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3,1

sur 354 notes
Un roman en deux grandes parties, la première nous fait découvrir Dimitri, né en 1989 qui, après de brillantes études scientifiques qui satisfont plus à une injonction familiale et sociétale qu'à une véritable motivation, embrasse une autre voie, plus conforme à ses aspirations. Il quitte le monde des maths pour les sciences politiques via « Science Po ». Il tombe souvent amoureux et s'entiche de façon soudaine et obsessionnelle d'une femme aperçue dans la rue qu'il va s'employer à retrouver. Des dialogues savoureux et drôles avec alexandra pimentent cette quête et rendent attachant ce jeune homme, brillant feu follet.
Dans la deuxième partie, après avoir abandonné un poste de lobbyiste, il devient journaliste à l'AFP et découvre l'histoire de « Louis Pouzin », inventeur Français de l'internet. Une enquête solide et très documentée nous fait découvrir les arcanes politico-industrielles de l'abandon par VGE (Valéry Giscard d'Estaing) du programme « Datagramme » qui aurait pourtant permis à la France et à l'Europe de devancer les américains ! La narration de cette aventure, avec la verve talentueuse d'Eric Reinhardt est extrêmement vive et drôle et la charge contre « Ambroise Roux »,patron de la CGE et VGE est redoutable ! Dimitri dans ses oeuvres et ses dialogues avec les femmes qu'il continue à côtoyer nous balade agréablement dans l'histoire.
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L'époque (littéraire) semble être aux romans politiques, des livres qui allient une histoire romanesque (un héros romantique) à une enquête politique.
Éric Rheinhardt est passé maître en la matière ; on suit avec beaucoup d'intérêt et de plaisir l'enquête de Dimitri sur les débuts d'internet et sa vie sentimentale complexe, à la fois romantique (peut on se fier au hasard pour retrouver une femme à peine croisée qui vous a fait forte impression) et plus directement sexuelle.
Le hasard peut en effet jouer quelques tours mais aussi réserver quelques belles surprises.
L'enquête sur les débuts d'internet et le rôle joué par Ambroise Roux est tout à fait passionnante.
Avec une belle ironie légère et des convictions suffisamment désinvoltes pour être ni pesantes ni caricaturales, l'auteur nous fait traverser les années soixante dix et la période contemporaine allègrement.
Un très bon moment de lecture.
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Le roman commence par la fin, celle du personnage principal, Dimitri, décédé dans un accident de la route. Salarié d'un cabinet de lobbyistes puis journaliste à l'AFP, Dimitri enquêtait sur un industriel français qui avait empêché Louis Pouzin, inventeur du datagramme, de lancer internet en France dès les années 70. Roman de l'exhaustivité (trajet de Dimitri sur les traces de la belle inconnue à Madrid, liste des metteurs en scène dont il a vu les pièces, conversations in extenso, récit exact et description des manoeuvres de l'industriel au détriment de Cyclades etc etc). Quelques moments de lecture agréables voire drôles, d'autres instructifs, mais aussi un peu de lecture en diagonale.
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A la lecture de la quatrième de couverture du roman d'Éric Reinhardt, nous avons le sentiment d'être sur le point d'assister à l'essor heureux d'une carrière journalistique :le personnage principal , Dimitri Marguerite, jeune homme de bonne famille , est reporter à l'Agence France-Presse .Il enquête un jour sur un épisode du passé industriel et technologique de la France :la décision prise , dans les années soixante-dix , d'abandonner le projet Cyclades mis au point par un ingénieur ,Louis Pouzin, qui aurait pourtant permis à la France de lancer Internet et de prendre la tête dans le domaine du numérique et des nouvelles technologies .Le thème était porteur …Pourtant Éric Reinhardt se perd dans de nombreuse digressions inutiles , des bavardages à longueur de page sur les mécanismes de la séduction et sur les probabilités des rencontres entre deux êtres humains ;Ainsi apprend-on , après plusieurs dizaines de pages, que la CIA aurait utilisé la peinture moderne expressionniste américaine comme arme de combat dans la Guerre froide contre l'empire soviétique .
Révélation bouleversante, s'il en fut… Seul point positif du roman qui retienne un peu l'attention du lecteur :la description de certains milieux boboïsés, ceux de la presse ou des minorités sexuelles.
Pourtant, l'auteur du roman ne craint pas de s'étendre, démesurément, sur les causes du rejet de ce projet technologique : l'entre-soi des élites, leur imperméabilité à la nouveauté. Un propos qui aurait pu tenir en deux cents pages, et qui aurait gagné en concision : un roman largement raté, qui passe à côté de son sujet.


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Roman qui nous permet d'entrer dans le monde du lobbying à travers quelques personnes (industriels, politiques...) dont on parle peu dans l'Histoire de notre pays et qui, pourtant, ont empêché, par leurs actions, que certains projets de recherche lancés par la Présidence de la République aboutissent... et ceci pour des intérêts particuliers.
Les recherches menés par le personnage principal, en qualité de journaliste à l'AFP, avancent au rythme de ses obsessions à vouloir rencontrer des personnes vues dans la rue ou ailleurs...
L'être humain observé dans sa vie professionnelle et dans sa vie intime, l'une pouvant être néfaste à l'intérêt collectif et l'autre étant parfois désastreuse pour l'équilibre d'un individu.
J'ai beaucoup appris sur le fond de l'histoire, notamment le travail insistant des lobbyistes ; sur la forme, j'ai moins aimé les retours, rappels et énumérations qui apportent peu au roman.
Néanmoins, roman très instructif avec un peu trop de longueurs inutiles...

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On sait d'emblée que Dimitri, le héros de cette histoire, est mort très jeune (à vingt-six ans) dans un accident automobile sans véhicule tiers impliqué et que ce n'était pas lui qui conduisait.
En réalité, si Dimitri est bien, en fin de compte, le pivot du roman, et un alter ego fictif de l'auteur, deux autres personnages (réels, ceux-là) jouent un rôle central : Louis Pouzin, le concepteur du "datagramme", invention qui aurait fait de la France la mère-patrie d'Internet s'il n'y avait eu (second personnage) Ambroise Roux, patron assez folklorique de la Compagnie générale d'électricité et puissant lobbyiste, pour dissuader l'État français, au début de la présidence de Giscard d'Estaing, de poursuivre des recherches selon lui sans avenir et pour se concentrer sur des pistes bien plus prometteuses (et lucratives pour les sociétés dirigées par lui-même) : ainsi est né le Minitel, relégué aujourd'hui aux présentoirs des musées consacrés aux télécommunications...
Par le biais de l'enquête menée par Dimitri (journaliste à l'AFP), Éric Reinhardt se livre à une charge féroce contre ce capitaine d'industrie aux indéniables capacités de persuasion (qu'il attribuait à ses dons médiumniques) qui, avec d'autres technocrates imbus de leur intelligence supérieure, a fait rater à la France le chemin devenu depuis une autoroute dont les péages sont perçus par les Américains.
Indépendamment de ce chassé-croisé entre réalité historique et fiction littéraire, le livre explore aussi, incarnées en Dimitri, les notions de destin, de coïncidences qui n'en sont peut-être pas, de surnaturel ressenti ou fantasmé. Ajoutons, si l'on remonte à la surface de l'écriture, que les dialogues sont remarquables de vérité.
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Dimitri est un jeune homme au parcours atypique, qui aime le théâtre et les belles rencontres. Tout en étant à la recherche de l'âme soeur -une jeune femme qu'il croise à plusieurs reprises , à Paris, à Madrid…-, Dimitri mène une enquête pour comprendre comment (et à cause de qui) la France a perdu la bataille d'Internet…

J'avoue avoir eu du mal à écrire un résumé satisfaisant et celui-là ne me convient pas non plus ! Car la structure est étonnante ! Dès le début, le lecteur sait que Dimitri meurt dans un accident et il pourrait croire que le récit est construit sur un retour en arrière qui expliquerait cet accident, qui retracerait ce qui a amené le héros à ce tragique accident. Quand j'ai commencé à lire, je pensais que cet accident cachait en réalité un meurtre (lié à son enquête ? lié à cette femme étrange qu'il ne cesse de croiser ?). Mais pas du tout ! Des pages m'ont bien plu (sur l'Art, avec les liens entre Max Ernst, les surréalistes, A. Breton, Jackson Pollock / le lobbying / le pouvoir des Industriels…) , mais pour le reste, je suis restée un peu perplexe par toutes les digressions . Et si quelqu'un peut m'expliquer les dernières pages du roman, je suis preneuse !
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On ignore évidemment si Louis Pouzin, inventeur du datagramme, et toujours vivant, a lu le dernier roman de Eric Reinhardt dont il est l'un des personnages importants. A priori, il ne devrait rien avoir à redire à l'éloge qui lui est fait pour ses travaux précurseurs d'Internet et stoppés net sous le mandat de Giscard. Pour celui qui lirait vite la quatrième de couverture de Comédies françaises, ses aventures inachevées semblent être le thème principal du récit, ce qui n'est pas du tout le cas, puisqu'il y est avant tout question d'un jeune homme d'aujourd'hui (27 ans), dénommé Dimitri, certes journaliste et s'intéressant de près au cas de Pouzin, mais également amateur de théâtre et menant une vie sentimentale agitée, entre autres choses. L'existence de Dimitri est décousue, le roman qui la raconte ne l'est pas moins, et d'un intérêt inégal, il faut bien le dire. Parfois, le style de Reinhardt séduit mais assez souvent il agace, dans ses dialogues très familiers ou ses énumérations fastidieuses (à quoi bon citer tous les ouvrages de Jules Verne ?). En somme, et ce n'est pas une nouveauté pour qui fréquente les livres de Reinhardt depuis un certain temps, l'écrivain, qui se sait doué et brillant, fait obstinément son malin en déconstruisant savamment son roman, digressant sans vergogne et nous conduisant là où son inspiration l'emporte sans que le lecteur ne comprenne ses choix narratifs et la destination vers laquelle il souhaite nous mener. Comédies françaises nous parle de l'air du temps, celui de maintenant et celui des années 70, avec un héros sans grande personnalité ni ambition, et l'on ne se demande vraiment si le roman entend fustiger une époque dépourvue de valeurs ou pas. Répétitif et biscornu, le livre peut rappeler de loin ceux de Houellebecq, en un peu moins pessimiste, sardonique et provocateur quand même. Et surtout en beaucoup plus fastidieux, hélas.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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J'ai pour habitude de toujours réguler mes temps de lecture. Je ne lis que le soir, au coucher, avant de m'endormir, entre minuit et deux heures du matin, une demi-heure, une heure, deux heures, parfois plus, jusqu'à ce que le sommeil fasse tomber mes paupières. Lorsqu'il a fallu que je relise deux ou trois fois la même page pour ne pas perdre le fil, alors j'éteins la lumière et je m'endors instantanément. Cette méthode me permet de digérer ce que j'ingurgite, d'entrer au coeur du livre et de passer derrière les lignes, de lire le livre de l'intérieur en quelque sorte. Je ne prends jamais de notes au cours de mes lectures. Tout juste si je corne une page ou deux ou si je souligne une phrase. Parfois j'écris un mot, une question dans la marge. Souvent rien. Avec Comédies Françaises, cette méthode m'a paru indispensable. J'avais besoin de temps à chaque étape de la lecture. J'avais besoin de ruminer mes agacements, mes interrogations, mes emballements. Dimitri Marguerite, le seul vrai personnage du roman, la seule véritable unité romanesque, m'a obsédée pendant une semaine. Et cette obsession était déroutante : ni passion, ni fascination. Plutôt l'étrange impression qu'il se moquait de moi chaque fois que je tournais la page, le sentiment d'une ironique présence à mon oreille, à mon regard, à ma pensée. Rarement un personnage de roman a autant eu pour moi de présence le temps de la lecture.
Je dis roman parce que le mot est imprimé sous le titre sur la couverture de l'édition Gallimard. Mais est-ce un roman ? le titre lui-même semble en douter. « Comédies Française » c'est tout sauf un titre de roman. Peut-être est-ce ce qui m'a intriguée au moment de la première rencontre… Peut-être est-ce ce qui m'a poussée à ouvrir le livre…
Dès la première page, le personnage meurt dans un bête accident de voiture aux circonstances inexpliquées. Évidemment, cela donne d'emblée au personnage une épaisseur tragique, mystérieuse, que renforce le parcours erratique de Dimitri dans Madrid. Et ce sont les pérégrinations de Dimitri Marguerite à travers Madrid, puis Paris, puis Bordeaux, puis à nouveau Paris qui constituent le fil conducteur du roman. On accompagne le personnage attiré par des figures de femmes qui le fascinent et qu'il suit, sur lesquelles il projette un désir infini d'absolu. Bien sûr, ces filatures ne peuvent aboutir, puisque lui-même sait qu'une fois que le fantasme aura basculé dans le réel, la réalité sera furieusement décevante. C'est la clé du roman qu'exprime Dimitri lors d'une conversation avec sa copine Alexandra page 191 : « C'est un peu comme si, pour supporter le réel, j'avais besoin de créer des rêves – et de vivre dans ces rêves, de regarder le monde à travers eux. » Voilà formulé avec simplicité et précision le principe qui préside à l'écriture romanesque : regarder le monde à travers ses rêves, mais pas à la manière d'un Gérard de Nerval, encore moins à celle des surréalistes, non ; à la manière d'un journaliste observateur, pragmatique et critique, le pas bien assuré sur les pavés des trottoirs qu'il arpente, à la fois timide et culotté, têtu dans sa rêverie à la ville comme à la campagne, teigneux dans son projet, lâche dans ses hésitations.

Et le roman se heurte à deux réalités incontournables qu'aucun rêve ne peut fantasmer. le chapitre 8, se présente comme un excursus, une parenthèse, une sorte de mémorandum d'histoire de l'art sur l'exil des artistes européens à New-York en 1940. Rien ne prépare le lecteur à cette immersion dans le monde de Max Ernst ou d'André Breton. le roman s'efface. Dimitri disparaît, ou presque. le ton du narrateur est celui de l'essayiste, un essayiste qui ne ménage pas ses effets pour dénoncer la prétention dérisoire des artistes français, pour démontrer comment Jackson Pollock, après avoir reçu de Max Ernst une leçon historique sur la technique du dripping, devint le chef de file de l'Ecole américaine de l'expressionnisme abstrait qui allait dominer le monde des arts après la seconde guerre mondiale. le lien avec Dimitri Marguerite ? Dimitri veut écrire un roman sur cette fatidique leçon d'Ernst à Pollock. Mais surtout, le rappel systématique d'une oeuvre de Ernst (1942) : « Jeune homme intrigué par le vol d'une mouche non euclidienne » parce que le jeune homme au centre de la toile et aux angles stylisés n'est autre que Dimitri Marguerite en personne…
La deuxième réalité à laquelle se heurte le roman, c'est celle de la naissance houleuse et problématique d'INTERNET : le Web conçu par les suisses, le datagramme conçu par les français, et, au bout du compte, INTERNET mis au point et exploité par les américains. Où est l'erreur ? le lecteur suit, non sans impatience, Dimitri dans son enquête sur le puissant industriel Ambroise Roux. Si l'on met en regard ces deux réalités, elles ont un point commun : au sortir de la guerre, l'absorption du vieux monde européen, miné par ses rivalités, ses querelles de clochers, ses avidité et un sentiment aveugle et pernicieux de supériorité, par une Amérique impétueuse et habile. Une logique implacable qui ne se prête à aucun rêve même si Muret, avec ses toilettes vintage et les vieilles dames surannées qui l'entourent, insuffle au roman un ultime frémissement onirique, même si la croyance dans la capacité des morts à interagir avec les vivants suggère l'hypothèse insidieuse selon laquelle Ambroise Roux aurait pu provoquer la mort de Dimitri en punition de son acharnement à révéler sa réalité. A moins que ce ne soit qu'une jolie ficelle de romancier pour réunir, dans le blanc qui suit le mot « Fin », incipit et excipit.

Enfin, dernière observation sur ce roman qui n'en est pas un : l'art de la répétition. J'ai remarqué que c'est un tic d'écriture (ou un effet?) assez fréquent chez les auteurs d'aujourd'hui. Dans Comédies Françaises, non seulement le narrateur en use du début jusqu'à la fin, mais il met en scène un imaginaire descendant d'Ambroise Roux, qui en serait atteint comme d'une maladie incurable, « une sorte de hoquet cérébral » qui s'achève sur une formule ironique à souhait : « ...ceci me laisse vraiment songeur ». C'est un peu l'état d'esprit dans lequel se trouve le lecteur en refermant le livre. A moins que ce ne soit une volonté de ralentir le rythme, un refus d'avancer qui assène que les réalités d'hier, malgré tous les changements, restent celles d'aujourd'hui, que la boucle est bouclée, que le serpent se mord la queue...Sans doute alors se justifie le titre Comédies Françaises, un tableau ironique et amer de l'esprit français sous tous ses aspects, entre rêve et réalité, intelligence et incompétence, servilité et suffisance. Une lecture indéniablement à ne pas manquer.
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Dimitri est un jeune homme brillant, issu d'un milieu de gauche, de parents enseignants. C'est un jeune homme passionné, capable de se lancer à corps perdu dans une relation amoureuse, ou dans une enquête qui le passionne. Après une expérience écoeurante dans un cabinet de lobbyistes, il devient reporter à l'AFP.
Il fait une découverte qui le sidère et se lance à fond dans une enquête sur la naissance d'internet : dans les années 70, en France, un certain Louis Pouzin avait découvert le datagramme, allant ainsi plus loin que les Américains dans les recherches. Oui mais voilà, le lobbying existait déjà à l'époque, et un puissant industriel va inciter VGE à arrêter le programme de recherche, au profit du Minitel !

Le roman est foisonnant, quelquefois répétitif pour appuyer le propos et pour dessiner parfaitement le contexte de l'époque. Mais l'écriture est dynamique et surtout très drôle ; le roman réserve de sacrées surprises…
C'est brillant !!!
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