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3,68

sur 815 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
l'homme-dé m'a fait penser à un mélange de "Mort aux cons" de Carl Aderhold et de "La conjuration des imbéciles" de John Kennedy Toole en raison de l'absurdité absolue qui émaille les choix de Luke Rhinehart. le lecteur est témoin du dépouillement de sa propre personnalité par le Docteur Rhinehart afin d'embrasser une autre forme d'unicité faisant coexister par intermittence une infinité de personnalités possibles. Derrière cette lubie a priori fantasque, se cache un projet d'ordre prométhéen : "Comme la carapace de la tortue, le moi protège, mais son poids est un fardeau qui restreint la mobilité, le moi empêche de se rendre dans des endroits qui pourraient être dangereux. La tortue pense rarement à ce qui se trouve de l'autre côté de sa carapace : peu importe, cela ne peut pas lui faire de mal, ne peut même pas la toucher. Ainsi les adultes exigent la présence de la carapace du moi cohérent, pour eux-mêmes et pour leurs enfants, et ils exigent que leurs amis soient aussi des tortues. Ils veulent être protégés, ne veulent pas qu'on leur fasse de mal, qu'on les touche, qu'on les confonde, ils ne veulent pas avoir a penser. Si les gens ne changent pas, alors on peut se permettre de les ignorer quand on les a vus quelques fois. Mais moi, je voulais un monde où chacun pouvait devenir, d'un moment à l'autre, un amant, un bienfaiteur, un parasite, un agresseur, un ami, et tout autre chose le lendemain." (P.153, éds Aux forges de Vulcain) Ou encore : "Pourrais-je créer une situation expérimentale dans laquelle mes sujets auraient ce même sentiment de permissivité ?" (P.202)

Mais, cette quête, dans l'absolutisme qu'elle revêt, se perd, s'écarte du projet initial de libération de l'individu pour l'enfermer de manière différente dans une religiosité iconoclaste : "Quand on accepte de soumettre sa volonté aux diktats des dés, on met en pratique précisément le type d'abnégation dont parlent les Saintes Écritures." (p.237)

La quatrième de couverture annonce fièrement que, selon plusieurs titres élogieux de presse, le roman est un "livre culte", "un des cent plus grands livres du XXe siècle" (un des 50 même selon The Telegraph). A cet égard, la première réflexion de fond que je me suis faite lorsque Luke Rhinehart entame sa métamorphose en Homme-dé est: dans le contexte #metoo, est-ce que, en 2023, le livre ne serait pas accueilli avec plus de mesure, voire ne serait pas vilipendé pour certains passages explicites de violence à l'égard de femmes et de pédophilie.

Au-delà du sexe, il y a la question de la séduction qui semble proéminente (même si elle tend à s'effacer au profit des pratiques sexuelles de tous ordres) : "Pour que quelqu'un change, il faut que ceux par lesquels cette personne croit être jugée changent. Un homme se définit par ses juges: le peuple, les institutions, les auteurs, les héros de cinéma, les philosophies par lesquels il s'imagine être encouragé ou hué. (...) La séduction, c'est l'art de rendre normal, désirable, bon et gratifiant ce qui semblait jusque-là anormal, indésirable, mauvais et frustrant. La séduction, c'est l'art de changer les juges d'un autre et donc de changer sa personnalité." (Pp. 201-202)

D'ailleurs, est-ce que s'il avait été autre chose que psychanalyste, par exemple garagiste ou comptable, le sexe aurait joué un tel rôle moteur dans l'avènement de l'homme-dé?

Je me suis aussi demandé si le livre avait été pensé et écrit aujourd'hui, est-ce que les dés joueraient le rôle de médium décisif, instrument du Dieu Hasard, qui leur est attribué ? Je m'imagine alors Luke Rhinehart tapotant sur son téléphone portable et demandant à chatGPT comment il devrait se comporter en fonction des circonstances et de ses lubies du moment.

Nonobstant ces considerations personnelles et périphériques, malgré quelques longueurs, la lecture de l'homme-dé vaut le détour parce que c'est un ovni et que, pour conclure sur les titres de la quatrième de couverture, il s'agit bien d' "une interrogation originale et ludique sur le pouvoir du hasard, de la liberté individuelle et la morale" (L'Express) et "une virulente charge anti-establishment" (Les Inrockuptibles).

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Incroyable ce livre !

Je dois avouer que j'ai passé plusieurs stades différents pendant cette lecture... tantôt intrigué, choqué, amusé, désespéré...

Le destin du personnage peut apparaître grotesque à bien des égards mais on finit par presque comprendre son délire et son jusque-boutisme. Car ça va loin !

Vraiment intéressant, complexe, exigeant parfois mais toujours relativement accessible.

La fin est assez abrupte et sans doute à l'appréciation de chacun... ?
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