Chat enterré

Vik, une petite communauté suédophone de l'archipel du sud de la Finlande, un cadre idyllique avec ses plages, ses forêts, ses petits chalets pour suivre le tempo de ses habitants et partager leur quotidien à la veille de la Saint Jean tout en profitant de la beauté de la nature et de la lumière estivale.
Une communauté solidaire mais où il est impossible de cacher des secrets. Un équilibre parfait juste dérangé à l'approche de l'été par l'afflux des touristes. Une tranquillité jouissive qui va être troublée par l'arrivée d'un élément perturbateur, l'intrusion d'un nouveau venu qui d'ailleurs n'est pas tout seul mais accompagné de son ami Anja, un colley aux poils luisants.
Un homme qui va devenir l'épicentre de la scène villageoise, être épié dans tous ses faits et gestes jusqu'à être soupçonné de pouvoirs magiques voire obscurs, Solo Pentineen. Solo pour ceux qui l'approchent, le Lapon pour ceux que sa présence dérange.
De Solo, ce vagabond de passage, le lecteur n'en saura pas grand-chose, juste qu'il est enclin à boire, aime jouer aux cartes et dispenser ses talents amoureux aux élues de son coeur. Son séjour à Vik sera pourtant suffisant pour marquer les esprits et surtout semer des graines d'espoir et des germes de résilience.

Un séjour que j'ai beaucoup apprécié et où j'ai retrouvé l'ambiance de Pastorale de Aki Ollikainen grâce aux séances de sauna inoubliables avec ses brassées de branches de bouleaux, des moments encore une fois très sensuels, et la nostalgie des temps passés. Des personnages très attachants pour un trio amoureux rocambolesque et improbable entre Carola, la vieille fille presque parfaite, Ina la jeune fille désemparée, déboussolée et Solo … sans oublier le pilier de l'histoire, Anja le chien, symbole de cette moderne solitude. Un microcosme où chacun cherche son chat enterré ou pas !

La plume sobre, minimaliste et réaliste de Susanne Ringell associée à une typographie originale permet de planter le décor très vite avec de saynètes très visuelles et un rythme binaire dont l'alternance des voix permet de faire écho à l'intimité de chacun des protagonistes. Une construction efficace qui joue sur un équilibre subtil.
Sous le regard fraternel, bienveillant et teinté d'humour de Susanne Ringell ce roman d'ambiance très court doublé d'une intrigue policière nous rend ces personnages perdus dans leur solitude et leur différence très attachants et émouvants. Un ton à mettre en parallèle avec celui des films du réalisateur finlandais Aki Kaurismäki.

Appartenant à la minorité suédophone de la Finlande, Susanne Ringell a publié six romans dont Chat enterré paru en 2003, traduit du suédois par Annelie Jarl Ireman et Jean Renaud. Elle écrit aussi des pièces de théâtre et de la poésie

Un univers très personnel à découvrir.
Une très bonne surprise.

Dans l'archipel au sud de la Finlande, un bled, Vik, deux femmes et un homme.

Ina, la plus jeune, la narratrice de son histoire, y vient louer un chalet. Son arme, le désespoir. Pas de problèmes concrets, mais un mal de vivre enseveli dans sa propre obscurité insaisissable. Elle vient chercher la lumière dans un passé, une enfance abandonnés à Vik, à huit ans.
Carola, une femme raisonnable, y habite, travaille à la supérette du coin, se débrouille toute seule. Avec un chat. Sotis.
Et L'Homme , un lapon arrivé vers la fin de l'hiver. Avec un chien. Anja.
Trois êtres seuls.

Le Lapon loue une chambre chez Carola.
"Le Lapon de Carola est ce qu'il est arrivé de plus excitant depuis longtemps", jase et épie le village.
Le Lapon est un chaud lapin, et les deux femmes loin d'être des saintes-nitouches.....

Livre étonnant, prose minimaliste, forme structurée en courts chapitres, humour touche à rien désarmant, pourtant tout est dit, même dans le non dit.
Détails intéressants sur la vie quotidienne et les us et coutumes d'une région suédophone de la Finlande.
Bref j'ai adoré. Adoré quoi ? Toute cette simplicité pour exprimer avec sincérité la solitude, le désir, la souffrance, l'envie, la générosité, la nostalgie et la vacuité de l'existence comblée par les petits plaisirs, ces petits plaisirs qui font tout le sel de la Vie !
Une pensée à un de mes cinéastes préférés Aki Kaurismäki qui en aurait fait un film superbe !
Merci mesrives.