Un livre sur la cause animale à laquelle l'auteur a été interpelé lors d'un repas partagé où un jeune étudiant a laissé sur le bord de son assiette les morceaux de poulet puis a refusé le fromage. Manifestement,
Jacques Ricot était assis à côté d'un végétalien. Ce trait interpella
Jacques Ricot, philosophe de son état, qui se risqua à une expérience de pensée avec ce jeune étudiant : imaginez que je tombe malencontreusement à l'eau avec le chien que je promène et ne sachant nager nous dérivons dangereusement. Qui allez-vous sauver en priorité ? Surpris de la réponse donnée par l'étudiant qui préférait sauver le chien au professeur inexcusable pour le simple fait d'être humain, le professeur, qui se définit comme flexitarien mou (je découvre ce pléonasme) et humaniste à l'ancienne va se donner comme mission, dans ce livre que j'essaie au mieux d'introduire, de conduire une argumentation sur l'existence de frontières entre l'homme et l'animal. Sur le sujet de qui sauver de l'homme ou l'animal,
Jacques Ricot critique le concept de valeur intrinsèque initié par
Kant généralisé ensuite à la nature elle-même. Poser une valeur intrinsèque équivalente entre l'homme et la nature ne rend pas en compte que seul l'homme a la capacité de formuler et de comprendre la valeur de toute chose. Ensuite il reprend à son compte la réflexion de Bentham : il convient de savoir si les animaux peuvent souffrir plutôt que de savoir s'ils peuvent penser ou parler. 1e formulation de la « sentience » (excède la simple sensibilité et désigne plus exactement la capacité de ressentir des états subjectivement, de connaître des expériences conscientes) est unanimement reconnu comme un caractère partagé à l'ensemble des êtres vivants . Aujourd'hui parmi les représentants français du mouvement animaliste on trouve
Corine Pelluchon. Les animaux souffrent et il convient de les protéger. Pour cela elle replace le débat au sein de la scène politique, qui par l'engagement de personnes conduit à une amélioration de la condition animale qu'elle prolonge par le concept de considération. En effet, il ne s'agit pas simplement de préserver mais de donner une attention particulière aux préférences des animaux. Je reprends le bel exemple du livre : celui d'un oiseau prisonnier d'un appartement qu'une personne aide à retrouver le chemin du dehors, de sa liberté. Pour autant Corine pelluchon ne croit pas à une égalité politique entre les humains et les animaux. Ces derniers sont seulement des sujets politiques à qui l'humain a la responsabilité d'assurer une vie bonne. On trouve aussi un auteur français
Etienne Bimbenet à qui
Jacques Ricot accorde une grande considération, et notamment pour son travail sur la réhabilitation de l'« anthropocentrisme » compris comme lieu à partir duquel est construit son rapport au monde. Delà dérive l'« excentricité », capacité singulière de l'homme à se décentrer, à se placer en dehors de sa condition et qui le différencie, le discrimine de l'animal. Une éthique animale et une politique des animaux ne peut être alors que le fait de l'homme (voir ma citation sur babelio) grâce à cette aptitude à se mettre à la place de. Enfin sur la question de la continuité ou de la discontinuité dans l'évolution,
Jacques Ricot reprend le concept de « saut qualificatif » à Olivier Rey, mathématicien et philosophe, qui dans son livre une Question de taille (voir ma critique sur Babelio) soutient que dans certain cas la différence de degré est telle qu'il faut parler d'une différence de nature. L'auteur confirme l'existence de sauts qualificatifs notamment à propos des aptitudes langagières, de la socialisation et de l'état des techniques. Sans oublier les ouvrages : d'Elisabeth de Fontenay dont la somme le Silence des bêtes (voir ma critique sur Babelio) et Sans offenser le genre Humain ainsi que le livre de
Jacques Derrida l'Animal dont je suis, pour une critique de la violence exercée par un homme « tout puissant » à l'égard des animaux et pour l'attention particulière à alerter de la dérive d'une « conception homogène de la continuité entre ce qui s'appelle l'homme et ce qu'il appelle l'animal » (
Derrida) , une continuité actée d'un point de vue biologique mais dont la transgression au développement comparé de l'homme et de l'animal n'apporte que confusions et malentendus.