Une fille facile, de Rebecca Zlotowski, avec Mina Farid, Zahia Dehar, Clotilde Courau (prix SACD du film francophone à la Quinzaine des réalisateurs, Festival de Cannes 2019). Sortie le 28 août.
Un sacré pari ! Rebecca Zlotowski fait naître à l'écran Zahia Dehar, qui défraya la chronique en 2008 alors qu'elle monnayait son charme explosif auprès de joueurs de l'équipe de France de foot. Dans Une fille facile, Zahia s'inspire avec bonheur de son propre sens de « l'aventure et de la liberté » pour faire battre le c?ur d'un beau film tourné dans un décor que les festivaliers connaissent bien. Armée d'une démarche chaloupée et d'une voix alanguie à la Bardot, gonflée d'un désir rayonnant qui peut virer au noir en un clin d'?il, Sofia, son personnage, descend des banlieues de Cannes pour se frotter aux richesses qui paradent en bord de mer. Entre les palaces bâtis à flanc de colline et les yachts mouillant au large, elle chasse le plaisir et la fortune comme elle l'entend, réglant le tempo d'un jeu sensuel et cruel dont elle connaît les fruits, l'infortune et les vertiges. Zlotowski révèle une actrice passionnée, mélancolique et curieuse (son film de chevet est Cet obscur objet du désir, de Buñuel). Dans ce drame où les classes se frictionnent et se brûlent, la cinéaste offre à l'ancienne escort girl la chance de relancer les dés et de s'affranchir d'une image qui l'a dévorée pendant des années. Elle regarde Zahia avec désir, intelligence et tendresse, sonde l'étrangeté de sa beauté. Et lui rend tout son mystère. ? Laurent Rigoulet