son parcours à travers ses études,son premier travail obtenu dans des circonstances légèrement saugrenues:
Consultant junior lobbying, ces chapitres là m'ont bien accrochés. Fluidité du style, intérêt du sujet et des magouilles en tout genre dans notre administration.
Puis nous nous retrouvons dans le monde de Max
Ernst artiste peintre dadaïste et
Jackson Pollock expressionniste abstrait tous deux célèbres de leur vivant. Pour celui ou celle qui comme moi n'a pas une culture très poussée sur le sujet ce fût un peu fouillis avec une certaine redondance d'énumérations et de répétitions de mots; plus les délires de Dimitri qui part dans ses fantasmes plus ou moins crus diront nous à connotation porno...
Bon j'ai lu ces passages en diagonales.
Puis à plus de la moitié du livre le sujet annoncé : l'évidente erreur de nos politiques français : refuser de continuer à financer les travaux de Louis Pouzin génial ingénieur informaticien, inventeur du datagramme et concepteur du premier réseau de paquets. Précurseur et visionnaire du futur internet que les américains s'empressèrent de développer. Grossière erreur d'appréciation pour l'avenir de notre pays..
J'aime bien quand j'apprend de mes lectures et là dans certains chapitres je dois dire que je me suis laissée emportée par l'écriture d'
Eric
Reinhard, c'est vif, dynamique, piquant,sarcastique et pertinent…
Par contre une bonne partie du livre part dans les méandres de l'esprit un peu à l'ouest de Dimitri, s'en est agaçant. Dommage car il y a des passages que j'ai pris grand plaisir à lire…
Merci encore pour cette masse critique privilégiée qui m'aura fait connaître un nouvel auteur.
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Dans le cadre de l'opération Masse Critique, les éditions Gallimard m'ont envoyé le dernier roman écrit par un écrivain français de 55 ans, Eric Reinhardt. le titre Comédies françaises pouvait faire croire que l'action se passe dans l'univers du spectacle mais finalement, non. Ou que l'auteur nous trousse un roman comique plein d'humour, ce qui n'est pas non plus le cas. le premier chapitre est glacial : il s'agit d'un faire-part de décès et le suivant évoque une coupure de journal local relatant le drame de la route où a trouvé la mort un jeune homme originaire de la région parisienne. Ce qui suit narrera la vie de ce jeune homme : Dimitri qui, s'il avait survécu à cet accident, aurait écrit un livre brillant sur l'invention d'un ingénieur français Louis Bouzin qui aurait révolutionné notre vie si les autorités supérieures françaises ne l'en avaient empêché et surtout Ambroise Roux et son groupe, la CGE (Compagnie Générale d'Electricité). J'ai été vraiment déprimée de voir qu'on aurait pu avoir la maîtrise d'Internet si on avait pris la bonne décision. Là, une fois de plus, on ne peut pas faire cocorico ! Voir que ce sont les Américains qui ont pris une belle avance technologique sur nous ne m'a pas fait plaisir. Evidemment cela semble être une vérité car j'ai vérifié sur Google et Wikipedia et j'y ai retrouvé tous les protagonistes. Bref, ce n'est pas ce qui m'a le plus intéressée dans le livre. C'est juste un sentiment personnel, d'autres trouveront ces passages passionnants sans doute.
J'ai aimé la description de la naissance de l'auteur, de ses parents restés dans les années 70 – surtout le père – la passion de Dimitri enfant pour les arts de la scène, puis son intérêt pour la peinture contemporaine. A nouveau, il semble que le gratin de la scène artistique parisienne se retrouve à New York : Marcel Duchamp, André Breton, Max Ernst, … Sa description de l'Action Painting et du dripping m'a intéressée. A nouveau, il nous dit que la CIA a bien utilisé l'art contemporain américain comme une arme de propagande durant la guerre froide. C'est bien possible quand on voit maintenant comme on est dépendant de toute sorte de culture américaine dans le domaine de la littérature, du cinéma et des feuilletons dont nos chaînes télévisées nous gavent.
Puisque Comédies françaises, c'est un roman, il y a du romanesque dedans. Dimitri est éperdument amoureux d'une belle personne entrevue à Madrid, revue à Paris et puis à Bordeaux. Si l'auteur s'était contenté de nous narrer ses déboires amoureux, je pense que cela m'aurait convenu. Les presque cinq cents pages m'ont donné l'impression de redondance, certains faits, certaines phrases reviennent plusieurs fois, un effet de remplissage, ce qui a fait que j'ai eu du mal à m'adapter au style et j'ai même pensé qu'il y avait plusieurs styles – mais vu qu'il y a un roman dans le roman, c'est sans doute normal. Cela donne cependant le tournis. L'intérêt vient puis disparaît et revient et la fin est un peu ennuyeuse – je l'ai lu en diagonale. Dimitri avait deux choix et il a choisi son destin. Dommage, ce n'est pas un roman qui finit bien mais cela, on le savait dès la première page.
L'écriture est curieuse. Un renouvellement du roman français. Mais on est loin des « happy ends » chers à certains écrivains.
J'avais déjà lu de cet auteur L'amour et les forêts à sa parution en 2014 et n'en avait rien retenu. Je crois que celui-ci restera dans ma mémoire comme une étrange destinée.
Je remercie Babelio et Gallimard pour l'envoi de ce livre. J'ai été bluffée par sa composition typographique. Pratiquement aucune faute !
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J'aimerais tout d'abord remercier Babelio de m'avoir permis de lire ce livre.

Néanmoins, la magie n'a vraiment pas opéré.

Au delà du petit historique tout à fait intéressant d'Internet en France, j'ai beaucoup apprécié le fait qu'Eric Reinhardt, tout au long de ce roman, assène des vérités (plus ou moins) assassines à propos de notre monde actuel et ce, sous toutes ses coutures.

Malheureusement, ces petites phrases "jubilatoires" se noient dans une histoire qui met énormément de temps à s'installer avec une narration assez lourde, qui se perd dans des détails parfois inutiles et qui ne rend vraiment pas la lecture fluide.

Peut-être suis-je un peu sévère, mais c'est vraiment ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre.
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L'art brillant du « loupé »
ou
Les errances de Dimitri


En France, ne serait-on pas spécialement doués pour « passer à côté » des choses les plus importantes ? Comédies françaises, le nouveau roman magistral d'Eric Reinhardt, porte sur ce moment crucial où tout semble basculer du mauvais côté, parce qu'à un moment, on fait un mauvais choix, aussi bien sur le plan politique, esthétique, que sur le plan sentimental.

Laissez-vous happer par l'épaisseur romanesque de ce roman, vous plongerez dedans, il y a bien UNE histoire, celle du héros, Dimitri, 27 ans, mais tellement d'autres aussi, liées entre elles. Dimitri, c'est une sorte d'obsédé du coup de foudre et de la rencontre amoureuse, et cette quête est un moteur qui fait avaler les pages au lecteur ; on lit aussi pour suivre ce fil, de façon naturelle, et en même temps on a peur des clichés : on se dit « oh non, il ne va pas nous faire le coup de la rencontre fatale, à la André Breton, dès le premier chapitre à Madrid avec ce personnage dans lequel même Beigbeder se reconnaît, qui va dans un restau branché… »: et pan, non, sur le bec ! Les choses ne se passent pas comme il le veut : une sorte de mécanique déceptive se met en route, qui tient le lecteur en haleine et qui n'entame pas pourtant pas l'espoir dans la quête amoureuse du héros - comme nous tous, Dimitri a ses attentes magiques par rapport à la réalité, on a besoin de rêver sa vie, de la rendre romanesque, quand bien même elle nous déçoit. Nous avons beau nous dire que nous faisons des choix conscients, que le hasard existe, mais si nous croyons rencontrer plusieurs fois la même personne, voilà que malgré toute notre rationalité, nous y voyons un signe ! Ce livre porte aussi sur ce besoin de magie et d'irrationnel, essentiel, qui peut aller jusqu'à des formes de ridicule, mais est-ce si ridicule ? – ( et on retrouve d'une certaine manière ce besoin d'irrationnel dans la vie d'Ambroise Roux, ce patron des télécommunications sur lequel enquête Dimitri aussi.)

Car Dimitri est un jeune journaliste qui veut écrire un livre, et c'est ainsi qu'il enquête sur Louis Pouzin, un inventeur d'Internet français bien réel, encore vivant, et complètement ignoré de l'histoire française, parce que Giscard, influencé par le très influent PDG Ambroise Roux, a préféré miser sur le Minitel. On espère que ce livre réparera cette grande injustice ! J'ai aimé la générosité de ce livre, et ce qui me plaît, c'est son aspect hétéroclite (le roman, en général, c'est sa nature, pour moi), sa grande liberté affirmée (et oui, avec le mot « bite » plein de fois, pourquoi pas), qui intègre l'onirisme, l'ambition de raconter aussi le monde actuel, l'histoire d'internet, avec son aspect documentaire intégré (et tellement moins rasoir que Bellanger), les références aux surréalistes et donc le côté manifeste esthétique aussi (whaouh la litanie des créateurs de spectacles). Et j'ai tellement ri avec la sexualité de Peggy Guggenheim, ou l'anti-cafards chez Maurice ou les lettres à Giscard… le portrait d'Ambroise Roux, la satire de sa biographie officielle sont d'une férocité brillante ! C'est un livre à surprises, ce qui permet de ne jamais s'ennuyer. On aimerait que d'autres hommes se mettent à faire l'éloge de la pilosité des femmes, par exemple ! Quant au dénouement, il pourrait inscrire le roman dans la littérature fantastique.

Pour autant ce roman disparate est en profondeur très cohérent, parce que tout semble lié. J'ai d'ailleurs trouvé des correspondances subtiles entre cette histoire de communication par paquets de données dans Internet, qui choisissent leur direction pour arriver à leur but, et l'errance du personnage, par exemple dans Bordeaux : il s'agit en quelque sorte de la même histoire de choix libres de chemins, qui semble errante et arrive à sa destination. Il y a beaucoup de choses qui s'emboitent ainsi savamment, comme aussi l'histoire des tables tournantes, et de l'espèce de charlatan à la fin.
Encore une fois le livre fait système avec les autres romans d'Eric Reinhardt, on y retrouve par exemple le motif de la cantatrice, l'épisode onirique de l'appartement avec les femmes me fait beaucoup penser à une mini-histoire intégrée (dans quel roman déjà ? Cendrillon ?) avec une inconnue nocturne, une nuit passée chez elle, dans un grand appartement sombre, où il y avait un piano. le personnage du père -je l'ai vraiment beaucoup aimé- avec son avion qui est comme un rêve d'envol pour se venger des humiliations de sa vie professionnelle, fait écho au père du Moral des ménages et en même temps il fait un peu penser au brocanteur de L'Amour et les forêts. On va retrouver également des principes fondamentaux pour le romancier autour de la rencontre amoureuse comme dans Cendrillon, l'importance des sensations, l'éloge de l'émerveillement.

Dimitri critique Ambroise Roux, sa misogynie, son art de la manipulation, mais en même temps, il éprouve une fascination très ambiguë pour lui, alors que dans ce roman, le vrai génie Louis Pouzin n'apparaît presque qu'en creux, comme s'il intéressait moins Dimitri -qui rate même sa première rencontre avec lui. Finalement, Dimitri lui-même ne se départit pas complètement de ce modèle de l'homme français séducteur intelligent et machiavélique qu'il critique si pertinemment, et je trouve aussi cette ambiguïté intéressante, il a d'ailleurs lui-même été lobbyiste, il est un peu superstitieux aussi finalement, et séducteur même s'il est féministe. Alors comment fait-on pour nous-mêmes nous arracher vraiment de ces modèles culturels nationaux qui nous imprègnent, alors même qu'on en est conscients ? Voilà ce que sont nos « comédies françaises ».
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