Au Nord Viet-Nam

Pour qui se trouve mêlé à la réalité vietnamienne, pour qui est sous les bombes avec les Vietnamiens, il y a une seule vérité : les Américains bombardent sans déclaration de guerre, sans aucune justification possible, un pays dont les conventions internationales ont reconnu et protègent l'indépendance, la souveraineté, l'intégrité territoriale. Tout le reste est littérature ou rideau de fumée. (p. 283)

La tristesse est une mauvaise herbe qu'il faut essayer d'arracher avant qu'elle ne s'étende. Nous existons, nous luttons, nous nous aimons et nous sommes fiers de tout cela. Nous sommes fiers des autres que nous côtoyons dans la guerre et dont le sort est parfois bien plus douloureux que le nôtre... (p. 289)

Le gouvernement américain n'avait certainement pas prévu en attaquant le Nord Viet-nam pour désorganiser son économie et briser son moral que les bombardements allaient stimuler les efforts de tous et donner un coup de pouce à des plans de modernisation des campagnes qui traînaient quelque peu. Car ce n'est pas facile de transformer la mentalité des paysans en quelques années, de triompher de préjugés millénaires, de passer d'un coup du stade du féodalisme au socialisme. (p. 86)

Nous sommes en train de vivre au Nord, la cinquième défaite américaine. Les attaques américaines sur la RDV sont un crime, mais aussi une des plus retentissantes erreurs stratégiques et politiques du Pentagone. Vous avez pu constater vous-mêmes qu'aucun des buts de l'escalade n'a été atteint. Nous avons eu des difficultés, des douleurs, c'est vrai, mais elles n'ont fait qu'unir et mobiliser davantage les trente et un millions de Vietnamiens, dans la lutte patriotique. (p. 272)

Il s'y mêle, en vrac, des témoignages relevés par moi sur place, des paysages, des visages, des « trucs » de la défense aérienne et de la bataille des communications, des sentences populaires et des histoires d'amour, notés dans la mesure où tout cela m'en apprenait soudain, beaucoup plus, sur l'homme du Nord Viet-nam, que le Pentagone ne pourra jamais en imaginer... C'est à dire : l'essentiel. (p.15)