L'art du 9e art

- D’abord, jeune auteur, il faut que tu sois bien conscient qu’il n’y a aucune chance que tes bédés se vendent.
- Les pauvres, vous allez les démoraliser.
- Les éditeurs publient tellement de bédé que tout est noyé dans la masse. Personne ne saura que sa bédé existe… Hé, tu sais comment que mon cousin Scott McCloud, il appelle la bédé ?
- « L’art invisible ».
- C’est pas pour rien ! Aujourd’hui, quand un jeune vend à 3000 exemplaires, il est hyper content. Dans les années 80, 3000 exemplaires c’était un bide ! Mais il y a quand même une technique à connaître pour vendre un max… T’écoutes bien, jeune auteur ? Alors, voilà… Aujourd’hui, y a que les vieux qui ont du succès depuis très longtemps qui vendent des bédés. Mais les vieux, ça meurt..
- Où voulez-vous en venir ?
- Et plutôt que d’se faire chier à vendre des bédés de jeunes, les éditeurs ont eu une idée géniale : publier des séries à succès d’auteurs grabataires ou morts, dessinées par des jeunes.
- Mais la reprise d’une série donne parfois de bons résultats, non ?
- T’as lu les Astérix parus après la mort de Goscinny ? Alors tais-toi ! Avant, jeune auteur, je t’aurais conseillé de te dégager de tes influences pour trouver ton style. Mais, au vu de la situation, je te dis : « Continue à copier tes maîtres, tu seras prêt à prendre leur place quand ils ne seront plus en état de dessiner. »